ארכיון יומי: 17 באפריל 2017


Accueil des réfugiés d'Europe-Joseph Toledano

epreuves-et-liberationJoseph Toledano

Epreuves et liberation

Les juifs du Maroc pendant la seconde guerre mondiale

Une tranquillité non partagée

Seule la communauté juive ne put pleinement profiter de ce répit et partager cette fausse euphorie, elle restait trop obsédée par le sort de ses coreligionnaires d'Allemagne et par la persistance d'une atmosphère d'hostilité sourde à son égard.

Reprise du boycott

En 1938, après la nuit de Cristal, le boycott, qui désormais touchait également les produits italiens, prit une nouvelle ampleur. Un négociant en cuir allemand écrivit d'ailleurs à Berlin que le marché de l'Afrique du Nord, où les Juifs occupaient une place prédominante, était fermé et qu'un voyage de prospection en Algérie et au Maroc était devenu pure perte de temps.

Mais cette fois, la réaction de le Résidence, indisposée par ce renouveau de l'intrusion des Juifs dans l'arène politique, fut immédiate. Lorsque les Services des Renseignements signalèrent qu'un appel au boycott des produits allemands et italiens avait été lu dans les synagogues de Casablanca, le Conseiller aux Affaires Chérifiennes éleva une protestation énergique auprès du Président du Comité de Casablanca, Yahya Zagury. Il lui enjoignit d'éviter à l'avenir de tels manquements dans des lieux réservés uniquement au culte et de trouver l'auteur de la circulaire.

Accueil des réfugiés d'Europe

Malgré l'isolement relatif, nombre de lettrés juifs marocains étaient abonnés à des revues juives paraissant en Europe et se tenaient au courant par ce biais de l'évolution de la tragédie européenne. C'est ainsi par exemple que rabbi Yossef Messas de Meknès, à l'époque en mission à Tlemcen, écrivait à rabbi Zeev Litter qui avait réussi à fuir l'Europe pour Pitsburg, en avril 1938 (Otsar hamikhtabim, II) :

« J'ai été attristé de la détérioration de votre état de santé à force de soucis pour nos frères à Vienne et dans d'autres localités, sachez que nous également sommes en deuil de la situation tragique de nos frères qui nous touche tout autant. C'est pour cela que nous avons été comparés à un agneau unique dispersé à travers le monde. Chaque fois qu'un de ses membres souffre, tout le reste du corps le ressent… »

Un an plus tard, en août 1939, il écrivait au rav Moché Litter à Brooklyn :

" Je ne pourrais exprimer par des mots toute la joie ressentie en apprenant que vous et toute votre famille avez réussi à quitter l'enfer allemand, bien qu'ils vous aient dépouillés de presque tous vos biens, l'essentiel est le sauvetage de justes des mains d'un peuple cruel…»

Le bimensuel L'Avenir Illustré signalait, en novembre 1938, l'arrivée des premiers réfugiés d'Allemagne et s'inquiétait, avec sa vigueur habituelle, des conditions de leur accueil :

Déjà quelques familles sont arrivées à Casablanca. Le contact direct avec les proscrits va-t-il enfin éveiller chez les Juifs du Maroc le sentiment des réalités et les rappeler au devoir de solidarité humaine, sinon de solidarité juive ? On nous parle de constitution d'un comité chargé de recueillir les fonds dont le montant était destiné à être remis à l'Alliance Israélite Universelle… Si navrante que soit la constatation, nous sommes bien obligés de le faire — la souscription pour l'aide et l'accueil n'a produit au Maroc qu'un néant significatif… Réunir des meetings, protester bruyamment à la bonne heure ! Voter des ordres du jour fulminants contre la politique " anti-démocratique " d'Hitler ? Parfait ! Mais donner de quoi relever les victimes et les empêcher de sombrer dans la misère qui les rendrait encore plus encombrants et moins utiles à la société ? Cela, non. Il est temps de prouver à ceux qui nous taxent de matérialisme outrancier que la solidarité, la charité juive ne sont pas de mots vides de sens. »

Le journal donnait comme exemple d'actes individuels à imiter le propriétaire de l'hôtel Victoria à Casablanca, qui avait accueilli gratuitement dans son établissement un jeune couple de réfugiés.

Toutefois le réquisitoire de ce journal totalement dévoué à la cause de la solidarité juive, était trop sévère, ne tenant pas assez compte du contexte limitatif local. Le Maroc sous Protectorat français ou espagnol ne pouvait être un pays d'accueil pour une masse de réfugiés. Maître Hélène Cazes Benattar, la première femme avocate du Maroc, s'était vu refuser en 1938 l'autorisation de créer à Casablanca un " Comité d'Assistance aux Réfugiés " sur le modèle de l'organisation fondée à la même époque à Paris.

Par contre, à Tanger, ville plus ouverte en raison de son statut international, l'afflux de réfugiés fut considérable.

