Les Juifs de Safi et la pieuvre des protectorats….Brahim Kredya

SAFI-1

1.2. Les étrangers eux-mêmes reconnaissaient que les juifs avaient vécu à travers les siècles et les gouvernements en toute sécurité, qu'ils pratiquaient leur culte en toute liberté et sans être gênés par les autorités du pays. Ils disposaient de tribunaux et de prisons particulières, et les relations entre la majorité musulmane et la minorité juive étaient empreintes de complémentarité et d'interpénétra­tion dans tous les domaines : économique, social et même politique. Les Marocains, musulmans et juifs, ressentaient tout ce qui affectait le Maroc – crise ou abondance -, ce qui enracinait en eux le sentiment d'appartenance commune à une seule et même patrie. L'histoire nous apprend que les juifs ont toujours prié et continuent encore à prier pour les autorités du pays au cours de leur culte. Pendant les années de sécheresse, ils ressentaient les mêmes angoisses que leurs frères musulmans et élevaient leurs prières, implorant Dieu de faire tomber la pluie ; ils se rendaient en grand nombre sur les places pour accomplir la prière de « l'Istisqaa » (invocations pour faire pleuvoir). Le professeur Lévy raconte que quarante mille des juifs du Maroc faisaient partie de l'armée de Youssef Ibn Tachfine lors de sa traver­sée pour l'Andalousie, pour mettre fin aux attaques des chrétiens contre les habitants musulmans et juifs. Cette expédition fut couronnée par la victoire de Zellaqa en 1086. De même, les juifs du Maroc furent heureux de la victoire des Saâdiens sur les Portugais dans la bataille de Oued Al Makhazine en 1578 (« La bataille des Trois Rois »). À cette occasion, ils organisèrent des prières de remerciement à Dieu.

                Sous les Idrissides, Moulay Idriss II logea les juifs à Fès après

l'achèvement des constructions. Sous les Almorávides, on permit aux juifs d'accomplir leurs dévotions en toute liberté, sauf que le roi Ali Ben Youssef leur interdit d'habiter dans sa capitale, Marrakech ; ils n'y pénétraient que le jour et en sortaient au crépuscule de peur que certains n'aient des rapports avec les complots de quelques juifs d'Andalousie qui aidaient les chrétiens contre la présence almoravide en Espagne. Sous les Almohades, ils furent victimes de vastes persécutions, dirigées également contre les Almorávides et leurs Chiites ; ils les considérèrent tous comme des infidèles. Des juifs cachèrent leurs rites et firent semblant d’embrasser l'islam. On attribue au calife almohade Yaacob Al Mansour les paroles suivantes : « Si leur infidélité [à l'islam] est avérée, je tuerai leurs hommes et j’emprisonnerai leurs enfants, et leurs biens seraient butin pour les musulmans. » Sous les Mérinides, les juifs des Béni Ouaqqass acquirent une grande autorité auprès du sultan Abou Yacoub Ben Youssef. Leur pouvoir excéda même celui de ses ministres.

 Le gouvernement du sultan mérinide Abdelhaq Ben Abou Saïd compta deux juifs (Haroun et Chawel) et un chambellan juif nommé Houcine ; au temps des Mérinides fut construit le premier quartier juif (mellah) à Fès dans le but de les protéger contre toute malveillance qui pourrait provenir des musul­mans ; sous les Beni Ouattass, le Maroc ouvrit largement les bras aux juifs, accueillant les émigrés chassés d'Espagne, sous les supplices et les tueries des tribunaux de l'Inquisition. Le sultan ouattassi leur prodigua des signes de bienveillance et les aida. Il l'estimèrent et l'appelèrent « le grand roi pieux ». Lorsque le cheikh érudit Mohamed Abdelkrim Lamghili rédi­gea des lettres sous le titre : « Pas de protection pour les juifs », le cheikh Zarrouk Al Fassi écrivit une « fatwa » interdisant la conduite de la prière par le cheikh Louaryagli, parce « qu'il avait incité les gens à se révolter contre les juifs ». Sous les Saâdiens, d'après un historien contemporain : « Les juifs ont connu la plus belle époque de leur histoire… dans toutes les parties du Maroc et dans ses régions les plus éloignées. » Ils bénéficièrent de la considération et de la sympathie des sultans saâdiens et s'accaparèrent le commerce intérieur en plus du commerce extérieur. Certains d'entre eux devinrent très influents dans la cour saâdienne dont Samuel Balache et Haroun. Le premier joua un rôle important dans les relations commerciales entre les Saâdiens et l'Europe, particulièrement avec la Hollande. Ils eurent la faveur du sultan saâdien Moulay Zidane ben Ahmed al Mansour à tel point qu'ils le poussèrent à incar­cérer successivement les consuls de France, Claude Dumas et Pierre Mazette, qui restèrent en prison jusqu'à leur mort.

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