Pedagogie du Heder et de la Yeshibah, du Msid et de la Madrasa

DEMANATPedagogie du Heder et de la Yeshibah, du Msid et de la Madrasa 

Le début des études consiste dans la lecture répétée du Coran, pour parvenir à sa mémorisation. Au sortir du msid (école élémentaire, équi­valent du heder), le jeune maghrébin connaît le texte sacré, et quelques rudiments de grammaire. Son premier soin, quand il se destine à des études prolongées, est d'apprendre toujours par coeur, deux courts poèmes didactiques, deux résumés aide-mémoire de grammaire et de théologie dénommés 'ummahât "oeuvres-mères": l'Ajurrumiyya et le Morshid al-Muin d'Ibn 'Ashir. Grammaire et théologie, ou plutôt langue et religion, sont les deux matières essentielles du cursus destiné à l'ap­prenti savant qui, par ailleurs, est appelé à étudier, dans divers traités, les 'usûl "principes du droit et de la religion"; la science des traditions islamiques (hadith), la rhétorique, la pensée juridique (fiqh), l'"anecdotique" (ilm al-qisas), l"hométilique" ('ilm al-wa'z, comparable à la drashah juive et à la littérature de la prédication), voire la fiction roma­nesque du genre de Kalila et Dimna d'Ibn Al-Muqaffa', etc…. Durant ces années d'apprentissage, le tâlib al-ilm, "l'aspirant à la science", fré­quente la madrasa, puis l'Université (Al-Qarawayyin, à Fès; Al-Yusu- fiyya à Marrakech), il séjourne dans les zawiyya-s, errant de sanctuaire en sanctuaire, vivant de la charité des bonnes gens ou recourant à la protection de notables généreux qui lui confient l'instruction de leurs enfants.

 Dans cette société, l'apprentissage de la science et le magistère vont de pair….. Au terme de ses études, ses professeurs lui donnent

des attestations de scolarité qui pourront constituer de véritables licences d'enseignement 'ijaza  Le voilà maître à son tour, donnant le même enseignement qu'il a reçu lui-même, et de la même façon. Il est sacré savant, titre qui lui assure en même temps que quelques moyens d'existence, l'estime et le respect de ses coréligionnaires. Plus tard, il consacrera quelques pages, voire un volume entier, à l'énumération de ses maîtres et de leurs oeuvres dans une fihrasa, à laquelle sont com­parables ces longues haqdamot qui, en tête des ouvrages hébraïques, reprennent parfois, mais plus modestement, l'autobiographie spirituelle des auteurs, l'associant à la mention des oeuvres. Ces fahrasa concer­nent, dans la plupart des cas, les lettrés et savants qui ont consacré leur vie entière à la science traditionnelle. Le lettré moyen s'arrête d'étudier dès qu'il a passé le cap de la trentaine. Il sollicite alors une fonction offi­cielle ou se dirige vers des professions plus prosaïques, le commerce ou l'agriculture.

LA SCIENCE AU SERVICE DE LA LOI

Disons aussi, sans nous y atttarder, que l'enseignement dispensé au heder, à la yeshibah ou dans d'autres institutions, la science acquise à l'âge mûr, toute la culture du lettré et la production littéraire qui en est le reflet, sont au service de la Loi, loi que son origine divine impose comme objet d'une étude constante et approfondie. La vie intellectuelle est polarisée sur un idéal fait à la fois de légalisme et de spiritualité. La littérature engendrée dans ces conditions et dans un tel environne­ment est, quant à ses intentions ultimes, entièrement religieuse. Sans prétendre délimiter, ce qui serait du reste illusoire, le monde de la léga­lisation par rapport aux autres domaines de la pensée juive, nous avons montré ailleurs le rôle prédominant que l'étude du Talmud et de la halakhah joue dans l'enseignement de la yeshibah et la formation du lettré (talmid hakham) en général, et souligné l'hégémonie du droit juris- prudentiel sur la culture rabbinique, la halakhah devenant, en dernière analyse, la finalité de tous les genres littéraires cultivés par le lettré, parce que c'est elle qui, plus que tout autre mode d'expression de la pensée, est le lieu essentiel de la foi et parce qu'elle est constamment appelée à régler la vie du juif dans le sens voulu par la Torah, à organiser chaque détail de son existence, de façon à le pourvoir, en dernier ressort, d'un instrument de sanctification et du moyen de gagner le salut éternel1S. De là, vient le soin extrême apporte à l'éducation religieuse et à l'instruction à tous les niveaux. Notons un parallélisme significatif avec l'environnement culturel musulman et la formation de Y'adïb maro­cain aux 17è et 18è siècles dans ces remarques de Mohammed Lakhdar, dans sa thèse de doctorat d'Etat es-Lettres, soutenue à Paris "l'en­seignement de l'époque ne pouvait donc que s'appuyer davantage sur le Coran et la Tradition du Prophète …. Ayant reçu une culture essen­tiellement basée sur les préceptes de la foi, le lettré marocain devait nécessairement être un juriste dont les oeuvres, même profanes, étaient fortement empreintes d'un cachet religieux. Cette culture conditionnait toutes les autres, de quelque nature qu'elles fussent, si bien que pour être adib, il fallait être faqih, la réciproque n'étant pas toujours vraie" (il faut évidemment situer ces remarques dans l'ensemble du chapitre sur l'enseignement.)

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