Au départ, les premiers arrivés, ayant quitté d'Allemagne dès 1933, furent accueillis selon les normes traditionnelles de l'association caritative Hébrat Hakhnassat Orhim, habituée à l'accueil des rabbins et indigents de passage dans la ville. Mais elle n'était pas armée pour assurer seule une telle mission ni en mesure d'en assumer les dépenses nécessaires. Elle se tourna alors vers le Comité de la Communauté. La Junta comprit que c'était une tâche d'une toute autre dimension, qui nécessitait notamment une intervention auprès de l'administration internationale pour permettre le séjour des réfugiés dans la ville et l'obtention de permis de travail. Guillermo Abergel, un des membres de la Junta, avait critiqué avec véhémence l'excès de zèle de son collège H. Azancot en faveur des réfugiés. Il lui reprochait de secourir financièrement les réfugiés sur la caisse de la communauté. Ce dernier, indigné, démissionna, mais revint finalement sur sa décision, à la demande des autres membres du Comité de la Communauté. Un Comité d'Assistance aux Réfugiés fut officiellement fondé, sous la direction de l'ancien Président du Comité de la Communauté, Abraham Larédo. Il était assisté d'Albert Theinhardt, lui-même réfugié du Luxembourg, pour recueillir des fonds et organiser l'accueil. Puis affluèrent de nouveaux réfugiés qui avaient quitté la Hongrie pour les États-Unis, à bord d'un navire italien. Rome craignait que les autorités américaines ne se saisissent du navire si la guerre venait à éclater. Il fut ordonné à son capitaine de débarquer ses passagers à Tanger et la Junta, le Comité de la Communauté, décida de tout mettre en œuvre pour leur venir en aide moralement et matériellement. Les réfugiés bénéficièrent notamment de l'octroi de prêts d'installation pour fonder de petites affaires, en contractant dans ce but des prêts auprès de la Banque Commerciale et de la Banque d'Etat du Maroc. Tenant compte de leur destination humanitaire, les deux établissements consentirent à la Junta des taux d'intérêts préférentiels. Au bout du compte, entre 1938 et 1940, le nombre de ces réfugiés à Tanger oscilla entre 1500 et 2000, pour une population juive totale de 12.000 âmes. Ils venaient en majorité de Pologne, d'Allemagne et de Hongrie mais comprenaient aussi des centaines de séfarades originaires de Rhodes, occupée par l'Italie.

Pour le territoire du Maroc français, les limitations à l'accueil des réfugiés étaient strictes et complexes comme le reconnaissait L'Avenir Illustré, loin d'imaginer le sort réservé à ceux qui resteraient en Europe, dans sa livraison de novembre 1938 :

« Malheureusement, la question des réfugiés ne se pose pas au Maroc de la même façon qu'en Europe Occidentale. Ici les restrictions à l'immigration constituent un grand obstacle. Le second, décisif celui-ci, est l'absence d'œuvres spéciales d'orientation artisanale et agricole. Accueillir des petits Juifs d'Allemagne pour en faire de futurs miséreux du mellah de Casablanca ou d'ailleurs, vraiment cela n'en vaut pas la peine. Ne serions-nous pas mieux inspirés en sollicitant du gouvernement l'autorisation d'une aide pécuniaire ? »

Dans les mailles de cette législation restrictive, les rares réfugiés qui réussirent à entrer au Maroc furent souvent hébergés et pris en charge par des familles juives à Casablanca et dans les autres villes. C'est ainsi qu'en 1939, on comptait dans la seule petite communauté de Safi une trentaine de familles de réfugiés d'Europe.

Dans son rapport à Paris daté du 14 février 1939, le Résident Général Noguès se faisait l'écho, sans ajouter de commentaires, de l'arrivée de ces réfugiés :

 « La population israélite des grandes villes, émue par les persécutions dont sont victimes ses coreligionnaires du Reich, s'organise pour boycotter les marchandises d'origine allemande, des tracts en hébreu ont été répandus à cet effet à Rabat… Elle essaie d'assurer l'entretien de ces réfugiés venus d'Europe et cherche à leur procurer les moyens de se rendre en Amérique du Sud…

Les revendications italiennes provoquent dans les villes les réactions d'éléments français et Israélites. Deux cinémas italiens à Fès sont boycottés et des manifestants Israélites ont tenté d'y pénétrer… »

L'accueil de ce petit nombre de réfugiés ne souleva pas trop d'opposition chez les dirigeants nationalistes de la zone française, en relations étroites avec la gauche française – SFIO et Ligue des Droits de l'Homme – en laquelle ils plaçaient encore leurs espoirs d'évolution. La seule voix discordante, aussi minoritaire que véhémente, fut celle du dirigeant nationaliste de Salé, Andelatif Sbihi, rallié au Général Noguès. Il se distinguait, comme nous le savons déjà, par ses positions antijuives, et cherchait à calquer sur la réalité marocaine les thèmes de la propagande nazie.

Par contre, le journal indépendant de Salé Takadoum, Le Progrès, dénonçait la tromperie de la propagande nazie qui se présentait comme l'alliée de la cause arabe contre la France (au Maroc) et l'Angleterre (en Palestine) :

« Le Reich n'a qu'un seul but ! Dominer les peuples faibles et les asservir à ses intérêts sans reconnaître les droits des individus. Cette conception s'applique en ce moment aux Juifs et aux Chrétiens dont on ferme les synagogues et les églises. Quelle sera donc un jour son attitude à l'égard des Musulmans ? »

Dans la zone de Protectorat espagnol, plus travaillée par la propagande nazie et celle des Phalanges fascistes espagnoles, les chefs nationalistes rivalisaient de zèle pour dénoncer " le flot de réfugiés tendant à faire subir au Maroc les conséquences de la persécution des Juifs en Europe ". Ils faisaient valoir l'exemple de la fermeture de la Libye aux Juifs chassés d'Allemagne. Les sentiments défavorables aux Juifs n'étaient un secret pour personne, dans la capitale de la zone nord. Une note adressée au Résident à Rabat, en avril 1933, était en ce sens explicite ?

