Le bateau Egoz – ses traversées et son naufrage Meir Knafo- Le Mossad

Le bateau Egoz – ses traversées et son naufrage

Meir Knafo

Lors de mes rencontres avec les juifs du Maroc, et lors de mes conférences en Israël devant des élèves et professeurs, je suis interrogé sur les raisons qui nous ont amenés à utiliser des passeurs et le bateau Egoz dans des conditions tellement dangereuses, c'est pourquoi je ressens le besoin de décrire l'ambiance qui régnait alors au Maroc, qui n'est même pas connue des juif du Maroc qui vivent là-bas encore aujourd'hui [Méir Knafo était pendant cette période l'officier des unités marines de la Misguéret ].

C'était une période dans laquelle le sultan Mohamed V avait attribué aux pays arabes radicaux la priorité dans sa politique, et la relation du roi du Maroc envers les juifs de son pays était la conséquence de sa politique pro-arabe. Plus les relations du roi avec les pays arabes se resserraient, et plus s'aggravait la situation des juifs du Maroc. Le signe du changement possible dans la politique inter-arabe du Maroc fut donné par le parti Istiqlal, qui avait à sa tête Allal-el-Fassi. Une délégation qu'il dirigea partit au Caire, en visite officielle, et s'entretint avec Gamal Abdul Nasser, et lors de son retour au Maroc, il soutint l'adhésion du Maroc à la ligue arabe et l'accélération du processus d'arabisation du dispositif étatique. En fin de comptes, le Maroc adhéra à la ligue arabe, et s'engagea à honorer toutes les décisions anti­-israéliennes qui furent adoptées par cette organisation.

Le passage rapide à une ligne nationaliste dure provoqua une crise sérieuse également en ce qui concerne l'Alyah. Le pouvoir marocain commença à arrêter de nombreux de nos membres actifs locaux, et fut renforcée la surveillance des institutions juives. En parallèle, furent augmentés les postes de contrôle sur les routes, et la surveillance aux frontières se resserra.

Toutes ces actions constituèrent un coup dur sur le moral des juifs, et il existait une inquiétude réelle sur le sort de la communauté, bien que pendant toute cette période s'était poursuivi le passage clandestin via Tanger – et le passage en règle via Ceuta.

Au Maroc, il y eut dans cette même période, les visites du président de Guinée, Sékou Touré, et du président du Congo patrice Lomomba, et chacune de ces visites étaient accompagnées d'intrigues renouvelées envers les juifs. Cette situation nous contraignit à consacrer plus d'attention à notre autodéfense.

Dans la presse locale furent publiés des articles de provocation, dans lesquels le sionisme était présenté comme un "crime', et les juifs qui essayèrent de fuir le Maroc comme des personnes qui portaient atteinte à la sécurité de l'état. Sur la scène inter-arabe, l'orientation Nassérienne du Maroc, pris une envolée supplémentaire. Le prince, Moulay Hassan, fit une visite au Caire, et le premier ministre, Abdallah Ibrahim, fit lui aussi une visite officielle en Egypte, et le roi décida d'organiser à Casablanca le futur congrès des ministres des affaires étrangères des pays arabes. Même la grave situation économique intérieure augmenta la détresse des juifs du Maroc, et obligea la Misguéret de trouver des solutions rapides à ce problème. Telle était la situation au Maroc lorsque la Misguéret décida de s'y consolider, tout en connaissant les contraintes qui régnaient dans le pays et le rajout aux limites qu'avait imposé le régime, et elle essaya de se frayer de nouvelles voies d'immigration. La Misguéret trouva des partenaires fidèles dans les membres actifs locaux parmi les juifs du Maroc, elle élargit l'enrôlement de membres, et s'organisa pour des missions d'autodéfense.

Des membres furent alors envoyés, et je fus l'un d'entre eux, à des stages d'instruction en dehors du Maroc. Nous avions accumulé des armes, obtenues par différentes voies, qui furent dissimulées dans des "cachettes', et nous n'aurions pas hésité à les utiliser en cas de besoin contre d'éventuels émeutiers, mais jamais contre les forces de sécurité.

En 1960, se développa la tendance d'arriver à la situation dans laquelle il nous serait possible d'activer des moyens de navigation autonomes, et ne pas compter seulement sur les bateaux des passeurs. En dehors de la crainte des dénonciations, les bateaux des passeurs étaient petits, et la fréquence des passages était lente. D'un autre côté, existait la perspective suivante que si la Misguéret mettait en activité d'une manière autonome un bateau de moyenne grandeur, il serait alors possible de faire passer en une nuit un nombre plus grand de juifs que ne pourrait le faire en plusieurs nuits les bateaux de passeurs.

Je fus nommé officier des unités marines également pour les opérations du bateau Egoz, et selon l'instruction de Yossef Réguev, j'acquis à Casablanca un canot de sauvetage qui provenait des excédents de l'armée américaine. C'était un canot, qui se gonflait au moyen d'un ballon de gaz. Selon le conseil des experts, l'Egoz aurait du gonfler le canot de sauvetage avant toute traversée, et le tramer derrière lui jusqu'à Gibraltar.

En septembre 1960, fut effectuée la première traversée de l'Egoz par les unités marines. Lors de l'une de ses premières traversées, y participa l'antenne de la ville de Fès, qui était composée d'une unité de quatre femmes et quatre hommes, sous la responsabilité de Michel Parienté, en coordination avec le commandant de Gonen, Yossef Réguev et sous la supervision des unités marines. Cette unité était composée de: Solange Benaïm, Suzanne checouri, Dolly Serfaty (boroch) et Rachel Parienté (Assouline), Shlomo Serfaty, Charly Abéssira, Elie Lévy et Félix Monsonégo.

Pendant cette même période, la tension augmenta au Maroc. Le roi du Maroc convoqua la "conférence de Casablanca" qui eut lieu le 3.1.1961 et qui traita de "la crise du Congo', dans laquelle participa entre autres, Gamal Abdul Nasser, président du commandement arabe uni. Excepté la ligne anti-occidentale qui fut adoptée dans la présente conférence, elle servit de tribune à l'incitation effrénée contre Israël et contre son action dans le continent africain. Le roi du Maroc exprima la détermination de son pays de participer à la libération de la Palestine "des mains de l'envahisseur sioniste', et le discours de Nasser contre Israël fut particulièrement vénimeux. La visite de Nasser à Casablanca provoqua une grave effervescence anti-juive dans tout le maroc.

Un chapitre tragique de l'immigration clandestine constitua le naufrage du bateau Egoz, sur ses 44 immigrants (inclus le représentant de la Misguéret, Haïm Serfaty), sur la route de Gibraltar. Egoz réussit à effectuer 12 traversées dans des conditions de clandestinité absolue, et faire sortir des juifs de la côte du Maroc vers les sentiers de la liberté qui mènent à la terre d'israël. Pendant la treizième traversée Egoz échoua en mer avec les 44 âmes pures qui s'y trouvaient.

Le bateau Egoz – ses traversées et son naufrage

Meir Knafo– Le Mossad-page 387

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