His. des juifs de Safi-B. Kredya


Histoire des juifs de Safi-B. Kredya

L'histoire des juifs de Safi (Maroc) est aussi ancienne que la ville elle-même. Malheureusement, peu d'écrits lui ont été consacrés. Brahim Kredya, historien amoureux passionné pour sa ville, tente de relancer la recherche dans ce domaine. Il ne cesse de piocher dans les rares manuscrits disponibles et incite les chercheurs à suivre son exemple.

Cette coexistence et ce travail commun des juifs et des musulmans ont tisse en ville et dans les campagnes des relations sociales interferentes et complexes qui les ont reuni en une societe d'interets unie et harmonieuse, malgre les differences de confessions et de traditions. Cette communion a revetu plusieurs aspects dont nous choisissons : 

La cohabitation des juifs et des musulmans ne s'est pas arretee au voisinage des logements, mais certaines maisons etaient occupees en commun par des families juives et musulmanes, sans aucune gene ni embarras, le patio etait habite en commun comme la terrasse, sans aucune sensibilite religieuse.

 Cette situation, en l'abbsence de mellah dans la ville, faisait que le juif de Safi vivait normalement, loin de toute aversion, rejet ou dissension, gardant sa personnalite et sa fierte parce que, comme tous les juifs du Maroc, il considerait la vie dans le mellah  comme une humiliation plus qu'une protection. 

Cette cohabitation et ces liens de voisinage et de vie ont cree des amities solides entre les deux communautes, consolidees par la frequentation et les relations, dans des visites reciproques et des entretiens en temps normal et pendant les fetes et les evenements (familiaux). Et de temps en temps, elles debouchaient sur des unions entre des juives et des musulmans parmi les descendants de families respectees et considerees.

Les juifs et les musulmans de Safi etaient tres ouverts dans leurs convictions religieuses, loin de tout chauvinisme ou sectarisme. Certains juifs apprenaient le Coran et assimilaient bon nombre des miracles de ses chapitres.

 Des discussions theologiques interessantes entre des – foukaha –  (juristes) musulmans et des rabbins juifs se tenaient dans la sereniteet creaient des liens intimes comme ceux qui liaient le rabbin Abraham Siboni avec de nombreux savants musulmans, comme le raconte Hai'm Zafrani dans une anecdote. D'autre part, d'autres recits nous indiquent que plusieurs des habitants musulmans de la ville connaissaient a fond le judai'sme et ses mysteres, ses commandements licites et interdits. La science de l'un des citoyens de Safi en matiere de judai'sme atteignait un point tel que, quand il se rendait a Tanger et se melait aux juifs, on le prenait pour l'un de leurs rabbins. II vecut ainsi longtemps au milieu d'eux avant qu'ils ne se rendissent compte de la realite.

Jusqu'a ces derniers temps, l'administration locale ne permettait guere le libertinage dans les confessions juive ou musulmane.

Un vieillard qui etait mokaddem -chef de quartier  raconte que quand un juif blasphemait au sujet de l'islam, il recevait cent coups de baton sur la plante des pieds et il etait condamne a circuler dans les rues de la ville,criant

Je demande pardon a Dieu, j'ai insulte la foi d'un musulman, puis il était jete en prison pour une annee entiere.

La meme procedure s'appliquait a tout musulman insultant un juif dans sa foi.

Histoire des juifs de Safi-B. Kredya

 

PAGES DE L'HISTOIRE

DES JUIFS DE SAFI

L'histoire des juifs de Safi (Maroc) est aussi ancienne que la ville elle-même. Malheureusement, peu d'écrits lui ont été consacrés. Brahim Krhdya, historien amoureux passionné pour sa ville, tente de relancer la recherche dans ce domaine. Il ne cesse de piocher dans les rares manuscrits disponibles et incite les chercheurs à suivre son exemple

Pour ne pas laisser passer cette occasion, je signale que les juifs de Safi avaient une presence importante dans les biens immobiliers de la ville, presence sans pareille dans les autres villes du pays. Les anciens de Safi le savent bien qui racontent encore leurs nouvelles. J'ai trouve cette verite :dans la suspension des travaux par les autorites sur certains terrains de la Chaaba et pres des tombeaux des Saints Moughitine apres que leurs vrais proprietaires se furent manifestes: ce sont des juifs de Safi qui se sont opposes a l'atteinte de leur propriete. 

par la lecture de documents de justice qui indiquent que certains juifs de Safi possedaient de vastes terrains a l'est de la ville, englobant leur cimetiere, les terrains voisins, y compris celui occupe par l'Ecole Ghiati qui, a l'origine, avait ete une ecole hebraique, construite par l'Alliance Israelite Universelle. Ces terrains s'etendaient jusqu'a Dar Al Baroud. 

par leur possession de beaucoup de maisons dans les differents quartiers de la ville – et plus specialement dans 1'ancienne medina -, qui etaient louees a des musulmans ou a des juifs sans distinction. Parmi ces proprietes, un immeuble de la rue du R'bat, connu encore sous le nom de « Dar Murciano », juif originaire de Murcie, en Andalousie 

par l'etude des archives de la Conservation Fonciere ou j'ai releve le nom de families et d'individus juifs qui etaient proprietaires de nombreux irmmeubles. Parmi ceux-ci, la famille Levy et ses enfants : David Levy (ne en 1912 ) et Albert Levy (ne en 1914 ), et le plus connu des propretaires, Israel Benayer, ne en 1902, qui possedait un lotissement tres vaste, appele « Benslimane », sis au Plateau et consistant en plusieurs lots – sa superficie totale etait de 5200 m2 et sur l'Avenue Mohammed V, un autre terrain de 1439 m2.

Cette coexistence et ce travail commun des juifs et des musulmans ont tisse en ville et dans les campagnes des relations sociales interferentes et complexes qui les ont reuni en une societe d'interets unie et harmonieuse, malgre les differences de confessions et de traditions. Cette communion a revetu plusieurs aspects dont nous choisissons : 

La cohabitation des juifs et des musulmans ne s'est pas arretee au voisinage des logements, mais certaines maisons etaient occupees en commun par des families juives et musulmanes, sans aucune gene ni embarras, le patio etait habite en commun comme la terrasse, sans aucune sensibilite religieuse.

