Histoire des juifs de Safi-Brahim Kredya

Pour réaliser cette volonté, le sultan Sidi Mohammed signa un ensemble de conventions commerciales avec un grand nombre de pays d'Europe et d'Amérique, dont les textes autorisaient ces derniers à envoyer au Maroc leurs consuls et leurs commerçants et leur garantissaient la liberté de s'installer et de se déplacer où bon leur semblerait dans les ports du pays. Plus encore, et c'est l'objet de notre étude, ils leur donnaient la possibilité de choi­sir leurs auxiliaires parmi les Marocains (interprètes, secrétaires, courtiers, gardiens, serviteurs et autres…) et de leur attribuer le protectorat de leurs pays. Ainsi, ces derniers étaient exonérés des impôts et des charges qui frappaient leurs concitoyens ; ils ne pouvaient être jugés qu'en présence de leurs protecteurs, « et il ne leur était pas interdit de pourvoir aux besoins des consuls et des commerçants où qu'ils se trouvaient ». Par ce système de privilèges divers, le Sultan avait l'ambition de consolider les relations commerciales de son pays avec l'Europe, d'en élar­gir les horizons et d'en augmenter les revenus, sur la base d'une perspective choisie d'intérêts à long terme, et sur le respect de l'indépendance, de la puissance et de la volonté, car le déséquilibre des forces entre le Maroc et l'Europe n'était pas encore patent et l'avantage consenti aux protectorats consu­laires ne représentait aucun danger à l'époque, comme cela se produisit au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle, et plus précisément après les défaites de l'armée marocaine dans la bataille d'Isly en 1844 et dans celle de Tétouan en 1860. Cette dernière révéla clairement la faiblesse des institu­tions de l'État et de leur système archaïque et, selon l'expression de Ahmed Al-Naciri, « retira le voile d'honneur au pays du Maroc, donna la supériorité aux chrétiens et mit en déroute les musulmans comme cela ne s'était jamais fait. Les protectorats se multiplièrent provoquant un grand désastre ».

Annotation    Le sultan Sidi Mohammed contracta beaucoup d'engagements commerciaux (plus de vingt) avec les États du Danemark, d'Angleterre, de Suède, de France, d'Espagne, du Portugal, de Hollande, des États-Unis, de Gênes, de Toscane, de Venise, d'Autriche, de Hambourg, de Brème, de Prusse, de Sardaigne, et bien d'autres.

Annotation    Parmi les autres systèmes que Sidi Mohammed utilisa

pour renforcer sa politique commerciale : l'ouverture des ports

atlantiques aux négociants étrangers ; la diminution des droits de douane à l'importation et à l'exportation et l'annulation totale de ces droits après qu'il eut déplacé et centralisé le commerce maritime au port d'Essaouira ; l'abolition du « jihad » en mer et de l'esclavage des marins ; les efforts pour le rachat des prisonniers musulmans et chrétiens dans les pays européens et auprès des willayas turques en Algérie, en Tunisie et à Tripoli.

Plus encore, le Sultan fut le premier à appeler – fait sans précédent -, les puissances européennes à abolir l'esclavage par la signature d'un traité international pour l'interdire. Cela amena un journal français contemporain à en faire l'éloge, le commentant ainsi : « Les principes des droits sacrés des nations sont passés des ouvrages des philosophes aux cours des rois du Maroc. Ces principes priment dans leurs affaires. Les litiges religieux entre les peuples n'entravent plus la voie de rapprochement entre eux; et ces mêmes musulmans qui n'acceptaient des païens que la capitidation ou l'épée. Actuellement, nous n'entendons chez eux que des mots d'amitié, de compréhension et d'amour. Bref, l'Empereur du Maroc a écrit qu'il souhaitait que le mot abhorré d'esclavage disparaisse de la mémoire des hommes et que cela soit signé de son nom. »

Durant l'instauration des privilèges des protecto­rats, et jusqu'au moment où ils étaient devenus un danger menaçant la sécurité et la souveraineté du pays, les juifs comptèrent parmi les sujets marocains qui y adhéraient et qui se précipitaient pour profiter de ces avantages. Cela peut s'expliquer par des raisons multiples, exposées ci-après :

1.- L'État marocain encourageait ses sujets juifs – à l'exception des musulmans -, à communiquer avec les étrangers chrétiens, à traiter avec eux en créant des relations et des affaires, pour deux motifs, à notre avis :

1.1. Les sultans du Maroc pensaient que la fréquentation des sujets musulmans avec les étran­gers « mécréants », même si elle était source de profits, pourrait nuire à leur conviction religieuse, les éloignerait des valeurs de l'islam et de ses traditions, et les conduirait à combattre avec force la puissance religieuse conservatrice. Pour cette raison, le sultan Mohammed III, à l'instar de ses prédécesseurs, limita les contacts entre les musulmans et les étrangers, et leur interdit de se rendre en Europe pour des affaires commerciales et même de débarquer sur son sol en cas de besoin, et « il réserva cela à ses sujets Ahl Eddhimma ».

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