« Tout le monde de Tétouan applaudit Hitler et dit que tout le mal vient des Juifs On s'appuie sur le fait que tout ce qui est en faveur de ces derniers a toujours m grand retentissement, tandis que le moindre petit mouvement des Musulmans es immédiatement combattu… En milieu indigène, on dit que les Juifs sont la cause de tout ce qui brouille les Chrétiens et les Musulmans et qu'ils ne cherchent qu'à gagner de l'argent sur les uns et les autres. On reproche à la France de les protéger. Il y a vraisemblablement là une activité politique allemande. »

A l'occasion du second anniversaire du PNR, le Parti National de la Réforme, en novembre 1938, ses fondateurs sur le modèle fasciste, Abdel Hakim Torrès et T. Ouazzani, adressèrent des télégrammes au sultan et au gouvernement français contre l'immigration juive au Maroc. Leur adversaire, le transfuge de Salé installé à Tétouan Mekki Naciri, fondateur du Parti de l'Union Marocaine, ne pouvait être en reste et exhortait ses compatriotes à chasser les Français du Maroc comme Hitler a chassé les juifs d'Allemagne. Il appelait les Juifs marocains, comme ceux des autres pays musulmans, à méditer l'expulsion des juifs d'Europe et à apprécier à sa juste valeur la tolérance dont seuls les pays d'islam continuaient à faire preuve à leur égard… Ce fut donc avec encore plus de véhémence qu'il s'éleva contre les autorisations d'entrée soit-disant accordées par la France à un nombre stupéfiant de Juifs venant d'Allemagne et d'Italie, avec le risque de dissolution de ce peuple marocain si fier.

רבי דוד אלקיים-משורר ומשכיל – יוסף שטרית

רבי דוד אלקיים

אמנם קודם שנדון במקום אחר בפואטיקה המודעת והלא־מודעת של רד״א, נצטרך להציג את מכלול יצירתו השירית על תחומיה השונים, השירה התנ״כית על עלילותיה, השירה האירועית על ענייניה האישיים או הלאומיים, השירה האישית־ ההתנהגותית עם ביטוייה הליריים המובהקים, ושירת הגלות, הגאולה והמקדש על רמזיה לתנועה הציונית המתארגנת והמעוררת תקוות מחודשות. נראה אז שגם כאן ידע רד״א לברור את צורות הלשון ומבניה הקולעים והעשירים ביותר, וכן הצליח לבטא את עמדותיו ורגישותו בצורה האישית והכנה ביותר, וזאת בתחומים פיוטיים שהיוו לרוב את שגרת היצירה הפיוטית, במרוקו בפרט ובצפון־אפריקה בכלל, במשך מאות בשנים.

הערת המחבר : מאמר זה פורסם לראשונה באפריון 1 (אביב תשמ״ג), עמי 102-96, ויצא בצורה אחרת כמבוא לדיוואן של ר׳ דוד אלקאים, שירי דודים (מהדורת משפחת זעפרני), ירושלים תשמ״ג. כאן הוכנסו בו שינויים קלים לעדכון תאריכים ועניינים שונים. בין הפרסומים על ר׳ דוד אלקאים ושירתו שראו אור מאז שמאמר זה התפרסם לראשונה ראה חיבוריי: מודעות¡ מודרניות, עמי 46-43; ההשכלה: השירה העברית, עמי 212-207: שירת הפיוטים; וכן אלקיים, לשון הפיוט; הנ״ל, הפיוט על הדקדוק; בר־תקוה, מסורת וחידוש; חזן, לשון וסגנון; הנ״ל, השירה העברית, עמי 349-344; בן־סעדון, בחינות ספרותיות. מאמר מקיף ומסכם על אישיותו, יצירתו ופועלו של ר׳ דוד אלקאים יובא בתוך החיבור שבהכנה: י׳ שיטרית וד׳ שרוטר, מוגאדור-א־צוירה – דיוקנה של קהילה רבתי ביהדות מרוקו.

נספח א

נוסח המצבה שעל קברו של ר׳ דוד אלקאים במוגאדור (א־צוירה)

דרך כוכב מיעקב האי גברא רבא ויקירא

מרגניתא דלית בה טמי ילאה כל עט לתאר

מהלליו חכם עצום ורב שבעתים אז שר

 דוד את שירותיו במשקל במדה הלא הם

כתובים בספרו וקראם שירי דודים מעין

מתגבר בזוהר הקדוש וכתם פז ומקדש

מלך האיר לחברתו זכה וזיכה את הרבים

דודי נתץ ריחו בדקדוק לכל נתיבותיו ויהי

דוד לכל דרכיו משכיל בחכמה ובדעת

ובכל מלאכה חכמתו בנין  הוד וציוריו

כאיש מצור החכם השלם הזקן הכשר

כה״ר דוד אלקיים ז״ל

 נצר מגזע האריה הגדול הרב המופלא

וכבוד ה׳ מלא כמוהרר משה ושמעיה

בעל המחבר צוף דבש ותועפות ראם זלהה

ולמענו חרט איש יהודי את הטורים האלה

אן פנה דודי החכמה מר צורחת

חלף לבלי שוב במרום ירגיע

נסע לנוה שאנן קהלתינו נגרעת

איך אהובינו עדי עפר הגיע

עם בן יוחאי נשמתו שומחת

בעדן עדנים שמה ישתעשע

וישכב דוד עם אבותיו זקן ושבע ימים

יום ה׳ בש״ק עשרה לחדש ניסן

שנת צרתי בא סימן בישישים חכמה

ת׳נ׳צ׳ב׳ה׳

נוסח המצבה כטקסט רצוף וערוך

נוסח המצבה נרשם במוגאדור במסגרת משלחת מחקר ששהתה במרוקו בקיץ 1987 וכללה מלבדי את פרופ׳ משה בר־אשר מהאוניברסיטה העברית בירושלים ואת פרופ׳ יעקב בן טולילה מאוניברסיטת בן-גוריון בבאר־שבע. במסגרת סיורנו בבתי הקברות של קהילות רבות צילמנו ורשמנו כמאתיים מצבות. הנוסח מתפרסם כאן לראשונה באדיבות עמיתיי למשלחת.