 Cette situation, en l'abbsence de mellah dans la ville, faisait que le juif de Safi vivait normalement, loin de toute aversion, rejet ou dissension, gardant sa personnalite et sa fierte parce que, comme tous les juifs du Maroc, il considerait la vie dans le mellah  comme une humiliation plus qu'une protection.

Cette cohabitation et ces liens de voisinage et de vie ont cree des amities solides entre les deux communautes, consolidees par la frequentation et les relations, dans des visites reciproques et des entretiens en temps normal et pendant les fetes et les evenements (familiaux). Et de temps en temps, elles debouchaient sur des unions entre des juives et des musulmans parmi les descendants de families respectees et considerees.

Les juifs et les musulmans de Safi etaient tres ouverts dans leurs convictions religieuses, loin de tout chauvinisme ou sectarisme. Certains juifs apprenaient le Coran et assimilaient bon nombre des miracles de ses chapitres.

 Des discussions theologiques interessantes entre des – foukaha –   (juristes) musulmans et des rabbins juifs se tenaient dans la sereniteet creaient des liens intimes comme ceux qui liaient le rabbin Abraham Siboni avec de nombreux savants musulmans, comme le raconte Hai'm Zafrani dans une anecdote. D'autre part, d'autres recits nous indiquent que plusieurs des habitants musulmans de la ville connaissaient a fond le judai'sme et ses mysteres, ses commandements licites et interdits. La science de l'un des citoyens de Safi en matiere de judai'sme atteignait un point tel que, quand il se rendait a Tanger et se melait aux juifs, on le prenait pour l'un de leurs rabbins. II vecut ainsi longtemps au milieu d'eux avant qu'ils ne se rendissent compte de la realite.

Jusqu'a ces derniers temps, l'administration locale ne permettait guere le libertinage dans les confessions juive ou musulmane.

Un vieillard qui etait mokaddem -chef de quartier – raconte que quand un juif blasphemait au sujet de l'islam, il recevait cent coups de baton sur la plante des pieds et il etait condamne a circuler dans les rues de la ville,criant.

Je demande pardon a Dieu, j'ai insulte la foi d'un musulman, puis il était jete en prison pour une annee entiere.

La meme procedure s'appliquait a tout musulman insultant un juif dans sa foi

Les habitants, juifs et musulmans, se partageaient de nombreuses croyances populaires, et se consacraient a des rites de sorcellerie et de charlatanisme. Leurs epouses visitaient en commun et continuellement les tombeaux des Oulad Ben Zmirro, attribuant a Abraham, a ses freres – Ishaq, Ismai'1 et Youssef – et a leurs enfants enterres pres d'eux, des prodiges et des miracles, et sollicitaient l'exaucement de leurs voeux et la guerison de leurs maladies rebelles. A ce propos, Edmond Doutte et Simon Levy rapportent respectivement l'un et 1'autre des recits narres par des juifs de Safi:

  1. Le premier raconte qu'un enfant musulman, atteint de la paralysie des membres inferieurs, fut abandonne par sa mere dans le mausolee des Oulad Ben Zmirro. II guerit grace a leur pouvoir mysterieux, et depuis, il acquit la faculte de guerir tout paralytique, juif ou musulman. II etait connu sous le nom de Haj Abdelkader.

Simon Levy a recueilli les elements du second a Safi en  1973 II y est dit qu'un homme paralytique accomplit un sejour de sept jours et sept nuits aupres des tombeaux de Oulad Ben Zmirro. Ces saints le visiterent dans son sommeil et lui demanderent de se lever et de marcher. II ne s'executa point, evoquant son infirmite. lls insisterent. II se leva alors et fit deux pas. Quand il fut sur de sa guerison, il refusa de quitter le mausolee avant d'obtenir un moyen pour gagner sa vie. lls lui remirent a ce moment-la une bouteille contenant de l'eau benite, lui affirmant

Tout malade qui s'adressera a toi, touche-le avec cette eau et il guerira. » Cet homme s'appelait Hachemi Baghough. Levy ajoute qu'il ne soignait que les juifs.

Sa fille herita cependant de son etrange pouvoir et c'est grace a elle, que la mere du narrateur, le juif Leon Mghira, entre autres, fut guerie.

Les musulmans et les juifs de Safi aimaient egalement la musique andalouse et le malhoune. Cela se remarque par le nombre de groupes musicaux de la ville qui etaient mixtes, comptant des instrumentistes virtuoses et des chanteurs des deux communautes; le succes de chanteurs des deux communautes dans ce genre de musique arabe originelle, comme 1'artiste juif, Cohen Saadia, et ses eleves, les musulmans Abdelouahad Lahkim et son frere Abdelkader Lahkim; l'existence de poetes juifs qui se sont distingues aupres de leurs freres musulmans dans de merveilleux poemes de malhoune, tel le fameux « A Sidi, Had Arrasoul », compose par un juif inconnu de Safi.

Les premiers vers chantent: 

« A Sidi, ce messager est venu de la !part de ma gazelle.

 Je lui ai jure sur toute chose, sur ma foi.

Le bien-aime de mes pensees est venu la nuit

 derniere me visiter chez moi.

Mes yeux ont joui de son image et j'ai ranime mon coenr.

Apres mon attachement a lui,gens

Mon aime m'a oublie.

 II a oublie la nourriture et l'engagement, la vie commune et l'habitude.

II m'a trahi sans faute (de ma part), m'a abandonne et oublie.

II m'a rentplace par d'antres qui l'ont detourne de moi. 

En resume, il vous a ete presente quelques exemples historiques vivants de la presence des juifs dans la ville de Safi et des images evidentes et convaincantes de l'interaction dans les relations qui rattachaient les deux communautes entre elles et qui ont consolide l'entente, la familiarite et la cohabitation des juifs et des musulmans.

Certaines traces de ces relations subsistent encore et ont marque la population de cette ville, dans le temps, dans son caractere, par l'acceptation de l'autre et par l'ouverture a autrui, par le respect des differences, les considerant comme un apport culturel enrichissant.

