.Une histoire de familles-J.Tol


Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano-Bouzaglo

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Bouzaglo

Nom patronymuque fort repandu au Maroc dont le sens est controverse. Abraham Laredo y decele une origine berbere ayant pour sens le fabricant de joug pour l'attelage des bœufs, ou l'homme aux perches. Comme on sait qu'en milieu berbere particulierement l'artisant du bois était dans le passe une specialite juive, l'explication parait tout a fait plausible. Mais la seconde ne l'est pas moins qui se base sur la racine arabe : deformation de Abou Zaghlou qui signifie celui qui a sa propre affaire, l'independant qui ne travaille pas chez autrui, ideal de la societe juive traditionnelle. Ce qui est certain c'est que ne c'était au depart qu'un surnom ajoute au nom principal. On sait par exemple que ce surnom a été tres anciennement adopte par une branche de la celebre famille Azoulay de Marrakech et de la famille De Paz de Mogador. Ce surnom est devenu nom patronymique effacant le souvenir du patronyme originel, au Maroc des le debut du XVIeme siecle, figurant sur la liste Toledano des noms usuels a l'epoque, sous la forme de Abouzaglo. A partir de la seconde moitie du XVIIIeme siecle, des membres de cette famille marocaine ce sont installes en Europe, en particulier en Angleterre et a partir du milieu du XIXeme siecle au Portugal. Au XXeme siecle, nom moyennement repandu, porte presque uniquement au Maroc, ou il faisait partie des 40 noms les plus frequents, essentillement au sud du pays, Marrakech, Safi, Mogador, Atlas, mais egalement dans le nord a Rabat, Casablanca, Tanger, Larrache. Bien qu'il ne soit pas le patronyme marocain le plus repandu, ils est devenu curieusement en Israel le synonyme de Marocain de " basse extraction, au point de donner naissance a un critere juridique : " L'epreuve de Bouzaglo " pour detreminer qu'un traitement egal est donne a tous les accuses, qu'ils soient d'humble extraction comme un vulgaire Bouzaglo " ou qu'il appartiennent a l'elite economique et sociale achkenaze. Se prononce aussi : Abouzaglo, Bouzaglou

  1. YAMIN: Un des rabbins des Tochabim (indigènes) de Fès au début du XVIème siècle qui s'opposèrent à la prétention des Mégourachim d'étendre aux Tochabim l'autorisation de consommer la viande abattue selon la règle de l'insuflation du poumon, la ”Néfiha" (voir Hayim Gaguine).
  2. MORDEKHAY: Célèbre kabbaliste de l'école dite du Drâa qui a prospéré dans cette région du sud du Maroc aux XVII- XVIIIèmes siècles. Selon la tradition, le prophète Elie lui serait apparu pour lui commander de monter en Terre Sainte. Il s'installe d'abord à Jérusalem puis à Safed avec son compagnon rabbi Abraham Shlush, pour étudier auprès du successeur du Ari, rabbi Hayim Vital. Il est l'auteur d'un traité de Kabbale, "Ma'yanaot Hakhoma", les sources de la Sagesse, dont le manuscrit a été perdu.
  3. ABRAHAM AZOULAY- ABOUZAGLO: Fils de Réouben, fils de Nahman, commerçant et rabbin à Marrakech au début du XVIIème siècle. Envoyé en 1620 par son proche parent, le Naguid Abraham Benouaïch acheter à Venise des objets précieux pour le sultan Moulay Zidan, il y resta bloqué un an et demi dans l'attente du navire amenant le financement. Mais Moulay Zidan tout occupé à lutter contre la révolte de son frère Moulay Abdallah, ne songea pas à lui envoyer les sommes nécessaires. De plus, il eut un différent avec un marchand local et pour se gagner les faveurs du ciel, il édita des Minchnayot peu connues du Talmud avec les commentaires de Maimonide. Dans sa préface où il raconte les circonstances qui l'ont amené à publier le livre, il fait remonter sa généalogie à la famille Azoulay expliquant que son nom n'était qu'un surnom ajouté. Autre confirmation du lien avec la famille Azoulay ־ le célèbre rabbin Shalom Bouzaglo.
  4. SHALOM BOUZAGLO: Fils de Moché, frère de Joseph de Paz. Rabbin kabbaliste à Marrakech début du XVIIIème siècle, disciple de son proche parent, rabbi Abraham Azoulay. Il quitta Marrakech pour la Terre Sainte et il fut ensuite envoyé comme émissaire en Europe. Sur les circonstances qui l'ont amené à quitter le Maroc, il ne donne pas de détails sauf qu'à deux reprises il a échappé à la condamnation à mort dans le four à chaux. Il publia à Amsterdam en 1750 son chef d'oeuvre, le commentaire sur le Zohar, "Mikdach Melekh", recueil de commentaires mystiques de quatre rabbins marocains, qui devint vite célèbre et fut réimprimé à Londres en 1755 et à Bné Berak en 1976. Mort à Londres en 1780 laissant trois manuscrits non encore édités: "Kissé Melekh", "Hadrat Melekh" et "Hadérot Hod" tous consacrés à la Kabbale. Pendant son séjour à Londres, il fut consulté sur la conformité de la vaccination contre la variole – cultivée sur la vache – qui venait d’être mise au point par Jenner. Contrairement à l'opinon des ultra-orthodoxes, il se prononça en faveur de cette nouveauté médicale estimant qu'elle ne portait pas atteinte à l'intégrité de la personne humaine, tout en sauvant des vies.

JOSEPH BOUZAGLO DE PAZ: Fils de Moché. Promoteur, commerçant né à Marrakech, il s'installa à Londres qu'il quitta au bout de quelques années pour la France. Là pour des motifs obscurs, il fut arrêté et envoyé aux galères pour dix ans. Après sa libération, il continua sa vie aventureuse à travers l'Europe et arriva à Copenhague. Il revint au Maroc en 1751 avec une délégation commerciale danoise pour signer un traité de commerce avec le Maroc, car il savait que le sultan Moulay Aballah était très intéressé à développer les relations commerciales avec l'Europe, au- delà des relations déjà étroites avec l'Angleterre et la France. Mais arrivés à Safi, il eut un différend avec le chef de la délégation danoise qui le soupçonna d'avoir détourné une partie de l'argent destiné à acheter les cadeaux habituels en la circonstance pour le roi du Maroc. L’accord fut tout de même signé, mais les Marocains refusèrent de le ratifier accusant les Danois de l'avoir violé. Il fallut l'intervention de l'interprète conseiller du sultan, Samuel Sumbal, qui se rendit à Copenhague pour débloquer la situation et contresigner enfin en 1753 le premier traité de paix et de commerce avec un pays nordique. Il fonda alors une maison de commerce spécialisée dans les relations avec ce pays. Tombé en disgrâce, il revint à la Cour comme secrétaire du sultan pour la langue française, avant de repartir pour l'Angleterre où il mourut en 1763.

YAACOB: Fils de Moché. Négociant à Marrakech et installé à Londres où il se lança avec succès dans le négoce interna­tional avant de faire faillite en 1774. Ses fils Eliahou et Aharon s'installèrent en Hollande où ils fondèrent une nouvelle branche de la famille qui existe à nos jours.

ABRAHAM: Fils de Shalom. Après avoir participé avec son frère Joseph à l’établis­sement de relations commerciales avec le Danemark, il s'installa en Angleterre où il se rendit célèbre comme inventeur et où il mourut en 1788.

SHALOM: Un des premiers juifs du Maroc à s'installer au Portugal dès la levée de l'inquisition en 1821. Né à Mogador en 1790, il s'installa d'abord à Gibraltar, puis fort de sa nationalité anglaise, il passe pour ses affaires à San Miguel des Açores en 1819.

  1. MESSOD: Saint vénéré à Tanger. La tradition rapporte que c'est lui qui apparut en rêve au drogman du consulat de France, David Azencot, alors qu'il s'était endormi sur la navire de l'amiral de Joinville en 1844 à la veille du bombardement de Tanger. Il lui ordonna de se lever, ce qu'il fit quelques secondes avant qu'un boulet de canon ne vienne mettre en pièce la chaise qu'il occupait, (voir David Azencot)

SHELOMO: Fils de David, né à Marrakech, il monta enfant en Terre Sainte en 1860. Son père s'installa à Haïfa et fut le premier représentant des machines à coudre Singer en Palestine. Eductaeur, instituteur dans les écoles de l’Alliance en Syrie et en Egypte. Militant sioniste, il consacra de grands efforts à organiser la communauté sépharade de Haifa, et fut un des fondateurs en 1920 de l’organisation sépharad., la Histadrout Hasfaradit.

SALOMON: Fils de Jacob. Notable de la communauté de Tanger qu'il représenta en 1929, puis en 1933 à l'Assemblée Législative établie par le Statut international, comme l'un des 3 rep­résentants attribués par le traité de Paris à la communauté juive. Il fut le directeur de l'importante maison de commerce Braunschwig à Tanger. Après sa mort, c'est son fils Moses qui lui succéda à l'Assemblée Législative.

  1. DAVID (1902-1975): Le plus illustre poète hébraïque du Maroc au XXème siècle. Né à la Zaouia près de Marrakech, il s'installa dès l'âge de 16 ans à Casablanca où il enseigna au Talmud Torah. Passionné de musique, il étudia les secrets de la musique andalouse et son adaptation au chant des bakachot. Il perdit la vue en 1949, mais continua son activité littéraire et musicale. Grand érudit doué d'une mémoire exceptionnelle, il pouvait répéter mot à mot des pages des commentaires de Maimonide qu'on venait de lui lire. Grammarien, hébraïsant de premier plan, il fut le secrétaire de l'Asssociation "Maguen David" pour la propagation de l'étude et de l'enseignement de l'hébreu moderne. Poète, il ajouta aux thèmes classiques de la Guéoula, la délivrance, et de la nostalgie de Sion, des thèmes d'actualité. C’est ainsi qu'il écrivit un poème pour saluer le retour du sultan Mohamed V au Maroc le comparant à Joseph qui pardonna leurs fautes à ses frères. D'une grande humilité, il refusa de publier ses poèmes qui ont été receueillis par ses disciples. Il refusa également de laisser enregistrer sa voix exceptionnellement belle qui l'aida à populariser le chant des bakachot qui autrement auraient disparu au Maroc comme cela arriva en Algérie, où fut pourtant imprimé le premier recueil de Bakachot. Pour attirer les jeunes et les hommes du peuple, il adapta les poèmes hébraïques aux canons de la musique andalouse et de la musique populaire marocaine. Après sa Alya en Israël en 1965, il continua à enseigner les secrets de formant des dizaines de disciples. Mort à Haïfa en 1975. On raconte qu'au moment de son agonie, il corrigea le lecteur du texte du prophète Ezechiel qui avait sauté une phrase.

MORDEKHAY: Payatn israélien né à Casablanca spécialisé dans le chant liturgique juif marocain.

YAACV BAZAK: Administrateur israélien, né à Marrakech, directeur du département des Relations Publiques de la Municipalité de Haïfa. Chargé des relations avec la ville-jumelle de Marseille, il a été décoré à ce titre de la médaille française du Mérite.

HAIM: Fils de Achriel. Jeune cinéaste israélien né à Jérusalem d'une famille de Marrakech. Ses deux premiers films ont connu un grand succès de critique "Divorce tardif' sur un homme qui quitte sa famille et passe quelques jours avec des ouvriers arabes israéliens et palestiniens; " La saison des cerises ", sur la guerre du Liban, produit par Huguette Elhadad.

Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano-Bouzaglo.

Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano- Brunswig- Brami-Brakha-Brudo

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BOUZBIB

Nom patronymique d'origine arabe, textuellement le propriétaire des raisins secs, sans doute marchand de fruits secs. Au XXème siècle, nom très peu pandu porté à Tétouan et Casablanca. Autres orthographes: Buzbib, Bousbib.

BRAMI

Nom patronymique d'origine hébraïque, francisation de Abrahami, l'Abrahaméen, le membre de l'Alliance du Patriarche Abraham, le premier monothéiste et l'ancêtre fondateur du peuple hébreu. La Bible raconte qu'après avoir conclu son Alliance avec lui. Dieu changea son nom originel en chaldéen de Abram – qui siginifie "père élevé – er Abraham, "le père d'une grande multitude": "Moi-même, oui je traite avec toi: tu seras 1( père d'une multitude de nations. Ton nom se prononcera plus désormais Abram: ton non sera Abraham, car je te ferai le père d’une multitude de nations. Je te ferai fructifie prodigieusement." (La Genèse, 17, 4-5). Pour les mystiques, la valeur numérique de c nom est 248, comme le nombre de commandements positifs de la Torah et celui de membres du corps humain. Le prénom Abraham était le plus répandu parmi les Juif d'Afrique du Nord. Il est également très populaire parmi les Musulmans qui revendiquer également le patriarche Abraham comme ancêtre, le Coran donnant toutefois un ser différent au nom: l'ami de Dieu, sous la forme de Ibrahim, ou Brahem. Il n'est devenu noi patronymique que chez les Juifs. Autres formes: Abraham, Abrahami, Brahm Abrahmi, Bramy Au XXème siècle, nom peu répandu, porté essentiellement en Tunisie (Tunis, Béja, Le Kef, Nabeul, Sfax, Bizerte ), mais également en Algérie (Algérois, Oranais, Constantine, Biskra, Bougie, Chateaudun).

  1. ITSHAK ABRAHAMI: Célèbre rabbin et kabbaliste à Tunis, mort en 1861, contemporain de rabbi Yéhoshoua Bessis. Il éleva malgré sa grande pauvreté ses six fils dans la Torah. Il a laissé un recueil de ses sermons et éloges funèbres, "Imré Kodech" qui ne fut publié qu'en 1949 à Djerba, par un de ses descendants, le grand médecin Joseph Brami.
  2. ELIAHOU: Notaire au tribunal rabbinique de Tunis dans les années 1880, il fut ensuite appelé à servir de guide spirituel par la communauté de Nabeul.
  3. YOSSEF: Rabbin, journaliste et hébraïsant, correspondant du journal de Hamvévasser de Jérusalem au début du siècle. Un des plus fervents militants sionistes, il fut avec Sauveur Sitruk, le rédacteur du mensuel Kol Sion, La Voix de Sion, qui parut à Tunis de 1913 à 1914. Il collabora ensuite à "La Voix Juive". Mort à Tunis en 1925.

DR JOSEPH: Célèbre médecin à Tunis, il publia en 1949 le livre de son ancêtre rabbi Itshak, "Imré Kodech".

CLAUDE: Homme de lettres et romancier français originaire de Tunisie. Son premier roman "Une affaire trop personnelle", parut à Paris en 1975, suivi en 1980 par "Le garçon sur la colline" et en 1990 par le roman autobiographique, "Parfums des étés perdus".

ITSHAK ABRAHAMI: Fils de rabbi Yossef. Un des pionniers des mouvements de jeunesse sioniste en Afrique du Nord, il fit partie du premier groupe, garin nord-africain qui fonda le kiboutz Regavim, dont il est toujours membre. Fondateur et directeur de l'Institut pour l'étude du sionisme pionnier dans les pays orientaux, près de Yad Tabenkin à Efal qui publie un périodique scientifique de haut niveau "Racines en Orient". Il a consacré sa thèse de doctorat à l'histoire et l'organisation de la communauté livoumaise de Tunis: "La communauté des Grana à travers ses registres: la lutte pour l'autonomie" (Bar Han. 1982). Auteur de nombreuses études en hébreu sur l'histoire du judaïsme tunisien.

BRAKHA

Nom patronymique d'origine hébraïque, la bénédiction, sous-entendu divine. Au XXème siècle, nom très peu répandu, porté en Tunisie (Tunis ), et en Algérie (Sidi Bel-Abès, Bône, Constantine).

BRUDO

Nom patronymique d'origine espagnole, sans doute déformation phonétique de bruto, indicatif d'un trait de caractère: bête. Après l'expulsion d'Espagne et du Portugal, les membres de cette famille trouvèrent refuge dans l’empire ottoman et émigrèrent enuite en France. Au XXème siècle, nom très peu répandu, porté par une seule famille à Mazagan, au Maroc.

JOSEPH BRUDO: Grand négociant de poste française et fut vice-consul de France Marseille qui s'intalla au port de Mazagan dans la ville, à la fin du siècle dernier. Il y organisa la poste francaise et fut vice-consul de France dans la ville.

BRUNSWIG

Nom patronymique d'origine allemande, ethnique de la province du même nom dans le nord de l'Allemagne, porté par une illustre famille d'origine alsacienne qui a joué au vingtième siècle un grand rôle dans le vie juive du Maghreb, en particulier au Maroc. Autre orthographe: Brauschvig.

BENJAMIN: Le fondateur de la famille au Maroc. Ayant quitté son Alsace natale annexée par l'Allemagne après la guerre de 1870, il débarqua à Tanger en 1871 et y fonda une importnate maison de commerce qui ne tarda pas à établir des succursales dans les autres villes portuaires et jus­qu'aux villes de l'intérieur. Il se retira à Paris où il devait mourir à l'hôpital juif de Tanger.

GEORGES: Fils de Benjamin, il reprit et développa l'affaire familiale. Après sa mort, survenue en 1927 ses fils fondèrent un pavillon au nom de Georges et de son épouse Laure à l'hôpital général de Tanger.

