TÉMOIGNAGES SUR LA CONDITION DES JUIFS AU MAROC

Il etait une fois le Maroc

david bensoussanTemoignage du passe judeo-marocain

David Bensoussan

TÉMOIGNAGES SUR LA CONDITION DES JUIFS AU MAROC

Évoquons le statut de dhimmi qui fut celui des Juifs et des Chrétiens au Maroc

Le statut des Juifs et des Chrétiens est régi par le Pacte d'Omar : Ces Peuples du livre ont droit de cité à la condition de payer une taxe spéciale : la jiziya. Leur témoignage n'est pas valide par-devant les cours de justice musulmanes. Ils doivent porter des vêtements spéciaux et se déchausser en passant devant une mosquée. Enfin, ils doivent faire preuve d'un grand respect envers les Musulmans. Il faut noter que la taxe spéciale doit être payée en faisant preuve d'humilité, ce qui s'est historiquement traduit par une gifle donnée au représentant de la communauté juive alors qu'il en remettait le montant. L'orientaliste Bernard Lewis rapporte dans son ouvrage The Jews of Islam l'opinion d'un juriste médiéval sur la jiziya : « Quand le dhimmi paye, il doit être debout alors que le percepteur est assis. Le collecteur doit le saisir par la peau du cou, le secouer et lui dire: « Paye la Jiziya ! » et quand il paye il doit être giflé.» Par ailleurs, durant les fêtes musulmanes, les communautés juives offraient des présents de très grande valeur au monarque. Les Juifs étaient cantonnés dans des quartiers spéciaux : les Mellahs. Ils y vivaient dans une densité inouïe : Dans L'histoire des Juifs d'Afrique du Nord, André Chouraqui précise qu'encore en 1940, la densité de la population par kilomètre carré s'élevait à 215 000 à Casablanca, 128 000 à Marrakech, 110 000 à Fès, 62 000 à Mogador etc. Les Juifs ne pouvaient pas, en théorie, posséder de terres hors du Mellah. Il arrivait que les Juifs fussent contraints de rester enfermés au Mellah jusqu'à paiement de la totalité de la jiziya

À titre indicatif, en 1847, la jiziya en francs français de l'époque s'élevait à 10 000 francs à Mogador, 25 000 francs à Meknès, 9 000 francs à Tétouan, 15 000 francs à Meknès, 12 000 francs à Marrakech, 15 000 Francs à Salé, 5 000 francs à Tanger, etc

De façon générale, les conditions de vie pouvaient varier. Les Juifs de cour jouissaient d'un statut particulier mais devaient malgré tout porter une attention extrême, car l'attitude du souverain envers eux pouvait changer suite à un simple caprice. Le petit peuple pouvait être soumis à des vexations et des razzias. De façon générale, les périodes de désordres politiques se sont souvent accompagnées de persécutions : il en allait unsi lors de la mort d'un souverain, par exemple. Toutefois et genéralement parlant, le mode de vie commun aux Musulmans et aux _Juifs a permis de tisser malgré tout des liens durables qui furent soumis  l'épreuve de façon intermittente

Comment ces limitations se traduisaient-elles en pratique ?

Les voyageurs qui traversaient le Maroc étaient offusqués par la condition des Juifs. Il y aurait de quoi remplir un ouvrage entier de descriptions horrifiantes. Il faut prendre en considération que les voyageurs européens avaient tendance à mettre en évidence une image negative des pays non chrétiens et que certains reportaient peut-être l'image des Juifs de leur pays sur celle des Juifs du Maroc. Il n'en demeure pas moins que la description qu'on en fit en différentes epoques et émanant de voyageurs de nationalités diverses, montre des constantes reflétant un état des choses alarmant: au XVIIe siècle, Germain Mouette qui passa onze ans au Maroc, écrivit : « Les Juifs sont grand nombre dans la Barbarie, et n'y sont pas plus estimés qu' ailleurs; au contraire, s'il y a quelques immondices à jeter dehors, ils y Sont les premiers employés. Ils sont obligés de travailler de leurs métiers pour leur nourriture seulement, et sujets à souffrir les coups et les injures de tout le monde, sans oser dire une parole à un enfant de six ans qui leur jettera quelques pierres.» Toutefois, vus de l'intérieur, leur portrait est tout autre. Dans l'ouvrage The present state of the Jews in Barbary publié en 1675, Lancelot Addison qui fut l'aumônier de la garnison britannique a Tanger observait que « la condition des Juifs du Maroc n'était rien d'autre qu'une meilleure forme d'esclavage… Leur conduite est droite, conforme aux lois d'une vie très civilisée. On ne peut leur reprocher aucune des débauches qui ont si grande réputation parmi toutes les nations chrétiennes, en scandale et en contradiction avec leur nom et leur profession, fornication, adultère, ivrognerie, gloutonnerie, vanité, sont si loin d'être leur lot, que leur pratique, fréquente parmi les Chrétiens, les scandalise

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