Prese. juive Tafilalet- Brit 31


Rabbin Professeur Moché Amar La personnalité du Grand Rabbin Yaacov Abehssera

ברית 31 - תאפילאלת 001Sa piété, sa vie d'ascète et son assiduité

Malgré ses nombreuses préoccupations et ses occupations en tant que Rabbin et guide de la communauté, Rabbi Yaacov a continué à persévérer dans ses études et "sa bouche ne cessait jamais de répéter son étude.  ( פסיק פומיה מגירסא (לא

De chaque instant libre de son activité communautaire, il en profitait pour étudier la Thora. Ce qu'il n'avait pas eu le temps d'apprendre pendant la journée, il le complétait pendant la nuit.

Il était versé dans la Michna et en savait par cœur tous les six volumes. Tous les soirs, il apprenait 18) versets de Michna 18  sont les lettres de Haï qui veut dire : vivant). Comme l'ont préconisé les kabbalistes, le mot Michna משנה comporte les mêmes lettres que le mot Nechama נשמה et il n'existe rien qui puisse purifier l'âme plus que l'étude de la Michna. Après cette étude, il apprenait le Choulkhan Aroukh et ses "accessoires", ses commentaires jusqu'à près de minuit. Un peu avant minuit, il somnolait quelques instants. Après minuit, il se levait pour dire le Tikoun (la réparation) de minuit et de se lamenter pour la destruction du Temple et l'exil de la Chékhina (Présence Divine). Il étudiait la Kabala jusqu'à l'aurore. C'est alors qu'il s'enveloppait de son talit, portait ses Tefilins et allait à la synagogue. Sa prière se faisait avec grande ferveur selon les Kavanot (les intentions appuyées) du Ha'ari Zal. Il était si plongé dans sa prière qu'il ne sentait pas ce qui ce passait autour de lui. Apres la prière, il étudiait la Thora et ne sortait de son lieu d'étude que pour prendre connaissance et soin des besoins de la communauté. Il ne voyait sa maison que de Shabbat en Shabbat. Toute son existence, il vécut comme un ascète, en sainteté et pureté. Il prenait soin de ne pas regarder les femmes, même ses proches.

La prière de Rabbi Yaacov était dite avec intention et ferveur, mot à mot, comme s'il comptait des perles. Malgré sa grande piété et sa vie d'ascète, il tâchait de faire en sorte que sa prière ne devienne pas un fardeau pour les fidèles, c'est la raison pour laquelle quand il était en dehors de la Yéchiva, il s'efforçait d'écourter sa prière. On raconte qu'un soir, comme il était en visite à la ville de Fès et qu'il priait Minha dans la synagogue au nom du Rabbin Oved Ben Attar Zal, il était tellement plongé dans sa prière qu'il avait oublié le lieu où il était, c'est pourquoi il s'attarda beaucoup pendant la prière de la Amida. Le Chaliakh Tsibour qui dirigeait la prière l'a attendu et n'a pas poursuivi le cours de la prière jusqu'à ce que Rabbi Yaacov termine la sienne. Lorsqu'il réalisa que le Chaliakh Tsibour l'attendait, il regretta beaucoup d'avoir fait attendre tous les fidèles. Après la prière, il s'adressa au Chaliakh Tsibour en lui disant: "Que t'ai-je fait pour que tu m'aies fait faire ce grand péché de faire attendre les fidèles ?"  Puis il a demandé pardon aux fidèles pour avoir abusé de leur temps et pour les avoir fait attendre.

Son amour pour Eretz Israël dépassait toute limite. Plusieurs fois, il entreprit de monter à Tsion mais les gens de la communauté l'en empêchèrent en disant: "Maître, à qui nous laisses-tu?" Quelque temps après, il décida de monter en Israël malgré les supplications de la communauté. Quand ils virent que leur Rabbin adulé était sur le point de les abandonner, ils s'adressèrent en désespoir de cause aux autorités, afin qu'elles empêchent le départ. Et en effet, il fut différé une fois de plus. Vers 5640 (1880), à un âge avancé, il décida une fois de plus de monter à Tsion pour avoir le privilège d'y être enterré. Quand les chefs de la communauté vinrent le persuader de rester avec eux, il leur dit: "Sachez que du ciel on me fait comprendre, en rêve, que je dois partir. Je suis déjà âgé et je ne sais pas le jour de ma mort et si ce n'est pas maintenant quand pourrais-je accomplir la Mitsva d'habiter Erets Israël? Donc, je vous prie instamment de me permettre de partir et voici les personnes qui me remplaceront". Après cela, il bénit tous les membres de la communauté et leur fit ses adieux.

A chaque étape de son voyage vers Erets Israël, il fut reçu avec tous les honneurs et tous venaient à sa rencontre et demandaient sa bénédiction. Le jeudi 17 du mois de Tevet, il arriva à Damenhour en Egypte et là aussi il fut reçu comme un roi. Vendredi il se sentit mal. Quand on apprit en ville son malaise, beaucoup d'habitants de la ville vinrent le voir et ne quittèrent pas son chevet. Le dimanche après la prière du matin, il confia à ses proches que son heure approchait et demanda de l'eau pour se purifier les mains. Après la Netila, il demanda qu'on lise le Cantique des Cantiques avec lui. Après cela, il pria l'assemblée de dire avec lui le Chema Israël puis il prononça le Vidouy (confession) et son âme monta au ciel. Rabbi Yaacov Abehssera est décédé le Dimanche 20 Tevet 5640 (1880).

Rabbin Professeur Moché Amar La personnalité du Grand Rabbin Yaacov Abehssera

משה עמאר 22222

À la nouvelle de la mort de Rabbi Yaacov Abehssera, des rabbins et des chefs de communauté de nombreuses villes d'Égypte arrivèrent pour lui rendre un dernier hommage, la grande communauté d'Alexandrie exigea qu'il soit enterré chez elle, comme il convient à un grand rabbin. Mais les gens de Damenhour ne lâchèrent pas prise en disant que puisqu'il est mort à Damenhour, il revient aux gens de Damenhour que le Tsadik soit enterré chez eux. Pendant la discussion, une pluie torrentielle se mit à tomber et là on comprit que c'était un signe du ciel, qu'il devait être enseveli à Damenhour. Les habitants de Damenhour et à leur tête Moché Assaroussi construisirent une stèle sur la tombe du Rabbin et fixèrent le 20 Tevet jour de sa mort (qui est aussi le jour de la mort de Maïmonide) comme un jour de Hilloula et de pèlerinage sur sa tombe. Le tombeau de rabbi Yaacov est devenu pour tous les affligés, un lieu de rencontre et de prière, surtout le jour de la Hilloula. Ce jour-là, de toute l'Égypte et d'autres pays, des centaines de familles arrivaient au tombeau et beaucoup de miracles se sont produits là-bas. Des malades ont été guéris, des femmes stériles ont conçu des fils, et des malheureux ont été soulagés de leurs misères. Tout cela grâce à la prière qu'ils ont dite près du tombeau du Tsadik.