ROBERT (1901-1990): Islamologue et historien français né à Bordeaux dans une famille alsacienne qui avait opté pour la France après l’annexion de la province par l'Allemagne en 1870, il lia son sort à celui du judaïsme nord-africain. Normalien et agrégé de lettres classiques, c'est à Tunis où il avait été affecté en 1925 qu'il se prit de passion pour les études islamiques. Sioniste fervent, il fut un des fondateurs et des dirigeants du mouvement de jeunesse Betar et du parti révisioniste de Tunisie qu'il représenta aux XVème et XXIIème Congrès Sionistes. Muté à Alger en 1932, il mit ses compétences d'arabisant et d'hébraïsant au service de la communauté. Vice-président du Comité Juif Algérien d'Etudes Sociales, il participa à ses combats contre la résurgence de l’antisémitisme à partir de 1937. Radié de l'Université après l'adoption des lois raciales de Vichy, il joua entre 1940 et 1943 un rôle de premier plan dans la création ex-nihilo d'un réseau d'enseignement privé juif pour accueillir les milliers d'écoliers et lycéens juifs exclus du système éducatif public. Après le débarquement américain, il participa à la lutte des Juifs algériens pour la restauration des leurs droits politiques comme citoyens français, lutte qui ne fut définitivement couronnée de succès qu'avec la restauration du décret Crémieux par le Comité Français de Libération Nationale du général De Gaulle en octobre 1943, tout en continuant à militer en faveur de la renaissance nationale juive en Palestine dans le cadre du parti révisioniste. Muté à Bordeaux en 1946, il terminera sa brillante carrière universitaire à Paris comme directeur de l'Institut d'Etudes Islamiques. Auteur notamment de: "Deux récits de voyage inédits en Afrique du Nord" (Paris, 1936) et de sa thèse en deux volumes "La Berbérie Orientale sous les Hafsides" (Paris 1940-1947).

https://archive.org/details/DeuxRecitsDeVoyageInedits/page/n11/mode/2up

JULES: Descendant de la famille alsa­cienne. Né en France, il paricipa à la campagne de France en mai-juin 1940. Fait prisonnier, il passa le reste de la guerre dans un camp de prisonniers allemands. Après la guerre, il vécut le plus souvent à Casablanca avec sa famille Gladys, la fille de Haïm Tolédano de Tanger installé à New-York et se consacra entièrement à l’oeuvre scolaire de l'Alliance dont il était membre du Comité Central depuis 1932. Favorable à l'étude de l'hébreu moderne, il se rapprocha des idées sionistes et fut à l'origine de la création en 1947 de l'Ecole Normale Hébraïque de Casablanca pour la formation des maîtres en matières juives. Succédant à René Cassin à la présidence de l'Alliance, il négocoia avec les autorités marocaines et tunisiennes après l'indépen­dance l'intégration du réseau des ses écoles dans le système d'éducation nationale. Mort à Jérusalem en 1994 où il avait crée un actif bureau pour la promotion de l'oeuvre éducative de l'Alliance en Israël.

BUENO

Nom patronymique d’origine espagnol indicatif d’un trait de caractère: le bon, à rapprocher de l'arabe Elmaleh. Le nom est attesté au Maroc au XVIème siècle sous sa forme pluriellle Buenos, ainsi que sous la forme de Buenos Hombres, les hommes bons. Autres formes: Buenos Au XXème siècle, nom très peu répandu, porté au Maroc (Rabat, Casablanca) et en Tunisie

JUDAH: Notable de la communauté de Rabat. Il fut en 1927 le président de l'éphèmère section marocaine de l’Union Universelle de la Jeunesse Juive fondé par Aimé Paillard à Paris et qui rapidement interdite par les autorités du Protectorat, soucieuses de mettre le judaïsme marocain à l'abri de toute influence extérieure, alors qu'en Tunisie aucune entrave ne fut mise à son action.

BUENOS HOMBRES

Nom patronymique d'origine espagnols, les bons hommes. Le nom est attesté au Maroc au XVIème siècle, figurant sur la liste tolédano des patronymes usuels à l'époque. Le nom semble avoir disparu du Maghreb au XXème siècle.

Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano Brunswig- Brami-Brakha-Brudo

  Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano- Cabalo-Cabeza-Cahloun-Cabalo

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CABALO

Nom patronymique d'origine espagnol, emprunté au règne animal, le cheval, par extension le cavalier celui qui monte ou possède un cheval et au figuré celui qui possède les qualités de cette monture noble. Le nom figure sur la liste Tolédano des patronymes usuels au Maroc au XVIème siècle, précédé de l'indice de filiation: Ben Cabalo. Au XXème siècle nom très peu répandu porté au Maroc (Tafilalet, Rif, Safi).

  1. YEHOUDA: Fils de rabbi Messod. Rabbin Kabbaliste connu à Safi à la fin du XVIIeme siecle.

PINHAS: Plus connu sous diminutif de Pini. Syndicaliste israélien d'origine marocaine. Secrétaire du Conseil Ouvrier de la ville de développement de Bet-Shéan, militant du Parti Travailliste. Sécrétaire national des Conseils Ouvriers d’Israël.

 

CABALLERO

Nom patronymique d'origine espagnole, le cavalier, celui qui monte le cheval. Au figuré synonyme de senor, le messieur, le galant homme, le noble. Le nom est attesté au Maroc au XVIème siècle figurant sur la liste Tolédano des noms usuels à l'époque. Au XXème siècle, nom très peu répandu, porté au Maroc.

ABRAHAM: Fils de Yéhouda. Notable de la communauté de Fès, il figure avec les rabbins et les notables, parmi les signa­taires de la Takana de 1688 sur la limitation des dépenses somptuaires pour les repas de noces et autres fêtes familiales. Les excès des riches familles contraignaient les familles moins fortunées à s'aligner sur elles alors que la situation générale de la communauté s'était dégradée et pour tenter d'y mettre fin on recourut à une Takana, règle d'administration à valeur religieuse.

 

CABEZA

Nom patronymique d’origine espagnole, la tête, indiquant soit une particularité physique, l'homme à la grosse tête, soit une qualité intellectuelle, la grosse tête, l'érudit. A rapprocher du patronyme arabe Elkoubi qui a le même sens. Il existe toutefois chez les Musulmans un patronyme presque identique Qabisa qui signifie un amas de terre et de cailloux. Ce patronyme s'était déjà illustré en Espagne, en particulier à Tolède dès le XlVème siècle. Au moment de l'expulsion d'Espagne de 1492, des membres de cette famille trouvèrent refuge au Portugal. Cinq ans plus tard, en 1497, le Portugal décrétait à son tour l'expulsion sans permettre dans la pratique à ceux qui le désiraient de quitter le pays à temps. Au-delà de la date-limite fixée par les autorités, tous les Juifs encore présents sur le territoire portugais furent baptisés d'office, déclarés chrétiens et renvoyés chez eux. Dès que les circonstances le permirent une partie des membres de la famille quittèrent le Portugal vers 1530 pour les îles Canaries et de là ils s’embarquèrent clandestinement pour le Maroc où ils purent revenir ouvertement au judaïsme dans le port d'Azemour. Quand les Portugais furent contraints d'abandonner le port en 1541, ils transférèrent ses habitants juifs à Tanger et de là ils passèrent en partie à Marrakech. De là ils se répandirent dans les autres villes du Maroc, en Europe et après la conquête française, en Algérie. Autre orthographe: Cabessa Au XXème siècle, nom très peu, répandu porté au Maroc (Marrakech, Mogador, Casablanca) et en Algérie ( Oran, Tlemcen, Alger, Orléansville, Jeryville).

ANTON: Marrane portugais, condamné à être brûlé sur l'autodafé en 1531 pour pratique secrète du judaïsme par le tribunal de l’Inquisition des Iles Canaries.

ITSHAK: Un des notables de la communauté d'Azemour vers 1530. Bien que le port fut à l'époque occupé par les Portu­gais, ses gouverneurs permirent le maintien d'une communauté juive contrairement à la décision d'expulsion adoptée dans la métropole, ne pouvant se passer des Juifs qui servaient d'intennédaires dans les relations avec les populations et les autorités musulmanes de l'arrière-pays. Cette tolérance était vivement combattue par l'Eglise qui soupçonnait la commu­nauté d'accueillir des Marranes fuyant la péninsule ibérique pour revenir ouverte­ment au judaïsme. C'est ainsi que le banquier Itshak Cabeza fut soupçonné en 1537 par les prêtres d'être justement un de ces Marranes. Mais en l'absence de tribunal de l'Inquisition, il ne fut pas inquiété par le gouverneur soucieux de la prospérité de sa ville et poursuivit ses activités à Azemour jusqu'à son évacuation définitive par les Portugais en 1541. Il choisit alors de s'installer à Marrakech, avec son frère Abraham. Il devint le banquier du souverain Saadien, contrôlant tout le com­merce passant par les ports d'Agadir, Safi et Azemour.

ABRAHAM: Chef de la communauté des expulsés de la péninsule ibérique à Marrakech au milieu du XVIème siècle. Avec son frère le banquier, ils prirent faire et cause pour les Saadiens dans leur lutte pour le pouvoir contre les derniers Watassides. Les chérifs Saadiens, descen­dants de la famille du Prophète, fondèrent leur pouvoir et leur prestige sur leurs succès dans la lutte contre les Portugais qu'ils contraignirent à évacuer les ports d'Azemour et d’Agadir. La légende raconte que se basant sur les prophéties d'un devin juif, Masliah Ben Gouacha, Abraham encouragea le prétendant saadien, Mohamed-El-Cheikh, à partir à la conquête de Taza et de Fès, lui prédisant la victoire. Effectivement il l’emporta et son prestige grandit à la cour, prestige dont il usa pour développer les affaires familiales et intervenir en faveur de ses coreligion­naires du royaume chérifien. Avec le développement du commerce extérieur, des membres de la famille s'installèrent dans les ports du Maroc ainsi qu'à Marseille, Hambourg et Amsterdam. Après l'occupation de l'Algérie, leus descendants devaient ouvrir une nouvelle succursale à Oran.

HANANIA: Un des grands commerçants de Mogador au milieu du XIXème siècle, descendant de la famille de Marrakech.

DAVID: Commerçant à Mogador à la fin du siècle dernier. Agent consulaire du Portugal, il devait être relevé de ses fonctions après l'instruration du protectorat français, soupçonné de vendre des armes aux tribus berbères rebelles non encore pacifiées. L'accusation ne fut pas prouvée et il put reprendre ses activités commerciales. En 1914, il fut nommé agent consulaire des Etats-Unis et après la fin de la Première Guerre, il fut chargé des intérêts consulaires allemands et autrichiens.

  1. ABRAHAM: Rabbin à Orléansville dans les années vingt.
  2. YAACOB: Rabbin à Jeryville dans les années vingt.

 

CACOUB

Nom patronymique d'origine arabe, au sens difficile à cerner, sans doute ethnique de lieu. Au XXème siècle, nom très peu répandu, porté uniquement en Tunisie, à Tunis.

OLIVIER-CLEMENT: Fils de René Célèbre architecte français né à Tunis 1920. Premier Grand Prix de Rome en 1953. Architecte en chef des Bâtiments civils et des Palais nationaux depuis 1959. Architecte-conseil de la République tunisienne, il a tracé les plans du Palais présidentiel de Monastir et les plans d'urbanisme des villes tunisiennes de Kairouan et Monsatir.

 

CAHLOUN

Nom patronymique d'origine arabe, indicatif d’une particularité physique: augmentatf de cahl, le noir, le noiraud, le brun accentué, teint qui détonne dans la société juive où la blancheur de peau était le canon par excellence de la beauté, plus particulièrement chez la femme. A rapprocher de l'autre patronyme proche Suied. Au XXetne siècle, nom extrêmement rare, porté uniquement en Tunisie.

 

CALAHORRANO

Nom patronymique d'origine espagnole, ethnique de lieu: Calahorra, en Navarre, autrefois centre juif prospère qui possédait une des plus anciennes synagogues de la péninsule ibérique. Le nom figure sur la liste Tolédano des patronymes usuels au Maroc au XVTème siècle. Au XXème siècle, le nom semblait avoir disparu au Maghreb.

  1. HAIM: Un des rabbins expulsés d'Espagne installés à Fès et qui prit part à la grande controverse entre les Mégourachim et les Tochabim sur la règle de l'abattage rituel de la "Néfiha insuflation du poumon (voir Gaguin).

EFRAIM: Fils de Yona. Un des grands notables de la communauté de Fès à la fin du XVIlème siècle.

 

CALDERON

Nom patronymique d'origine espagnole, indicatif d’un métier, déformation phonétique de Caldero, le chaudronnier. En Espagne ce patronyme était commun aux Juifs et aux Chrétiens. Le nom est attesté au Maroc au début du XVTème siècle figurant sur la liste Tolédano des noms usuels à l’époque. Au XXème siècle, nom très peu répandu, porté uniquement au Maroc.

 

CALVO

Nom patronymique d'origine espagnole, ethnique de la bourgade de Calvo, dans la province de Pontevardo. Autre explication plausible: particularité physique: l'homme chauve. Ce patronyme figure sur la liste Tolédano des noms usuels au Maroc au XVTème siècle. Autre orthographe: Calbo. Au XXème siècle nom extrêmement rare porté uniquement en Tunisie, à Tunis, par des descendants des Livoumais.

 

CANDERO

Nom patronymique d'origine provençale, diminutif hispanisé de candelero, fabricant ou marchand de chandelles, le travail de la cire étant au Moyen Age un métier typiquement juif. Il est également possible que ce patronyme ne soit qu'une altération phonétique du nom plus connu: Calderón. Au XXème siècle nom très rare porté à notre connaissance uniquement au Maroc, à Meknès.

 

CAÑIZO

Nom patronymique d'origine espagnole, ethnique de la bourgade de Cañizo, dans la province de Ponteverda. Au XXème siècle, nom extrêmement peu répandu porté en Algérie, dans l'Oranais et également au Maroc (Marrakech) sous la forme de Kanizou.

Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano Cabalo-Cabeza-Cahloun-Cabalo

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Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano- Cansino- Caravahlo.

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CANSINO

Nom patronymique espagnol, ethnique de la ville de Cansinos dans la province de Cordoue, porté par l'une des familles les plus anciennement installées en Espagne. La tradition rapporte que ses ancêtres sont arrivés à la suite des Romains dans la péninsule avant la destruction du Second Temple. On sait que dans les disputations théologique imposees par l'Eglise sur le theme du peuple deicide, il arrivait a certaines communautes juives de décliner toute responsabilité dans la mort de Jésus ־ étant déjà installées en Espagne à la date de son martyr et… de sa résurrection ! Mais cela ne fut d'aucune utilité, particulièrement pour cette famille dont les premiers membres ont commencé à quitter l'Espagne pour l'Algérie dès ce qu'on appelle la première expulsion, à la suite de la vague de massacres qui s'étendit à tout le pays, à l'exemple du sac de la Juderia de Séville en 1391, Après la prise d'Oran par les Espagnols en 1509 et l'expulsion de sa communauté juive, la famille Cansino fut parmi les trois familles juives – outre les Stora et les Aben Zimra ־ officiellement autorisées par le Rois Très Catholiques Ferdinand et Isabelle à demeurer dans la ville pour y maintenir les liens avec le royaume musulman de Tlemcen, Pendant plus d'un siècle, cette famille domina la vie juive dans le port et s'illustra au service des Espagnols jusqu'à l'expulsion définitive des Juifs de la grande ville portxxaire. Au XXème siècle, nom très peu répandu, porté essentiellement en Algérie et par émigration au Maroc, alors qu’il était plus d'Orient et des Balkans.

 YAACOB: Le fondateur de la dynastie d'interprètes du gouverneur d'Oran. Il assuma cette fonction à partir de 1550, après la mort de Reuben Stora. Quelques années plus tard, il fut chargé de mener de délicates négociations pour la conclusion d'une alliance avec le sultan du Maroc. Le nouveau souverain fondateur de la dynastie Saadienne, Mohamed-el-Cheikh était en effet intéressé comme les Espagnols à arrê­ter la progression des Turcs qui venaient d'achever la conquête de l'Algérie. Les négociations durèrent deux mois à Marra­kech, le souverain marocain étant égale­ment représenté par un diplomate juif, Itshak Lévy, mais ne purent aboutir, une alliance ouverte avec les infidèles étant trop voyante pour une dynsatie qui avait fondé sa légitimité sur la lutte contre les Chrétiens.

ITSHAK: Fils de Yaacob. Il succéda à son père comme interprète du gouverneur après sa mort en 1568 et resta à son poste jusqu'à sa mort en 1604. D'une grande piété, il apporta un grand soutien aux yéchibot de Terre Sainte, en particulier celles du centre de la Kabbale, Safed.

HAYIM: Fils de Itshak, il sxxccèda à son père comme interprète officiel jusqu'à sa mort en 1625. Les deux émissaires de Terre Sainte envoyés en mission en Algérie, les rabbins Yéhouda Achkénazi et Shélomo Bensour vinrent spécialement à Oran pour régler avec lui les modalités de l’exécution du testament de son père en faveur des yéchivot de Safed.

AHARON: Il succéda à son père Hayim en 1625, mais connut une fin tragique, fixé dans une rixe avec un Arabe en 1633. Son frère, Samuel connut aussi un destin dramatique, ayant perdu aux jeux la fortune colossale qu'il avait accumulé dans le commerce. Le grand poète de la famille, son neveu Itshak, a consacré plusieurs des ses poèmes à ce destin tragique.

R, ITSHAK: Le poète de la famille, surnommé pour son érudition, el sabio, le savant en espagnol. Il traduisit en espagnol l'oeuvre du célèbre rabbin de Constantinople, rabbi Moché Elmosnino, Les textes de ses poèmes étaient conservés dans la yéchiva de Safed entretenue par sa famille,

YAACOB: Le dernier représentant de cette dynastie d'interprètes à Oran. A la mort de son père, en 1633, le roi Philippe IV dérogea à la tradition et nomma comme interprète Yaho Sasportas, Yaacob alla s'en plaindre à Madrid et revint avec le titre d'interprète qu'il conserva jusqu’à sa mort en 1666, Il fut un des très rares Juifs autorisé à résider en Espagne sous la protection du duc d'Olivares. Quand ce dernier, devenu premier ministre du roi Philippe IV, projeta d’autoriser les descen­dants des exilés de revenir en Espagne, il le chargea d'en négocier les termes avec les dirigeants des communautés du Maroc et d'Algérie, mais l'opposition de l'Eglise fit échouer le projet. Après le limogeage de son protecteur, il fut un moment jeté en prison. Il édita le livre de rabbi Moché Elmosnino qui fut traduit par son proche rabbi Itshk et qui fut imprimé à Madrid en 1638. Son dècès devait fournir aux enne­mis des Juifs le prétexte pour "purifier" Oran comme les autres territoires espa­gnols de la présence juive. Après sa dispa­rition, le gouverneur de la ville proclama que la colonie n'avait plus besoin de Juifs pour servir d'interprètes avec les Musul­mans, car il y avait assez de bons chrétiens pour remplir cette fonction. En consé­quence, la justification de la tolérance des Juifs depuis plus d'un siècle et demi – le versement d'impôts au roi de Tlemcen – n’était plus d'actualité. Il fit valoir de plus, que contrairement aux limitations origi­nelles, de trois familles tolérées au départ, on était passé par "infiltration" à plusieurs centaines de personnes. Il intrigua donc sans relâche auprès de la Reine, avec le concours de l'Inquisition, pour faire révo­quer l'édit de tolérance. La Reine fut vite convaincue mais demanda à garder le secret sur la future expulsion de crainte que les Juifs s'ils en apprenaient l'imminence ne demandent l'intervention des Turcs. Le secret fut effectivement bien gardé et en avril 1669 la communauté juive surprise n'eut que deux semaines pour liquider ses affaires. Le gouverneur afrêta trois navires qui devaient mener les 458 membres de la communauté dans les ports de Livourne. Villafranca et Nice, en Italie.Il fut un des rares juifs admis à résider en Espagne grâce à la protection du duc d'Olivares. Quand ce dernier, devenu premier ministre du roi Philippe IV projeta en 1641 de pro­poser aux descendants des expulsés de revenir en Espagne, il avait chargé Yaacob d’engager des négociations en ce sens avec les dirigenats des communautés d'Algérie et du Maroc, mais l'opposition de l'Eglise enterra le projet et il fut même un moment emprisonné.

