Lucienne Saada UN TYPE D'ARCHIVE "LES CHANSONS DE GESTE"

Lucienne Saada

UN TYPE D'ARCHIVE "LES CHANSONS DE GESTE"

On devait decouvrir au cours de ce travail, qu'un grand historien comme Ibn Khaldoun, affirme que "la poesie est de toutes les formes du discours, celle que les Arabes ont regarde comme la plus noble; aussi en firent-ils de depot de leurs connaissances et de leur histoire, le temoin.. ."4 Le depot et le temoin, c'est la une sorte de definition de l'archive.

Mais qu'il s'agisse de gestes ou d'histoire evenementielle, il faut se garder d'omettre d'autres archives; ce sont les textes absents (de gueniza ou d'archives familiales), les textes absentes, marginalises, enfin les textes impubliables dans un contexte politique donne, et, si l'on ne peut les atteindre, au moins, les cerner.

Apres ces quelques generalites sur 1'objet de la recherche et la me- thode, on voudrait evoquer des types de problemes et des types d'archives reperees et terminer par des exemples concrets, tous, tires du commerce avec la geste hilalienne.

Meme si d'aucuns pensent qu'elles ont ete occultees, mal posees ou mal connues, les grandes options socio-historiques au Maghreb passent par ces trois faits historiques: le role des Hilaliens, le statisme de la culture arabe au Maghreb, et les relations entre Juifs et Musulmans au cours des siecles de leur coexistence dans ce pays. On ne peut bien sur traiter de tous ces problemes et c'est pour effectuer une percee dans le mystere controverse des relations entre Juifs et Musulmans que j'ai mis en chantier la collecte et l'etude de series de parlers et de series de corpus poetiques presque tous recueillis aux environs de ces marches sahariennes.

En ce qui concerne les parlers mon but principal etait de proceder a un sauvetage afin d'effectuer un jour un classement meme provisoire de parlers de Juifs dont devra tenir compte une future histoire de la langue arabe; le but secondaire est de voir clair dans l'origine des Juifs de langue arabe a travers leurs usages (voir tableau ) linguistiques et ethnographiques.

 En ce qui concerne la serie de corpus poetiques que comportent les variantes des gestes hilaliennes, outre qu'elles retentissent presque toutes sur des faits ou exploits de heros juifs, celui que j'ai recueilli, en Israel, a 17 kilometres de Dimona, donne des Hilaliens une image bien sur differente de celles que l'on connait par les autres variantes et par l'histoire "officielle". En outre, on peut facilement imaginer l,importance de tous ces parlers de la geste qui sont un tresor de vocabulaire et d'usages quelquefois isoles; notons en passant, que le parler de la G. I. est interessant par son archaisme et celui de la G. XVI. a cause d'une caracteristique atteignant les sifflantes dans un parler de Musulmans. Si plus de quatre milles fiches existent sur le parler de la geste principale aucune etude n'est encore faite sur cette unite dialectale.

Les Hilaliens ou Banu Hilal ou Beni Hilal (arabe: بنو هلال) étaient les membres d'une tribu arabe qui émigra vers l'Afrique du Nord auxie siècle.

Origine

Selon Ibn Khaldoun1, les Hilaliens étaient accompagnés de leurs femmes et de leurs enfants, lorsqu'ils sont venus au Maghreb. Ils se sont installés au Maghreb et se sont mêlés aux tribus berbères nomades ou semi-nomades.

Ibn Khaldoun décrit leur généalogie, deux tribus mères: Hilal et les Banu Sulayms. Ces deux tribus originaires du Nejd avaient comme ancêtre commun Mansour. Les Hilal et les Sulyams avaient comme cousin commun la tribu de Al Yas qui est une branche desQuraych tribu du prophète de l'islam 1. Les Hilal au départ de leur immigration étaient formés de trois familles : Athbedj, Riyah et Zughba.

