Comm. juives sahariennes

Cette littérature dialectale, comme l'autre d'expression hébraïque, il convenait aussi de la mettre au jour, de la recueillir et de la fixer, de réunir, de la sorte, une documentation écrite et sonore indispen­sable à la connaissance d'un monde peu exploré quand il en était encore temps et condamné désormais à disparaître, irrévocablement, en raison du déracinement et de la dispersion des communautés juives maghrébines, plus spécialement celles établies depuis des siècles, sinon un ou deux millénaires, dans les montagnes de l'Atlas et aux confins du Sahara, porteuses d'antique mémoire et de vieilles cultures.

Au plan linguistique, les documents écrits et sonores mis en œuvre appartiennent à divers registres dialectaux. On retiendra que la langue de la qasida, représentative d'un certain niveau de culture populaire, est un idiome littéralisant, conservateur, caractérisé par des archa­ïsmes, un substrat morpho-syntaxique et un fonds lexical actuellement disparus de l'usage, du parler familier et quotidien, et qu'on ne re­connaît et comprend plus guère, ni en milieu juif citadin, ni dans la société cultivée musulmane elle-même formée à l'école moderne de la langue classique et littéraire que diffusent l'enseignement officiel, la presse, la radio et la télévision, la langue du malhun, voire celle du conte populaire devenant petit à petit l'apanage d'un petit nombre de spécialistes, chercheurs universitaires ou bardes et conteurs am­bulants.

Encore quelques brèves réflexions sur le genre de création littéraire que nous étudions, sur ses rapports avec la tradition et le folklore, sur les grandes fonctions que nous lui connaissons dans les sociétés juives du Maroc.

Notons d'abord que les littératures d'expression dialectale sont orales, essentiellement. S'il en est d'écrites, elles le sont accessoirement et occasionnellement; elles sont reproduites pour mémoire, au hasard des circonstances, par le scribe musulman en caractère arabes, et par le copiste juif en caractères hébraïques.

La littérature orale est une matière immense et difficile à délimiter. Elle intéresse le folklore, mais ressortit aussi à la sociologie, à l'ethno-anthropologie, voire à l'histoire. Tout ce qui a été dit et ensuite recueilli par la mémoire collective appartient à son vaste domaine.

 Qualifiée généralement de populaire, elle s'enrichit continuellement aux dépens des créations des lettrés qu'elle assimile très rapidement. On peut donc légitimement en déduire que les littératures orales et populaires conservent et transmettent, outre l'héritage des cultures préhistoriques, les créations des civilisations historiques. Cette survi­vance et cette transmission se conforment cependant à certaines règles et obéissent au fonctionnement des mentalités populaires.

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