  1. ABRAHAM: Fils de Yaacb. Il fut le dernier grand rabbin de la communauté d'Oran avant l'expulsion de 1669. Il avait été à Oran le grand ami de son proche parent, rabbi Yaacob Sasportas avant son départ pour le Maroc puis l’Europe et devait rester en correspondance avec lui et le seconder dans sa lutte contre le mouve­ment messianique de Shabtaï Zvi (voir Sasportas). C'est ainsi qu'il reçut le plus ardent des combattants contre les idées et le mouvement du faux Messie au Maroc, rabbi Aharon Sibony qui devait laisser le témoigange le plus complet sur l'expulsion des juifs d'Oran, dont il fut témoin. Arrêté en 1630 pour possession d'un livre du Talmud, il avait été envoyé en métropole et emprisonné à Murcie. Il ne devait être libéré que contre le versement d'une forte rançon et grâce à l'intervention de son cousin, l'interprète Aharon Cansino. Il acheva en 1668 un livre de commentaires, "Agoudat Ezob", dont il ne devait pas être autorisé à emporter avec lui le manuscrit lors de la grande expulsion de 1669. 11 devait finir ses jours à Livourne.

1SAAC: Il fut le seul membre de cette famille qui pour rester à Oran préféra se convertir au Christianisme.

MOSES: Commerçant d'origine maro­caine installé à Gibraltar, il fut parmi les premiers juifs de la colonie à bénéficier de l'égalité des droits à la suite de la signature en 1723 de l'accord de paix et de com­merce entre l'Angleterre et le Maroc prévoyant l'égalité des droits pour les ressortissants des deux pays dans leurs territoires respectifs.

ABRAHAM: Commerçant né à Casa­blanca en 1883. il s'installa ensuite à Londres puis à New York où il mourut en 1958. Son frère, David, né à Casablanca en 1892, immigra lui à Manchester où il mourut en 1965.

JACK: Négociant et notable bien connu de la communauté de Casablanca dans les années trente, lié par des liens de parenté à la famille Bellicha de Londres, il reçut les félicitations de la communauté quand son parent Lord Lore Bellicha fut nommé secrétaire d'Etat à la Guerre du gouver­nement Chamberlain en 1939.

CARAVAHLO

Nom patronymique d'origine portugaise emprunté à la botanique: le chêne. Après la conversion massive et forcée des Juifs du Portugal, empêchés dans la pratique de quitter le pays à la suite de l'édit d'expulsion en 1497, se développa une vértitable religion marrane parmi ceux qui continuèrent à pratiquer secrètement le judaïsme. Pour ne pas avoir à prendre des patronymes trop chrétiens, certains adoptèrent à la place de leurs anciens noms hébraïques des noms d’animaux et de plantes comme Caravahlo. Ils les conservèrent même après avoir quitté le Portugal pour revenir ouvertement au judaïsme, principalement en Italie, en Hollande et au Maghreb. Ce patronyme figurait au XVIème siècle parmi les noms usuels au Maroc, en particulier à Safi, mais y avait depuis disparu. Au XXème siècle, nom très peu répandu, porté uniquement à Tunis par une famille originaire de Livourne.

  1. MORDEKHAY BAROUKH: Un des plus illustres rabbins de Tunisie au XVIIIème siècle. Disciple de rabbi Itshak Lumbroso, il lui succéda en 1752 à la tête de la communauté livoumaise, les Grana, et resta à son poste jusqu'à sa mort à un âge très avancé au cours de la grande épidémie de 1785. Riche commerçant, il refusa toujours d'émarger à la caisse publique même quand à la fin de sa vie il avait perdu sa fortune. Il a laissé deux ouvrages de commentaires talmudiques "Toafot reem" (Livourne, 1761), sur-commentaire du livre de rabbi Eliahou Mizrahi sur Rachi, "Reem"; et "Mira dékhya", commentaire talmudique paru après sa mort, avec une préface de rabbi Itshak Elhaïk (Livourne, 1792 ).
  2.  
  3. ITSHAK: Fils unique de rabbi Mordekhay, il mourut à la fleur de l'âge, à 28 ans. Il laissa deux ouvrages, "Sefer hazikhronot " et "Hayé Itshak" que son père joignit après sa mort à son propre ouvrage "Toafotreem" (Livourne, 1761 ).

Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano Cansino- Caravahlo.

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CARCASSONNE

Nom patronymique d'origine française, ethnique de la ville de Provence célèbre pour ses fortifications, qui abrita au Moyen Age une grande communauté juive jusqu'à l'expulsion des Juifs de France par Philippe le Bel. Autre orthographe: Karkassone. Au XXème siècle, nom très peu répandu, porté en Tunisie (Tunis) et en Algérie (Alger, Oran,. Bougie).

JOSEPH: Notable de lacommunauté livoumaise de Tunis, il fut le second président dans les années 1860 du Comité local de l'Alliance Israélite Universelle.

PIERRE ET ROGER: Membres de la Résistance en Algérie. En relations avec leur cousin José Aboulker à Alger, ils avaient été chargés avec leur groupe de neutraliser les défenseurs du port  d'Oran dans la nuit du 8 novembre 1942 pour permettre le débarquement américain, mais ils ne purent le faire à la suite de l'arrestation avant le jour J de leur chef de réseau, le colonel Toustaint. Ce dernier avait en effet naïvement essayé de rallier à la résistance son supérieur hiérarchique. Mais ce demiér, aveuglément fidèle à Vichy, le fit arrêter. Il eut toutefois le temps d'informer ses compagnons de la Résistance qui décidèrent de ne pas entreprendre l'attaque convenue, contentant de servir de guides commandos américains. La défense d'Oran n'ayant pas été neutralisée comme celle d'Alger, les combats firent rage trois jours au prix de très lourdes pertes, des centaines de victimes dans les deux camps.

 

CARDOZO

Nom patronymique d'origine espagnole ou portugaise, ethnique de la localité de Cardozo au Portugal, portée par une des plus illustres familles sépharades du passé. Les frères Cardozo, Marranes portugais revenus au judaïsme à Tripoli et Amsterdam jouèrent un grand rôle dans la propagation des idées du mouvement messianique de Shabtaï Zvi qui avait fixé l'année 1666 comme date de l’arrivée du Messie. Autres orthographes: Cardoso, Cartozo, Cartouzou, Kartouzou. Au XXème siècle, nom très peu répandu, porté en Tunisie (Tunis, Bizerte, Béja) par des descendants des originaires de Livourne, en Algérie (Alger, Constantine, Bône) et par émigration, au Maroc, à Casablanca.

ABRAHAM MICHAEL (1648-1700): Médecin et mystique marrane, il quitta l'Espagne natale en 1648, à l'âge de 21 ans pour revenir ouvertement au judaïsme à Venise et se joindre ensuite à la florissante communauté juive de Livourne. Après quelques années en Egypte, il fut appelé à Tripoli en 1663 comme médecin personnel du Bey. Comme un grand nombre d'ancienns Marranes, il fut d’emblée conquis par les idées messianiques et en fut un des plus ardents propagateurs en Tripolitaine, en Tunisie et dans tout le reste du Maghreb. Contrairement à la majorité des "croyants" désillusionnés par la conversion de Shabtaï Zvi à l'Islam, en 1666, année promise pour la Délivrance, il continua à croire au retour du faux messie.

Appelé par le Bey de Tunis pour le soigner en 1674, il profita de son séjour pour y propager ses idées messianiques. Son succès alarma les rabbins locaux qui arrivèrent à obtenir son expulsion. Interdit d’entrée à Livourne par les rabbins pour la même raison sous l'influence de rabbi Yaacob Sasportas, il finit par s'installer en Turquie où il termina ses jours.

  1. DAVID: Un des éminents rabbins de la communauté livoumaise de Tunis au XIXème siècle.
  2. DANIEL: Rabbin de la communauté portugaise de Tunis, il accéda en 1868 au poste de président du tribunal de la communauté des Grana, fonction qu'il remplit jusqu'à sa mort en 1875.
  3.  

CARIGLIO

Nom patronymique d'origine italienne, ethnique de la bourgade du même nom. Au XXème siècle, nom très peu répandu, porté uniquement dans la communauté livoumaise de Tunis.

 

CARMONA

Nom patronymique d'origine espagnole, ethnique de la ville de Carmona, en Andalousie, dans l'ancien royaume de Grenade, porté aussi bien chez les Juifs que chez les Chrétiens de la péninsule ibérique. Après l’expulsion, ce patronyme était plus répandu dans les Balkans et l'ancien empire ottoman qu'au Maghreb. Autre orthographe: Karmona. Au XXème siècle, nom extêmement peu répandu, porté en Algérie, à Alger et par émigration à Casablanca, au Maroc et en Tunisie, à Tunis.

 

CARMI

Nom patronymique d'origine hébraïque, prénom biblique dont le sens est ma vigne, porté par le plus jeune des fils de Réouben. Au XXème siècle, nom extrêment peu répandu, porté uniquement en Tunisie, à Tunis.

 

CARO

Nom patronymique d'origine espagnole qui signifie textuellement chéri, cher, équivalent de l'hébreu Habib et de l'arabe Aziz. Cette explication est plus plausible que celle qui lui attribue une origine hébraïque, dérivé de Karo, l'officiant, celui qui lit la Torah à la synagogue (du verbe likro, lire). Ce patronyme était en effet porté en Espagne aussi bien chez les Juifs que chez les Chrétiens, sous cette orthographe ou avec un K, Karo. Toutefois selon l'Académie d'Histoire de Bogata, le patronyme serait d’origine basque et non-juive. Dans la communauté juive espagnole, il fut porté par l’une des plus illustres et de plus riches familles de Tolède qui a donné pendant des générations des fermiers des taxes aux rois de Castille et des rabbins éminents. Après l'expulsion de 1492, on retrouve des porteurs de ce nom dans l’empire ottoman, au Maghreb et également dans les communautés achkénazes d'Europe Orientale. Au XXème siècle, nom extrêment rare, porté uniquement au Maroc (Tétouan, Tanger, Larache, Meknès).

  1. ITSHAK: Fils de rabbi Yossef qui était la tête de la grande Yéchiva à Tolède. Il avait transféré sa Yéchiva à Lisbonne quelques années avant l’expulsion d'Espagne en 1492. Il fut un des rares rabbins qui réussirent à quitter à temps le Portugal en 1497 quand ce dernier pays proclama à son tour l'expulsion des Juifs et trouva refuge comme les autres membres de sa famille à Constantinople. Son livre de commenatires "Toldot Itshak" connut une grande diffusion et son neveu, l'illustre rabbi Yossef lui vouait une grande admiration.
  2. YOSSEF (1488-1575): Né à Tolède, il n'avait que quatre ans au moment de l'expulsion. Son père, qui était un rabbin éminent, Ephraim, s'installa avec sa famille à Constantinople où il mourut au bout de quelque temps. Adopté comme un fils, par son oncle rabbi Itshak qui assura son éducation, il fonda à son tour une yéchiva à Adrinopole. Pour mieux se consacrer à la rédaction de son livre "Bet Yossef', il décida en 1525 de monter à Safed qui était devenu le centre de la Kabbale et des études de Halakha. Intronisé par rabbi Yaacob Berab, le restaurateur de la "sémikha", il se joignit à son tribunal qu'il devait présider après la mort de son illustre maître. Son chef-d'oeuvre, "Bet yossef" est un recueil de toutes les règles de la Halakha avec leurs sources et les commentaires des décisionnaires. Il en fit ensuite un condensé, le "Shoulhan aroukh" qui est devenu désormais et jusqu'à nos jours, le guide par excellence de la vie juive dans toutes les communautés sépharades. Les communautés achkénazes l'ont également adopté avec les réserves émises par rabbi Moché Isserlis. Selon la tradition orale, il aurait séjourné quelque temps au Maroc avant de continuer sur l'Orient.
  3. SHEMOUEL: Rabbin à Fès au XVIIIème siècle, contemporain de rabbi Yaacob Abensour à qui il adressa une question sur la licité de la consommation de riz à Pessah.
  4. SHEMOUEL: Fils de rabbi Shélomo, rabbin et Kabaliste très connu à Salé, première moitié du XVIIIème siècle. Il se joignit en 1730 au tribunal rabbinique présidé par rabbi Eliezer de Avila.
  5. YEHOSHOUA: Rabbin de Tétouan monté à Jérusalem. Il accorda une préface élogieuse au livre du célèbre rabbin de Tétouan, rabbi Itshak Benwalid, "Vayomer Itshak" (Jérusalem, 1876).

ISAAC: Vice-président de la Chambre de Commerce de Tanger dans les années 1960.

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CASPI

Nom patronymique d'origine hébraïque, dont le sens est l'argentier. Selon la tradition cette famiille qui s'est illustrée en Provence aux X-XIèmes siècles, aurait pris le nom de sa ville d'origine en France, Argentières, en le traduisant en hébreu. Autre orthographe: Kespi. Au XXème siècle, nom très peu répandu porté en Algérie, (Alger, Bougie, Sétif) par les descendants de cette famille venus de France.

RAPHAEL: Rabbin originaire d'Argen­tières installé à Salonique en 1571.

  1. HAIM: Rabbin et poète connu à Oran fin du XVIIIème début XIXème siècle. Il rédigea en 1807 un grand ouvrage de com­mentaires "Tséror Hayim" qui ne fut impri­mé qu'après sa mort, à Livourne en 1889.
  2. ABRAHAM: (1893-1958). Célèbre médecin et notable de la communauté d'Alger.

JOSEPH: Secrétaire de l'Association Consistoriale Israélite d'Alger au début des années cinquante.

  1. JEAN-MARC: Fils de Abraham. Médecin, né à Alger en 1934. Président de la Société Française d'Acupuncture et auteur de "L'Acupuncture", encyclopédie de cette médecine chinoise (Paris, 1985).

ADIEL: Fils de Abraham. Conseiller financier, éditeur et homéoapathe né à Alger en 1937. Après des études d'anglais et d'économie aux universités d'Alger et de Paris, il fut conseiller financier dans deux banques d'affaires parisiennes. Il fit sa alya en 1975 et s'installa à Kiriat Araba, Hébron. Il a fondé à Jérusalem les Editions de l'Ophel qui a publié entre autres, en 1981, son propre ouvrage "Rue des Juifs", récit sur la vie du grand poète et philosophe de l'Age d'Or Espagnol, rabbi Abram Iben Ezra.

NADINE CASPI-GUEDALA: Universi­taire israélienne d'origine, née à Tunis dans une famille originaire de Rome. Professeur de pensée juive, spécialiste de la Kabbale à l'Université Hébraïque de Jérusalem. Auteur de nômbreux ouvrages

 

CASSUTO

Nom patronymique d'origine italienne, ethnique d'origine, porté par une famille illustre de Rome. Au XXème siècle, nom très peu répandu, porté uniquement dans la communauté livoumaise de Tunis.

EMILE: Célèbre médecin né à Tunis en1875. Il fut longtemps le directeur de l’hôpital israélite de Tunis et le rédacteur en chef de la "Revue Tunisienne des  Sciences Médicales entre les deux guerres.

 

 

CASTELNUEVO

Nom patronymique d'origine italienne, ethnique de la ville du même nom en Italie, Castelnuevo di Gafagnana, près de Pise, et qui a pour sens le nouveau château. Au XXème siècle, nom très peu répandu, porté en d'originaires de Livourne.

BARON GIACOMO: Célèbre médecin à Tunis au milieu du siècle dernier. Explora­teur, diplomate et homme politique. Il fut le médecin personnel d'Ahmed Bey (1837-1855) et de ses successeurs et leur conseiller personnel en matière écono­mique et diplomatique. Arrivé en 1877 à la présidence du comité local de l'Alliance Israélite Universelle, alors que jusque là il s'était peu intéressé à la vie commu­nautaire, il obtint l'accord des autorités à l'ouverture de la première école du réseau de l'Alliance qui fut effectivement inau­gurée une année plus tard, en 1878. Fervent patriote italien, son espoir de voir l'influence italienne prédominer dans la nouvelle école dont la langue d'ensei­gnement était le français, fut définiti­vement écarté après que la France, prenant de vitesse l'Italie ait établi par le traité du Bardo son protectorat sur la Régence en 1881.