התיבות המודגשות כתובות באותיות גדולות במצבה.

דרך כוכב מיעקב.1 האי גברא רבא ויקירא, מרגניתא דלית בה טמי,2 ילאה כל עט לתאר מהלליו: חכם עצום ורב שבעתים.3 אז שר דוד את שירותיו במשקל במדה,4

הלא הם כתובים בספרו, וקראם שירי דודים;5 מעין מתגבר6 בזוהר הקדוש7 וכתם פז8 ומקדש מלך.9 האיר לחברתו,10 זכה וזיכה את הרבים.11

דודי נתן ריחו12 בדקדוק לכל נתיבותיו.13 ויהי דוד לכל דרכיו משכיל14 בחכמה ובדעת ובכל מלאכה:15 חכמתו בנין הוד16 וציוריו כאיש מצוד.17

החכם השלם, הזקן הכשר, כה״ר [=כבוד הרב רבי] דוד אלקיים ז׳׳ל [־־־זכרו לברכה], נצר מגזע18 האריה הגדול הרב המופלא וכבוד ה׳ מלא,19 כמוהר״ר [־־־כבוד מורנו הרב רבי] משה ושמעיה,20 בעל המחבר צוף דבש ותועפות ראם21 זלה״ה [=זכרו לחיי העולם הבא].

מקורות וביאורים

1 – במדבר כד, ז.

2 – נוסחה בארמית: איש חשוב ויקר זה, מרגלית שאין בה דופי.

3 – על פי דברים כו, ה.

4 – רמז לשיריו השקולים על פי משקל ההברות ומשקל המלודיה של הלחן.

5 – הדיוואן של רד״א היה מוכן אצלו כבר עשרים שנה לפני מותו, כפי שצוין בהקדמה למהדורה הראשונה של שיר ידידות (ראה לעיל), ונשאר בכתיבת יד שנים רבות לאחר מכן עד להוצאתו לאור בשנת תשמ״ג.

6 – על פי אבות ב, י; כאן במובן של למדן שלא הפסיק לעיין בספרי הקבלה.

7 – רמז לבקיאותו של רד״א בספר הזוהר, דבר הבא לידי ביטוי גם באחדים משיריו, ובמיוחד שיריו התנ״כיים.

8 – כתם פז – חיבורו של ר׳ שמעון(בן) לביא (פאס-טריפולי, המאה ה־16). ראה עליו הוס, תורת הספירות.

9 – מקדש מלך – חיבורו של המקובל הנודע ר׳ שלום בוזגלו(מראכש-לונדון, המאה ה־18). ראה עליו חלמיש, המקובלים, עמי 228-227.

10 – הכוונה כנראה לחברת לומדי הזוהר והקבלה במוגאדור שהתקבצה סביבו בזקנותו, ולא לחברת המשכילים שבמסגרתה הוא פעל כשהיה צעיר.

11 – על פי אבות ה, יח.

12 – על פי שיר השירים א, יב! כאן במובן של יצירתו ופרי הגותו.

13 – רמז לבקיאותו של רד״א בתורת הדקדוק: ראה שירו על הדקדוק.

14 – על פי שמואל א יח, יד. רמז לפעילותו המשכילית של הנפטר ולא רק לכישוריו האינטלקטואליים.

15 – רמז למקצועות הרבים ולפעילותו האמנותית של רד״א.

16 – רמז, כנראה, לבניית הרהיטים, שבה יצאו לו מוניטין.

17 – אמנות הציור של הנפטר הייתה מן המפורסמות, הן ציור דיוקנאות והן ציור ועיטור של כתובות.

18 – נצר מגזע = צאצא.

19 – על פי שמות מ, לד-לה.

20 – ושמעיה – במובן של בן שמעיה, מן המילית הברברית -U, המציינת את יחס הקרבה בין בן לאב.

21 – ר׳ משה ן' שמעיה אלקאים חי במוגאדור במאה ה־19, ומבין שני חיבוריו המוזכרים כאן רק השני מזוהה עם שמו: החיבור תועפות ראם, הכולל דרושים ופירושים, הודפס בליוורנו בשנת תקפ׳׳ה.

ולמענו חרט איש יהודי את הטורים האלה.22 אן פנה דורי?23 החכמה מר צורחת.24 / חלף לבלי שוב, במרום ירגיע:25 נסע לנוה שאנן,26 קהלתינו נגרעת:27 / איך אהובינו עדי עפר הגיע.28 עם בן יוחאי29 נשמתו שומחת:30 / בעדן עדנים שמה ישתעשע.31

וישכב דוד עם אבותיו32 זקן ושבע ימים33 יום ה׳ בש״ק עשרה לחדש ניסן, שנת צרתי,34 בא סימן ״בישישים חכמה״.35

ת׳נ׳צ׳ב׳ה׳ [=תהיה נשמתו צרורה בצרור החיים].