Cela a place la ville a l'avant-garde des villes marocaines, meritant notre fierte, et en a fait un modele privilegie, montrant les vertus de la culture de tolerance, de coexistence, de cohabitation qui ont marque toutes les periodes de l'histoire ancienne et moderne de la ville. II est necessaire de conserver cette education, actuellement plus qu'en toute autre periode, en ce temps de mondialisation, de communications aisees et vastes, avec toutes leurs intensions et leurs aspects.

Histoire des juifs de Safi-B. Kredya

Le juif Abraham Ben Zmirro au service de la presence portugaise a Safi

L'une des plus evidentes loi promulguees par les Avis au moment de leur prise du pouvoir au Portugal, apres la revolution de 1383 fut la loi anti- juive instauree dans ce pays. Et qui s'endurcit encore avec le regne du roi Emmanuel (1494-1521)  qui institua une loi obligeant les juifs a renoncer a leur religion et a embrasser le christianisme ou a quitter definitivement le pays, dans un delai de onze jours. Cela exposa les juifs a toutes sortes d'humiliations, de chatiments et de meurtres, et obligea certains a se convertir et les autres a fuir et a emigrer dans les pays voisins premier lieu, les pays du Maghreb Arabe, rejoignant ceux qui les avaient precedes, fuyant les tribunaux d'Inquisition en Espagne. 

 L’emir Mohamed ben Abdelkader Al Jazai'ri rapporte que le nombre total des juifs iberes qui se sont refugies au Maghreb el Aqsa etait de cent mille personnes environ et de cinquante mille pour le reste des pays du Maghreb Arabe.

 Cette preference serait due a la proximite geographique, aux bonnes relations qu'ils avaient entretenues par le passe avec les dynasties marocaines qui gouvernaient le pays andalou. La plupart des juifs du Portugal se rendant au Maroc, avaient debarque au port d'Acila. II est probable que la famille Ben Zmirro etait arrivee avec les premiers emigres sa presence a Fes en 1499 l'indiquerait. A l'epoque, Fes etait sous la souverainete du sultan Mohamed Cheikh al Ouattassi, qui a accueilli les juifs de la meilleure facon sur toute l'etendue de son pays. Cela fut tellement apprecie et estime qu'ils l'avaient appele le grand roi pieux ».

Apparemment, la famille Ben Zmirro n'aima pas la residence a Fes. Aussi, s’empressa-t-elle de la quitter pour Safi. Etant donnes les evenements que Fes avait connus a cette epoque, on peut concevoir les raisons qui seraient a l'origine du depart rapide des Oulad Ben Zmirro de cette ville

Le mellah de Fes, sous le grand nombre de juifs deplaces d'Espagne et du Portugal, connut surpopulation et etouffement, au point que l'on n'en connaissaitplus le nombre des habitants.

Cela provoqua gene et grogne chez les habitants originels et aversion de la part de la population de Fes en general, qui est connue pour sa xenophobie. Cette situation a pousse un grand nombre des juifs iberes a abandonner la ville pour s'installer dans d'autres localites. 

Quelques mois a peine apres la venue des Ben Zmirro, et plus precisement au cours du mois de juillet, un incendie effrayant devasta le mellah de Fes, tuant beaucoup de Juifs, brulant les cabanes construites par les nouveaux venus pour leur habitlation. Et peu de temps apres cette catastrophe, une terrible famine s'abattit sur Fes. Les juifs surtout en souffrirent, ce qui les obliga a ceder leurs enfants aux musulmans contre quelques morceaux de pain. 

.               Apres la disparition de la famine, le sultan ouattassi, Mohamed Cheikh, ordonna a ses sujets musulmans de rendre les enfants juifs a leurs parents (Zafrani, op. cit., p 213

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PAGES DE L'HISTOIRE DES

JUIFS DE SAFI

L'histoire des juifs de Safi (Maroc) est aussi ancienne que la ville elle-même. Malheureusement, peu d'écrits lui ont été consacrés. Brahim Krhdya, historien amoureux passionné pour sa ville, tente de relancer la recherche dans ce domaine. Il ne cesse de piocher dans les rares manuscrits disponibles et inciteles chercheurs à suivre son exemple.

.Apres ce malheur, la ville connnut une epidemie de peste qui emporta environ vingt mille Juifs 

De telles calamites poussaient fatalement les populations a la fuite et a l׳emigration et a rechercher la securite et la quietude dans d'autres villes. C'etait probablement le cas pour la famille Ben Zmirro qui se refugia a Safi. A son arrivee, elle trouva les habitants de celle-ci divises en sectes et en partis, alors que les Portugais versaient de l'huile sur le feu pour creer l'occasion propice qui leur permettrait d'occuper la ville militairement. Pour mieux clarifier cette situa- tion douloureuse, il convient de signaler que Safi, en ce temps-la, avait un pacte de protectorat avec le Portugal. Le gouverneur de la ville, Ahmed Ben Ali Ben Farhoun, l'avait reconduit en 1488.

Ce protectorat imposait aux habitants de Safi le devoir d'allegeance au roi du Portugal, d'assurer securite et egards pour les commercants portugais entrant dans leurs murs, et de verser une taxe annuelle ou son equivalent en nature au Tresor portugais. En contrepartie, le Portugal, en la personne de son roi, s'engageait a assurer la securite de la ville et a la defendre contre toute attaque qui pourrait venir de l'interieur du Maroc ou de l'exterieur.

L'observation des interets des deux parties – Safi et les Portugais – montre que :

Les habitants de Safi demandaient au protectorat portugais de briser l’embargo mortel qui frappait leur commerce avec l'interieur et avec l'exterieur, par l'isolement de leur ville du reste du pays, a cause des evenements qui soulevaient le Maroc:anarchie, divisions et discordes, provoquees par l'incapacitE de la dynastie des Banou Ouattass d'unifier le Maroc et d'affronter la conquete iberique, particulierement portugaise, qui menacait le littoral atlantique (dont Safi) et qui attaquait tout commergant marocain ou autre empruntant la voie maritime.