 

CASTIEL

Nom patronymique d'origine espagnole, ethnique de la province de Castille. Bien que tous les expulsés d'Espagne installés du Maroc ne venaient pas uniquement de Castille, mais aussi d'Aragon et du Portugal, les Taknaot qu'ils se sont donnés s'intitulaient " Takanot de la communauté sainte des Castillans.", à la fois parce qu'ils étaient les plus nombreux et les plus instruits. David Corcos se pose la question si les porteurs de ce nom ne seraient plutôt originaires de Touzeur en Tunisie dont l'ancien nom était Castillya, une zone réputée pour son extrême ferilité et qui abritait une colonie juive depuis la période romaine – sans donner de réponse tranchante. Cette hypothèse est peu plausible, d'abord comme nous l'avons souvent souligné parce que généralement la mémoire des noms ne remonte pas si loin dans le pasée, secondo parce qu'on trouve des porteurs de ce nom parmi les expulsés d'Espagne dans l’empire ottoman qui n'avaient aucune relation avec la Tunisie. D'ailleurs ce patronyme ne s'est illustré qu'en Orient, porté par une dynastie de rabbins de Turquie installés au XVIIème en Terre Sainte, en particulier à Hébron et Jérusalem. Ce patronyme est attesté en Espagne dès le XIVème siècle, précédé de l'indicatif: Alcastiel et au Maroc dès le XVIème siècle. Au XXème siècle, nom moyennement répandu, porté uniquement au Maroc (Tanger, Tétouan, El-Ksar, Larache, Meknès, Safï, Sefrou, Fès, Marrakech, Casablanca) et par émigration à Gibraltar.

  1. YEHOUDA: Un des rabbins expulsés d'Espagne qui s'établirent à Marrakech au début du XVIème siècle.

MORDEKHAY: Notable de la commu­nauté de Tanger, un des signataires de la Haskama de 1795 par laquelle la communauté se détacha de la juridiction du tribunal rabbinique de Tétouan.

YEHOUDA: Un des dirigeants de la communauté de Larache au cours des années 1920.

MAURICE: Spécialiste de la distribution, haut fonctionnaire dans les magasins coopératifs appartenenat à la Histadrout Coop un des fondateurs de l'Association des Originaires de Meknès en Israël.

ELISE: Fille de Jacob Hadida, née à Marrakech en 1932. Secrétaire Générale depuis sa fondation de l'association des originaires de Marrakech en France et collaboratrice à l’édition de son organe, "Trait dUnion", paraissant périodiquement.

JUDAH: Militant communautaire origi­naire du Maroc à Montréal, rédacteur du mensuel de la communauté Sépharade du Quebec, "La Voix Sépharade".

CASTRO

Nom patronymique d'origine espagnole, ethnique de la localité de Castro dans la province de Tolède, porté aussi bien chez les Juifs que les chez les Chrétiens de la péninsule ibérique et d'Amérique Latine. Après l'expulsion d'Espagne on trouve essentiellement ce patronyme dans les communautés juives de l’empire ottoman, particulièrement en Turquie et en Grèce. Le nom est attesté au Maroc au XVIème siècle sur la liste Tolédano, sous cette forme et également précédé de l'indice d'origine espagnol: De Castro. Autre forme à la portugaise: Couastro. Au XXème sièce, nom très rare porté au Maroc (Tétouan Tanger, Meknès, Casablanca), et en Tunisie (Tunis).

JOSEPH: Publiciste et journaliste, il fut notamment le rédacteur en chef de l'hebdomadaire d'union et de fraternité,"L'Eveil Juif', qui parut à Tunis en 1949.

GEORGES: Homme de lettres français originaire de Tunisie. Auteur notamment du roman historique "Entr-acte à Carthage" (Tunis, 1977).

 

CATARIVAS

Nom patronymique d'origine espagnole, indicatif d'une origine. Après l'expulsion on ne trouvait des porteurs de ce nom que dans l’empire ottoman et pas au Maghreb. Au XXème siècle, le nom n'était pas porté au Maghreb.

  1. SHEMARIA: Rabbin né à Tibériade, il fut envoyé comme émissaire de la ville sainte au Maghreb et à la fin de sa mission s'installa à Tunis en 1760. Il fut nommé juge au tribunal de rabbi Messod Elfassi et y siégea jusqu'à sa mort en 1772.

 

CAZES

Nom patronymique probablement d'origine hispano-arabe, hispanisation du patronyme arabe Abecassis (voir Abecassis). Abraham Larédo avance une autre explication aussi convaincante, confirmée par la démographie, ce patronyme n'étant porté au Maroc que par des descendants des expulsés d'Espagne: ethnique de la bourgade de Caces, dans la province d'Oriente en Espagne. Le nom est attesté sous la forme d'Abencaces en Espagne au XlVme siècle. Après l'expulsion de 1492, on trouvait des porteurs de ce nom au Maghreb, en Italie, et dans l'ancien empire turc, de Constantinople à Salonique. Au XXème siècle, nom très peu courant, porté à Tétouan et par émigration à Tanger et Casablanca, et en Tunisie, à Tunis.

LEVY: Riche négociant et notable de la communauté de Tétouan qu'il présida au cours de la délicate période de l'occupation espagnole (1860-1862) à la suite de la défaite des troupes marocaines. Les Espagnols reçus en libérteurs par les Juifs de la ville ne l'évacuèrent que sous la pression des Anglais et après le paiement par le Maroc d'une énorme indemnité de guerre. Avant le départ des Espagnols, il avait obtenu des puissances européennes d'exercer des pressions sur les autorités marocaines afin qu'à leur retour, aucune mesure de représailles ne soit prise contre les Juifs de la ville pour leur collaboration avec les occupants. Et effectivement le retour des autorités marocaines ne fut accompagné d'aucune exaction ni contre lui-même ni contre les autres notables de la communauté.

DAVID (1851-1913): Fils de Lévy Cazes Il fut le plus doué des èlèves de la première promotion de la première école du réseau scolaire de l'Alliance Israélite Universelle, ouverte à Tétouan en décembre 1862. il fut en 1865 le premier moniteur marocain du réseau. En 1867, il fit partie de la première promotion de quatre élèves 2 ־ du Maroc, 1 de Jérusalem, 1 de Hongrie – de la nouvelle école de cadres fondée pour répondre aux besoins en maîtres de l'Alliance, l'Ecole Normale Orientale de Paris. Conformément à la doctrine pédago­gique alors en vigueur qui estimait que nul n'est prophète en son pays, il fut décidé à la fin de ses études de le nommer, non dans son pays natal, mais en Grèce, où il fonda en 1869 l'école de Volo. En 1873, il ouvrit la première école de Smyme, en Turquie. Mais son oeuvre la plus remar­quable fut l'ouverture de la première école de l'Alliance à Tunis en 1878. Bien dans la tradition pionnière de l'époque où le métier d'instituteur était un sacerdote, il ne se limita pas à la direction de l'école, mais usa largement de ses relations avec les consuls étrangers pour tenter d'améliorer la situation des Juifs du pays, à la veille du Protectorat français et après son instau­ration. il fut un partisan enthousiaste et actif de l'installation du Protectorat français sur la Tunisie par le traité du Bardo en 1881. Il se mêla activement de la vie communautaire et publia le premier traité d'histoire des Juifs en Tunisie: "Essai sur l'histoire des Juifs de Tunisie " (Paris 1889, seconde édition, Marseille, 1985). Il s'intéressa également à la vie religieuse et intellectuelle du judaïsme tunisien, publiant la première bibliographie critique des oeuvres des rabbins et érudits du pays: "Notes bibliographiques sur la littérature juive tunisienne" (Tunis, 1898, également réédité par l'association des originaires de Tunisie à Marseille sous la direction de Mairie Charles Hadad). En 1885, il revint pour une courte mission au Maroc, chargé par l'Alliance d'établir un plan pour l'extension de son réseau d'école dans l'Empire Chérifien. Il fut ensuite envoyé en 1893 diriger l'oeuvre agricole et scolaire de la Jewish Colonisation Association, fondée par le Baron Hirch pour favoriser l'immigration en Argentine des Juifs persécutés d'Europe Orientale. Il mourut en Argentine en 1913. Son frère, Abraham fut également instituteur et comme lui commença sa carrière en Orient, prenant sa succession à la tête de l'école de Volo, en Grèce.

AMRAM: Fils de Mordekhay. Homme d’affaires à Tanger à la fin du siècle dernier. Vice-consul du Brésil à Tanger. En 1912 il s'installa dans le nouveau port en essor, Casablanca, avec ses frères Joseph et Mimoun, où il fut un des grands notables de la nouvelle communauté.

 

AMRAM: Fils de Mordekhay. Homme d’affaires à Tanger à la fin du siècle dernier. Vice-consul du Brésil à Tanger. En 1912 il s'installa dans le nouveau port en essor, Casablanca, avec ses frères Joseph et Mimoun, où il fut un des grands notables de la nouvelle communauté.

ALBERT: Fils de Mimoun, juriste né à Tanger, il s'installa à New York où il enseigna des années le français, avant de venir rejoindre sa famille installée à Casablanca, où il devait mourir.

HELENE CAZES-BENATTAR: Fille d'Amram, née à Tanger en 1900. Vers l'âge de 20 ans, elle s'installa avec sa famille à Casablanca où elle épousa une des étoiles montantes de la communauté, Moses Benattar qui fut emporté à la fleur de l'âge en 1935. Première femme avocate du Maroc, elle joua un rôle de premier plan dans les oeuvres de bienfaisance de la communauté de Casablanca. Fondatrice et première présidente de la section de Casablanca de la W1ZO. Au début de la Seconde Guerre, elle fonda le comité d'Accueil des réfugiés juifs fuyant l'Europe nazie et qui avaient trouvé un hâvre provisoire au Maroc avant leur départ pour l'Amérique. Tout avait commencé en juillet 1940 lorsque les autorités s'adressèrent à la Croix Rouge Française, dont elle faisait partie, ne sachant que faire de centaines de réfugiés arrivés sans papiers au port sur un bâteau venant d'Europe. Volontaire engagée dans la Croix Rouge, elle les prit sous sa responsabilité personnelle puis fonda le Comité d'Aide aux Réfugiés étrangers qui sollicita des dons des notables de la communauté pour trouver logement, nourriture, travail pour les réfugiés et papiers pour ceux qui voulaient continuer vers l'Amérique. C'est en venant au secours de ces réfugiés, que le JOINT américain mit les pieds au Maroc et elle en fut la première représentante locale. Elue pour faire partie de la délégation marocaine à la conférence extraordinaire de guerre du Congrès Juif Mondial qui se tint à Atlantic City en novembre 1944, elle ne put s'y rendre. Elle continua à diriger le bureau de la Joint après la guerre. C'est ainsi qu'elle fut appelée fin 1947 à Alger

pour s'occuper, au nom de la HIAS du rapatriement au Maroc de 400 immigrants clandestins arrêtés par la police français alors qu'ils tentaient d’embarquer à bord du bâteau affrété par la Hagana, "Haportsim". Elle obtint en fait qu’il ne soit procédé à aucun rapatriement de force et que ceux qui le désiraient puissent transiter par la France en route pour Israël. Après l'indépendance du Maroc, elle s'installa à Paris où elle fonda au début des années soixante l'UJJM, l'Union pour la Promotion des Juifs du Maroc, pour la défense des intérêts moraux et matériels des milliers d'originaires du Maroc installés en France, qu'elle présida jusqu'à sa mort.

Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano-Cazes-Castro-Caspi

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CESANA

Nom patronymique d'origine italienne, ethnique de la bourgade du même nom dans la province de Rimini. Au XXème nom très peu répandu, porté uniquement en Tunisie, à Tunis, par des descendants des Livoumais.

ISAAC: Un des dirigeants de la communauté livoumaise de Tunis au cours de la seconde moitie du siecle dernier.

 

CHABBAT

Nom patronymique d'origine hébraïque, ayant pour sens l'arrêt de tout travail de toute activité, le septième jour de la semaine, le jour du repos de l’Etemel: "Ainsi furent terminés les deux et la terre, avec tout ce qu'ils renferment. Dieu mit fin le septième jour, à l'oeuvre faite par lui; et il se reposa le septième jour, de toute l'oeuvre qu’il avait faite. Dieu bénit le septième jour et le proclama saint, prce qu'en ce jour il se reposa de l’oeuvre entière qu'il avait produite et organisée" (La Genèse, 2, 1-3). C'est l'une des bases essentielles de la foi juive, un des facteurs qui ont fait le plus pour sa cohésion et sa survie au point que l'on dit que plus que les Juifs ont gardé le chabbat, le chabbat a gardé les Juifs. Comme prénom il était traditionnel donné aux garçons nés un jour de chabbat (comme le plus célèbre des faux Messie Chabtaï Zvi). Autres formes: Cebat, Sabat, Bensabbat (que nous avons déjà étudié séparément). Au XXème siècle, nom peu répandu, porté en Algérie (Alger, Oran, Mostahganem, Constantine), en Tunisie et au Maroc.

 

CHALECON

Nom patronymique d’origine espagnole, textuellement le grand gilet, le porteur d'habits amples. A rapprocher du patronyme arabe Boujenah qui a sans doute le même sens. Le nom est attesté au Maroc au XVIème siècle, sur la liste Tolédano des patronymes usuels à l'époque. Au XXème siècle, nom extrêmement rare, porté uniquement au Maroc.

CHALOM

Nom patronymique d'origine hébraïque, prénom masculin qui a pour sens la paix, à rapprocher de Chélomo, Salomon, devenu nom patronymique dans nombre de commu­nautés, tout en continuant à être donné comme prénom dans toutes les communautés sépharades et achkénazes. Le nom est attesté au Maroc au XVIême siècle, figurant sur la liste Tolédano des patronymes usuels à l'époque, précédé de l'indice de filiation: Ben Chalom. Au XXème siècle, nom peu répandu, porté essentiellement en Tunisie (Gabès, Tunis ); au Maroc (Tétouan, Casablanca, Sefrou); et en Algérie, dans l'Oranais.

RAPHAËL: Négociant originaire de   Tétouan installé à Oran où il acquit la nationalité française. Il défraya la chronique en 1893 par sa condamnation à cinq ans de reclusion pour avoir vendu de la poudre a des rebelles souleves contre les autorités françaises.

 MARDOCHEE: Fils de Raphaël. Riche négociant, en association avec son frère Vidal, et homme politique né à Oran. Ils furent à ces deux titres les cibles privilégiées des attaques contre "l'accaparement de l'Algérie par les Juifs" au cours de la très violente campagne antisémite qui déferla sur l'Algérie au cours de la dernière décade du XIXème siècle et qui atteignit son apogée en 1897-98 au moment de l'Affaire Dreyfus en métropole. Il fut élu en 1892 conseiller municipal du Village nègre, le quartier indigène d'Oran. Il s'occupa activement des intérêts des indigènes musulmans, principalement en matière d'éducation, créant la première "école de filles indigènes" d'Algérie. Son dévouement à la cause des ses électeurs et son indépendance d'esprit lui valurent la haine féroce des membres européens du Conseil Municipal, haine qui trouvait son illustration dans la presse antisémite et en tête dans le quotidien "Le Petit Africain". Il blessa au cours d'un duel le rédacteur de ce quotidien qui menait contre lui une campagne d'une grande violence. Pour faire pièce à ces attaques, il créa en 1895 avec son frère Vidal un hebdomadaire de combat, "L'Impartial Oranais". Le journal fut contraint à la fermeture après la condamnation des ses rédacteurs, les frères Chalom pour diffamation. Il fut aussitôt remplacé par un autre titre "Le Colon Oranais”. Le ton militant du journal rendant coup pour coup lui valut la haine féroce des milieux antisémites. Lors des graves désordre du 21 mai 1896, la foule des antisémites assiégea la maison de Mardochée qui pour se dégager, fut contraint d'ouvrir le feu, blessant un des manifestants. Il fut arrêté et condamné à six mois de prison avec sursis. Avec la communauté israélite d'Oran, les frères Chalom eurent des rapports difficiles et délicats. Méprisé des vieux habitants de la ville en tant que descendant de nouveaux venus du Maroc, il les heurta encore plus par son détachement de la tradition religieuse, se proclamant ouvertement libre-penseur et favorable à une assimilation totale à la société française. Il épousa une Espagnole catholique et ses enfants furent baptisés à l’Eglise. Suivant une ligne anti-consistoriale, il entra avec son frère Vidal, en conflit avec l'étemel et tout-puissant président du Consistoire, le légendaire Simon Kanoui. Après la décrue de la vague antisémite à Oran, à partir de 1900 il n'hésita pas s'allier avec les anciens anti-juifs pour revenir au Conseil Muni­cipal et continua à écrire dans les journaux locaux. Pour défendre ses positions, auprès de l'opinion juive et non-juive, il édita une brochure intitulée "Juifs et anti-Juifs".

 JACQUES: Juriste à Tunis à la fin du XIXème début du XXème siècle, auteur d'une étude sur "Les Israélites de la Tunisie; leur condition civile et politique" (Paris, 1908).

DARIO: Célèbre médecin né à Tunis en 1880. Médecin de la famille beyicale, il soigna avec le même dévouement les habitants de la Hara où il était surnommé le Maimonide de Tunis. Sur le plan communautaire, il fut dans les années vingt président d'honneur de l'UUJJ, L'Union Universelle de la Jeunesse Juive fondée à Paris par Aimé Pallière et participa à toutes les oeuvres de bienfaisance de la communauté.

SYLVAIN: Homme politique israélien, Vice-ministre de la Défense du gouvernement Nétanyahou. Né à Gabes, en Tunisie, il monta enfant avec sa famille en Israël en 1959. Economiste, il fut président de la Hebrat Hahashmal, l’Electricité d'Israël, la plus grande société économique d'Israël. Militant du Likoud, il entra à la Knesset en 1992. Il se distingua comme président de la Commission des Affaires Economiques.

CHALTIEL

Nom patronymique d'origine hébraïque, francisation de "chealtiel", prénom masculin biblique qui a pour sens je l’ai demandé à Dieu. Il est évoqué dans le petit prophète Haggaï comme le père de Zéroubabel: "Dans la deuxième année du roi Darius, le sixième mois, le premier jour du mois, la parole de l'Etemel fut adressée par l'organe du prophète Haggaï à Zeroubabel, fils de Chaltiel, gouverneur de Judée .. (Haggaï, 1, II). Ce prénom qui était fort répandu chez les Juifs du Portugal et leurs descendants dans l’empire ottoman et dans les communautés achkénazes, n'a jamais été populaire au Maghreb et n'y a subsisté que comme nom patronymique. Au XXème siècle, nom très peu répandu, porté en Tunisie (Tunis, Sousse) et en Algérie (Constantine).