22 – כותב המצבה העדיף להישאר אנונימי, אף שכתב וחרת את אחת המצבות המעניינות ביותד בבית הקברות של מוגאדור. ייתכן שזהו ר׳ מ׳ סבאג שכתב וחרת את המצבה של ״שיך׳ דוד יפלח – שנפטר שלוש שנים לאחר מכן והיה בן דורו ובן חוגו של רד״א – וחתם את שמו עליה במפורש.

23 – על פי שיר השירים במקומות שונים.

24 – על פי צפניה א, יד. הכותב סבור, שאף החכמה מקוננת על הסתלקותו של איש חכם ברמתו של רד״א.

25 – בשמים תהיה מנוחתו.

26 – על פי ישעיה לג, כ, במובן של עולם שכולו מנוחה.

27 – קהילת מוגאדור מאבדת אבדה גדולה ונמצאת חסרה עם פטירתו של אחד מבניה הדגולים.

28 – על אף גילו המתקדם של רד״א הכה מותו בהלם את מכריו הרבים, שכן היה פעיל בעיסוקיו המגוונים עד לימיו האחרונים.

29 – הזכרת שמו של ר׳ שמעון בר יוחאי באה להדגיש את עיסוקו האינטנסיבי של רד״א בספר הזוהר. השימוש במילית בן במקום בר הנהוגה בא להדגיש את קרבתו של רד״א לקדוש.

30 – שומחת במקום שמחה מסיבות של חריזת המליצה.

31 – בעדן עדנים ־ בגן עדן תהיה מנוחתו.

32 – על פי מלכים א ב, י.

33 – על פי בראשית לה, כט ואיוב מב, יז: רמז לגילו המופלג של רד״א ביום מותו – למעלה משמונים שנה על פי כמעט כל העדויות שהצלחתי לאסוף.

34 – שנת צרתי – שנת ת״ש.

35 – בישישים חכמה – איוב יב, יב: רמז נוסף לגילו המופלג של רד״א בעת פטירתו, בשנת ת״ש.

עמוד 295

Chroniques Hebraiques de Fes et autres temoinages


il-etait-une-foisChroniques Hebraiques de Fes et autres temoinages 

Que pouvons-nous apprendre des manuscrits hébraïques sur la condition des Juifs de Fès?

Des chroniques de Fès traduites en Français par Georges S. Vajda dans Un Recueil de textes historiques judéo-marocains, de même que les ouvrages Yahas Fès (Les annales de Fès) de R. Abner Hassarfati, ou encore Kissé hamelakhim de R. Raphaël Elbaz donnent un aperçu du vécu des communautés juives dans la ville impériale de Fès. Le rabbin Yaakov Méïr Tolédano auteur de l'ouvrage historique Ner Hama'arav (Le flambeau du Maghreb) cite de nombreux témoignages écrits qu'il a  collectés de son vivant. Ces écrits sont par ailleurs corroborés par les témoignages des visiteurs européens et par certains chroniqueurs musulmans. Nous en mentionnerons quelques épisodes. Certains événements marquants furent délibérément déclenchés contre les Juifs en tant que tels. D'autres, dans des moments de troubles, affectèrent l'ensemble de la population, mais la communauté juive le fut plus encore en raison de sa vulnérabilité endémique. Le fait que durant les crises de famine les apostasies se multiplièrent, en dit long sur la condition encore plus désespérée des Juifs. Jane Gerber qui a étudié les sources juives traitant des événements majeurs dans la vie de la communauté de Fès dans l'ouvrage Jewish Society in Fez 1450-1700, est arrivée à la conclusion suivante : « Bien que les Juifs de Fès représentent la meilleure des conditions à laquelle pouvaient aspirer les Juifs du Maroc… l'étude approfondie des sources hébraïques nous révèle que les Juifs vivaient dans la peur constante, et qu'ils faisaient toujours l'objet d'attentats.»

Il y eut l'épisode de 1465…

En 1465, des révoltes contre le souverain se traduisirent par le massacre de plusieurs milliers de Juifs. Le fait que le vizir juif Aharon Ben Batash eut osé se promener au Mellah en cheval, noble monture réservée aux seuls Musulmans, aurait été à la source de la révolte qui fut cautionnée par une partie des Oulémas de la ville. Beaucoup de Juifs s'enfuirent ou se convertirent. D'autres villes joignirent le pas à l'appel à la guerre sainte de Fès. Les convertis firent l'objet d'une surveillance constante et le nouveau cadi de la ville leur permit de retourner au judaïsme pour autant qu'ils se soumettent au pacte d'Omar qui définit les rapports avec les non-Musulmans. Ce fut l'une des rares fois dans l'islam où l'on permit d'abandonner l'islam pour revenir au judaïsme, l'apostasie étant normalement punie de mort. Léon l'Africain et Luis de Marmol Carvajal qui visitèrent la ville de Fès à cette période rapportèrent que ses Juifs devaient porter des souliers de paille. À partir du XVIe siècle, ils durent payer une taxe spéciale pour avoir le droit de chausser des sandales à l'extérieur du Mellah et des souliers à l'intérieur du Mellah.

En 1553, lorsque les Turcs occupèrent brièvement la ville de Fès avant d'être repoussés, la communauté juive dut payer 20 000 dinars pour échapper au pillage.