Le tombeau du Rabbin est sacré aussi aux yeux des Arabes. Voici le témoignage du petit-fils de Rabbi Yaacov, le grand Rabbin Ytshak Abehssera comme il est rapporté dans le livre Maasse Nissim du Rabbin Avraham Mougrabi : "J'ai entendu du grand rabbin Ramlé-Lod Rabbi Ytshak Abehssera, petit-fils de notre saint Rabbin Yaacov Abehssera, que lorsque le roi Fouad régnait sur l'Égypte, son vizir (ministre de l'intérieur) n'avait pas d'enfants et que dans la haute administration proche du pouvoir il y avait un Juif juste et pieux. Il voyait comment le vizir se lamentait de ne pas avoir d'enfants. Un jour il s'adressa à lui en disant: "Tu as sûrement entendu qu'un homme saint qui fait des miracles est enterré en terre d'Égypte dans la ville de Damenhour. Son nom est Rabbin Yaacov Abehssera et tous ceux qui ont un problème ou une demande vont sur sa tombe et emportent avec eux de l'huile et des bougies à allumer en son honneur. Et ils font une prière en son souvenir. Beaucoup de leurs demandes ont été exaucées. C'est pourquoi toi aussi mon ami tu dois le faire et avec l'aide de D., tu auras des fils". Le vizir accepta le conseil de son ami et emmena sa femme au tombeau de Rabbin Yaacov Abehssera. Ils se prosternèrent sur la pierre tombale. Ils pleurèrent et prièrent pour avoir des enfants. Ils allumèrent des bougies en l'honneur du Juste et dormirent là une nuit. Le matin, ils rentrèrent chez eux de bonne humeur avec la foi que le Tsadik œuvrera pour l'accomplissement de leurs prières. En effet, l'année même, l'épouse du vizir accoucha d'un garçon et il y eut une grande fête dans la famille du ministre. Depuis, le ministre décida d'aller tous les ans au tombeau du Tsadik, d'allumer des bougies et de se prosterner sur la pierre tombale. Par la suite, il eut le bonheur d'avoir deux garçons et deux filles. Une fois, Rabbi Ytshak vint en Égypte pour prier sur la tombe de son grand- père. En s'approchant de Damenhour, il vit des soldats et des policiers gardant l'entrée de la ville. Arrivé à proximité de la tombe, il y vit une garde importante et demanda la raison de cette présence. On lui dit que le ministre de l'intérieur se trouvait avec sa famille près de la tombe du saint. Rabbi Ytshak demanda à entrer lui aussi près de la tombe, mais les gardes l'en empêchèrent en lui disant d'attendre jusqu'à ce que le ministre sorte. Il leur demanda d'entrer chez le ministre et de lui dire que le petit-fils du Saint attendait dehors. Entre temps il s'assit pour se reposer ; c'est alors qu'il vit le ministre sortir du « mausolée » et venir à sa rencontre. Rabbi Ytshak s'apprêtait à se lever en son honneur mais le ministre le devança en disant : "J'ai juré que tu ne te lèveras pas en mon honneur mais que c'est moi qui viendrai à toi".

Le ministre baisa la main de Rabbi Ytshak et ainsi agirent sa femme et ses quatre enfants. Il raconta au rabbin le miracle qui lui était advenu grâce à sa visite sur la tombe de Rabbi Yaacov et que depuis, lui et sa famille vénèrent le Saint et viennent se recueillir sur sa tombe chaque année. Rabbi Ytshak les a bénis et le ministre lui a remis un laissez-passer lui permettant d'entrer chez lui librement et le pria de passer le voir au Caire quand il irait en voyage au Maroc. Il dit aussi à Rabbi Ytshak : "Sache, que tous mes fils portent un nom de votre famille. Un de mes fils est nommé d'après Rabbin Yaacov, l'autre d'après Rabbi Massoud son fils. Pour les filles, l'une d'elles porte le nom de la mère de Rabbi Yaacov et l'autre celui de la femme de Rabbi Yaacov. Sur ce, ils se sont séparés. Plus tard, quand Rabbi Ytshak alla rendre visite au ministre, celui-ci posta une garde d'honneur devant sa maison pour le recevoir à son arrivée, ce qui conféra à la visite un statut officiel. Il le reçut avec beaucoup d'honneurs et chacun de ses enfants lui offrit une montre en or, l'une plus magnifique que l'autre. Le ministre et sa femme aussi offrirent au Rabbin des cadeaux. Depuis le miracle advenu au ministre, son attitude envers les Juifs s'est améliorée par le mérite de notre Maître.

Le lieu de la sépulture d'Abir-Yaacov a dernièrement subi une réfection commandée par un bienfaiteur juif des USA.

Presence juive au Tafilalet

%d7%91%d7%a8%d7%99%d7%aa-%d7%9e%d7%a1%d7%a4%d7%a8-31Ses fils

Rabenou Yaacov a eu quatre fils tous férus en Thora et pieux. Rabbi Massoud, Rabbi Aharon, Rabbi Avraham et Rabbi Ytshak. Le grand Rabbin Massoud a remplacé son père au Rabbinat au Tafilalet. Il a composé des poèmes qui furent imprimés dans le livre Yaguel Yaacov. Il était en correspondance intellectuelle avec Rabbin Chlomo Even Danan. Rabbin Massoud est décédé le 12 du mois de Iyar en 5668 (1908) et a été enterré dans sa ville Rissani. Il a laissé trois fils :

Rabbi David, hassid et kabbaliste. Il a écrit des livres sur la morale selon la Kabala. Sa méthode se basait sur le Remez et le Pchat. Il dirigeait la Yechiva à Rissani et a été assassiné en 5680 (1920) pour la sanctification de D.