CHAMAK

Nom patronymique d’origine arabe, indicatif d'un trait de caractère: l'homme hautain, orgueilleux, porté chez les Juifs et les Musulmans. Autre orthographe: Chemak Au XXème siècle, nom très peu répandu, porté en Algérie, particulièrement dans le Constantinois (Constantine, Guelma, Tébessa).

CHAMAS

Nom panonymique d'origine hébraïque, francisation de chamach, textuellement le serviteur, celui qui sert les autres, indicatif d'une fonction: le bedeau de la synagogue ou l'huissier du tribunal rabbinique. Au XXème siècle, nom très peu répandu, porté en Tunisie, à Tunis.

CHAOUAT

Nom patronymique d'origine arabe, vraissemblablement indicatif d'un métier le rôtisseur, essouat. Au XXème siècle, nom très peu répandu, porté en Tunisie (Tunis, Béja, Monastir) et en Algérie (Constantine).

  1. FRADJI: Fils de rabbi Nissim. Un des saints les plus vénérés du judaïsme tunisien. Son tombeau à Testour, près de Béjà, loin de toute agglomération juive, est le premier miracle attaché au nom de celui qui est considéré comme le plus doué des poètes de langue hébraïque qui ait jamais vécu en Tunisie. La légende raconte qu'un soir le rabbin, qui était origianire du Maroc, né à Fès au début du XVIIème siècle, avait dit à son serviteur de bien fermer les fenêtres et de tirer les rideaux, ajoutant: "demain quand tu entreras dans ma chambre, je serais mort. Tu me trouveras lavé, habillé, prêt à être enterré. Tu me feras placer sur une mule et là où elle s'arrêtera, vous m'enterrerez." Les Juifs de Béjà suivirent à la lettre ses instructions. La caravane s'ébranla suivant la mule qui dans son inconscience entra dans le camp du Bey. Effrayés, les accompagnateurs juifs s'enfuirent et s'en revinrent à Béjà. Quant à la mule, sans tenir aucun compte des soldats qui voulaient la chasser, elle continua son chemin jusqu'à ce qu'elle s'arrêta enfin. Le Bey non seulement permit aux Juifs d’enterrer là leur rabbin, mais ordonna de plus à ses serviteurs de lui construire une coupole comme on le fait pour les saints marabouts musulmans. Sa Hiloua au début de l'automne, pendant les mi-fêtes de Soucot, attirait des milliers de pèlerins de Béjà et même de de Tunis. Les Musulmans le vénéraient également. Auteur de près d'un millier de poèmes, dont plusieurs d'inspiration mystique pleurant l'exil et exaltant la Rédemption future sont entrés dans la liturgie des synagogues tunisiennes et étaient connus dans toute l'Afrique du Nord, transmis oralement de génération en génération. Leur recueil fut imprimé pour la première fois à Livourne en 1872, sous le titre de "Shiré Zimra". Le professeur Ephraim Hazan en a fait une nouvelle édition critique en 1986 à Jérusalem.
  2. DAVID (1849-1934): Descendant en droite ligne de l'illustre saint. Rabbin né à Monastir. Orphelin très jeune, il fut recueilli et éduqué par son oncle maternel. Nommé grand rabbin de Mahdia en 1870, il resta à son poste pendant près d'un demi- siècle avant d'être appelé à la tête du Tribunal rabbinique de Sousse où il devait terminer ses jours.

Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano-Chaouat-Chaltiel

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Chelly-Chekoury-Chayo

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CHARBIT

Nom patronymique d'origine hebrai'que qui signifie "le sceptre", attribut traditionnel de la royaute et qui indiquerait peut-etre une descendance de la famille royale de David. Le peut-etre est de rigueur car il n'existait aucune telle tradition dans la memoire familiale. Ce patronyme etait deja repandu au temps du Talmud a Babylone. L'autre hypothese rapportee par rabbi Yossef Messas en se basant sur le sens textuel en arabe dialectal maghrebin – marchand de mouchoirs ou serviettes – est peu plausible, ce patronyme n'etant pas limite au Maghreb, se retrouvant dans toutes les communautes juives orientales et sepharades. Se rencontre egalement avec l'indice de filiation: Bencharbit. Autre orthographe: Cherbit. Au XXeme siecle, nom peu repandu porte au Maroc (Fes, Sefrou, Meknes, Oujda) et en Algerie, essentiellement a Tlemcen et a Oran, mais egalement a Constantine et Sidi Bel-Abes.

  1. SLIMANE: Celebre poete, grammairien et astronome, descendant d'une famille originaire d'Espagne, a Salonique au XVIeme siecle.
  2. SHELOMO: Rabbin tres pieux et commercant prospere a Tlemcen au XVIIIeme siecle.

MOCHE: Les annales de la communaute de Tlemcen citees par rabbi Yossef Messas rapportent son election a la tete de la communaute en 1792.

  1. MESSOD: Rabbin celebre a Tlemcen au milieu du siecle dernier.
  2. SAADIA: Rabbin ne a Tlemcen, il fut entre 1930 et 1955 rabbin a Relizane et Mostagnem.

GEORGES: President du Consistoire de Sidi Bel-Abes dans les annees cinquante.

MESSOD: Fondateur de l'une des premieres imprimeries hebraiques a Fes. Entre comme apprenti a l'imprimerie municipale, la Makina, il en racheta en 1925 le materiel quand il fut decide de la fermer avec son ami le comptable Amram Hazan – le futur president de la communaute pour hebrai'que et fonda l'ecole du Talmud Torah dans la ville nouvelle en 1957. Fondateur avec son ffere de la librairie Colbo a Paris qui s'est specialisee au cours des demieres annees dans l'edition de livres de prieres.

  1. YAACOB (1885-1982): Ne a Tlemcen, il fut intronise rabbin a 19 ans par rabbi Haim Bliah. Conformement a la tradition qui recommande de ne pas vivre de la Torah en d'en faire profession, il dirigea parallelelement a ses fonctions de grand rabbin, un commerce florissant. Il fut a la tete du comite de gestion de la synagogue du Rab, portant le nom du saint local rabbi Ephraim Encaoua, jusqu'a 1'exode de 1962. Mort a Paris, enterre a Jerusalem.

ANDRE: Fils de rabbi Yaacob. President directeur general de societe, ne a Tlemcen en 1928. President de la Fratemelle des Anciens de Tlemcen, une association particulierement active qui regroupe les anciens de la "Perle du Maghreb" en France. L'association a organise des pelerinages sur la tombe du rabbin de Tlemcen rabbi Ephraim Encaoua, et a contribue a l'edition de plusieurs livres. Vice-president de la Federation Sepharade de France, membre du comite directeur du C.R.I.F.

ARMAND-AMRAM: Fils de Yaacob. Artiste, peintre et sculpteur francais ne a Fes. Apres quelques annees passees en Israel, il s'est installe en France. Medaille d'Or du Salon des artistes Frances et Medaille d'Or de l’Academie Europeenne des Beaux Arts. Trois de ses oeuvres mounmentales oment la Maison France- Israel a Paris.

YOSSEF: Fils de rabbi Michael, educateur et enseignant ne a Constantine en 1957. Installe en Israel depuis 1970. Maitre de conferences en histoire juive a 1'Universite Ben Gourion et secretaire de l'lnstitut Gan Inasse d'etudes sur le judaisme algerien a la memoire de son grand-pere matemel, rabbi Yossef Renassia a Kiriat Arba. L'institut s'est fixe pour objectif la promotion des etudes sur le judaisme algerien par la publication de livres, brochures, l'organisation de semi naires et de journees d'etudes. II a consacre sa these de doctorat aux relations entre l'elite rabbinique d'Algerie et Eretz Israel. Auteur d'une etude intitulee: "Elite rabbinique d'Algerie et modernisation ־ 1750-1914" publiee par l'institut en 1994.

  1. YOSSEF: Grand rabbin d'Achkelon et membre du Conseil du Grand Rabbinat d'Israel.

CHAYA

Nom patronymique d'origine arabe, ethnique de la tribu des Chaya dans la region de Tiaret, en Algerie. Autre explication possible: alteration de Yechaya, prenom biblique qui a pour sens Dieu delivre, Dieu sauve – auquel cas il aurait le meme sens que le patronyme suivant: Chayo. Autre orthographe a la marocaine: Bensaya. Au XXeme siecle, nom tres peu repandu, porte en Algerie (Oran, Blida, Alger) et au Maroc.

CHAYO

Nom patronymique d'origine hebraico-espagnole, sans doute abreviation hispanisee du prenom biblique Yeshaya, abreviation de Yeshayahou, qui a pour sens Dieu est delivrance. Ce prenom illustre par le premier des trois grands prophetes de la Bible etait tres peu donne au Maghreb, sans doute de crainte que son porteur n'en soit pas assez digne et n'a subsiste que comme patronyme hispanise. Au XXeme siecle, nom extremement rare, porte uniquement en Algerie, dans le Constantinois, a Setif.

CHEKOURY

Nom patronymique au sens et a l'origine difficiles a cemer en raison des difficultes de transcription en français. Il semble qu'il que ce soit une francisation de Ascouri, ethnique de la tribu berbère des Banou-Sakkour de la confrérie Haskoura des Masmuda du Grand Atlas marocain. Les Banou-Sakkour ont donné, selon David Corcos, leur nom à la région de Skoura, dans la haute vallée du Draa, au sud de la kasbah de Telwet qui abritait jusqu'au grand exode une active communauté juive. Autre hypothèse basée sur la signification textuelle du mot en judéo-arabe: l'ivrogne, skouri. Le nom est attesté en Espagne au XlIIème siècle et au Maroc au XVIème siècle, à Fès et Meknès. Au XXème siècle nom peu répandu porté au Maroc (Marrakech, Fès, Casabalanca).

  1. RAPHAËL MOCHE: Fils de rabbi Yéhouda. Un des éminents rabbins de Fès au XVIIIème siècle. Talmudiste et kabbaliste miraculeux. On raconte que lorsque son fils Eliahou eut un garçon et qu'il n'avait pas les moyens pour financer la cérémonie de brit mila, il lui avança une petite somme dans l'espoir qu'il pourrait la faire fuructifier. Sur les conseils de son père, il se rendit deux jours de suite dans la médina – sans succès. Le troisième jour, un Musulman lui proposa de lui vendre des pièces d'or à un prix dérisoire. Il lui acheta tout son stock et le revendit avec un grand bénéfice. Le lendemain, il se rendit à nouveau dans la Médina à la recherche du goy malgré l'avertissement de son père qu'il n'avait aucune chance de le retrouver. Quand il revint bredouille, son père lui expliqua alors que l'Eternel avait fait pour lui un miracle pour lui permettre de faire la cérémonie d'entrée de son fils dans l'Al­liance d'Abraham comme il se doit. Une autre fois, son fils fut accusé par la rumeur publique du mellah d'adultère. Son père qui croyait en son innoncence adressa cette prière à Dieu: si la rumeur est fondée que mon fils meurt dans la semaime. Sinon que ceux qui ont médit de lui soient punis ! Une semaine plus tard, le mellah de Fès était mis à sac.

RAYMOND: Agent d’assurances à Paris. Un des fondateurs et des animateurs de l'Association des originaires de Fès en France.

CHELLY

Nom patronymique d'origine arabe, dont le sens d'après le rabbin Eisenbeth est indicatif d'une particularité physique: le gaucher. Le nom s'est particulièrement illustré à Djerba, porté par une grande famille de rabbins. Au XXème siècle, nom très peu répandu porté uniquement en Tunisie (Sousse, Djerba, Sfax, Tunis, Moknine).

  1. HOUTA (1870-1953): Célèbre notaire et copiste à Djerba, auteur de l'ouvrage "Ma'assé Hocheb", paru à Jérusalem en 1983.

DAVID Héros de la Résistance française, capitaine, né à Sfax. Il s'installa en France peu avant la guerre. Pris dans les événements, il se joignit à la Résiatance sous le nom de Marras, dans le réseau organisant les passages entre la zone libre et la zone occupée. Après l'invasion de la zone libre en novembre 1942 par les ,Allemands, il continua à organiser le passage en Espagne d'aviateurs alliés tombés en France. Trois fois arrêté, il réussit à s'évader et termina la guerre dans les Forces Françaises Libres comme capitaine.

  1. SHAUL MIKIKES (1887-1970): Fils de rabbi Emanuel, un des plus grands maîtres de Torah à Djerba. Enseignant, copiste, traducteur de l'arabe, poète et scribe. Il fit sa alya en Israël dès la création de l'Etat et s'installa à Shélomi, en Haute Galilée où il mourut. Auteur d'un ouvrage de commenatires publié à Djerba en 1946: "Midracho chel chem".

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Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano Chriqui- Chemla

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CHEMLA

Nom patronymique d'origine arabe au sens difficile a preciser. David Corcos rapporte que dans 1’arabe dialectal des Musulmans de Sfax et du sud tunisien, le mot signifie ceinture, mais ajoute que les "Juifs de ces regions ne l’emploient jamais et appellent une ceinture "Hissaya". Ce ne fut donc au depart qu'un sobriquet moqueur designant les porteurs de ceinture, c'est-a-dire les Juifs: "voila venir les Bou Chemla !". Dans l'ancien temps en effet, les Juifs en terre d'Islam etaient tenus de se distinguer des fideles par des signes exterieurs qui ont varie avec les epoques. Un de ces signes a ete le port d'une ceinture distinctive appelee en arabe classique "Zounnar". Le Pacte d’Omar qui definit la condition des dhimmis en terre d'Islam stipule en effet: "Vous ceindrez le zounnar au־dessus de vos vetements, de votre manteau et de tout le reste, de maniere a ce qu’il soit bien visible". Devenu prenom masculin a Sfax et dans le sud tunisien, Chemla a ete ensuite adopte comme nom patronymique dans toute la Tunisie et en Algerie jusque dans l'Oranais. A rapprocher de l'autre patronyme qui a la meme origine: Bouskila, originellement Boushkila, le mot Shkila designant le signe distinctif impose aux Juifs du Maghreb par le souverain Almohade Al-Mansour en 1198. Toutefois le nom est egalement porte sous une forme tres proche par les musulmans, Shamla, mais avec un sens tout different: petite quantite, les dattes qui restent a glaner sur 1'arbre apres la cueillette. Demiere hypothese enfin, simla, robe, tunique en hebreu, le porteur de tunique. Au XXeme, siecle nom moyennment, repandu porte en Tunisie (Sfax, Sousse. Tunis, La Goulette, Mateur) et en Algerie (Constantine, Ain-Beida, Batna, Biskra, Bone, Guelma, Khenchela, Setif, Oran, Alger).

ABRAHAM: Erudit, partisan du mouvement de la Haskala. Joournaliste et publiciste a Timis, il fut le correspondant du journal hebraique de Varsovie "Hameguid" dans les axmees de 1862 a 1879, envoyant periodiquement des articles sur la vie juive a Tunis.

JOSEPH: Joumaliste et militant sioniste a Tunis, il fut un des redacteurs, avec Messaoud Maarek de l'hebdomadaire politique et litteraire en judeo-arabe "Al- hakika", la Verite qui parut de 1895 a 1896 et puis le redacteur de I'hebdomadaire sioniste d'informations generates en judeo- arabe "A1 Boustan" (le Jardin) qui parut de 1888 a 1906.

JACOB: Industriel ne a Tunis en 1858, il fut decore par le gouvemement tunisien pour sa contribution a lessor de l'industrie du carrelage qui avait ete negligee depuis des siecles malgre la richesse du pays en argile et son passe florissant dans ce domaine sous les Romains. Tres pieux malgre son ouverture au monde modeme, il proposa en vain aux rabbins d'adapter les tribunaux rabbiniques a l'epoque sans porter atteinte a l'essentiel. Polemiste et publiciste, il collabora a tous les joumaux en judeo-arabe de l'epoque. il fut avec Isaac Temam et Jacob Haik un des fondateurs et redacteur du bi-mensuel en judeo-arabe "Moucharrah el-Asadr" qui parut en 1886. Il fut nomme par Mordekhay Smadja redacteur de son journal Horya, la Liberte. Il traduisit en arabe dialectal le celebre roman d’Alexandre Dumas, "Le Comte de Monte Cristo", en sept vohunes parus en 1889. Sa mort en 1938 fut ressentie comme une grande perte par toute la communaute et c'est son grand ami Daniel Hagege qui fit son eloge funebre.

DAVID: Militant sioniste a Tunis dans les annees trente, il collabora avec Moi'se Madar à l'édition de l'hebdomadaire sioniste "La Nouvelle Aurore." qui parut entre 1936 et 1938.

SAUL: Publiciste, auteur d'un livre mettant en garde contre la désaffection de la pratique religieuse conséquence de la modernisation, paru à Tunis en 1938; "Le judaïsme tunisien se meurt. Un cri d'alarme".

GILBERT: Militant socialiste célèbre à Tunis entre les deux guerres. Surpris par la guerre à Paris, il fut dénoncé à la Guestapo et déporté à Dachau où il mourut.

 MARIUS: Fils de Victor, artisan bijoutier. Universitaire français né à la Goulette en Tunisie en 1927. Ingénieur chimiste et docteur es sciences physiques de l'Univer­sité de Paris. Professeur à l'Université de Paris VI. Auteur d'un grand ouvrage et de travaux sur la séparation des isotopes. Grand Prix de la Société Française de Chimie.

YVAN: Fils de Gaston, commerçant. Journaliste né en 1934 à Tunis. Licencié en grammaire de la Faculté d'Aix-en- Provence. Reporter à "La Presse" de Tunis jusqu’en 1957, date à laquelle il rejoignait l'agence de presse AFP, qu'il représenta à Genève, New York, Rio de Janeiro, Buenos Aires, Montevideo, Ascencion et Moscou. Directeur régional pour l'Asie et le Pacifique. Depuis 1990 au siège central de l'Agence à Paris.

CLAUDE: Fils d'Alfred. Ingénieur né à Tunis en 1937. Ingénieur de l'Ecole Nationale Supérieure d’Aéronautique de Paris. Spécialisé dans l'informatique, il fut tour à tour responsable du développement du logiciel de base à Bul puis à la Compagnie Internationale pour l'informa­tique et en 1988 directeur général d’Eurosoft Systems. Sur le plan des publications, il a collaboré à la rédaction du dictionnaire de l'Informatique.