Du XVe au XVIIe siècle, les dirigeants de la communauté interdirent la fabrication du vin de peur que les Juifs ne soient accusés de placer une bouteille de vin dans une mosquée, suite à une ancienne accusation non fondée et qui s'était soldée par des persécutions. Le rabbin Saul Serrero relata qu'en 1646, suite à l'incitation de Mohamed Al-Haj, les synagogues de la ville furent pillées et détruites et l'on ne put sauver les rouleaux de la loi qu'en échange d'importantes sommes d'argent. Pour échapper aux persécutions, les Juifs de Fès s'enfuirent pour trouver refuge à Meknès en 1549 et en 1701.

Il y eut également des taxes arbitraires

Cela se produisit sous la menace de façon répétée. Ainsi, à la mort d'Al Mansour en 1603, ses enfants Zidane et Abdallah se firent la guerre pour prendre le pouvoir. Moulay Zidane régnait à Fès. Le soir de Kippour de l'an 1610, il exigea des Juifs une taxe spéciale de 10 000 onces et menaça de doubler la somme si elle n'était pas remise dans les vingt-quatre heures. Le lendemain de Kippour, Abdallah vainqueur entra à Fès et exigea également un autre don d'un montant équivalent. Cet épisode est rapporté par le rabbin Saul Serrero : « À l'annonce du ministre Barihane, il y eut un grand cri et toute la ville s'émut le soir de Kippour et le jour de Kippour. Le Saint Jour fut profané et toute la nuit et le jour on collecta l'argent; les rabbins pleurèrent et gémirent… et perdirent toute joie et allégresse. Il faut ajouter à cela de nombreux fléaux… Moulay Zidane fut capturé, le tyran Barihane mourut et Moulay Abdallah s'approcha de la ville. Il refusa de recevoir la délégation juive conduite par Jacob Routi et lui dit : « Vous vous êtes réjoui à la venue de Moulay Zidane et en retour il vous a opprimé.» Le lendemain, il envoya un émissaire de mauvais augure qui exigea 20 000 onces comme cela avait été fait pour Moulay Zidane… Malheur aux yeux qui ont vu cela et combien de Juifs et de sages souffrirent, moi le petit Saul également. Nous suâmes sang et eau pour tenter de réunir la somme et le jour de fête de Soukot fut profané… Quelques Juifs furent attrapés et perdirent tous leurs biens. Des convois de fuyards furent attaqués… Nous perdîmes mille quatre cents âmes, des centaines de jeunes âmes innocentes.» L'année suivante, « les Arabes avaient pénétré dans la ville de Tadla, détruit les maisons et livré aux flammes 50 rouleaux de la Thora, 2000 exemplaires du Pentateuque et de nombreux autres livres…» Ajoutons que sous Moulay Abdallah, bien des habitants des villes s'exilèrent à la campagne afin de ne pas être soumis à l'impôt exorbitant (500 000 Mitqals) imposé sur les citadins.

Lorsque les représentants de la communauté se rendirent à Meknès pour informer le sultan des abus auxquels se livrait son fils Moulay Hafid à Fès, le sultan fit tirer sur la délégation, et la condamna au bûcher. La peine fut commutée pour les survivants auxquels fut imposée une amende de vingt qentars d'argent. Les mémoires de Samuel Ibn Danan rapportent cet épisode en ajoutant : « Qui peut relater les calamités et les malheurs qui ont passé sur nous durant la vie (de Moulay Hafid) et par suite de sa mort, je ne saurais relater dans cet écrit tous les lourds impôts que la communauté de Fès dut payer cette année.»

Une ordonnance rabbinique de 1691 rappelle « les malheurs et les calamités qui se sont abattus sur les communautés, la pression fiscale de plus en plus forte, les difficultés de la vie, la diminution des moyens de subsistance… Des gens jadis fortunés ne peuvent plus apporter aucun secours aux indigents de la ville dont le nombre croît sans cesse.»

Natif de Salé, le Rabbin Hayim Benattar auteur du commentaire biblique Or Hahayim qui abandonna le Maroc pour s'installer en Terre Sainte, fut l'une des plus grandes figures rabbiniques du judaïsme marocain durant la première moitié du XVIIIe siècle. Il écrivit : « Si vous deviez comparer notre exil, il est bien plus difficile que celui d'Égypte. Les Égyptiens ont fait travailler les esclaves mais les ont quand même nourris et vêtus; tandis que l'exil des Ismaélites – heureux celui qui n'en a pas connu l'amertume – non seulement ils (les Ismaélites) ne donnent pas de salaire, mais exigent des taxes; une personne est détroussée de tout et on exige de lui ce qu'il n'a pas, et on lui fait avaler ce calice jusqu'à ce qu'il en meure.»

Il est important de souligner que ce ne sont là que des échantillons d'une longue liste d'abus rapportés de façon émouvante.

Quel était le recours des Juifs?