Histoire

Originaire de la région du Nejd en Arabie, ils ont d'abord émigré dans le sud de l'Égypte avant de partir pour le Maghreb. Menés parAbu Zayd al-Hilali, le nombre de Banu Hilal à s'être établis en Afrique du Nord varie entre 70 000 personnes et 200 000 personnes. Il y aurait eu 50 000 guerriers et 200 000 arabes5. Les Fatimides les utilisèrent pour réprimer les Zirides (berbères) d'abord alliés puis vassaux des premiers ; ceux-ci leur abandonnèrent le pouvoir après la conquête de l'Égypte et la fondation du Caire, mais ces Zirides devenaient de plus en plus indépendants et allèrent jusqu'à abandonner le chiisme. Ils reconnurent le califat Abasside, ce que les Fatimides ne pouvaient accepter. Les Fatimides, du même coup, débarrassaient leur territoire de Haute-Égypte d'une tribu particulièrement difficile à contrôler. Les Zirides furent vaincus rapidement et leurs voisins Hammadides et Zénètes considérablement affaiblis. La dernière bataille sera fatale, la coalition Hilaliens-banu Suleim Zughba décapite le chef Abou Soda de l'armée berbère composée des Ifrenides en 1058. Les Berbères s'enfuirent et livrèrent le pays aux Hilaliens.

Après avoir réglé provisoirement la situation en AndalousieAbd al-Mumin (premier sultan de la dynastie berbère Almohade), dont les forces s'étaient accrues, décida de frapper un grand coup dans le Maghreb central. Il se dirigea, à marche forcée et dans le plus grand secret vers Bejaïa. Son avant-garde entra, sans coup férir, dans Alger et dans Bejaïa, d'où Yahya s'était enfui, puis son fils prit et saccagea la Qalaa (1151). Mais les Arabes comprirent vite le péril. En effet, devant eux, ils retrouvaient des berbères fortement organisés et capables de leur disputer les avantages qu'ils avaient pu arracher à la faiblesse des gouvernements. Les cheikhs d'Ifriqiya, renonçant pour un temps à leur rivalité, décidèrent de s'unir pour rejeter, par leurs propres forces, l'ennemi dans son Far-West. Ils se concentrèrent près de Béja et se dirigèrent, en grand désordre, vers Bejaïa. Abd al-Mumin, qui retournait au Maghreb extrême, fit volte-face dans la Mitidja et entraîna l'ennemi jusqu'à Sétif. Les Hilaliens sentaient qu'ils jouaient leur va-tout. Ils avaient amené leurs femmes et leurs enfants, qui devaient servir d'enjeu à la bataille. Pour ne pas être tentés de reculer, ils avaient même entravé leurs chameaux. Après quatre jours de tuerie, la discipline almohade l’emporta et les Arabes s'enfuirent harcelés jusqu'à Tébessa (1152). Abd al-Mumin n'usa pas de représailles. Il partagea le butin entre ses compagnons, mais rendit leurs familles aux vaincus, dont il reçut honorablement les cheikhs.

Organisation sociale

Plusieurs tribus vivent dans les zones arides et semi-désertiques. Ils sont doués pour l'élevage des caprins. Ils étaient très peu portés sur l'agriculture. Les Hilaliens ne sont pas très conservateurs même si la religion de l'islam est le dogme de la majorité de la population. Au départ, ils étaient des chiites, mais au Maghreb, les Hilaliens se sont "convertis" au régime malikite sunnite.

Les Hilaliens sont patriarcaux et chaque tribu a un chef qui décide du sort des autres. Les autres tribus ont arabisé une grande partie des Berbères nomades et semi-nomades en Afrique du Nord. À l'origine, les Hilaliens sont des nomades et habitent des tentes. Lors de leur arrivée, les Hilaliens ont pris des villes en Algérie comme Ouargla, Biskra, El Oued Souf, Djelfa, Bou-Saâda, Chlef et Tiaret.

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