ISABELLE: Journaliste française origi­naire de Tunisie, rédactrice de l'hebdomadaire parisien "Le Nouvel Observateur".

GAD GEORGES CHAHAR: Un des pionniers des mouvements de jeunesse sionistes en Tunisie. Entré dans la Hagana après la libération de Tunis en mai 1943, il fit partie du premier groupe de Haloutsim du mouvement des "Tséiré Sion" qui monta de Tunisie en 1945 et devait fonder le premier kiboutz nord-africain, Régavim, où il vit à ce jour. Après la fermeture des bureaux de l'immigration de l'Agence Juive au Maroc, après l'indépendance, il fut envoyé par le Mossad en 1957 pour organiser la alya clandestine par terre, par air et par mer. Il était le commandant de l'organisation Tizmoret au moment du naufrage du "Pisces" au large des côtes marocaines la nuit du 10 au 11 janvier 1961 avec ses 44 passagers clandestins. En hommage à sa contribution à la alya, il fut choisi en 1983 pour allumer un des douze flambeaux symboliques pour la fête de l'Indépendance sur le Mont Herzl à Jérusalem.

CHEMOUILLI

Nom patronymique d'origine hébraïque dérivé du prénom biblique théophore Chémouel qui a pour sens Dieu est son nom, illustré par le prophète qui assura le passage entre la période des Juges et celle de la royauté, oignant le permier roi Shaul. Ce prénom qui a toujours été popuplaire dans toutes les communautés juives y est devenu patronymique sous diverses formes: Samuel, Samueli, Shémouéli, Chemoul. Au XXème siècle, nom peu répandu, porté sous cette forme essentiellement en Algérie.

HENRY (1914-1981): Une des personnalités les plus remarquables de la communauté juive d'Algérie au XXème -siècle. Orphelin de guerre, pupille de la nation, il fut fait prisonnier au cours de la déroute de l'armée française en juin 1940. Détenu en Allemagne, il réussit à s'évader après trois ans de détention et à rejoindre les Forces Françaises Libres à Alger. Après avoir dirigé le lycée Maimonide créé à la période de Vichy, il enseigna la philoso­phie. Sur le plan communautaire, il fonda la revue Aleph qui ne connut pas la longévité et fut actif au Comité Juif Algérien d'Etudes Sociales, Il collabora à l'Information Juive de Jacques Lazarus dès sa fondation, collaborant épisodiquement aux revues juives "L'Arche", "Evidences", "Les Nouveaux Cahiers". Il publia en 1957 un opuscule "Journal d'un faux exode". Après l'indépendance de l'Algérie, il s'installa à Paris où il publia en 1976 son livre de souvenirs, devenu indispensable pour l'histoire contemporaine du judaïsme algérien "Une diaspora méconnue: les Juifs d'Algérie"

CHEMOUNI

Nom patronymique d'origine hébraïque, dérivé du prénom biblique Shimon qui signifie écouter donné par Léa au second fils qu'elle donna au patriarche Jacob pour remercier Dieu d’avoir écouté sa requête. Voir les deux autres patronymes dérivés du même prénom biblique: Benchimon et Bensamoun. Au XXème siècle, nom peu répandu, porté en Algérie et en Tunisie.

CHERQUI

Nom patronymique arabe, indicatif d'une origine, celui qui vient de l'Orient, c'est-à-dire du Moyen-Orient, le Maghreb étant dans la géographie de l'Islam, l'Occident, l’oriental. Son équivalent en hébreu, Mizrahi, était fort répandu dans les communautés orientales de Syrie, Liban, Iraq. Son équivalent espagnol Delevante était porté en Espagne, mais il indiquait celui qui venait de l’est de la péninsule ibérique. Le nom est attesté au Maroc dès le XVIème siècle, figurant sur la liste Tolédano des noms usuels à l’époque. Autres formes: Chriqui, Acherqui, Chouraqui, Cheraiki, Cherki. Au XXème siècle, nom moyennement répandu porté au Maroc (Marrakech, Mogador, Safi, Tanger, Fès, Sefrou, Meknès, Casablanca); en Algérie (Alger, Qran, Médéa, Mostaganem, Sétif) et en Tunisie(Tunis)

JOSEPH CHRIQUI DELEVANTE

Fils de Addi. Il avait été choisi en 1766 par le conseiller du sultan Sidi Mohamed Ben Abdallah, Samuel Sumbal parmi les dix premiers titulaires de la fonction de tajar- es-sultan, négociants du roi, chargés de donner vie au nouveau port construit à Mogador. Sumbal avait proposé de solliciter les grandes familles juives des différentes communautés qui avaient fait leurs preuves dans le négoce, de déléguer chacune un représentant à Mogador.

MORDEKHAY CHRIQUI: Surnommé Hazan Baka, rabbi Baka (Baka étant le dimuntif berbère de Mordekhay et non un titre de dérision – Beka, la punaise) comme l'ont cru certains chroniqueurs européens). Grand commerçant né à Safi et installé à Meknes.Proche du souverain Sidi Mohamed Ben Abdallah, il mena un train de vie somptueux, ignorant la réserve habituelle du dhimmi, montant à cheval, s'habillant d'habits écarlates, fumant le cigare. Il resta toutefois très proche de la communauté qu'il couvrit de sa protection et qui en a conservé un pieux souvenir. Lorsque le fils préféré du vieux souverain, le prince Moulay Lyazid, impatient de régner, monta quelques complots pour destituer son père, Mordekhay conseilla à Sidi Mohamed de l'éloigner et il l'envoya effectivement en exil, en pèlerinage à la Mecque. Malgré cela quand Moulay Lyazid monta sur le trône et qu'il adopta une politique de spoliation systématique des Juifs de son royaume, il lui offrit la vie sauve et de grands honneurs s'il acceptait de se convertir à l'islam. Avec un grand courage, il rejeta avec mérpris la propo­sition, prédisant publiquement au sultan une fin digne de ses méfaits. Condamné à être brûlé vif dans le four à chaux, il alla au martyr, dit la chronique, "la joie au coeur et en récitant des poèmes à la gloire de l’Etemel". Avertis à temps, sa femme et ses enfants avaient réussi à fuir et à cacher son trésor. Moulay Lyazid accusa les notables de Fès de l'avoir aidée et exigea d'eux de lui verser une somme égale au montant présumé du trésor qu'il comptait leur extorquer. Le grand poète de Meknès, rabbi David Hassine, pleura sa mort tragique et chanta ses vertus dans un de ses poèmes paru dans le recueil "Téhila ledavid": En lui cohabitaient la force, le courage et la sagesse, Devant lui tous les grands de la terre pliaient, Ses conseils dans les oreilles comme des clous s'enfonçaient, Béni soit l'Eternel qui un tel chef nous a envoyé, Un tel soutien à notre heure de détresse.

ADDI CHRIQUI-DELE VANTE : Grand commerçant international dans le port de Safi, seconde moitié du XVIIIème siècle. Le port qui desservait la capitale Marrakech fut supplanté à partir de 1766 par le nouveau port de Mogador consrtuit justement pour lui faire concurrence par le sultan Sidi Mohammed Ben Abdallah. Mais en 1817, son successeur, le sultan Moulay Slimane devait décider de relancer ses activités et en donna l'usage exclusif à ce négociant.

ABRAHAM: Négociant né à Mogador en 1815. Il fut parmi les pionniers de l'émi­gration marocaine vers les Etats-Unis. Il mourut à Boston en 1886.

DAVID CHRIQUI DELEVANTE – Grand commerçant à Tanger au début du XIXème siècle, surnommé Souiri pour rappeler sa ville d'origine, Essaouira, Mogador, qu'il avait quittée pour la capitale diplomatique.

JOSEPH CHRIQUI: Fils de David. Il succéda à son père dans les affaires. Il fut parallèlement interprète à la Légation de Suède puis à la Légation de France. Très impliqué dans les affaires de la commu­nauté, il joua un grand rôle dans la publicité donnée à l'affaire de Safi (voir détails sur l'affaire dans Allouche et Weizman) et offrit en vain au Consul général d'Espagne de donner en gage toute sa fortune pour retarder l'exécution de l'un des faux coupables jusqu'à l'arrivée de Sir Moses Montefiori qui était déjà en route pour le Maroc. Il devait mourir quelque temps plus tard avant l'arrivée à Tanger du grand philanthrope juif anglais en décembre 1863. Son fils Moses, consacra à sa mémoire une synagogue "Shéerit Yossef' qui fut inaugurée en grande pompe par Sir Moses Montefiori le 12 décembre 1863. Les revenus de la syna­gogue furent consacrés au financement de l’entretien de l'hôpital juif fondé dans la ville avec le soutien de Sir Moses Montefiori.

HAYIM: Un des grands commerçants de Mogador à la fin du siècle dernier. Il mit à profit ses bonnes relations avec les autorités pour soulager le sort de ses coreligionnaires qui lui vouaient une grande affection. En 1864, il décida de liquider ses affaires pour monter en Terre Sainte et il fut un des pionniers de la communauté juive de Jaffa, mais il mourut prématurément un an seulement après sa alya.

  1. SHIMON (1859-1930): Fils de Hayim, il n'avait que six ans à la mort de son illustre père. Sa mère le confia pour son éducation à rabbi Shélomo Bohbot de Rabat qui était un enseignant émérite à Jaffa. Quand sa mère se remaria quelques années plus tard avec le Richon-le-Sion, rabbi Abraham Achkénazi, ce dernier l'adopta comme son fils et l'aida à poursuivre ses études sacrées. A l'âge de 24 ans, en 1885, il fut envoyé pour la première fois comme émissaire au Maroc par la Yéchiva des Kabalistes, Bet-el. En 1896, il fut envoyé en mission une seconde fois au Maroc, cette fois par la Commu­nauté Maghrébine de Jérusalem. Quelques années plus tard, il partit en mission en Tunisie pour la communauté sépharade, puis en en Irak et en Inde. De 1922 à 1927, il dirigea la Communauté Maghrébine de Jérusalem et présida son tribunal jusqu'à sa mort en 1930. Son fils, Hayim, fut professeur d'arabe à Jérusalem puis au Caire.

DAVID CHRIQUI: Journaliste à Tanger à la fin du siècle dernier, auteur d'une histoire du présidés espagnol de Ceuta où il vécut longtemps: "Ceuta antigua y modema", Ceuta ancienne et moderne.

AIEZER CHERQUI Un des plus riches et des plus dévoués notables de la communauté d'Alger au vingtième siècle. Quand en application du Statut des Juifs, le Gouverneur Général de l'Algérie décréta l’éloignement de tous les enfants juifs des écoles françaises et que la communauté dût en catastrophe improviser un réseau scolaire juif, il fut chargé de recueillir les fonds nécessaires. Grâce aux fonds mis à leur disposition, le professeur Robert Brusnschwig et le Grand rabbin Eisenbeth réussirent en quelques mois à créer un réseau capable d'accueillir tous les enfants juifs d'âge scolaire. Il fonctionna de 1941 à 1943 selon les programmes de l'école laïque française et se saborda quand les Juifs d'Algérie furent restaurés dans leurs droits de citoyens français. En 1947, quand Alger devint la plaque tournante de l'organisation de l’immigration clandestine vers Isarel du Maroc et de Tunisie, il apporta aux émissaires de l'Agence Juive toute l'aide morale, logistique et fiancière nécessaire. Il fonda à cet effet l'Association d'Etudes, Aide et Assistance et sa maison à Alger était comme l'écrit le chef des émissaires, Ephraim Friedman-Benhaim comme "la maison du patriarche Abraham, grande ouverte à tous à tout moment". Il monta à Jérusalem en 1973 où il devait mourir en 1982.

HAIM: Fils Aiezer et militant sioniste à Alger. Pubiliciste, il collabora depuis sa création à "L'Inforrmation Juive". Installé en Israël, à Jérusalem..

CLAUDE: Fils de Aïzer, né à Alger en 1940. Ingénieur et éditeur. Ingénieur de l'Ecole Supérieure d’Electricité de Paris. Docteur es sciences physiques. Président- directeur des Editions du Seuil depuis 1989. Attaché de recherches au CNRS, il se déecouvrit un penchant pour l'édition et dès 1970 il fut directeur-adjoint de la Société d’Editions Scientifiques et de la Revue Recherche. Dès 1978, il devient directeur des revues Recherche et Histoire. Président, puis président d’honneur du Syndicat de la Presse périodique culturelle et scientifique depuis 1987. Président depuis 1979 de la Fédération Nationale de la presse d'information spécialisée.

YAACOB: Administrateur né à Casa­blanca, ancien responsable du projet conjoint au gouvernement et à l'Agence Juive, "Renouveau" pour la réhabilitation des quartiers défavorisés à Beer-Cheva. Monté en Israël au début des années soixante dans le cadre du mouvement de jeunesse pionnière Dror, il fut après plusieurs années au kliboutz délégué du mouvement à Toulouse.

CLAUDE: Un des premiers dirigeants de la communauté sépharade de Montréal et un des fondateurs de l'Ecole Maimonide dont il assura la présidence jusqu'en 1982.

Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano Chriqui- Chemla

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Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano Chetrit

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CHETBOUN

Nom patronymique d'origine arabe, indicatif d’une occupation: le bûcheron. Il semble bien que l'autre patronyme également répandu en Tunisie Sitbon en découle, mais nous l'étudierons séparément. Au XXème siècle, nom très peu répandu sous cette forme, porté en Tunisie (Tunis) et en Algérie, dans le Constantinois.

CHETRIT

Nom patronymique d'origine arabe, indicatif d'un trait de caractère: le brave, le courageux. Au Maroc le berceau de la famille est la région du Tafïlalet, à la lisière du Sahara, pays d’émigration par excellence vers le reste du Maroc et l'Algérie depuis le milieu du siècle dernier. C’est ainsi par exemple qu'à Sefrou les membres de cette famille étaient aussi connus connus comme El Filali, l'originaire du Tafïlalet. Ce patronyme est attesté au Maroc dès le XVIème siècle figurant sur la liste Tolédano des noms usuels à l'époque. Autres formes: Chitrit, Benchétrit. Au XXème siècle, nom particulièrement répandu, en particulier au Maroc où il figurait parmi les 15 patronymes les plus usuels (Tafïlalet, Erfoud, Ksar-Souk, Midelt, Meknès, Fès, Tanger, Sefrou, Tétouan, Larache, Casablanca) et également en Algérie (Oranais, Algérois, Constantine, Guelma, Sahara).

  1. MORDEKHAY: Rabbin au Tafïlalet au XVIIIème siècle, auteur d'un traité sur les règles de l'abattage rituel, "Likout diné Tréfot", resté manuscrit.
  2.  
  3. MAKHLOUF: Saint patron du petit villiage d'Agouraï au pied du Moyen Atlas berbère, près de Meknès, qui abritait j'usqu'au début du siècle dernier une impor­tante communauté juive. Malgré sa célé­brité, on connaît peu de détails sur sa vie, si ce n'est qu'il fut un des disciples du grand maître de la Halakha en son époque a Meknès, rabbi Moché Berdugo et qu'il mourut à Agouraï en 1735. Après sa mort, la détérioration des conditions de sécurité dans cette région berbère particulièrement lostile contraignit la petite communauté à a déserter et à se replier sur Meknès. Son tombeau qui était devenu un lieu de pèlerinage pour la communauté de Meknès -sa Hiloula se déroulant au cours des mi- têtes de Soucot- resta longtemps le seul estige de l'ancienne présence juive. Mais quand les conditions de sécurité s’améliorèrent à nouveau au début du XIXème siècle, la communauté se reforma et se chosit pour rabbin son petit-fils, qui boitait son nom, Rabbi Makhlouf. Il resta à son poste jusqu'en 1825, date à laquelle la maladie le contraignit à revenir à Meknès (où il devait mourir en 1832). Le massacre, au cours de la terrible année de famine de 1826, d'une caravane de 15 Juifs du village alors qu'ils se rendaient à Meknès, avec à leur tête le rabbin qui lui avait succédé, rabbi Moché Malka, marqua le signal définitif de la disparition de la commu­nauté qui se replia sur Meknès. Mais même après cet abandon, le tombeau continua à être visité quand les conditions de sécurité le permettaient. Les Musulmans également croyaient en ses pouvoirs de guérison et de nombreuses légendes se sont formées autour de ses miracles. Ainsi rabbi Yossef Messas rapporte le récit que lui a fait un notable musulman sur le miracle survenu en 1888 au sultan Moulay Hassan. La tribu berbère des Zian étant entrée en dissidence et refusant de payer les impôts, le sultan s'était porté sur son territoire à la tête d'une forte armée. Mais avant qu'il n'ait eu le temps d'organiser sa campagne, les cava­liers de la tribu connus pour leur bravoure, attaquèrent le camp royal et le mirent en déroute. Dans sa fuite précipitée, le sultan passa devant la tombe du saint et la gardienne musulmane l’invita à y passer la nuit pour implorer son intercession.

Le saint lui serait apparu en rêve lui conseillant de reprendre sans attendre l'offensive dès le lendemain matin. Ce que fit le sultan passant outre aux conseils de prudence de ses généraux qui insistaient sur la nécessité de regrouper d'abord les troupes. Il surprit les mutins tout occupés encore à célébrer leur victoire, et les tailla en pièces. Pour remercier le saint de son conseil judicieux, le sultan voulut conformément à la coutume musulmane lui construire une coupole comme à un marabout, mais ses conseillers juifs lui firent valoir qu'il serait plus agréable aux yeux du saint homme que cette somme soit distribuée aux pauvres de sa ville natale Meknès. Moulay Hassan, couronné par les chroniqueurs juifs de l'époque du titre de "Juste des Nations" pour son exceptionnelle bienveillance envers les enfants d’Israël, écouta leur conseil et offrit aux pauvres de la communauté un taureau, des sacs de farine et des jarres d'huile.

