Juifs du Maroc R.Assaraf

Une quarantaine de personnes, issues dans leur quasi-totalité des kibboutzim, furent ainsi sélectionnés. Les trois premiers émissaires arrivèrent en septembre 1943 en Tunisie, libérée depuis mai 1943 de l'occupation nazie. Au Maroc, les deux premiers émissaires, Yigal Cohen et Caleb Castel, arrivèrent en octobre 1944, en uniformes d'officiers de renseignements de la France libre. Ils avaient en effet bénéficié des excellents contacts noués par les milieux sionistes de Palestine avec les représentants de la France libre à Beyrouth et à Jérusalem, lesquels, en ternies plutôt délicats avec les Britanniques, n'étaient pas mécontents de jouer un mauvais tour à ceux-ci. Yigal Cohen et Caleb Castel purent constater les changements intervenus au sein du judaïsme marocain et notèrent dans leurs Mémoires : « Les émissaires d'Erez Israël ont été comme l'allumette qui a rallumé la braise de l'amour et de la nostalgie de Sion pour la transformer en flamme qui devait par la suite déraciner la diaspora nord-africaine. »

Bien que toujours juridiquement considérée comme une simple section de la Fédération sioniste de France, la Fédération sioniste marocaine avait trouvé dans l'occupation de la France métropolitaine le motif lui permettant d'entrer directement en contact avec l'Orga­nisation sioniste mondiale. En 1946, elle fut élut comme secrétaire général un Juif marocain, Prospcr Cohen, anclen instituteur dans une école de l'Alliance Israélite universelle devenu avocat.

Prosper Cohen avait participé, en tant que représentant du judaïsme marocain, à la conférence organisée à Atlantic City, aux États-Unis, par le Congrès juif mondial, une conférence qui s'était clairement prononcée pour la création d'un État juif en Palestine.

Prosper Cohen joua un rôle déterminant dans la maturation du mouvement sioniste marocain, notamment grâce au journal dont il fut le premier rédacteur en chef, Noar, organe de l'association Charles-Netter.

Après des élections houleuses qui illustraient la difficulté du placage sur le judaïsme marocain des querelles entre les différents partis sionistes, le mouvement sioniste marocain désigna quatre délégués pour le représenter au Congrès sioniste de Bâle, le premier depuis la fin de la guerre, qui se tint du 9 au 24 décembre 1946 : Prosper Cohen, affilié aux révi­sionnistes, Maurice Timsit, membre du Mizrahi religieux, et deux délégués indépendants,  Joseph Lévitan et Paul Calamaro. Lors du Congrès, ils firent adopter une résolution en faveur de l'immigration en provenance du Maroc.

Une immigration à l'origine très limitée en raison du nombre restreint de certificats distribués par l'Agence juive et initialement réservés aux réfugiés juifs européens installés au Maroc, dont bien peu se décidèrent à gagner la Palestine, préférant soit revenir en Europe, soit partir pour les États-Unis.

Non sans d'âpres discussions, lesdits certificats furent « rétrocédés » au mouvement sioniste marocain et attribués à des mouvements de jeunesse sionistes proches du courant sioniste socialiste.

Les dix premiers certificats furent ainsi attribués, entre autres, à Élie Moyal de Salé, futur vice-ministre des Télécommunications, au peinte paysagiste Shaul Zvi Zini de Sefou et au peintre Moshé Gabay de Casablanca. Arrivés en Palestine, ils furent dirigés sur le kibboutz Beit Hashita, où ils retrouvèrent de jeunes Juifs originaires de Tunisie et d'Algérie avec lesquels les relations furent plutôt conflictuelles. Si les Tunisiens firent sécession pour fonder le kibboutz Régavim, les Marocains, après bien des difficultés, créèrent celui de Tseelim dans le Néguev.

D'autres immigrants marocains, arrivés ultérieurement, fondèrent le kibboutz Yotvata, non loin d'Eilat, sous la direction d'Eliezer Avitan, l'un des pionniers du sionisme marocain.

Les quelques bénéficiaires de certificats d'immigration eurent d'ailleurs les plus grandes difficultés à quitter le Maroc en raison du refus des autorités françaises de leur delivrer des passeports et des visas de sortie. Si l'Agence juive voulait attirer des immig­rants, elle devait donc trouver le moyen de contourner ce double obstacle : à la sortie du Maroc et a l'entree de la Palestine. Certes, il y avait le précédent de l'alyah clandestine : Europe, mais la situation était totalement différente au Maroc. En Europe, les candidats a l'immigration étaient des rescapés de la Shoah, enfermés dans des camps de « personnes deplacées » et donc « disponibles » pour une aventure périlleuse. Au Maroc, il s'agissait :de déraciner des familles installées dans le pays depuis des siècles et qu'aucun danger ne semblait menacer

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