Rabbi Israël, dénommé Baba Salé, était un juste, pieux et faiseur de miracles. Il a exercé les fonctions de rabbin à Erfoud et ses environs. Il a fondé des cercles d'études de Thora et vers la fin de sa vie s'est installé à Netivot. Il était célèbre pour ses grandes connaissances en Thora et pour sa piété extraordinaire. Des personnes de toutes origines et de tous genres venaient le voir tous les jours. Il y avait parmi eux des rabbins, des étudiants et des chefs de Yechiva qui voulaient avoir le privilège d'entendre des enseignements de sa bouche, recevoir une bénédiction et demander conseil, d'être à ses côtés et d'observer ses manières saintes. Il est décédé 3 Chevat 5743. Sa tombe, à Netivot, est devenue un lieu important où tous adressent leurs prières et leurs suppliques dans les temps de joie et d'angoisse. Et le jour de sa mort est devenu un jour de Hilloula pour tout le peuple d'Israël.

Rabbi Ytshak Abehssera était directeur de Yechiva et le bras droit de Baba Salé au Maroc. Peu de temps après l'avènement de l'Etat d'Israël, il a fait son Alya et a été élu Rabbin des villes Ramlé-Lod et le chef des Juifs d'Afrique du Nord en Israël. Il est décédé dans un accident le 25 Adar 5730 (1970).

Le grand Rabbin Aharon était le deuxième fils de Rabbi Yaacov. Dès 5645 (1887), il est arrivé en Israël pour faire imprimer les livres de son père. Il a reçu pour cela des recommandations des rabbins d'Israël. Il déploya beaucoup d'efforts auprès des donateurs afin d'obtenir des fonds pour l'impression des livres. Il réussit à faire imprimer une partie des livres. Il retourna au Maroc où il mourut jeune en 5661 (1901) lors d'un de ses voyages au village Talouat. Le lieu de sa sépulture sert de lieu de pèlerinage.

Son petit-fils est le grand Rabbin Makhlouf Abehssera qui était grand Rabbin et juge à Marrakech. Vers la fin de sa vie il est monté en Israël. Son fils Rabbi Yossef était juge dans la ville de Fès. Arrivé en Israël, il a été nommé Rabbin de Yavné. À sa mort, il a été remplacé par son fils Rabbi David.

Le grand Rabbin Rabbi Avraham est arrivé en Israël en 1873 et s'est établi à Tibériade. Sa tombe dans le cimetière de Tibériade a été réparée dernièrement.

Le grand Rabbin Rabbi Ytshak était le Benjamin du Rabbin Abir Yaacov. Il a été nommé chef de Yechiva. Du temps de son père, il a été envoyé par celui-ci afin d'organiser des collectes pour la Yechiva. Il a continué cette mission après la mort de son père. Pendant un de ses voyages dans la ville de Toulal il a été assassiné. C'était en 1912. C'est à Toulal qu'il est enterré. C'était un poète très sensible et il a laissé des poèmes et des compositions de son cru. Chaque année est organisée une Hilloula près de sa tombe. Les fils de Rabbi Yaacov honoraient et respectaient beaucoup leur père, et ils ont composé beaucoup de poèmes en son honneur. Chez les Juifs du Maroc, Rabbi Yaacov occupe une place si prépondérante que son nom et sa Hilloula paraissent aussi importants que la Hilloula de Rabbi Chimon Bar-Yohaï et de Rabbi Méir Baal Hanés. Dans un des poèmes connus qu'a composé son fils Rabbi Massoud, cette popularité arrive à son apogée. Ces poèmes sont connus et chantés dans beaucoup de communautés au Maroc pendant chaque fête et chaque événement. Les petits-fils de Rabbi Yaacov aussi sont célèbres pour leur piété et ont rempli des sacerdoces au Rabbinat et ont eu le rôle de chefs de communautés dans différentes villes du Tafilalet. Quelques- uns de ses fils et petits-fils ont vu leur souvenir honoré par une Hilloula, par certaines familles, à la suite d'un miracle qui leur est advenu grâce à l'invocation de Rabbi Yaacov et ses descendants.

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Rabbin Professeur Moché Amar

La personnalité du Grand Rabbin Yaacov Abehssera 

L'origine de la famille Abehssera

Son œuvre spirituelle

Rabbi Yaacov était un immense rabbin de la Thora. Il correspondait avec les plus grands rabbins du Maroc. Les rabbins de Sefrou, Fez, Marrakech, Tanger, Tétouan et d'autres villes encore. Il a laissé dix livres élaborés. D'après le modèle de P.A.R.D.E.S où la kabbale prend une place centrale. Voici la liste de ses écrits :

Liste des livres selon la date d'impression

Chaaré Arouca, Jérusalem 5643: sermons de morale sur des sujets de Téchouva pour le mois de Tishré, Roch Hachana, Yom Kipour, Souccot, Hoshaana Raba et Chmini Atseret. Le livre est élaboré d'après l'ordre alphabétique, il comporte 22 chapitres.

Doresh Tov, Jérusalem 5644: 17 sermons pour les chabbat Zakhor, Chabbat Hagadol et des élégies qu'il a dites sur des défunts et entre autres celle de sa propre mère.

Pitouhé Hotam, Jérusalem 5645: commentaires de la Thora, selon la kabbale.

Yorou Michpatéha Léyaacov, Jérusalem 5645: responsa sur des lois de relations du couple et sur les arrangements financiers entre les conjoints.

Bigdé Hasrad, Jérusalem 5646: commentaire sur la Hagada de Pessah selon la kabbale.

Bigdé Hamelekh, Jérusalem 5649: notions morales et explications du mot Béréchit. (le premier mot de la Thora) Le texte comprend trois parties: Tikoun Hatechouva, Tikoun Haclikhina et Tikoun Habriot.

Elef Bina, Livourne 5650 : explications extensives de l'alphabet alpha beta selon la pensée kabbalistique du Haari (Rabbi Ytshak Louria).

Mahsof Halavan, Jérusalem 5652 : commentaire sur la Thora basé sur la pensée kabbalistique du Haari.

Maagalé Tsedek, Jérusalem 5653 : explications extensives de l'alphabet. Le psaume 119. C'est surtout un commentaire moral, presque pareil à Elef Bina dont il est une édition élargie.

Levona Zaka. Jérusalem 5689 : explications de quelques chapitres de la Michna selon les Sidra de la semaine.