 

  1. ABRAHAM: Célèbre rabbin à Seffou au cours de la seconde moitié du XVIIIème siècle. Auteur d'un ouvrage de Responsa "Melel Léabraham", qui ne fut imprimé pour la première fois qu’en 1962, à Fès, par l'ancien Grand Rabbin de la ville, rabbi David Obadia.
  2.  
  3. MOCHE: Rabbin et poète à Meknès, seconde moitié du XIXème siècle. On lui doit de nombreuses chroniques sur la vie de sa communauté, notamment le récit du miracle qui donna lieu en 1862 à l’institution d'un petit Pourim, "Pourim del M'gaz", du nom du rebelle contre le sultan qui pour galvaniser ses partisans berbères leur avait promis le sac du mellah de la ville, et dont les troupes se débandèrent mystérieusement avant d'atteindre la ville.
  4.  
  5. MAKLOUF: Rabbin né au Tafilalet et qui monta à Tibériade au milieu du siècle dernier dans le cadre de la grande vague de Alya du Maroc vers la Terre Sainte. La communauté de cette petite ville Galilée, composée jusque là uniquement d'originaires de l' empire ottoman, changea de physionomie judéo-arabe maghrébin supplanta les rues le judéo-espagnol des Balkans. Rabbi Makhlouf fut élu Grand Rabbin de la ville et président du Tribunal Rabbinique.
  6.  
  7. ABRAHAM HAYIM ELIAHOU:

Célèbre enseignant à Sefrou, descendant d'une famille originaire du Tafilalet, comme une grande partie de la population de cette petite ville où la population juive était toujours majoritaire par rapport à la population musulmane. Il mourut lors de la grande épidémie de malaria qui en 1901- 1902 fit des milliers de victimes dans tout le nord du Maroc.

BECHOR (1895-1967): Fils de rabbi Makhlouf. Homme politique israélien né à Tibériade dans une famille originaire du Tafilalet. Comme la majorité des descendants d'originaires du Maroc, il fit ses études primaires à l'école de l'Alliance Israélite Universelle et y commença sa carrière comme instituteur, tout en militant en faveur des idées sionistes parmi la jeunesse sépaharde du vieux Yichouv, particulièrement pour l'adoption de l'hébreu moderne comme langue de tous les jours. Parallèlement, il étudia le Droit et put ainsi intégrer les services juridiques de la Police du Mandat britannique où il fit une brillante carrière, d'abord en Galilée, puis à Jérusalem et enfin à Tel-Aviv où il fut notamment chargé de la très délicate enquête sur l'assassinat du maire de Tel- Aviv et de l'étoile montante du Mapaï, Haim Arlozoroff. Militant de la plus grande intégration des Sépharades dans l'entreprise sioniste, il fut en 1925 parmi les fondateurs à Vienne de la Fédération Mondiale des Communautés Sépharades. Aux élections à la première Knesset, en 1949, il fut un des 5 députés que réussit à faire entrer la liste dite de l'Union Séphamde, qui ne devait pas tarder pas à se scinder. Estimant que le combat sépharade devait être mené au sein des partis sionistes et non dans un parti séparé, il rejoignit le groupe parlementaire du Mapaï qui lui confia le Ministère de la Police, étant ainsi le premier sépharade à accéder à la haute fonction de ministre. Il occupera ce poste sans discontinuité dans tous les ministères jusqu'en 1965, deux ans avant sa mort à Jérusalem.

CHEMAYA: Industriel, fondateur d’une fabrique de tabac à Tanger au début du XXème siècle. Tanger, la capitale diplomatique ouverte à l'influence étran­gère fut le fournisseur exclusif de tabac pour le reste du Maroc jusqu'à la procla­mation du monopole d’Etat sur les tabacs et alcools, sur le modèle de la France, après la signature de l'Acte d'Algésiras en 1906.

  1. SHELOMO: Rabbin à Meknès début de ce siècle. Quand en 1918 le maréchal Lyautey réforma par deux dahirs la justice rabbinique par la création dans les principales villes de tribunaux de trois membres payés par l'Etat, seule la communauté de Meknès ne voulut pas s'y soumettre en raison de la concurrence entre les 5 membres de son tribunal dont aucun ne voulut se désister. Pour faire pression sur eux, les autorités du Protectorat décidèrent que le tribunal de Meknès ne serait formé que d'un seul juge, et proposa aux cinq candidats d'occuper ce poste à tour de rôle chacun un an. Par égard à son âge, rabbi Shélomo fut le premier désigné, mais après son magistère, un accord devait intervenir entre les autres rabbins et Meknès fut à son tour dotée d'un tribunal de trois membres.

SAMUEL: Journaliste et écrivain né à Tanger à la fin du siècle dernier. Il immigra au début siècle en Argentine où il collabora au journal "El Provenir" sous le pseudonyme de Samtrit jusqu'à sa mort à la fleur de l'âge en 1935.

  1. AARON (1886-1967): Médecin célèbre né à Tétouan, il immigra encore enfant avec ses parents au Vénézuela. Spécialiste de la lèpre, il fut notamment directeur de l'Institut de lutte contre la Lèpre du Vénézuéla, puis de Colombie. Parallèlement à sa carrière scientifique, il fut un militant sioniste connu, président de la Fédération Sioniste de Colombie dans les années quarante.
  2. YEHOUDA (1913-1994): Fils de rabbi Makhlouf. Rabbin né au Tafilalet, il fut un des disciples de rabbi Israël Abehséra, Baba Salé, dans sa Yéchiba à Boudenib. En 1945 il fut nommé rabbin-délégué à Agadir. Il échappa par miracle au tremblement de terre qui détruisit totalement la ville en 1960, faisant 1500 victimes dans la seule population juive. Après une brève période comme rabbin-juge à Safi, il décida en 1962 de monter en Israël. Nommé rabbi d'Afoula, il assuma cette fonction 22 ans avant de prendre sa retraite à Jérusalem où il termina la rédaction de ses deux livres de Halakha: "Minhat Yéhouda" et "Kol Yéhouda". Pour le premier anniversaire de sa disparition, en 1995 a été fondé un Comité Public, présidé Sam Ben C'hétrit, "Devar Yéhouda", pour la diffusion et l'enseignement de sa pensée et l'édition de ses livres.

PROF. SHIMON: Universitaire et homme politique israélien. Ancien ministre de l'Economie et de l'intégration sociale du gouvernement Rabin de 1992 à 1994, puis ministre des Cultes jusqu’aux élections de 1996. Il ne réussit pas à se faire élire aux primaires de son parti pour la 13ème Knesset et retrouva son poste de professeur de Droit Public à l'Université Hébraïque de Jérusalem, tout en poursuivant une activité politque au sein du parti travailliste. Elu à la Knesset pour la première fois en 1988 parmi les nouveaux espoirs du Parti Travailliste, il s'était distingué au sein du parti par ses thèses sur la nécessité d'une "discrimination positive" à l’ américaine, en faveur des sépharades pour accélérer leur promotion sociale. Il fut à la fin des années 1970 parmi les fondateurs du mouvement d'intellectuels d'origine nord-africaine, Beyahad. Né à Erfoud, dans le Tafilalet en 1945, il monta en Israël avec sa famille à l'âge de 4 ans. Brillant élève dans une école religieuse, il fut à 15 ans le plus jeune lauréat du Concours Biblique Mondial. Après des études à l’Université de Jérusalem et un doctorat aux Etats-Unis, il intégra le corps professoral de l'Université Hébaraïque comme professeur de droit public et constitutionnel. Auteur d'un ouvrage sur l'influence des juges dans la vie israélienne "Judges on trial" et éditeur d'un recueil de textes sur l'épopée et les difficultés de l'intégration de la Alya marocaine dans les années cinquante, "Haloutsim bedim'a", "Pionniers avec une larme" (Tel-Aviv, 1991).

MEIR: Administrateur et homme politique israélien, chef du groupe parlementaire du Likoud et président depuis 1996 de la coalition parlementaire qui soutient le gouvernement Nétanyahou. Député du Likoud à la Knesset depuis 1984, avec une interruption de 4 ans entre 1988 et 1992 au cours desquelles il remplit les fonctions de Trésorier de l'Agence Juive et de l'Organisation Sioniste Mondiale. Connu pour son franc-parler et ses positions modérées dans le conflit israélo-arabe, il commença sa carrière publique comme maire de la petite ville de Yavné. Sa gestion exemplaire, notamment en matière de promotion de l’éducation à ses yeux la clef du développement et de la promotion, lui ouvrit les portes de la Knesset. Né à Ksar-Souk, dans le Tafilalet, il monta encore enfant avec ses parents à la fin des années quarante et fut dirigé sur la maabara de Yavné. Un des fondateurs et des dirigeants du Rassemblement Mondial du Judaïsme Marocain.

YOSSEF: Universitaire israélien, doyen de la Faculté des Lettres de Haïfa, titulaire de la chaire d'études du judaïsme sépharade et professeur de linguistique judéo-arabe et de socio-linguistique de l'hébreu moderne à l'Université de Haïfa. Il a organisé en mars 1997 le premier séminaire international consacré à une communauté juive marocaine, la commu­nauté de Meknès. Docteur en linguistique de l'Université de Paris, il a publié un livre et de très nombreuses études sur la poésie juive marocaine. Fondateur de la seule chaire universitaire d'enseignement de l'arabe dialectal marocain en Israël et de la troupe de musique marocaine traditionelle, "Tsfon-maarav", formée d'étudiants de l'Université de Haïfa qui se produit régulièrement en Israël et à l'étranger. Né à Taroudant, dans le Sous, en 1941, ancien élève de l'Ecole Normale Hébraïque de Casablanca, il monta en Israël en 1964 dans le cadre du premier groupe du mouvement d'étudiants Oded qui avait pour vocation la Alya d'universitaires et étudiants d'origine nord-africaine.

RAPHY : Peintre et professeur de dessin à l'Ecole des Beaux arts de Montréal. Né à Meknès, il a entre autres, illustré le livre d'André Elbaz, "Contes des juifs sépahardes du Canada".

MEIR NAHORAI: Administrateur et écrivain israélien né à Gouréma, dans le Tafilalet, il a publié à Tel-Aviv en 1983 une autobiographie en hébreu "Emat Hahalom", "La peur du rêve", retraçant son enfance au Maroc, dans le petit village de Gouréma, les avatars de la politique de "sélection" pratiquée par l’Agence Juive dans la alya marocaine au début des années cinquante et le choc de l’intégration en Israël; et un recueil de poèmes "Hassadémin hamidbar" (Tel-Aviv, 1987).

 SAM: Educateur, administrateur et homme public israélien originaire du Tafilalet. Directeur de l'Association pour l'amélio­ration de l’Habitat de la région de Jérusalem. Après des études à la Yéchiba Habad à Meknès, il enseigna le Talmud et les matières juives à Marrakech avant de monter en Israël en 1961. Fondateur en 1979 du mouvement d'intellectuels d'origine nord-africaine, Beyahad, qui prône l'intégration sans complexes des sépharades dans la société israélienne et la diffusion de la culture et du patrimoine du judaïsme nord-africain. Dans ce cadre son mouvement a réussi à faire de la fête de la Mimouna au départ typique des Juifs du Maroc, une seconde fête nationale en Israël, en l'adaptant aux conditions locales. Avec une grande ténacité, il a oeuvré dans l'ombre tant auprès des autorités israé­liennes que marocaines, pendant des années pour le rapatriement des corps des naufragés du "Pisces" – cette frêle embarcation emportant des immigrants landestins, qui coula au large des côtes marocaines en janvier 1961. Ce combat evait aboutir avec l'aide du gouvernement israélien, des dirigeants du judaïsme marocain et de nombreuses autres personnalités, en décembre 1992 au raptriement des 22 orps des naufragés qui avaient été repéchés par les autorités marocaines et enterrés à Al-Huceima. Grâce au geste humanitaire du roi du Maroc Hassan II, leurs restes reposent aujourd'hui dans le panthéon national du Mont Herzl, à Jérusalem. Après sa démission de la présidence de Beyahad, il a fondé une nouvelle association pour la perpétuation de la mémoire des naufragés du "Pisces- Egoz".

MOCHE: Educateur et administrateur israélien originaire du Tafilalet, chef du service de l’emploi à la municipalité de Bat Yam. Un des fondateurs du mouvement Zehavi pour la défense des droits des familles nombreuses. Un des fondateurs du mouvement d'intellectuels Beyahad et son ancien représentant dans la région de Tel- Aviv.

SAMY CHALOM: Jeune éducateur israélien d'origine marocaine, né en 1961. Un des plus ardents défenseurs de l'insertion de la connaissance du patri­moine sépharade dans le système éducatif israélien. Son originalité est de plaider pour la séparation au nom de l’intégration. C'est au nom de cette idéologie qu’il a fondé, au milieu des annés 1990, avec le soutien du Ministère de l'Education la première école se donnant pour complé­ment de programme l'étude de la tradition sépharade, "Kedma". Une seconde école a ensuite été créée sur ces bases à Jéruslam mais le succès de cette expérience reste encore problématique faute d'un soutien suffisant des parents. 

Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano Chetrit

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Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano. Choukroun.

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CHICHE

Nom patronymique vraissemblablement d'origine hébraïque, altération phonétique de chaïch, le marbre, blanc comme le marbre, au figuré immaculé, pur, à rapprocher du berbère Melloul et de l'espagnol Albo. Toutefois l'origine arabe est aussi plausible désignant une forme de poignard. Ismael Hamet ajoute que le diminutif de sa forme féminine, Chouicha pourrait être à l'origine du patronyme Suissa. Autre forme: Chisse. Au XXème siècle, nom peu répandu, porté en Algérie (Alger, Tlemcen, Oran, Blida, Miliana, Mascara, Ghardaïa, Orléansville, Saïda) et en Tunisie (Tunis, Nabeul).

 

ANDRE (1913-1983): Mititant communautaire né à Alger. Il fut en 1947 parmi les fondateurs du réseau d'écoles profes­sionnelles de l'ORT en Algérie et ensuite son président. Installé à Paris après l'indépendance de l'Algérie, il devait y mourir en 1983.

FELIX: Publiciste et journaliste à Tunis dans les années quarante et cinquante. Il fut à partir de 1948 rédacteur de l'hebdo­madaire politique et d'informations, "L'Echo de Tunis". En 1946 il publia à Tunis en hommage aux Juifs tunisiens ayant combattu dans l'armée française: "Le Livre d'or et de sang: les Juifs au combat, citations 1939-45. de Bir Hakeim au Rhin et au Danube".

DAVID: Vice-président de la communauté de Nabeul au début des années cinquante.

CHIKLY

Nom patronymique d'origine vraissemblement italo-arabe, indicatif d’une origine: l'ile de Chikly au large de Tunis sur laquelle Charles Quint avait fait construire un château fortifié qui porte ce nom. Il est probable que ce nom avait été donné initialement par des navigateurs italiens en souvenir de la ville de Scicli dans la province de Cyracuse en Sicile. Autre orthographe: Chekly, Au XXème siècle, nom très peu répandu, porté en Tunisie, à Trais et Sousse; et dans le Constantinois, en Algérie (Bône, Guelma).

GILBERT: Auteur d'une saga sur sa famille à Tunis, du XIXème siècle à nos jours, les Chikly et les Ammanou, "Tramway pour Bab Soueika", pour montrer que ce ne sont pas seulement les familles illustres qui ont une saga qui remonte au loin dans le passé.

CHIQUITO

Nom patronymique d'origine espagnole, indicatif d'une particularité physique, l'homme de petite taille, diminutif affecteux de chico, le petit. A rapprocher du patronyme espagnol qui a le même sens Betito, de l'hébreu Katan et de l'arabe Sghir. Au XXème siècle, nom très peu répandu, porté uniquement en Algérie, dans l'Algérois.

CHKERAN

Nom patronymique d'origine arabe, indicatif d'une particularité physique, diminutif de Choukrora, le petit blond, le petit rouquin. Au XXème siècle, nom extrêmement rare, porté, semble-t-il par une seule famille à Meknès, Maroc.

HAYIM CHIRAN: Homme de théâtre et de télévision israélien, directeur de l'ensemble culturel inter-disciplinaire de musique et de danse "inbal" à Tel-Aviv. Ancien directeur des programmes à la Télévision Educative Israélienne. Né à Meknès, il monta en Israël après des études de théâtre et de cinéma à Paris. Entré comme metteur en scène à la Télévision Educative dès sa fondation, il réalisa de très nombreux programmes et produisit trois grands films de télévision consacrés au judaïsme nors-africain: "Retour aux sources", un des premiers films sur le retour en pèlerinage des originaires du Maroc dans leur pays de naissance; une adaptation de "La statue de sel" d'Albert Memmi qui lui valut le prix de l'UNESCO; une biographie du plus grand poète hébraïque du Maroc, rabbi David Hassine, "Téhila ledavid" et un film sur la communautée juive de Mogador. Militant sépharade, il cherche à travers son oeuvre à revaloriser leur patrimoine culturel.

CHOUKROUN

Nom patronymique d'origine arabe, indicatif d'une caractéristique physique, augmentatif de Sghr, blond, rouquin, textuellement le très rouquin. A rapprocher du patronyme de formation identique Alachkar, déformation de Alz'ar, le blond, que nous avons déjà étudié. Selon une autre explication plus savante qui était connue des seuls Musulmans parmi lesquels ce nom est très répandu, ce serait un titre de noblesse attribué aux soldats qui avaient traversé le Rhône lors de l'avance musulmane en France jusqu'à la défaite de Poitiers en 732 (Chok-Rhône, celui qui a traversé le fleuve Rhône). Citons pour mémoire l’explication avancée par rabbi Yossef Messas et basée sur le défaut de prononciation des Juifs marocains qui fait ressembler ce patronyme au substantif "skron" qui veut dire le verrou. Au Maroc, le berceau de la famille est dans le nord, dans la chaîne du Rif, dans la région d'El Khylia. Le nom était déjà porté par des familles juives en Espagne où il est attesté à partir du XTVeme siècle, et au Maroc au XVIème siècle, figurant sur la liste Tolédano des patronymes usuels à l'époque, précédé de l'indice de filiation: Benchoukroun. Autres formes: Chokron, Sekroun, Chocron, Benchocron, Benchekroun. Au XXème siècle, nom moyennement répandu, porté au Maroc (Tétouan, Mélilia, Larache, El-Ksar, Tanger, Debdou, Oujda, Fès, Mélilia, Berkane, Casablanca); et en Algérie (Tlemcen, Sidi Bel-Abès, Alger, Blida, Boghari).