Les prières, les suppliques et les lamentations sur un ton quasi désespéré fut le lot de plusieurs générations de façon intermittente. Ainsi, à la veille de l'invasion de Fès du temps de Moulay Abdallah, le témoignage suivant est rendu dans l'ouvrage Ner Hama'arav (le flambeau du Maroc) du rabbin Jacob Meir Tolédano : « Les gens de Fès… sont venus jusqu'aux portes de la ville et voulurent les défoncer. Nous avons fait des prières de supplication, nous avons réuni tous les enfants du Talmud Thora (école religieuse), petits et grands devant un Séfér Thora que nous sortîmes dans la rue; tous les sages entourèrent les enfants et pleurèrent à grande voix en disant : « Frères d'Israël : Sachez que nous n'avons pas de mérite à demander quoi que ce soit si ce n'est au nom des jeunes innocents ! ». Les enfants déclamèrent le passage des treize attributs divins de Vaya'avor (prière de Kippour); petits et grands versèrent des grands pleurs. Les anciens octogénaires qui y assistaient témoignèrent qu'ils ne virent pas de leur vie des pleurs tels que ceux- là. »

La riposte armée était exclue. Il ne restait que la prière. Encore et encore. La perception était que la main de Dieu était partout. Il arrivait que les rabbins appellent à faire des autocritiques ou même des confessions publiques. Ainsi, R. Vidal Hassarfati rapporta : « Beaucoup de personnes qui en avaient offensé d'autres leur firent des excuses publiques. Il y en a un qui avoua un méfait commis trente ans plus tôt. Beaucoup de personnes firent des restitutions d'argent et d'objets et ce fut là une journée de grand salut.

La periode Romaine

mauritanie tingitane

Histoire du Maroc -M.Terrasse

LA PÉRIODE ROMAINE

Au Maroc, comme partout, la civilisation romaine nous est mieux connue par l'archéo­logie que par les textes. Or depuis une quinzaine d'années on a fait des découvertes nombreuses qui ont apporté beaucoup de neuf.

Les méthodes de fouille et les préoccupations des archéologues ont évolué. On cher­chait surtout des œuvres d'art et des inscriptions ou des monnaies. L'étude de ia céramique, « fossile directeur » par excellence, a été très poussée et permet des datations sûres. L'on s'attache davantage à l'histoire des sites, par des méthodes stratigraphiques L'on cherche à connaître la civilisation sous tous ses aspects, matériels et psychologiques la reconstitution se fait à partir des restes, aussi humbles soient-ils, que le sol conserves

 On voyait trop la Tingitane à travers Volubilis, par la force des choses, puisque ce site fut pendant longtemps le seul largement dégagé. D'autres villes antiques ont été fouillées, et les résultats amènent souvent à corriger les appréciations antérieures.

  1. LA DOMINATION ROMAINE. CONDITIONS ET LIMITES
  2. L'occupation militaire.

La Maurétanie Tingitane n'est pas une province romaine comme les autres. La domi­nation de Rome y a des caractères particuliers : territorialement réduite, peu enracinée, elle semble avoir moins visé le pays en lui-même que la possibilité de fermer un espace vide entre l'Espagne et la Numidie qui étaient parmi les plus riches territoires soumis à Rome (Texte 1).

L'assassinat à Rome du roi de Maurétanie, Ptolémée, en 40 après J.-C. par Caligula, l’empereur fou, ne suffit pas à mettre dans la main de Rome son royaume. Il faut quatre ans d'une guerre très dure pour mater la révolte conduite par un affranchi du souverain, Aedemon. Il faut deux légions et de forts contingents de troupes auxiliaires pour en venir à bout.

Les villes ne soutiennent pas ce mouvement, au contraire. Volubilis par exemple envoie, sous le commandement d'un de ses magistrats, des troupes aider Rome. On comprend cette attitude si l'on remarque qu'Aedemon chercha appui auprès des tribus du Sud, éternellement prêtes aux razzias contre de riches cités. Les généraux romains doivent envoyer des colonnes à travers l'Atlas, jusqu'au Sahara, afin d'éliminer la menace qu'elles faisaient peser sur les communications romaines par leur incursion le long de la Moulouya jusqu'à la côte.

Il semble que malgré ses victoires sur les derniers rebelles, Rome préfère diviser ce vaste royaume de Ptolémée en deux provinces de part et d'autre de la Moulouya : à l'Est la Maurétanie Césarienne, du nom de sa capitale, loi Césarea, à l'Ouest la Maurétanie Tingitane du nom de Tingis (Tanger). C'est l’empereur Claude qui fixe le statut et les limites de cette dernière.

Par la suite la Tingitane est relativement calme. Nos sources ne mentionnent que quelques mouvements peu importants jusqu'à la fin du IIIe siècle, moment où se produit, comme dans tout l’empire romain, une crise sur laquelle nous reviendrons.

Les forces militaires chargées de la défense ont varié en importance du Ier au IIIe siècle. Les détachements sont d'importance numérique inférieure à celle des légions, et de recrutement différent : ils sont aux Ier et IIe siècles composés uniquement de provin­ciaux, illyriens, espagnols, gaulois, etc. On a compté de deux à cinq « ailes » de cavalerie et de six à neuf cohortes d'infanterie soit au total de 8 à 14 000 hommes. Le chiffre peut paraître faible, mais il est comparable aux effectifs de Numidie et d'Afrique proconsulaire, qui sont plus étendues.

Ces soldats sont stationnés dans des camps. On a retrouvé et fouillé en partie ceux de Tocolosida et d'Aïn Chkour près de Volubilis, et celui de Tamuda; il y en a un à Sala et plusieurs dans les environs de Tanger et de Lixus.

On connaît aussi au Sud de Rabat, à environ 12 kilomètres, une ligne fortifiée constituée par un fossé et un talus, renforcés de loin en loin par des tours de guet dont il ne subsiste que les emplacements. Cet ouvrage, appelé « seguiat el Faraoun », s'étend de la mer au confluent de l'oued Akreuch avec le Bou Regreg.

  1. Le problème du limes. Les rapports avec les Berbères.

La présence de ce « fossatum » de quelques kilomètres a fait longtemps espérer retrou­ver le « limes », c'est-à-dire une frontière comme celle qui existe vers le Hodna, en Algérie, sur des centaines de kilomètres.