Chaaré Techouva. Jérusalem 5716 : sur la Téchouva (le retour à D.) en 28 chapitres.

Chabbat Kodesh : il s'avère que ce livre traite des différents aspects du Chabbat. Le livre n'a pas été imprimé et le manuscrit a été égaré, semble-t-il.

Rabbi Yaacov a aussi composé de nombreux poèmes qui expriment la nostalgie et l'attente de la rédemption du peuple d'Israël. Ses poèmes ont été joints aux poèmes de ses fils, petits-fils et ses élèves et ont été imprimés dans le livre Yaguel Yaacov (Tunis 5662). Le premier poème du recueil mérite une attention particulière. Il a été écrit en louanges à la jeune Soulika Hatchouel qui s'est sacrifiée pour la sanctification de D., en 1834 à Fès. Tous les textes de Rabbi Yaacov ont été imprimés par ses fils et ses proches après sa mort, sauf le livre "Chabbat Kodesh" qui semble être perdu.

Rabbi Yaacov diffère des autres rabbins marocains, en cela que ses œuvres ont été publiées en plusieurs éditions par ses descendants Chacun de ses arrière petits-fils se voit honoré de mettre en valeur les écrits du saint grand -père. L'édition publiée par le grand Rabbin David Abehssera est une édition avec Nikoud (ponctuée de ses voyelles). Il a aussi publié une magnifique édition du Pentateuque commenté par Rabbi Yaacov et avec les commentaires de Rachi et d'Or Hahaim (Rabbi Haim Ben Attar). Cette édition comprend également des textes d,Ateret Rochenou – le grand Rabbin David Abehssera, petit-fils de rabbi Yaacov.

Et voici une histoire qui illustre bien l'ampleur de la sainteté de Rabbi Yaacov. Cet événement est arrivé au Rabbin kabbaliste divin Rabenou Ytshak Alfiya, fondateur du mouvement de la Taanit Dibour (Les Journées de mutisme), pendant la Deuxième Guerre Mondiale quand les allemands et leurs alliés approchaient des frontières de l'Égypte et arrivaient à El Alamein avec à leur tête, Rommel. Un grand danger menaçait le Moyen-Orient et en particulier la population d'Eretz-Israël. Il est facile de comprendre que les Arabes et les ennemis d'Israël ont repris du poil de la bête et se partageaient déjà ouvertement les biens des Juifs et leurs femmes dans les rues de Jérusalem. Inutile de dire combien étaient ferventes les prières dans toutes les couches de la sainte population adressées à D. pour qu'il épargne le reste de son peuple d'Israël. En Égypte même, les Arabes sont passés des menaces aux actes violents envers les Juifs. Il en était de même pour les arméniens et les autres communautés chrétiennes qui sont entrés à Damenhour jusqu'à la limite de la pierre tombale du saint, célèbre par ses miracles, le pilier du monde, Rabbi Yaacov Abehssera. Ils ont sorti le Sefer Thora de l'autel et l'ont piétiné et brûlé. Ils mirent le feu au caveau lui-même et à tous ses alentours. Ce soir-là, Rabenou a rêvé : dans son songe un Tsadik est apparu devant lui portant la tunique des rabbins. Il est venu à lui et lui a dit : "Pourquoi as-tu coutume d'organiser des études sur les tombes des Tsadikim et tu ne viens pas chez moi"? Le rabbin lui demanda : "Qui êtes-vous Maître"? Il lui fut répondu : "Je suis Yaacov Abehssera"

 – "Et où êtes-vous enterré Maître?"

-"À Damenhour en Égypte, et maintenant hâte toi, et ne reste pas là debout car c'est de cela que dépend la survie du peuple d'Israël!". Rabenou s'est réveillé tout secoué par son rêve et s'est hâté vers la synagogue "Beit-El" dans la vieille ville. Là, il a raconté son rêve à ses amis les kabbalistes et il leur a demandé : "Savez vous qui est le Tsadik qui m'est apparu en rêve?" Ils lui ont répondu : "C'est le Juste, célèbre dans toutes les villes de l'Occident, c'est un homme à miracles, auteur de livres saints, Pitouhé Hotam, Yorou michpatekha leYaacov, Makhsof Halavan et d'autres encore. Après la prière de chahrit, Rabenou est allé avec deux de ses amis rabbins chez le gouverneur de la région pour recevoir le permis de voyager en Égypte. Quand ils arrivèrent à l'entrée du bureau du gouverneur, le garde préposé à l'entrée les a arrêtés en demandant où ils prétendaient aller? Ils lui ont répondu : chez le gouverneur. "Avez-vous une convocation ou un permis d'entrer chez le gouverneur?" Ils répondirent par la négative et furent immédiatement renvoyés. Mais Rabenou n'a pas bougé de sa place et a maintenu avec entêtement qu'il verrait le gouverneur coûte que coûte. Et voici que soudain, du bureau de gouverneur est descendu un officier haut gradé qui, voyant Rabenou, dit au garde : "Que désire le Rabbin?" On lui répondit qu'il voulait voir le gouverneur et qu'il n'avait pas de permis ni de convocation. "Nous avons ordre, dirent les gardes de ne pas permettre à qui que ce soit de passer sans permis, car nous sommes en état d'alerte". L'officier dit : "Attendez un instant, je vais monter chez le gouverneur et lui transmettre que le rabbin veut le voir". Quelques minutes plus tard, l'officier est venu dire que le gouverneur avait ordonné que Rabenou monte seul chez lui. Rabbi est entré chez le gouverneur et celui-ci l'a reçu avec déférence et a écouté patiemment tout le rêve et la demande du Rabbin de rassembler un Minyan (dix hommes) de Juifs. Ce groupe serait autorisé à voyager en Égypte afin de se prosterner devant la tombe de Rabbi Yaacov et que grâce à cette prière, les allemands fuiraient du front. La réponse du gouverneur fut qu'aucun citoyen n'était autorisé à passer en Égypte. Seuls les soldats voyageaient tous les jours en Égypte, directement au front ; et c'est pourquoi il est impossible de donner un laissez-passer. Cependant, il propose que Rabenou aille seul à la station de chemin de fer et monte dans un voiture avec les soldats et que s'il n'était pas saisi par les gardes, il pourrait réaliser son rêve. Rabenou a remercié le gouverneur de son conseil et a rejoint ses amis qui l'attendaient impatiemment. Quand ils ont entendu les paroles du gouverneur, ils ont dit au Rabbin: "Il faut repousser la proposition du gouverneur, car comment pourrais-tu entrer dans une voiture pleine de soldats sans qu'ils y fassent attention ; cela est très dangereux et c'est pourquoi tu ne dois pas le faire, il vaut mieux ne rien faire dans ce cas". Mais Rabenou n'est pas de ceux qui hésitent devant le danger qui menaçait Israël, surtout en sachant la valeur des Tsadikim et leur mérite. Il savait pertinemment que leur importance est plus grande qu'un laissez-passer et les soldats de tous grades. Donc, le lendemain matin, il a pris son talit et ses îefilins, est arrivé à la station de chemin de fer pour monter dans une voiture. Alors qu'il était devant le train, deux officiers sont venus à lui et ont demandé qui il était. A sa réponse, ils l'ont fait monter dans une voiture et se sont assis à ses côtés, jusqu'à leur arrivée au Caire en Égypte. Ils l'ont emmené jusqu'au quartier juif et ont disparu. Rabenou est entré à la Yechiva Keter Thora au Caire et les Rabbins qui étudiaient là étaient tous étonnés de le voir et se demandaient s'il était bien Rabenou Alfiya de Jérusalem? Et comment était-il arrivé en Égypte, en ces jours difficiles. En entendant son rêve et comment grâce au Tsadik Rabbi Yaacov Abehssera il était parvenu saint et sauf jusqu'au Caire ; ils ont immédiatement amassé des provisions, un sac de farine et deux bouteilles d'huile. Et, plusieurs dizaines d'hommes ont voyagé à Damenhour jusqu'à la tombe du Tsadik Rabbi Yaacov Abehssera. Et là, Rabenou leur a dit : "Nous allons étudier ici pour le salut du peuple d'Israël et pour leur sauvetage de la menace allemande. Nous continuerons à étudier, avec l'aide de D., tant qu'il y aura de la nourriture que nous avons apportée avec nous".