Quant aux Portugais, en imposant leur protectorat a la population de Safi, ils voulaient donner a leur presence dans ce port un semblant de legalite et preparer une penetration pacifique dans les campagnes des Doukkala qui aboutirait a une occupation militaire aisee et peu couteuse.

Grace au protectorat portugais, Safi devint le port le plus actif des Doukkala. Les affaires de ses commercants et de ses artisans, juifs et musulmans,y prospererent. La ville s'imposa comme une etape obligatoire dans le commerce portugais avec les pays du Soudan parce qu'avec la region des Doukkala, elle produisait en quantites importantes et suffisantes, tout ce que les Soudanais demandaient en marchandises telles que les cereales, les chevaux et les tissus de laine.

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L'histoire des juifs de Safi (Maroc) est aussi ancienne que בית הכנסת על שם אולד בני זמירו - סאפיla ville elle-même. Malheureusement, peu d'écrits lui ont été consacrés. Brahim Kredya, historien amoureux passionné pour sa ville, tente de relancer la recherche dans ce domaine. Il ne cesse de piocher dans les rares manuscrits disponibles et incite les chercheurs à suivre son exemple.

L'approvisionnement dans les Doukkala epargna aux negociants portugais les difficultes des grandes distances qu'ils parcouraient en Europe a la recherche de cereales, et vers Tunis, Bougie, Oran et Tlemcen pour l'achat des tissus en laine.

 II resulta de ce benefice reciproque une forte perseverance des Portugais pour soumettre Safi a leur domination et pour la gouverner directement, encourages par la qualite et la quantite de ses productions et par la demande des Soudanais  un vieux cheval des Abda, par exemple, etait troque en Guinee contre 25 a 30 esclaves.

Ceci encouragea encore plus les occupants a poursuivre dans ce sens mais crea cependant des concurrences, des dissensions manifestes et des inimities dans la ville, entre, d'une part, les beneficiaires du commerce avec les Portugais et des avantages de leur protection, et d'autre part, ceux qui n'en beneficiaient pas.

 De plus, l'amplification du courant populaire appelant a les chasser, conduisait, de temps a autre, les gouvernants de Safi a renier leurs engagements et a moderer leur allegeance a la Couronne portugaise.

Afin de faire durer ces dissensions, les Portugais se mirent a susciter des intrigues entre les gouvernants de la ville et leurs rivaux et/ou ennemis, pour attiser les troubles et provoquer des renversements. Cela plongea Safi dans des luttes intestines qui durerent une dizaine d'annees, de l'an 1498 a l'an 1507.

L'arrivee de la famille des Ben Zmirro coincida avec le debut de cette sombre epoque de I'histoire de Safi, qui s'acheva plus tard par la colonisation de la ville. Nous ne savons pas comment le chef des Ben Zmirro, Abraham, s'etait investi totalement dans cette lutte, se reservant une place preponderate au point qu'il devint l'un des piliers qui servirent l'implantation de la colonisation portugaise a Safi, qui de ce fait se renforga et etendit son autorite sur ses campagnes.

Nous pouvons cependant trouver quelques explications a cette emergence dans les aptitudes et les qualites de cet homme, qui lui ont acquis, en un temps tres court, l'estime et un rang eleve aupres des habitants – juifs et musulmans20-, et des Portugais qui etaient a l'affut, attendant l'occasion favorable pour occuper la terre et ses habitants.

 Entre autres qualites, sa forte personnalite, appuyee par une vaste culture litteraire, ses hautes capacites en medecine, sa solide connaissance du judai'sme et de la loi islamique, sa parfaite maitrise des langues espagnole et portugaise en plus de la langue arabe

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L'histoire des juifs de Safi (Maroc) est aussi ancienne que la ville elle-même. Malheureusement, peu d'écrits lui ont été consacrés. Brahim Kredya, historien amoureux passionné pour sa ville, tente de relancer la recherche dans ce domaine. Il ne cesse de piocher dans les rares manuscrits disponibles et incite les chercheurs à suivre son exemple

Malgre le nombre reduit de documents entre nos mains, nous allons tenter d׳exploiter les rares renseignements obtenus, pour evoquer les roles joues et les services rendus par Abraham Ben Zmirro et sa famille a la presence portugaise a Safi, afin d'asseoir leur domination et pour preserver leurs interets personnels.

En voici quelques exemples:

De nombreux evenements indiquent que les gouverneurs de Safi de la famille des Farhoun et autres ne furent jamais sinceres dans leur allegeance  a la Couronne portugaise. Ils avaient toujours essaye de mettre les batons dans les roues a cette occupation pour empecher qu'elle ne devint effective et qu'elle ne les etouffat, en amenuisant leur pouvoir et leur richesse.

Pour cette raison, les Portugais fomenterent plusieurs renversements pour finalement faire tomber Ahmed Ben Ali Ben Farhoun en 1498. Constatant que le successeur qu'ils lui avaient choisi (son rival Abderrahman) ne leur convenait pas, ils le destituerent et encouragerent ses deux assassins, Ali Ben Ouachmane et Yahya Ou Taafouft, qui se partagerent ensuite l'autorite sur Safi 

Ainsi, Ben Ouachmane accompagna le capitaine Diego de Azambuja au Portugal pour demander des renforts militaires qui permettraient l'occupation de Safi. Et effectivement, tous deux ramenerent avec eux une flotte de guerre sous le commandement de Garcia Da Melo. Mais Ben Ouachmane et son comparse Ou Taafouft se revolterent contre les Portugais et s'engagerent dans le courant populaire qui les combattait et persevererent jusqu'a decevoir l'espoir des Portugais.

 La flotte fut obligee d'attendre au loin, au large de la ville. En meme temps, De Azambuja et Da Melo ourdissaient un complot contre les deux gouverneurs de Safi, Ali et Yahya, et leur choix se porta sur Abraham pour le fomenter. A cette fin, Da Melo fit semblant d'etre malade et convoqua Abraham : « II le corrompit et le chargea de remettre a chacun des deux une lettre dont I'autre devait ignorer le contenu .

