Non à la cohabitation dans les médinas

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Après des siècles de confinement dans les mellahs, les Juifs avaient commencé, dès avant la fin de l'écroulement du Maroc, et surtout depuis l'instauration du Protectorat, à essaimer en dehors du quartier juif. Les autorités du Protectorat voyaient la confirmation de la fin du statut discriminatoire des Juifs, dans ce phénomène de cohabitation au cœur des médinas. Mais déjà, au milieu des années trente, les autorités chérifiennes s'en étaient émues. Le problème était particulièrement sensible à Casablanca et à Marrakech.

Le 7 décembre 1934, le chef du Contrôle Civil de la Région de Casablanca demandait des instructions à la Résidence sur le sort à réserver à une lettre-circulaire que le Grand Vizir lui demandait de transmettre au pacha de la ville. Cette circulaire visait à interdire à l'avenir, pour des motifs religieux et culturels, l'installation, à quelque titre que ce soit, propriétaire ou locataire, de familles juives dans les médinas, aux côtés des Musulmans. Embarrassée par cette requête contraire à sa politique depuis l'instauration du Protectorat, la Résidence, après des semaines de consultations, avait fini par clarifier sa position sur cette question délicate, en mars 1935 ? <׳< Monsieur le Conseiller du Gouvernement Chérifien a exposé les résultats de cette enquête au Grand Vizir.

Si Hadj ElMokri a bien confirmé que la cohabitation des Juifs n'était pas chose nouvelle dans la médina de Casablanca. Depuis l'établissement du Protectorat, des familles juives, parmi les plus riches, ont quitté le mellah pour s'installer en médina. Le Grand Vizir reconnaît qu'il y a là une situation ancienne à laquelle il ne pourrait être touché qu'avec beaucoup de prudence.

Par contre, la nouvelle Médina et la cité des Habous sont restées jusqu'ici indemnes de ce mélange, à quelques exceptions près, ainsi que l'a d'ailleurs signalé le chef de la Region civile, M. Courtin. C'est cette situation que vise spécialement le Grand Vizir qui a exprimé à nouveau l'intérêt de Sa Majesté, attachée à prévenir, là au moins, des cohabitations qu'Elle estime néfastes, tant au point de vue religieux que politique.

Dans ces conditions, M. Orthlieb pourra sans inconvénients, exposer verbalement au pacha, les désirs du Makhzen, en lui faisant ressortir qu'il ne s'agit pas de toucher à l'état de fait actuel, mais bien de veiller à ce que les Israélites ne puissent à 1'avenir s'installer dans la Nouvelle Médina ou la cité des Habous. »

Le Grand Vizir revint à la charge en novembre 1936, à l'occasion du séjour du sultan à Marrakech, pour exposer la situation, particulière en ce domaine, de la capitale du sud :

" Au cours de l'entretien, Son Excellence a exposé que Sa Majesté Chérifienne avait eu son attention attirée par la situation spéciale de Marrakech, résultant d'une part, de la cohabitation des éléments Israélites et musulmans, dans certains quartiers spécifiquement musulmans circonvoisins du mellah, et de l’emploi de domestiques musulmanes par beaucoup de familles Israélites demeurant à l'intérieur du mellah, de jeunes filles et jeunes femmes musulmanes.

De nombreuses plaintes seraient parvenues à Sa Majesté de la part de Musulmans qui s'élèvent contre cette cohabitation, génératrice d'incidents multiples, jusqu'ici peu graves, mais susceptibles, si l'on n'y met bon ordre, de devenir des plus aigus et contre les scandales nés au mellah, par suite de rapports intimes qu'entretiennent certains chefs de familles ou leurs fils avec les servantes musulmanes dans leur maison. Scandales qui atteignent profondément la morale et les susceptibilités des Musulmans… »

En droit musulman, les habous (en arabe : الحبوس) sont un type de législation relative à la propriété foncière. Ils peuvent être classifiés en trois types : publics, privés ou mixtes. (Le terme « habous » est essentiellement utilisé dans le Maghreb.

On raconte dans un hadîth qu'Omar ibn al-Khattâb aurait demandé au prophète Mahomet ce qu'il pouvait faire de sa terre pour être agréable à Allah. Le prophète lui aurait répondu ceci: « Immobilise la de façon à ce qu'elle ne puisse être ni vendue, ni donnée, ni transmise en héritage et distribues-en les revenus aux pauvres ». Omar suivit ce conseil et déclara que la terre dont il s'agit ne pourrait faire l'objet, à l'avenir, ni d'une vente ni d'une donation. Elle ne pourrait pas être transmise non plus en héritage et que ses revenus seraient employés à secourir les pauvres, les voyageurs et les hôtes

Également appelés waqf ou « biens de main-morte », ils désignent un bien foncier ou immobilier couvert par les habous et inaliénable : il ne peut être vendu ou échangé. Le fondateur bénéficie de l'usufruit du bien durant sa vie. À sa mort, son pouvoir économique est conservé intact au sein du groupe familial auquel il appartient. Lorsque la lignée des bénéficiaires vient à s'éteindre, le bien est affecté à des œuvres charitables ou pieuses que le fondateur a toujours pris soin de désigner dans l'acte constitutif. Le bien rentre ainsi dans la catégorie des habous publics. Le but d'immobiliser le statut juridique d'un bien est de pérenniser le capital au sein du groupe familial et donc la hiérarchie sociale de la famille

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