Ils ont étudié deux fois le Seder de Taanit Dibour, et ont fait le tour de la tombe et toutes les prières appropriées jour et nuit sans interruption. La troisième nuit, l'un des pèlerins est sorti et a vu que la ville était toute éclairée (il va sans dire que le couvre-feu était obligatoire pendant la guerre) et on entendait le peuple qui poussait des cris de joie. Il s'est avéré que les allemands s'étaient enfuis du front et que les anglais étaient victorieux. Il est rentré au cimetière et a raconté cela à ses compagnons. Ils ont tout de suite dit le Hallel et organisé une grande fête et tout le monde sut que c'était un miracle. Rabenou a raconté que pendant l'étude il a vu une grande aura autour du tombeau de Rabbi Yaacov Abehssera et une sorte de colonne de feu qui en sortait. (J'ai entendu ce récit de M. Ezra Chacha, présent à ces événements et aussi du Rabbin Naim Eliahou).

Conclusion

Nous avons entendu parler de beaucoup de miracles réalisés grâce à Rabbi Yaacov pendant son existence et après sa mort. Il y en a tant que nous n'avons pas de place pour les écrire. Tout comme a dit son fils Rabbi Aharon dans sa préface au livre Yorou Michpatekha leYaacov : "Si je voulais vous raconter une infime partie des louanges qui reviennent à Rabbi Yaacov même en vivant 1000 ans je n'y parviendrai pas". Plaise à D. que les mérites de notre maître Abir Yaacov et de ses descendants protègent tout le peuple d'Israël, et que grâce à lui nous soyons jugés avec mansuétude et commisération, Amen.

Avishay Bar Asher Rabbi Chlomo Hayoun, disciple de Rabbi Yaacov Abehssera et la littérature kabbalistique au Tafilalet

פתוחי חותם-הקדמהAvishay Bar Asher

Rabbi Chlomo Hayoun, disciple de Rabbi Yaacov Abehssera et la littérature kabbalistique au Tafilalet.

Rabbi Chlomo ben Makhlouf Hayoun du Tafilalet est connu pour son attachement particulier au Rabbin Yaacov Abehssera. Sa préface poétique du célèbre livre de son Maître, Pitouhé Hotam, a été jointe à toutes les éditions du livre et c'est une source importante et fiable pour notre connaissance de Rabbi Yaacov. Rabbi Chlomo était non seulement le disciple de Rabbi Yaacov pour l'étude de la mystique juive mais aussi un partenaire très considéré, comme le prouvent les comptes rendus de leurs discussions lors de leur étude commune. Cela transparaît dans ladite préface qui nous révèle qu'il a étudié auprès de Rabbi Yaacov durant de longues années pendant lesquelles il s'est imprégné de sa science et de ses agissements et durant lesquelles se sont tissés entre eux des liens d'étude et d'affection. Comme d'habitude, les préfaces écrites par des élèves ou des descendants d'un auteur sont pleines de propos qui tout en louant l'auteur de l'œuvre, minimisent leur propre personnalité. Pourtant, les formules savantes de Hayoun fortifient le sentiment qu'il était un rabbin extrêmement érudit. Nos connaissances sur sa vie sont rares et émanent surtout de la littérature élogieuse sur Rabbi Yaacov par d'autres auteurs, écrite longtemps après la disparition des deux savants.

Dans le livre laudatif Maassé Nissim, son auteur Rabbi Abraham Mizrahi raconte l'histoire du décès de Rabbi Chlomo qu'il a entendue de Rabbi Israël Abehssera (Baba Salé) : Rabbi Yaacov avait prévu l'approche de la mort de son disciple grâce à la "science du visage" et à la "vision des anges préposés à l'accompagnement du défunt à sa dernière demeure" apparus sur l'écharpe qui enveloppait le visage de Rabbi Chlomo. D'après ce récit, cela eut lieu à Midelt où Rabbi Chlomo avait était envoyé par la communauté pour y effectuer une quête. Baba Salé raconte aussi que son père, Rabbi Messoud, l'aîné des fils de Rabbi Yaacov, était le compagnon d'études de Rabbi Chlomo. Ce récit se termine par la date de la mort de Rabbi Chlomo, 5632, et son âge, 42 ans. Si ces chiffres sont exacts, Rabbi Chlomo aurait eu 24 ans de moins que son maître.