            II s'agissait de missives avertissant chacun d'eux de la traitrise de preparation reciproque d'un complot contre l'autre, et lui offrant l'aide des Portugais qui devaient l'assister en cas de besoin pour lutter contre son rival, pour le surprendre et le tuer. Dans une autre version, De Azambuja aurait contacte en secret et probablement l'intermediaire etait Abraham Ali Ben Ouachmane et lui aurait promis de lui livrer l'administration de la ville  ...et il lui suggerait d'attaquer de nuit, en compagnie de ses partisans, le domicile de Yahya Ou Taafouft, et de le tuer, si necessaire

Le plan des deux capitaines portugais reussit et une lutte armee se declara entre les deux rivaux cela permit aux soldats portugais d'envahir la ville et de l'occuper aisement entre janvier et mars 1508. Le capitaine De Azambuja y fut nomme gouverneur par le roi du Portugal.

L'aide d'Abraham ne s'arreta pas a la reussite du complot portugais et de !'occupation de Safi, mais il oeuvra aussi pour asseoir l'autorite coloniale, usant de tous les moyens pour assujettir les tribus voisines et pour briser leur resistance. Deux ans apres son occupation, Safi subit une attaque devastatrice des tribus Doukkala, a l'invitation et a l'appel au combat des habitants d'Al Gharbi. Ces tribus reussirent un siege strict de la ville, de tous les cotes, et ouvrirent des breches dans ses remparts. Elles etaient sur le point de s'en saisir, sans l'arrivee de renforts militaires portugais venus des iles de Madere, dans l'ocean Atlantique, qui permirent d'arreter l'avance des attaquants et de les renvoyer vers l'arriere. Des sources indiquent que Abraham Ben Zmirro et ses deux freres Ishaq et Ismail avaient fait preuve de bravoure dans la lutte contre les assiegeants qui se replierent apres qu'environ six cents d'entre eux furent tues.

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L'histoire des juifs de Safi (Maroc) est aussi ancienne que la ville elle-même. Malheureusement, peu d'écrits lui ont été consacrés. Brahim Kredya, historien amoureux passionné pour sa ville, tente de relancer la recherche dans ce domaine. Il ne cesse de piocher dans les rares manuscrits disponibles et incite les chercheurs à suivre son exemple.

La région Doukkala-Abda est établie, approximativement, sur les territoires des confédérations tribales de Doukkala et d'Abda.

Les Doukkala

Au nord de la région, la confédération tribale des Doukkala est établie sur le territoire des provinces d'El Jadida et de Sidi Bennour. Elle est constituée de 7 tribus,:

  • El Aounate
  • El Haouzia
  • Oulad Amar
  • Oulad Amrane
  • Oulad Bouaziz
  • Oulad Bouzerrara
  • Oulad Frej

À ces 7 tribus s'ajoutent deux fractions des Chiadma et Chtouka, établies dans la région et étroitement liées, historiquement et culturellement, aux Doukkala.

Les Abda

Au sud, la confédération des Abda est établie sur le territoire des provinces de Safi et de Youssoufia. Elle est constituée de 4 tribus:

  • Bhatra
  • Lahmer
  • Oulad Amer
  • Rbia

De ces tribus, celle des Lahmer est parfois considérée comme indépendante de toute confédération tribale.

Les autres communautés établies dans la région

À l'extrême sud-ouest de la région, entre la ville de Souira-Kedima et l'oued Tensift, est établie une sous-fraction des Oulad Elhaj, eux-mêmes fraction des Chiadma établie sur les deux rives de l'Oued. Le rattachement administratif des Oulad Elhaj de la rive droite date du Protectorat.

Azemmour, ville enclavée en territoire Doukkala, a une population de souche constituée de citadins, musulmans et juifs, sans lien avec les tribus des alentours et dont les parlers, pré-hilaliens, se distinguaient des parlers hilaliens des Doukkala. Cette population a quitté la Médina d'Azemmour et le parler local a disparu au xxe siècle.

Et afin d'eviter toute revanche des Portugais, les habitants d'Al Gharbia solliciterent le pardon et l'aman du nouveau gouverneur portugais de Safi, Ataide (1510-1516). Celui-ci ne repondit pas a leur appel. Ils s'adresserent alors a Abraham pour qu'il intercede pour eux aupres du roi du Portugal, Emmanuel. II accepta leur proposition, mais a la condition qu'ils cedent une fortification et le port de Dar Al Fariss. Le but d׳Abraham etait peut-etre de livrer ainsi aux Portugais des postes avances a l'interieur des Doukkala, pour leur permettre d'y conforter leur presence et de se placer a portee de pierre de la ville d׳Azemmour, dont ils convoitaient l'occupation. 

Et peut-etre aussi voulait-il profiter de la richesse cerealiere de cette region. Selon la declaration d'un Portugais, « au port de Dar Al Fariss, il y aoatt de grandes quantites de ble et d'orge et, tres souvent, des bateaux y venaient pour les acheter». Diverses indications montrent que Abraham reussit sa mission et cela eplique la haute consideration qu'il acquit aupres des tribus des Doukkala lesquelles lui accorderent leur confiance et demanderent sa presence dans toute negociation avec les conquerants portugais.

Ces derniers exploiterent ce respect et cette consideration pourAbraham en faisant passer par son intermediate des presents pour corrompre de nombreux chefs de Iribus (chioukhs), afin de soumettre les habitants des regions a leur autorite. Ils l'utiliserent, lui et ses freres, pour espionner ces tribus de I'interieur et pour renseigner le roi du Portugal« sur tout ce qui s'y passait par ecrit ou en le contactant personnellement pour les missions dangereuses

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L'histoire des juifs de Safi (Maroc) est aussi ancienne que la ville elle-même. Malheureusement, peu d'écrits lui ont été consacrés. Brahim Kredya, historien amoureux passionné pour sa ville, tente de relancer la recherche dans ce domaine. Il ne cesse de piocher dans les rares manuscrits disponibles et incite les chercheurs à suivre son exemple.

