Retombées des événements de Palestine

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En effet, dès sa naissance, le mouvement nationaliste marocain découvrit le pouvoir mobilisateur, sur les masses peu politisées, du panarabisme et, plus particulièrement, du conflit judéo-arabe en Palestine et il n'hésita pas à s'en servir comme levier. Cela fut particulièrement remarquable pour les nationalistes de la zone nord, plus libres de leurs mouvements, souvent de connivence avec les menées anti-françaises de l'Espagne. Au Maroc, les premières retombées du conflit dataient de la première grande confrontation entre Juifs et Musulmans, à Jérusalem, en 1929, autour du maintien du statu quo au Mur des Lamentations. Elles avaient connu au Maroc un retentissement particulier, en raison de la présence simultanée de nombreux originaires de ce pays dans la Vieille Ville de Jérusalem. Il s'agissait aussi bien de Juifs, regroupés dans le Vaad Edat Hamaarabim, le Comité de la Communauté Maghrébine, que de Musulmans, dont le quartier dit des Mogrhabim jouxtait précisément le dernier vestige du Temple, abritant les pèlerins du Maroc qui, une fois le pèlerinage terminé, avaient choisi de s'y établir à demeure.

Suivant de près les événements, le ministère français des Affaires Étrangères signalait comment à la suite de ces affrontements « la tête de l'originaire du Maroc, Joseph Amsellam, avait été mise à prix par les émeutiers musulmans. Il fut donc contraint de quitter la Palestine pour venir se réfugier en terre marocaine. Au début des troubles de 1936, il devait retourner en Palestine. »

Le jeune Akiba Azoulay alors âgé de 16 ans, futur Président du Comité de la Communauté Maghrébine de Jérusalem et futur maire-adjoint de la capitale, connut la même mésaventure. Né dans la ville sainte, appartenant à une famille originaire de Marrakech, il avait gravement blessé un manifestant arabe. Recherché par les proches de sa victime, il avait été contraint de quitter la ville et de trouver refuge chez l'un des siens, à Casablanca. Rassuré par l'amélioration de l'état de santé de sa victime — ce qui réduisait le risque de vendetta – et en proie à la nostalgie, il retourna à Jérusalem, dès l'année suivante.

Le Président de la Communauté des Maarabim, Abraham Elmaleh, avait sollicité les dirigeants des grandes communautés du Maroc pour l'organisation d'une collecte en faveur des victimes de ces événements.

Immédiatement, l'Inspecteur des Institutions Israélites avait demandé et obtenu l'autorisation de lancer discrètement cette souscription. Son montant fut transféré à la communauté des originaires du Maroc, à Jérusalem, par l'intermédiaire du consul de France dans la ville sainte. Face aux protestations des nationalistes qui parallèlement s'étaient vu refuser le lancement d'une souscription en faveur des frères de Palestine, la Résidence avait fait valoir que " les Juifs, eux, n 'avaient fait que répondre à des appels à l'aide émanant de parents ou de compatriotes établis en Terre Sainte », alors que leur geste à eux était " éminemment politique ". Sur le plan politique justement, les nationalistes réussirent, malgré l'opposition des services de la Résidence à dépêcher au Foreign Office une pétition de protestation " contre l'appui constant apporté par le gouvernement anglais aux revendications grotesques des sionistes et à leurs menées ". Toutefois, les échos de ces événements parvinrent seulement aux élites politisées, aussi bien côté juif que musulman, et s'éteignirent vite, sans laisser de traces visibles.

L'impact du déclenchement de la grande révolte arabe en Palestine de 1936 fut, quant à lui, plus conséquent et largement exploité par les chefs nationalistes. Ces derniers s'en servaient comme thème privilégié pour maintenir les masses peu politisées sous pression. Des prières collectives furent organisées dans les mosquées pour le triomphe de l'islam en Palestine. De même, des tracts furent diffusés, invitant à la mobilisation en faveur de la Palestine martyre. Des brochures intitulées L'incendie et la ruine de la Palestine martyre arrivèrent d'Egypte, en zone nord.

En octobre 1937, à l'occasion de la célébration de la Journée de la Palestine, le fondateur du Parti de l'Union Nationale, Mekki Naciri, mettait en garde les Juifs du Maroc contre la tentation sioniste. Il écrivait dans son journal

el Wahada al-Maghribiya

« Ce sont les sionistes fanatiques qui font planer le plus grand danger sur la race juive établie dans les pays musulmans. Ils préparent eux-mêmes par leur politique l'anéantissement de la descendance Israélite. Entre les Musulmans et les Israélites vivant parmi eux, une seule condition vitale non négociable ? laisser la Palestine aux Arabes et lutter contre les appétits sionistes. Autrement, les Juifs devront assumer la responsabilité de la plus grande des guerres de races contemporaines… »

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