Les notes de l'auteur de cet article n'ont pas été traduites (Elles se trouvent dans l'article en hébreu, voir la partie hébraïque). Par contre quelques notes explicatives ont été ajoutées dans le texte même. Dans la partie hébraïque, cet article est suivi du texte intégral de la préface de Rabbi Chlomo Hayoun.

L'éloge funèbre du maître en l'honneur de son disciple décédé prématurément est rapporté dans le dixième et dernier des textes réunis dans le livre Dorech Tov. Ce texte est titré ainsi: "J'ai écrit cet éloge à la mémoire du « Rabbin accompli », Rabbi Chlomo Hayoun que Dieu ait son âme ». De ce texte, on peut aussi apprendre qu'il était considéré comme Tsadik. Rabbi Yaacov conclut son éloge par ces mots : "On peut dire dans le cas d'un mort et surtout s'il était Tsadik et savant, que toute la communauté dans laquelle il vivait doit s'endeuiller et se lamenter, l'essentiel de ce propos est de souligner la responsabilité de la communauté envers ses Tsadikim."

Nous avons également trouvé dans le livre Yafa Chaa de Rabbi Makhlouf Abehssera, un document concernant un différend entre deux héritiers de Rabbi Chlomo, un petit-fils et la veuve de son autre petit-fils. Cela se passait vers 5685 c'est à dire plus de 40 ans après la mort de Hayoun. De cette source, nous apprenons que Rabbi Chlomo était surnommé "Le Rav Hassid" et qu'il eut deux filles qui héritèrent à sa mort de la synagogue au mellah du Tafilalet (Sla Lousstiya).

Si Rabbi Chlomo a laissé des écrits, ils auront presque tous disparu, exceptée la préface de Pitouhé Hotam citée plus haut, écrite en 5624. A peu près 15 ans après qu'elle fut écrite à l'occasion de l'accomplissement de la rédaction du livre de Rabbi Yaacov, elle fut jointe en tant qu'entrée en matière et dans la forme d'un lettre de recommandation à la nouvelle réimpression du livre aux éditions Richon à Jérusalem (L'imprimerie Tenenboym et Rokah, 5645) et depuis, elle fut rééditée plusieurs fois. D'autres écrits plus courts de son cru qui nous sont parvenus sont ses discours pour Chavouot restés à l'état de manuscrits. L'un d'eux fut rattaché au livre Or Israël et quelques poèmes en l'honneur de son maître, insérés dans le recueil Yaguel Yaacov.

La principale importance de cette préface est le fait qu'elle a conservé la liste de dizaines d'œuvres écrites dans l'École talmudique du Rabbin Yaacov Abehssera, œuvres parées par Rabbi Chlomo de louanges et d'appréciations enthousiastes. La plupart de ces travaux ont une orientation kabbalistique (nombre de ces œuvres ont été imprimées, d'autres sont restées manuscrites). Grâce à cette liste, nous avons pu reconstituer les titres principaux de la bibliothèque de Rabbi Yaacov. En nous basant uniquement sur ses propres livres, nous n'aurions pu atteindre que le quart des titres inclus dans la préface, et bien entendu même cela ne nous fournit qu'une partie de la vue d'ensemble. À l'instar des listes plus tardives, celle-ci fut composée du temps de Rabbi Yaacov et de là son importance.

En dehors de cela, la liste est un témoignage de quelques coutumes journalières et son avantage tient au fait que la description de ces coutumes soit dénuée de ce style pompeux qui est le lot de la littérature des générations venues après la mort d'un Tsadik. Parmi les actes de piété décrits dans la préface : il se sustentait très peu, il multipliait les bains de purification (même pendant le froid glacial) et enfin accomplissait tout les actes de piété connus.

L’emploi du temps quotidien de Rabbi Yaacov est celui d'un savant et un mystique qui ne sort pas et ne s'occupe pas du tout des choses de ce monde mais reste toute la journée confiné dans sa Yéchiva. Son étude journalière et sa façon de consulter le Talmud étaient centrées sur sa volonté de résoudre les écueils des passages qui se contredisent comme on peut le voir dans son livre Lévona Zaka et probablement aussi dans son œuvre perdue Chita. Du point de vue de l'étude de la Halakha et des sentences rabbiniques, la parabole "Il suivit les pas de Moché et de son pain bénit toujours prêt sur sa table" est instructive et elle est en relation avec son attachement à la Halakha et à ses affinités avec les sentences rabbiniques ashkénazes de Rama (Rabbi Meir Isserlich). Ce lien avec la logique de ses sentences apparaît clairement dans son livre de Responsa (<chéélot outchouvot, questions et réponses en Halakha) Yorou Michpatékha LéYaacov. Hayoun souligne aussi la lecture des livres de Moussar (morale), dont les noms vont suivre, qui d'après elle, le principe de l'étude était selon RabbiYaacov celui "de faire d'abord et d'écouter ensuite" (Naassé vénichma). La liste ne laisse aucun doute quant à la place centrale qu'ont pour lui les études mystiques par rapport aux autres aspects de l'étude, et elles sont nommées « les Sagesses Divines », « le Char Divin » (Maassé Merkava) etc. Le moment le plus propice pour l'étude du mysticisme juif (Nisstar) est la nuit et son apogée est le Tikoun hatsot et «Il doit de nouveau se réveiller pour accomplir les « réparations » de la Pureté Divine ». Mais avant, il y a l'étude du soir pendant la première période d'avant minuit. Dans un autre ouvrage. Rabbi Yaacov a décrit avec détails, l'ordre qu'il suivait pour l'étude pendant les diverses parties de la nuit. L'essentiel de l'étude de la Thora, pendant la nuit, est comme ce qui suit : «Au début de la nuit avantde dormir, il doit apprendre les lois de la Thora ou de la Agada ( les légendes de la Thora) et après le réveil de minuit il s'approfondira dans les secrets de la Thora car c'est une heure propice pour les découvir ». À la première lumière du jour, après la prière de Chahrit qu'avait précédé une profonde concentration et des Tikounim, Rabbi Yaacov « montait à son Beit Midrach » et après un déjeuner frugal, il retournait à son étude. Il paraîtrait qu'il commençait sa journée d'étude par le Hok léisraël.