Les Portugais elargirent le role de la famille Ben Zmirro dans le renseignement et la negociation .avec leurs adversaires marocains, en raison de leur bonne reputation et de la consideration que les gens leur manifestaient. Le roi du Portugal ghargea Ishaq de se rapprocher du roi hintati a Marrakech, Moulay Ennacer Ben Ali. II resulta de la premiere rencontre, l'assurance de la neutrality de celui-ci. Cela facilita l'occupation de la ville d'Azemmour en 1513. Apres ce premier essai, il y eut une deuxieme tenta- tive, visant a faire plier le roi hintati et a le soumettre au protectorat portugais; il ressort d'une lettre du roi Emmanuel adressee a Ennacer, en date du 8 aout 1514, que ce dernier avait montre sa disposition pour servir la couronne portugaise et qu'il se preparait a envoyer deux de ses representants au Portugal afin de conclure un pacte dans ce sens.

En outre, le Portugal missionna, en 1523, une delegation diplomatique, en la personne du futur gouverneur de Safi (de 1522 a 1525 ( le capitaine Sacoto, accompagne de Abraham Ben Zmirro, aupres du cherif saadien, Moulay Ahmed Laaraj. Cette rencontre aboutit a la signature d'un armistice et a la poursuite des rencontres entre les deux parties. Et chaque fois, la presence de Abraham etait necessaire, comme il est perceptible dans une lettre adressee par Moulay Ahmed Laaraj au roi du Portugal, Jean III".

Apres l'entree des Saadiens a Marrakech, les Portugais essayerent de developper leurs relations avec cette nouvelle puissance politique qui menacait de faire voler en eclats leur presence. Abraham etait conscient de la situation et il deploya de grands efforts diplomatiques pour etablir l'entente et la paix entre les deux parties. Dans une lettre d'un ministre de Moulay Ahmed Laaraj au nouveau gouverneur de Safi, le capitaine De Melo (1525-1527), on lit: « Abraham Ben Zmirro nous a parle de vous et de votre lignee

 il nous a dit de vous tout le bien que vous meritez… nous vous faisons savoir que nous eprouvons amitie et consideration pour votre seigneurie, et tout ce que nous pouvons faire pour vous dans ce pays, nous le prendrons sur nous et nous l'accomplirons a la mesure de votre esperance. Ce que nous avons de plus cher est d'avoir a Safi un noble tel que vous, parce que le voisinage des gens de vertu et de noblesse vaut mieux que le voisinage de chiens et de gens vils, parce que armistice avec un homme de bien est salutaire, sa parole est un engagement… Le reste du message de Notre Seigneur, Dieu I'assiste, est confie a Abraham Ben Zmirro. 

Histoire des juifs de Safi-B. Kredya

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L'histoire des juifs de Safi (Maroc) est aussi ancienne que la ville elle-même. Malheureusement, peu d'écrits lui ont été consacrés. Brahim Kredya, historien amoureux passionné pour sa ville, tente de relancer la recherche dans ce domaine. Il ne cesse de piocher dans les rares manuscrits disponibles et incite les chercheurs à suivre son exemple.

On aurait dit que ces expressions amicales auguraient de l'etablissement d'un nouveau pacte de paix et de comprehension entre les Portugais et les cherifs saadiens. Et effectivement cette volonte fut satisfaite au mois de septembre de l'annee 1526, suite a la signature d'un accord a ce sujet. II y est precise : « Que quiconque a connaissance de notre ecrit… sache que Moiday Ahmed Laaraj, Dieu I'assiste et perpetue son regne, a accepte toutes les conditions rapportees par Abraham Ben Zmirro de la part du capitaine Garcia De Melo… et Moulay, Dieu I'assiste, a abandonne les obligations des taxes relatives aux douars et aux frontieres appartenant aux gens de Safi. Ils pourront labourer en ville, a Tazrout, a Beni Maguir, a Haddou (ces localites forment les frontieres des Chretiens). Ils pourront les cultiver ou y habiter, acheter tout ce que notre religion n'interdit pas a la vente dans le pays de notre Seigneur, Dieu I'assiste. Abraham Ben Zmirro est temoin de cela et c'est grace a lui que cela s'est fait. Ces conditions sont acceptees et signees pour une annee.

II ressort de ce pacte qu'Abraham a joue un role efficient dans !'elaboration de ces conditions et de ces engagements, puisqu'il a obtenu pour les Portugais une paix totale. II a etendu leur colonisation a l'interieur des campagnes de Safi, a soustrait les tribus et les douars de l'autorite des Saadiens, et plus encore, il a fait lever le siege des Portugais, leur permettant de commercer avec les regions sous l'autorite saadienne, dans toutes les marchandises « qui ne sont pas interdites par l'islam

Ce devouement des Oulad Ben Zmirro au service du colonisateur portugais suscite l'etonnement et pose plus d'une question pour comprendre leur mystere. En effet, etait-il raisonnable qu׳Abraham et ses freres se fussent precipites dans le giron des Portugais, servant leur occupation d'une partie du pays Doukkala, avec un devouement privilegie, eux qui, depuis peu de temps encore, au Portugal, subissaient avec leur coreligionnaires, les persecutions, les tortures et les assassinats ? Comment pouvaient- ils faire confiance a ces conquerants fanatiques alors qu'ils les avaient chasses de leurs maisons, et ne pas craindre leur traitrise et leurs mauvais traitements dans un proche avenir ?

L'entraide entre les Ben Zmirro et les Portugais n'est pas un cas exceptionnel reserve a cette seule famille : il s'agissait d'un comportement largement repandu, choisi par la plupart des juifs iberiques qui s'etaient installes dans les ports occupes. A notre sens, nous pouvons justifier cela par les facteurs suivants :

– Le desir de mettre fin a la sensation d'etre etranger et perdu, du fait que les juifs emigres furent rejetes par leurs freres de religion originaires du Maroc qui les qualifierent de renegats. Ils les avaient consideres comme des forasteros (etrangers) et des roumis. Cette situation obligea meme certains d'entre eux a regagner la peninsule iberique. Ceux qui resterent, s'etaient jetes dans les bras de ceux qui, peu de temps avant, avaient ete leurs concitoyens, leurs juges et leurs tortionnaires.