  1. ABRAHAM: Saint dont on ignore la biogrpahie et dont le tombeau à Oujda était revendiqué à la fois par les Juifs et les Musulmans. Pour les Juifs il était identifié comme rabbi Abraham Benchekroun et pour les Musulmans comme Sidi Mohamed Benchocron, descendant du célèbre marabout Mohamed Ben Attia mort en 1389. Etant donné son caractère sacré pour les Musulmans, son accès était interdit officiellement aux pèlerins juifs qui s'y rendaient en secret (I. Voinot: Pèlerinages judéo-musulmans au Maroc).
  2. YOSSEF: Rabbin à Fès au XViiième siècle. Rabbi Yossef Benaïm cite dans son dictionnaire biographique des rabbins marocains, "Malké Rabanan", un arrêt signé de lui en 1732.
  3. TSION: Rabbin connu à Constantine à la fin du siècle dernier, de la seconde génération des rabbins confrontés aux effets de la modernisation et de la laïcisation apportées par l'occupation française.

YAHYA: Notable de la communauté du presides espganol de Mélilia. Il édifia en 1883 la première synagogue de cette enclave espagnole au nord du Maroc qui porte encore à ce jour le nom de la famille, slat Chocron.

VEUVE L.: Editeur du bi-mensuel "Message d'Israël" à Alger en 1946.

  1. AHARON (1855-1948): Fils de rabbi Moché. Rabbin juge et commerçant né à Mélila. Il s'installa avec sa famille à Oujda en 1912. Son fils, Yéhiel qui fit ses études rabbiniques à Debdou, a publié à Jérusalem des documents sur l'histoire de sa famille ainsi que la correspondance de son père.
  2.  
  3. ISAAC M.: Rabbin né en Algérie. Après des études au Séminaire Israélite de France, il fut nommé rabbin à Oran, puis à Miliana, et ensuite directeur des études hébraïques à Alger. Il fut promu en 1948 grand rabbin de la ville de Dijon, en France, poste qu'il occupa jusqu'à sa mort en 1952. Auteur d'un manuel d'études religieuses pour les jeunes, paru en 1944, d'une introduction à la Bible et d'un livre devenu classique, intitulé "Le Judaïsme: doctine et principes" (1951).
  4.  
  5. JOSEPH: Rabbin de Médéa, en Algérie tué en avril 1956 sur les marches de la synagogue par les terroristes du F.L.N. dans le cadre de leur lutte pour l'indépendance. Son assassinat renforça les Juifs algériens dans leur opposition à l'indépendance et leur option pour l'Algérie française.

CHARLES: Professeur d'administration publique à l'Université de Montréal, né à Fès. Membre de l’Association des Professeurs américains et canadiens pour la Paix au Moyen-Orient. Il fut au début des années soixante un des fondateurs de la communauté sépharade de Montréal dont il fut un des premiers présidents.

  1. CHARLES: Médecin et militant communautaire à Montréal, originaire de Casablanca. Un des premiers dirigeants de la communauté sépaharade de Montréal. Président de la Fédération sépharade du Canada qu'il représenta aux 29ème et 30ème Congrès Sionistes de Jérusalem.

HENRY: Plus connu sous son nom de plume de Henry Leconte. Fils d'Ephraïm Julien Choukroun. Journaliste et directeur de journal, né à Sidi Bel-Abès en 1906. Après avoir enseigné la philosophie à Tlemcen et à Paris, il entra en 1936 dans le quotidien "Oran Républicain” et fit ensuite une brillante carrière dans la presse parisienne et comme correspondant de l'agence France-Presse. Correpondant de guerre sur le front d'Italie en 1943-44. Président puis président d'honneur de l'Association des journalistes européens. Auteur d'un grand nombre de livres, dont "Les Cavaliers du ciel"; "André Moynet pilote de combat"; "Le Voleur de Dieu"; "L'homme qui acheta le trône du monde".

  1. AVNER-ISRAEL: Rabbin né à Fès, directeur de la Yéchiva sépharade "Ner Israël" à Bné Berak. C’est sur son initiative que fut imprimé pour la première le livre de rabbi Eliahou Sarfaty "Kol Eliahou:, commentaires de la Torah (Jérusalem 1995).

Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano. Choukroun.

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Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano. Chouraqui.

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CHOURAQUI

Nom patronymique d'origine arabe, celui qui vient du Charq, l'Orient, l'oriental, synonyme de Cherqui, de l'espagnol Delevante et de l'hébreu Mizrahi. Au XXème siècle, nom peu répandu, porté essentiellement sous cette forme, en Algérie (Oran, Tlemcen, Aïn Temouchent, Alger, Blida, Médéa, Constantine, Ghardaïa); et également en Tunisie (Tunis).

  1. SHEMOUEL: Disciple de rabbi Itshak Barcherchet, le grand rénovateur des études talmudiques à Alger, au début du XVème. L'illustre maître n'acceptait dans sa grande Yéchiba que les candidats les plus doués. On raconte que l'un de candidats, ce Shémouel Chouraqui, alors âgé que quatorze ans avait demandé à être accepté dans la yéchiba mais n'avait pas réussit l'examen de passage. Il se jeta alors aux pieds du grand maître, le suppliant de lui donner quand même sa chance et de l'admettre provisoirement, quitte à le renvoyer ensuite s'il n'était pas de niveau. Rabbi Itshak finit par être attendri par son insistance et l'admit conditionnellement, et au bout de quelques mois, le jeune talmid hakham se révéla comme un des meilleurs éléments de la yéchiba. Il devait plus tard se révéler comme un des grands talmudistes de sa génération.
  2.  
  3. SAADIA: Fils de rabbi Eliahou. Le plus illustre des représentants de cette famille. Rabbin, poète et mathématcien à Tlemcen au XVIIème siècle, contemporain du grand rabbin de Fès rabbi Yaacob Abensour avec qui il était en correspon­dance. Son traité de mathémathiques, en hébreu, est resté si actuel qu'il a été ré-édité par lUniversité Hébraïque de Jérusalem en 1973. Plusieurs de ses poèmes ont été intégrés dans le chant des Bakachot des Juifs d’Algérie et du Maroc.
  4. ELIAHOU: Célèbre rabbin mort à Tlemcen en 1706. Auteur d'un recueil de poèmes "Shir hadach" et de commentaires mystiques sur le livre des Psaumes.
  5. ITSHAK: Un des grands rabbins d'Alger au milieu du XVIIIème siècle. Il accueillit à Alger en 1737, avec rabbi : ehouda Ayache, rabbi Hayim Benattar : qui venait de quitter le Maroc pour monter en Terre Sainte et tous les deux lui accordèrent des préfaces- recomman­dations pour le livre qui allait faire sa Loire universelle, ״Or Hayim", commentaire mystique de la Torah.

ANDRE NATHAN: Fils d’Isaac Chouraqui, négociant. Homme de lettres, né Aïn Témouchent en 1917. Docteur en Droit de l'Université de Paris, il entama une carrière d'avocat au barreau d'Oran. Il fut ensuite à Paris secrétaire-général adjoint puis de 1953 à 1978, Délégué permanent de l'Alliance Israélite Univer­selle. En 1961, avant le grand exode des Juifs algériens, il donna l’exemple en montant en Israël. Délégué de l'Alliance en Israël, il assuma à titre bénévole la fonction de Conseiller du Premier Ministre David Ben-Gourion pour l'intégration, chargé de proposer des solutions au problème des disparités entre les communautés achkénazes et sépharades, révélé au grand jour par les émeutes de Wadi Salib en 1959. En 1965, il fut élu maire-ajoint de Jéruslem aux côtés de Teddy Kollek. Il oeuvre en faveur de l’oecuménisme et pour le rapprochement des fils d’Abraham. Il fut le premier israélien officiellement reçu par le roi du Maroc, Hassan, dont il connaît bien le pays qu'il a visité à plusieurs reprises en sa qualité de Délégué de l'Alliance. Pionnier des études historiques sur les Juifs d'Afrique du Nord, il a ensuite élargi son champ à l'ensemble du judaïsme. Auteur fécond, il a publié notamment: "La création de l'Etat d'Israël", thèse de doctorat en droit;. "L'Etat d'Isarel"; "La condition juridique de l'Israélite Maro­cain", avec une préface de René Cassin (Paris, 1950); "Marche vers l'Occident; les Juifs d'Afrique du Nord (Paris, 1952); "Theodor Herzl, inventeur de l'Etat d’Israël", (Paris, 1960); "L’Alliance Israélite Universelle et la Renaissance juive contemporaine, 1860-1960" (Paris, 1965); "Les Juifs, dialogue avec le cardinal Daniélou" (Paris, 1966); "Lettre à un ami arabe", (Paris, 1969); "Lettre à un ami chrétien" (Paris, 1971); "La Saga des Juifs en Afrique du Nord" (1972); "Vivre pour Jérusalem", (Paris, 1973); "Ce que je crois" (1979); "Jérusalem, une métropole spirituelle" (1981); "Histore des Juifs en Afrique du Nord" (édition refondue, 1985); "Histoire du judaïsme" (1990): "La vie quotidienne des hommes de la Bible"; "La pensée juive"; "Jésus et Paul, fils d'Israël" (Genève, 1988). Il a entrepris une nouvelle traduction originale de la Bible en 26 volumes, ouvrage couronné par l'Académie Française, Médaille d'Or de la Langue française, 1974-77; "L'univers de la Bible" en dix volumes; Il a publié en 1990 sa biographie sous le tire emprunté au livre des Proverbes: "L'amour fort comme la mort"; et de nouveau en 1996 un livre intitulé "Jérusalem".

CLAUDE: Fils de Maurice Chouraqui, assureur. Assureur français né à Alger en 1937. Docteur en sciences Economiques de l'Université de Paris. Directeur de la Sciété d’assurances Intercontinentale. Très actif dans la vie communautaire, il a été Trésorier du Fonds Social Juif Unifié et Membre du Comité restrient de l'Appel Juif Unifié. Il a publié en 1962 un livre intitulé: "L'Assurance du point de vue économique dans les pays en voie de développement".

ELIE: Fils de Jacques Chouraqui, négo­ciant en vins. Réalisateur de films né à Paris en 1950 dans une famille originaire d'Algérie. Parmi les films qu'il a réalisés: "Mon premier amour" (1978); "Une page d'amour" (1980); "Qu'est-ce qui fait courir David?" (1983); "Paroles et musique" (1985); "Moon on fire" (1987); "Miss Missouri" (1989).

BERNARD: Publiciste et homme de lettres né à Oran en 1943. Depuis quelques années il partage son temps entre Paris et le projet de Mitspé Ramon dans le Neguev. Auteur d’un grand nombre d'ouvrages sur les relations entre le judaïsme et le christianisme, dont "Jésus, le rabbin de Nazaret", "Les Evangiles du XXème siècle", "Le scandale juif ou la subsversion de la mort. Itinéraire de ma libération"( Paris, 1979), "Qui est goy ? ou du Pharaon à Hitler" (1991). Directeur de la collection "Vers la Seconde Alliance" aux Editions de la Différence.

CITANOVA

Nom patronymique d'origine italienne, ethnique de la bourgade italienne du même nom, qui a pour sens la nouvelle ville. Au XXème siècle, nom extrêmement rare, porté uniquement dans la communauté portugaise de Tunisie (Tunis, Sousse).

Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano. Chouraqui.

Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano.Cohen

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COHEN

Nom patronymique d'origine hébraïque ayant pour sens prêtre au service de Dieu. Originellement les Hébreux n'avaient pas besoin d'intermédiaires pour servir l'Etemel et chacun lui offrait sur l'autel son sacrifice, ce service étant généralement réservé aux fils aînés. Mais après l’épisode de l'adoration du Veau d'Or au cours de l'Exode dans le désert du Sinaï, cette fonction fut réservée à la tribu de Lévy qui seule n'avait pas participé au culte du Veau d'Or. "Moi-même en effet j'ai pris les Lévites d'entre les enfants d'Israël en échange de tous les premiers-nés, prémices de la maternité d'Israël" (Les Nombres 3,12). Moïse, de la tribu des Lévy, divisa le service divin entre les Lévites et son frère Aaron et ses enfants qui reçurent de le titre de Cohanim. Au temps du Temple, les Cohanim étaient distincts des enfants d'Israël, portaient des habits spéciaux et vivaient uniquement des sacrifices et des prémices que leur apportaient les gens du peuple d'Israël. Elus pour le service divin, les Cohanim devaient être parfaits et donner l'exemple. Ils devaient donc veiller à la pureté de leur caste et ne pas la profaner par des mésalliances matrimoniales comme le commande le Pentateuque, au risque de perdre leur privilège de prêtrise en cas d'infraction: "Nul ne doit se souiller par le cadavre d'un de ses concitoyen, si ce n'est ses parents les plus proches: pour sa mère ou son père, pour son fils ou sa fille, ou pour son frère; pour sa soeur aussi, si elle est vierge, habitant près de lui, et n'a pas encore appartenu à un homme, pour elle il peut se souiller. Il ne doit pas se rendre impur lui qui est maître parmi les siens, de manière à s'avilir, ils ne feront point de tonsure à leur tête, ne raseront point l'extrémité de leur barbe, et ne pratiqueront point l'incision sur leur chair. Ils doivent rester saints pour l'Etemel et ne pas profaner le nom de leur Dieu … Une femme prostituée ou déshonorée, ils n'épouseront point; une femme répudiée par son mari ils n'épouseront point, car le pontife est consacré à son Dieu.." (Le Lévitique, 21, 1-7). Après la destruction du Temple et malgré la cessation du service des sacrifices, les Cohanim sont restés absolument tenus à ces interdictions et ceux qui les enfreignent deviennent "Halalim" et perdent leur titre qui est aussi leur nom, comme il est arrivé selon la tradition au Maghreb aux familles Elhadad, Kessous, Abetan. Ils ont conservé quelques privilèges qui les distinguent du commun d'Israël: être appelés les premiers à la lecture de la Torah, bénir les fidèles à la synagogue, racheter à leurs parents les premiers-nés mâles; il est interdit de leur donner des ordres ou de les prendre comme serviteurs. Depuis le temps du Roi David, le Grand Prêtre, Cohen Hagadol, a toujours été un descendant direct de Sadok Hacohen.

Mais avec la rédaction du Talmud, la science l'a emporté sur le sang, l'érudition sur la naissance, et la direction de la vie spirituelle est passée des prêtres, Cohanim, aux Guéonim, les savants, les érudits, puis aux rabbins. Faute d'avoir scrupuleusement tenu à jour leurs arbres généalogiques, les porteurs de ce nom aujourd'hui ne peuvent prouver avec une certitude absolue leur descendance directe de Aharon Hacohen. Ce fut justement un des reproches faits au XVIIIème siècle par les Karaïtes aux rabbiniques: de ne pas avoir veillé à la pureté de la lignée. Mais ce reproche a été rejeté: aux yeux de la tradition rabbinique, les Cohen d'aujourd’hui sont bien les authentiques descendants du Grand Prêtre Aharon et les détenteurs de ses prérogatives de prêtrise. Ce patronyme est le plus répandu dans toutes les communautés juives à travers le monde. En Afrique du Nord, il y avait deux villes peuplées essentiellement de Cohanim, Djerba en Tunisie et Debdou au Maroc. A Djerba, les Cohen habitaient la Hara Sghira et avaient pour tradition d'avoir apporté avec eux un fragment de la porte du Premier Temple de Jérusalem, d'où le nom de leur quartier: "Dighet" équivalent de l'hébreu "delet", la porte. C'est autour de cette relique qu'aurait été fondée la célèbre synagogue de Djerba, la "Ghriba". Il existe même à Fès des Al Kohen musulmans, sans doute descendants de familles juives converties à l'islam, comme d'autres grandes familles de la capitale intellectuelle du Maroc. Au XXème siècle, le nom patronymique le plus répandu dans les trois pays du Maghreb, porté dans toutes les communautés. Pour distinguer entre elles les très nombreuses familles Cohen, on prit l'habitude de leur adjoindre un appelatif supplémentaire. Les plus célèbres au Maroc sont: Scali, De Lara, Maknin, Khallas, Olivera; en Algérie: Solal, Bencheton, Préciosa. En Tunisie: Elhadad, Hadria, Boulakia, Solal, Tanugi, Codar, Larok, Roch, Zardi, Ganouna. Il est difficile vu leur très grand nombre de citer tous les rabbins et personnalités qui se sont distinguées parmi les porteurs de ce patronyme, et nous essayerons de n'en retenir, forcément arbitrairement, que les plus marquants.

DEHYIA HACAHENA: Légendaire reine juive de la puissante confrérie des Berbères des Djeraoua, de la tribu des Zenata, convertie au judaïsme, qui arrêta un moment la conquête arabe. Après avoir conquis sans coup férir l'ensemble du Maghreb sous la conduite du général Oqba Ben Nafa, les Arabes furent rejetés vers la Cyrénaïque par le prince chrétien Koceila. Ils revinrent à l'assaut sous la conduite du génral Hassan Ben Naaman qui mit en déroute les armées de Koceila qui est tué en 688. Un dernier obstacle restait sur son chemin: la puissante reine berbère de presque l'ensemble du Maghreb, adossée sur la chaîne de montagnes des Aurès. Elle lui infligea une défaite sanglante vers l'an 687, l'obligeant à battre en retraite. Pour enlever aux Arabes toute envie de revenir, elle adopta la politique de la terre brûlée, ordonna de détruire toute la zone fertile des plaines le long des côtes, ses villes et ses plantations s'attirant ainsi la haine de leurs Mais cinq ans plus tard, ayant reçu des renforts, Hassan repartit à l'assaut. Avant la bataille finale, elle prédit sa défaite, conseilla à ses enfants de se convertir à l'islam, mais ne renonça pas elle au combat final au cours duquel elle fut tuée, au lieu dit Bir El Kahéna. Certains historiens contemporains toutefois mettent en doute non l'historicité de ce récit, mais la judéité de la Kahéna en se basant sur son conseil à ses enfants de se convertir à la religion des vainqueurs, établissant au moins que son opposition aux Arabes n'avait pas un caractère religieux mais reflétait la volonté de liberté et d'indépendance des Berbères.

Les noms de famille juifs d'Afrique du nord des origines a nos jours – Joseph Toledano.Cohen

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