Avishay Bar Asher Rabbi Chlomo Hayoun, disciple de Rabbi Yaacov Abehssera et la littérature kabbalistique au Tafilalet

Brit 31 - Presence Juive au TafilaletLe livre "Pitouhé Hotam"

À la fin de sa préface, Rabbi Chlomo Hayoun décrit le livre Pitouhé Hotam, et il insiste sur quelques détails intéressants. D'abord il signale la répartition des différents discours selon les quatre niveaux du commentaire de la Thora d'après la tradition kabbalistique : le Simple, le Sous-entendu, la Légende et le Secret. En effet, c'est le côté le plus caractéristique de ce livre en comparaison de ses autres écrits qui traitent uniquement d'une partie de ces quatre niveaux. Selon Rabbi Yaacov, la distinction de l'étude du Nisstar (du caché) et de ce qui est apparent n'exige aucune limite qui soit infranchissable, mais plutôt, elle est mue par le devoir d'investiguer « les cachettes et les secrets de la Thora ». En cela, il est fidèle à la conception courante dans la littérature kabbalistique que le sens simple de la Thora est l'habit de ses secrets. Le rôle du Mékoubal (celui qui approfondit l'étude mystique) selon ces dires est de dévoiler les secrets cachés dans la Thora ; de là émane la dualité de sa position envers le sens simple de la Thora : d'une part, du point de vue de sa place dans l'étude approfondie il est "le moindre de tous" ou selon ses paroles : "Si tu n'as étudié que le sens simple de la Thora, qui est le dernier, tu n'as pas accompli ton devoir et il faut que tu t'efforces à étudier les trois autres parties qui sont les plus élevées". D'autre part, le fait que ce sens soit secondaire ne veut pas dire qu'il perde quelque chose de sa valeur ou qu'il soit dédaigné mais plutôt qu'il est estimé plus que tout. Donc il ne faut pas s'étonner, par exemple, que la distinction que fait Rabbi Yaacov entre le sens sous entendu et le sens secret soit très floue par rapport à la distinction traditionnelle et sert surtout à reconnaître les démarches des différents exégètes du texte, mais en général les deux (le sens sous entendu et le sens secret) possèdent un fond caché et secret.

Hayoun souligne également que les secrets du livre  " sont d'aller dans le chemin du Moussar (morale), car la plus grande aspiration de notre Maître (R. Yaacov) était de prodiguer le bien à son prochain, d'enseigner à son peuple la crainte de Dieu, car c'est ce que nous demandent Dieu et ceux qui connaissent Sa pensée. » R. Yaacov lui- même ne se sert presque pas du terme Moussar pour expliquer la ligne de conduite principale de son enseignement. En effet, à la lecture de ses écrits, on se rend compte de la présence de coutumes kabbalistiques, toutes destinées à former le mode de vie rigoureux de l'homme, sans qu'elle soit obligatoirement attachée à la correction des mœurs. Ceci représente un pas hardi dans les relations entre les vertus dans « la littérature des vertus » et celle du « mode de vie kabbalistique » auquel appartient R. Yaacov. Ces coutumes ou ce mode de vie ne sont pas présentés comme des rajouts successifs à une autre méthode spirituelle mais comme la concrétisation d'une méthode kabbalistique évidente. C'est pour cela que j'ai proposé dans un autre article d'user d'un terme différent pour définir le livre Pitouhé Hotam qui pourrait mieux expliquer le terme Moussar : « La littérature du mode de vie et des Tikounim ». La primauté des bases qui ont trait au mode de vie religieux et spirituel dont le rôle et l'influence touchent directement différents points de la réalité qui dépend en général de la conception kabbalistique de Ha'ari (Rabbi Ytshak Louria). Une estimation différente des aspects sociaux et théologiques, qui à mon avis, ont reçu trop d'importance dans l'investigation de cette littérature et aussi un regard sur le caractère des relations entre le comportement selon la Halakha et les actes dictés par la « hitnahagout » (mode de vie).

Dans sa préface, Rabbi Chlomo affirme que Pitouhé Hotam est la sixième œuvre de R. Yaakov, ce témoignage est contraire à une autre liste dressée par son fils Rabbi Ytshak. Les œuvres qui ont précédé Pitouhé Hotam sont Guinzé Hamélekh, Lévona Zaka, à laquelle Rabbi Chlomo a écrit également, selon ses dires, une préface, perdue depuis. Sefer Chéélot outchouvot, qui n'est autre que Yorou Michpatekha Léyaacov que nous possédons ; Sefer Hadrouchim, dont le nom n'est pas cité par Hayoun et le livre Chita, livre perdu, dont le sujet est le Talmud.

En plus, Rabbi Chlomo donne deux explications au titre Pitouhé Hotam

; "car il ouvre et dévoile quelques sujets obscurs et hermétiques cachetés par le sceau", et "Le mot Pitouhé fait allusion au bon nom de l'auteur et à son enseignement".

Le souhait de Rabbi Chlomo exprimé dans la fin de sa préface : "Que notre Maître arrive à imprimer ce livre et les autres" n'a pas été exaucé du temps de son maître tout comme n'a pas été exaucée la prière pour sa Alia en Erets Israël. C'est seulement cinq ans après le décès de Rabbi Yaacov à Damanhour, le 20 Tevet de l'année 5640, que fut imprimé à Jérusalem Pitouhé Hotam avec la préface de Rabbi Chlomo.

Avishay Bar Asher Rabbi Chlomo Hayoun, disciple de Rabbi Yaacov Abehssera et la littérature kabbalistique au Tafilalet

La bibliothèque de R. Yaacov

Comme je l'ai déjà dit, l'importance de la préface de Hayoun pour la recherche sur la bibliographie de R. Yaacov est très grande car elle foisonne de rappels de ses autres ouvrages. Les noms des œuvres sont ingénieusement enchâssés dans l'écriture élogieuse de Hayoun. En général, les imprimeurs et les présentateurs ont tenu à souligner une partie de ces œuvres d'un signe particulier. On peut supposer que la liste est incomplète. Malgré cela, ce témoignage est d'une grande utilité pour esquisser l'ampleur de la bibliothèque du Rabbin-kabbaliste du Tafilalet. Comme règle générale dans ses écrits, Rabbi Yaacov nommait rarement les noms des ouvrages dont il s'inspirait (en dehors de livres bien connus comme le Zohar, Rabenou Ha'ari (Rabbi Ytshak Louria) qui eux aussi laissent au chercheur un labeur considérable). Voilà que cette préface nous permet un aperçu des livres qui étaient en permanence devant lui et dans lesquels il se plongeait et grâce auxquels il a pu faire ses découvertes dans l'étude des faces cachées de la Thora et les divulguer.