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 Le roi du Portugal, Emmanuel, consentit aux juifs de Safi d'origine iberique de ne pas les obliger a se faire chretiens, et dans le cas ou leurs agissements meriteraient leur expulsion, il leur accordait un delai de deux ans durant lesquels ils pouvaient emporter ce qu'il voulaient de leurs biens et de leur argent. II leur reconnut egalement beaucoup de leurs droits religieux et juridiques et les obligea a payer une taxe dont le montant etait precisement fixe. Cette toleranee religieuse fut sans doute dictee par deux considerations : la premiere consistait a gagner la confiance de ces juifs pour faire profiter les occupants de leurs connaissances et de leur habilete dans le commerce, les finances et le renseignement ; la seconde residait dans le renoncement du Portugal a chasser les juifs hors de leur pays, apres qu'il eut constate l'enormite des pertes economiques qui suivirent sa blamable politique de haine. Le gouvernement leur promit aussi de ne plus controler leurs pratiques religieuses. 

3.- La collaboration des juifs avec les Portugais leur assurait des interets et des avantages. Parmi les faveurs que la famille Ben Zmirro recueillit aupres des Portugais, on notera :

  1. L'exclusivite de la production et de la vente de grandes quantites de tissages en laine (vetements, hai'ks, couvertures et burnous…) pour le roi du Portugal et pour les commcrgants portugais.
  2. La mainmise sur la vente de l'indigo servant a teindre les tissus, apres avoir obtenu l'accord du roi portugais pour le commercialiser, non seulement dans les Doukkala, mais dans le Maroc entier. En cette epoque, l'indigo representait une marchandise precieuse, a tel point que le roi l'utilisait parfois en guise de salaire pour ses soldats et ses fonctionnaires.

La charge donnee a cette famille pour  " recolter les impdts a Safi "  et le privilege accorde de recouvrer les droits des douanes au port de Safi, avec des associes portugais contre le versement d'un bail fixe en 1520 a 165.000 rials.

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3.4. La nomination par le roi de Ishaq Ben Zmirro, et apres lui de son frere Abraham, grand rabbin des juifs de Safi. Cela lui donna sur eux l'autorite religieuse et penale, confortee par l'existence d'etablissements de culte et d'une prison reservee aux juifs de la ville.

Grace a leur collaboration avec les Portugais et en raison des privileges et des benefices qu'ils en avaient tire, les Ben Zmirro etaient devenus les plus actifs et les plus riches des Juifs, les plus consideres et aux rangs les plus eleves. Ils constituaient, comme d'autres collaborateurs juifs, une minorite connue et limitee, au point que les annales les citent par leurs noms

 ils vecurent a l'ecart des autres juifs et particulierement des juifs originels du Maroc que le colonisateur considerait comme la vache a lait  II les avait ecrases sous les charges et les impositions 320 chaque foyer devait verser une somme d'une once (Onqya) et  rials, ils etaient contraints de payer des sommes elevees pour l'entretien des remparts de la ville et ils n'echappaient pas a la violence et au mepris des Portugais. Ils etaient victimes de vols et de pillages en plein jour. Le roi du Portugal n'hesita pas a chasser de la ville, sans preavis, nombre d'entre eux, mais sans porter atteinte aux grandes families juives comme les Ben Zmirro .

Abraham s'avisa du developpement de la puissance des Saadiens et il fut convaincu de son succes et de sa victoire sur les Portugais dans un proche avenir. Aussi, se mit-il a tater le terrain. Au cours des negotiations avec Moulay Ahmed Laaraj, il chercha a obtenir des facilites pour son commerce, en meme temps qu'il se preparait a transporter ses services vers la nouvelle puissance saadienne. Les Portugais s'en rendirent compte.

En nous appuyant sur ce qui precede, nous pouvons conclure que la famille Ben Zmirro, avec a sa tete son chef Abraham, se servant de son intelligence, de ses competences, de son realisme et de son adaptation aux circonstances, a realise pour elle la paix, l'aman, la richesse, le pouvoir, la consideration et le bon renom, et a acquis un rang social en vue qui lui donna le respect et l'estime de tous, juifs et musulmans, Saadiens et Portugais, a l'interieur de Safi, dans les campagnes des Doukkala et dans les cours des rois portugais et saadien. Cette consideration ne tarda pas a s'etendre dans les couches populaires, juives et musulmanes, qui les ont eleves au rang de saints et leur ont construit un mausolee et un lieu de pelerinage qu'elles ont continue a visiter ensemble pour solliciter leur benediction. Et aujourd'hui encore, ce mausolee est frequente par des juifs venant de l'interieur du Maroc et de I'exterieur.

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Chapitre IV

Les juifs de Safi et les consequences du dahir du 5  fevrier 1864

La ville de Tetouan fut occupee par les Espagnols en I860, apres la celebre bataille de Tetouan. L'occupant posa, pour l'evacuation de la ville, plusieurs conditions dont l'obligation pour le Maroc de verser un lourd tribut de guerre, fixe apres des negociations ardues a cent millions de pesetas. Le sultan Sidi Mohammed Ben Abderrahman ne put reunir une telle somme et il ne s'en procura que la moitie apres avoir vide les coffres du Tresor a Fes, Meknes et Marrakech et contracte un emprunt aupres de l'Angleterre.

Cette bataille s'est declaree suite a des attaques de la garnison de Ceuta par les tribus des campagnes voisines. L'etincelle qui amis le feu aux poudres a ete une construction hors des limites de la ville par le gouverneur de Ceuta qui a fixe le drapeau espagnol au-dessus. L'historien Al-Naciri a commente cet episode, disant 

C'est la bataille de Tetaouin (Tetouan) qui a leve le voile de respect sur le pays du Maroc et qui y a prolonge l'occupation des chretiens, ignorant completement les musulmans comme jamais auparavant.

