La rupture des relations postales – Le dahir de la marocanisation

יגאל בן נון 2La rupture des relations postales
L’événement qui atténua l’euphorie du début de l’indépendance et provoqua une dégradation progressive des relations entre les autorités marocaines et le monde juif se produisit le 22 septembre 1959, alors que le gouvernement de gauche était au pouvoir. Sur l’initiative du roi, les ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe se réunirent à Casablanca pour leur 32e conférence. Les entretiens du roi Mohammed V avec Hussein de Jordanie et Fayçal d’Arabie lors de sa visite au Moyen-Orient avait même suscité des déclarations anti-israéliennes ainsi qu’à des appels à l’arabisation linguistique. La décision de créer une « Union postale arabe » entraîna la rupture unilatérale des relations postales, télégraphiques et téléphoniques entre le Maroc et Israël.

Exceptionnellement, cette décision ne s’appliqua pas aux appels d’urgence en provenance de navires en détresse. Trois jours après, des affiches furent placardées dans les bureaux de poste, indiquant que tout courrier envoyé à destination d’Israël serait renvoyé à son expéditeur. Le nombre de courriers expédiés entre les deux pays atteignait 30 000 lettres par mois dans chacune des deux destinations. Au Maroc, chaque famille juive envoyait en Israël en moyenne une lettre par mois . Près de 150 000 Juifs du Maroc furent d’un jour à l’autre coupés de leurs proches estimés à quelque 120 000 personnes en Israël. Cette décision porta un coup dur à un semblant de symbiose qui s’était esquissée dans les relations judéo-musulmanes. Certaines familles brûlèrent les timbres israéliens en leur possession pour dissimuler toute référence à Israël de crainte d’éveiller des soupçons. La rupture des relations postales porta un coup sévère à la communauté et aggrava l’atmosphère de soupçon et d’inquiétude quant à l’avenir des Juifs au Maroc.

Le dahir de la marocanisation
La décision gouvernementale du 26 novembre 1958, exigeant de renouveler l’inscription de tous les organismes bénévoles, juifs et musulmans, au ministère de l’Intérieur, inquiéta sévèrement les directeurs des institutions juives. Peu de temps après l’indépendance, Lalla ‘Aïcha, fille aînée de Mohammed V, décida de créer l’association L’Entraide nationale, pour regrouper tous les organismes de bienfaisance du pays. Les nouveaux statuts avaient entre autres pour but de marocaniser les comités directeurs locaux des associations et organismes étrangers. La réinscription en tant qu’association était soumise à deux conditions : seuls des citoyens marocains devaient siéger dans les comités directeurs ; seules les cotisations et les subventions gouvernementales étaient permises. Il était dorénavant interdit à tout organisme de recevoir des dons provenant de l’étranger. Les organismes juifs craignaient que les autorités ne se contentent pas de nommer des partisans de l’intégration comme nouveaux membres dans les conseils des communautés, mais aussi qu’ils les obligent à ouvrir leurs écoles et leurs hôpitaux aux Musulmans. Au début, on leur demanderait d’offrir leurs services à quelques Musulmans, mais progressivement les nouveaux venus deviendraient majoritaires et domineraient les comités directeurs de ces institutions. Le président de la communauté, David Amar, proposa de modifier les statuts du Conseil des communautés, afin de surmonter les problèmes juridiques de son organisme et le redéfinir comme minorité ethnique distincte. Les autorités, préoccupées par des problèmes plus pressants, ne souhaitaient pas affronter la communauté sur un sujet aussi fondamental. Ces nouveaux statuts restèrent longtemps au stade de proposition jamais débattue. Etant donné que la plupart des organismes juifs internationaux étaient dirigés par des Juifs de nationalité étrangère vivant au Maroc ou à l’étranger, certains d’entre eux furent contraints de modifier la constitution de leur direction et de nommer des directeurs de nationalité marocaine. Les anciens directeurs prirent le titre de conseillers.
Jusqu’alors, les organismes juifs de bienfaisance bénéficiaient du financement de l’état, comme sous le protectorat, mais ils craignaient que les autorités n’exigent par la suite de décider elles-mêmes de la répartition des subventions provenant du Joint américain. À cette époque, un membre de l’assemblée consultative du parti Istiqlal, faisant référence au Joint, critiqua le fait qu’un organisme étranger était autorisé à favoriser une partie de la population selon des critères religieux. Les organes du parti approuvèrent sa critique, ce qui suscita un désarroi au sein des organismes juifs qui bénéficiaient des dons du Joint. En mars, on adopta une résolution à l’encontre de dons répartis au Maroc par des organismes étrangers. Les institutions juives comme l’AIU , l’ORT, Otzar ha-Torah et le Joint estimaient que la fin de leur existence approchait, mais en dépit de ces appréhensions, rien ne changea de fait. Par mesure de prévention, le Joint distribua même des surplus de nourriture à des jardins d’enfants musulmans et accorda une aide financière à un organisme bénévole musulman.

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