Les recherches, faites avec les méthodes de prospection aérienne utilisées en Algérie, ont été négatives. Hormis le tronçon déjà connu, on n'a trouvé entre Sala et Volubilis aucun élément permettant de croire à l'existence d'un dispositif fortifié romain. Toutes les ruines qui ont été signalées comme romaines, sont berbères ou musulmanes et d'époque médiévale le plus souvent. Les restes très peu nombreux retrouvés à Annoceur, dans le Moyen Atlas, ne sont pas ceux d'un poste, mais proviennent de Volubilis.

A l'Est de Volubilis des recherches ont été menées pour trouver la liaison avec la Maurétanie Césarienne : on ne trouve aucun témoignage de la présence romaine; des nombreuses ruines de la région d'Oujda aucune n'est de construction romaine. Le premier poste romain de Césarienne est Numérus Syrorum, près de Lalla Marnia; il est tenu par des auxiliaires syriens, chameliers spécialisés dans les patrouilles au désert. Il n'y a donc pas de liaison permanente, aménagée entre les deux Maurétanies. Ces conclusions ont de quoi surprendre, mais ne semblent pas pouvoir être mises en doute.

Comment alors est assurée la sécurité de la province et de quelle manière se font les relations par voie terrestre avec la province voisine ? Entre Sala et Volubilis les obstacles ne semblent pas suffisants. Au contraire la configuration du terrain, les forêts, peuvent être aussi favorables aux attaquants qu'à la défense. On peut se demander si chaque cité n'assure pas sa défense : Sala avec son micro-limes, Volubilis entourée d'un rempart et protégée par des camps militaires, Lixus avec son rempart préromain. Mais ces remparts de ville n'ont pas une grande valeur défensive, et en général Rome ne fractionne pas les forces militaires; au contraire elle excelle à organiser de vastes dispositifs.

Une autre hypothèse peut être avancée sur la base des études faites sur le « limes » de Numidie. Il est démontré que ce n'est pas une frontière fortifiée linéaire, mais un dispositif profond, allant jusqu'à 60 kilomètres, et dont les pièces maîtresses sont des routes et des camps. La défense y est mobile, active. Le « fossatum » n'est que le dernier obstacle, continu, en arrière de môles défensifs échelonnés, eux-mêmes précédés d'avant- postes destinés à tâter l'ennemi. La province de Maurétanie Tingitane, peu étendue, mais disposant d'effectifs importants, et occupant une position stratégique particulière, entre l'Espagne et l'Afrique romaine (Africa et Numidie), contrôlant l'entrée de la Méditerranée, ne peut-elle être considérée dans son ensemble comme un « limes » ?

Quoi qu'il en soit il faut étudier les rapports avec les tribus berbères, voisines des cités occupées par Rome, mais hors de sa domination.

On connait à Volubilis treize inscriptions qui se réfèrent aux Baquates, seuls ou avec un autre « peuple ». Sauf une, ce sont des inscriptions qui commémorent des traités ou des renouvellements de traités, des « autels de paix ». Elles sont plus nombreuses pour le 111e siècle. La dernière date de 280. Elles nous font connaître neuf noms de princes indigènes. Certains se succèdent de père en fils, et ont adopté un nom romain, signe qu'on leur a accordé le droit de cité. L'épitaphe du fils de l'un d'entre eux a été retrouvée à Rome où il mourut à l'âge de quinze ans (Texte 2).

Ces princes « alliés » de Rome, en fait ses protégés, reçoivent d'autant plus d'avantages qu'ils sont soumis. Et ils le sont jusqu'à la date où s'arrête notre documentation. On ne peut les rendre responsables de l'évacuation de Volubilis.

Ces Baquates ne sauraient être assimilés aux Berrhouata. On retrouve plutôt leur nom chez les Boqoya du Rif. En effet ils occupent une zone au Sud et à l'Est de Volubilis, du Moyen Atlas à la Moulouya. Cette position fait comprendre l'importance du rôle qu'ils ont à jouer : ils gardent les communications avec la Césarienne. La basse Moulouya est menacée par les Bavares qui ont tenté d'absorber les Baquates au début du me siècle, mais Rome est intervenue pour empêcher ce regroupement. Déjà vers 170, les Baquates ont failli être absorbés par les Macénites, et Rome a rétabli « l'indépendance » de ses protégés. C'est vers ce moment qu'est construit le rempart de Volubilis, signe qu'une certaine menace plane alors.

A Banasa on a retrouvé une table de bronze portant la décision de Marc-Aurèle d'accorder le droit de cité à des notables d'une tribu voisine appelée Zegrense. A Sala on n'a rien retrouvé d'identique. Est-ce le hasard ou bien le fossatum rend-il moins nécessaires des accords avec les chefs des tribus voisines ? On peut aussi bien penser que les Autololes, redoutables selon Pline, refusent l'entente, ce qui a rendu nécessaire le fossé fortifié.

On est en droit de se demander si la bonne entente avec les Baquates et les Zegrenses n'a pas dispensé de la construction d'une ligne continue. Cependant sur toutes les frontières de l’empire la même diplomatie existe : Rome cherche à gagner certains chefs locaux et à s'en faire des auxiliaires dociles, des tampons entre elle et les tribus sauvages au-delà.

On pourrait dire que l'entente avec les chefs locaux continue la politique que Rome a eue auparavant envers les rois maurétaniens, qui jouaient déjà ce rôle.

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