Les deux parties, l'espagnole et la marocaine, avaient convenu que le reste du tribut serait paye a temperament, en versements de la moitie des droits de douane preleves dans les ports du Maroc ouverts sur l'exterieur, dont celui de Safi. Effectivement, une equipe de percepteurs espagnols s'installa dans ces ports « pour contrdler les importations et les exportations» et pour encaisser la moitie des recettes des douanes. De ces percepteurs espagnols, Safi recut un quinquagenaire, ancien officier de l'armee espagnole, nomme Mantilla. Le destin voulut qu'il mourut a Safi, quelques mois apres qu'il y eut debarque, exactement le 30 juillet 1863; des rumeurs se repandirent sur la cause de sa mort, disant qu'il avait ete empoisonne par ses serviteurs qui etaient des juifs.

  La bataille de Tetouan se termina par la defaite de l'armee marocaine et par la signature d'un pacte de conciliation le 26 avril 1860. Parmi ses conditions, outre le versement d'un lourd tribut de guerre et l'extension des limites des presides espagnoles sur la cote mediterraneenne comme Ceuta et Melilla, la cession du Maroc a l'Espagne d'un centre de peche sur le littoral atlantique faisant face a ses proprietes des lies Canaries.

  Expression relevee dans une lettre du negociateur marocain Moulay Al Abbas au sultan Sidi Mohammed Ben Abderrahman datee du 30 mars 1860, d'apres Germain Ayache dans son article : « Certains aspects de la crise financiere du Maroc apres la conquete espagnole en 1860 », Etudes de l'Histoire du Maroc, 1986, p. 82.

 Le sultan Sidi Mohammed IV commenta ainsi la situation du Tresor public du pays apres le versement du tribut de Tetouan : « Nous avons donne tout ce que nous avions dans notre Tresor de Fes, tout ce qu'il y avait au Tresor de Marrakech jusqu'a ce qu'il ne nous reste sous la main que de quoi entretenir notre armee qui ne peut assurer son service, affamee et devetue. Et malgre cela, l'armee n'a pas ete satisfaite de ce reste modeste. »

  L’emprunt anglais atteignit deux millions de rials ou dix millions de pesetas. Le Maroc s'etait engage a le rembourser en termes avec des interets dus. Ces remboursements durerent 20 ans.

  Le remboursement du solde du tribut de guerre espagnol dura 25 ans

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SAFI 2PAGES DE L'HISTOIRE DES JUIFS DE SAFI 

L'histoire des juifs de Safi (Maroc) est aussi ancienne que la ville elle-même. Malheureusement, peu d'écrits lui ont été consacrés. Brahim Kredya, historien amoureux passionné pour sa ville, tente de relancer la recherche dans ce domaine. Il ne cesse de piocher dans les rares manuscrits disponibles et incite les chercheurs à suivre son exemple.

Le ministre plenipotentiaire espagnol au Maroc, le seigneur Francisco Merry y Colom se saisit de l'affaire et sans meme diligenter d'enquete prealable, se mit a traiter le Maroc avec impertinence et a vociferer des protestations avec une « grossierete et une rudesse peu communes ». II considera cet evenement comme une humiliation pour l'honneur de son pays, une atteinte a sa dignite et a son pouvoir au Maroc, et il demanda avec insistance et insolence de punir les criminels. Afin d'eviter !'aggravation de ce dossier et de prevenir une nouvelle crise avec l'Espagne, le gouvernement marocain ordonna aux autorites de Safi d'ouvrir avec empressement une enquete. Cela aboutit a l'arrestation du juif Youssef Ben Yahouda apres qu'on eut trouve en sa possession la montre du defunt. II avoua, sous la torture, etre le meurtrier. C'etait un adolescent qui n'avait pas quatorze ans. II revela en outre !'existence de trois complices dans ce crime, tous juifs: il s'agissait de Shalom Al Kai'm, Yacoub Ben Harroch et Elias Ben Allouz. Sous les souffrances des tortures, ces derniers incriminerent d'autres juifs.

Le nombre des inculpes dans le meurtre de l'espagnol Mantilla s'eleva a douze juifs dont deux femmes qui n'echapperent pas non plus a la flagellation. Pendant la poursuite de l'enquete, le ministre plenipotentiaire espagnol intervint avec condescendance demandant au gouvernement central de s'engager a ce qu'il lui dicterait, affirmant: « Si les meurtriers sont deux, l'un doit etre mis a mort a Safi et le deuxieme a Tanger; s'ils sont quatre, deux seront executes a Safi et deux a Tanger. » Cela se passait alors que le jugement des accuses posait un probleme juridique complexe : Youssef Ben Yahouda etait protege espagnol et il ne pouvait etre juge sans l'autorisation du pays protecteur; quant a Elias Ben Allouz, de nationality turque, il devait etre juge par l'Angleterre, chargee des interets ottomans au Maroc. Mais ce probleme fut resolu aisement, contrairement a ce que pensait et craignait le pouvoir central. L'ambassadeur espagnol demanda L'application de la loi marocaine dans cette affaire.

II demit le premier inculpe de la protection de son pays et le consul anglais a Safi abandonna le juif turc aux autorites judiciaires marocaines, disant « qu'il ne pouvait le soutenir dans un crime aussi grand mais qu'il devait etre juge par les tribunaux du Maroc ». Et il consigna cette decision par ecrit.

En meme temps que ces evenements se deroulaient, une autre empoignade avec 1'Espagne surgit, essayant d'etrangler davantage le pays dans 1'espoir d'obtenir plus de concessions et de privileges. Ce pays expedia deux navires de guerre pour exposer sa puissance devant le littoral de Safi et menaga de conquerir militairement le Rif si le Makhzen n'entreprenait pas de laver l'offense faite a son honneur. Le Maroc n'eut d'autre alternative que de hater le jugement dans cette affaire. La sentence fut la peine capitale pour les deux juifs, Youssef et Elias, apres que le sultan eut pris l'avis des « cadis  (juges) et des  oulemas » (savants theologiens) qui validerent ce jugement et deciderent qu'il fallait les mettre a mort. Et simultanement, fut prononce un arret condamnant deux autres juifs a la prison. L'un d'eux nia sa participation au crime et le second recusa son aveu disant « qu'il avait avoue sous la torture ». Deux « adouls » temoignerent de ce fait.

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