De nombreuses œuvres que Rabbi Yaacov a consultées et qu'il a citées dans son livre Yorou michpatékha léYaacov sont absentes dans la préface. D'ailleurs, il apparaît que Hayoun s'est contenté de faire un rappel général des œuvres. Il est intéressant de souligner qu'il cite avec le livre Arba'a Tourim les deux ouvrages secondaires : Darké Moché et Beit Yossef. Comme je l'ai déjà dit, les livres Hamapa et Choulhan Aroukh.

La liste des écrits de la littérature du Moussar est plus détaillée, mais également partielle « car tous ceux-là et ceux qui ne sont pas là ». De la littérature du moyen âge, sont citées quelques œuvres capitales : Hovat Halévavot (Le devoir des cœurs), Sefer Hassidim, (Le livre des Hassidim) Sefer Hayachar (Le livre de la droiture de Rabénou Tam), Sefer Yéréim (le livre des croyants de Rabbi Eliezer de Metz) et aussi Chaaré Téchouva (les portes du repentir de Rabbi Yona Guerondi). L'influence de ces œuvres sur son écriture est générale et relativement minime et, aucune d'elles n'est citée en toutes lettres. Les choses sont différentes quant à la littérature du mode de vie kabbalistique de l'époque de Safed et après elle. Hayoun en cite le Sefer Harédim du rav Azkari, Réchit Hokhma de Rabbi Eliahou de Vidash, qui comprend évidemment la pensée kabbalistique de son maître Rabbi Moché Cordovéro), Chaaré Kédoucha de Rabbi Haïm Vital et d'autres écrits plus tardifs. Mais l'influence des deux dernières œuvres que j'ai citées est la plus prépondérante. Sont cités également deux ouvrages condensés bien connus du livre Réchit Hokhma : Tots'ot Haim (condensé par son auteur) et Tapouhé Zahav de Rabbi Yéhiel Mili du 17ème siècle. On peut y trouver aussi Chné Louhot Habrit de Hachla (Rabbi Yéchayahou Halévy Horowitz), le célèbre livre Orh'ot Tsadikim dont on ne connaît pas l'auteur, et le livre Azharat Hakodech d'importance mineure. Très intéressante est l'allusion qui figure vers la fin de la préface : « Comme a fait Rabbi Yonatan Eybchitz zal dans Yaarato (son livre nommé : pain de miel) et comme il l'a prouvé et déclaré dans Hemdato (son livre nommé : l'objet de son aspiration). Par cette allusion comme l'a dit Dan Manor, Hayoun citait les deux livres de Rabbi Yonatan Eybchitz Hemdat Yamim et Ya'arot Dvach. Manor n'accepte pas le fait d'exagérer l'importance de ces deux œuvres à cause de leur promiscuité avec la littérature Chabtaïque. Par contre, pour le livre Hemdat Yamim, on peut prouver qu'il était, pour Rabbi Yaacov, une source d'inspiration et d'influence ; et qu'il se servait de lui de temps à autre sans toutefois le nommer.

La liste des livres kabbalistiques est la plus longue et elle comprend plus de quarante œuvres. Parmi elles, Hayoun compte évidemment les livres du Zohar et Tikouné Hazohar. Il nomme les ouvrages connus de Rabbi Yossef Jékatilia Chaaré Tsédek et Chaaré Ora, et les noms du Sefer Haplia, Sefer Raziel Hamal'akh et peut être fait-il aussi allusion au livre Sefer Harazim.

De plus, sont nommés quelques commentaires du Zohar : Or Yakar de Rabbi Moché Cordovéro, Zaharé Hama de Rabbi Abraham Azoulay (basé sur Yaréah Yakar de Rabbi Abraham Galanti – disciple de Rabbi Moché Cordovéro), Emek Hamelekh de Rabbi Naftali Bakhrakh, et aussi Zohar Harakia de Rabbi Yaacov Tsémah. D'entre les écrits de Rabbi Moché Cordovéro, sont nommés aussi Chiour Koma et Pardess Rimonim. Et avec eux Assiss Rimonim le commentaire du Pardess Rimonim par Rabbi Chmouel Galiko disciple de Rabbi Moché Cordovéro. Est nommé aussi le livre Maguid Yécharim de Rabbi Yossef Karo. Très surprenante est l'absence du livre Mikdach Melekh de Rabbi Chalom Bouzaglo qui était un des commentaires du Zohar les plus appréciés par Rabbi Yaacov.

Voici les livres de la tradition kabbalistique de Ha'ari : Rabbi Haim Vital – Ets Hahaim : Chaar Hakavanot, Chaar Hayihoudim, Chaar Hahakdamot (présenté par Rabbi Chmouel Vital), Chaar Haguilguoulim, Sefer Hadrouchim (présenté par N' Tboul disciple de Ha'ari), Otsrot Haïm, Méorot Nathan, Béér Mayim Haïm, (de Rabbi Chmouel Vital). D'entre les livres de Rabbi Yaacov Tsémah sont nommés Mavo Chéarim, Adam Yachar et Kol Barama (commentaire de Ha-Idra Raba). Il est bon de souligner que ne sont cités explicitement dans ses écrits que trois livres : Sefer Hakavanot, Ets Haïm, et Otsrot Haïm. Une recherche démontre l'impact des autres œuvres citées dans ses écrits bien qu'elles ne soient pas nommées. Il en est de même surtout pour les livres Chaar Hahakdamot et Chaar Haguilguoulim. En marge de ceux-là, il cite aussi quelques écrits absents de ladite préface. Pri Ets Haïm, Chaar Hamitsvot, Chaar Hapsoukim et Sefer Halikoutim. Il rappelle aussi plusieurs fois Likouté Ha'ari. L'examen démontre que par cette appellation, il pense presque toujours au livre Likouté Thora et non pas à d'autres ouvrages. Sont nommés aussi Maayan Ganim de Rabbi Menahem Azaria de Pano, trois textes de R. Nathan Hayérouchalmi fils de Réouven David Chapira : Touv Haarets, Matsat Chimourim et Yayin Haméchoumar; Zot Houkat Hathora de Rabbi Abraham Hizkouni, Mégualé Amoukot, (commentaire de la Thora) de Rabbi Nathan Chapira de Cracovie, livre qui a eu une grande diffusion, le livre de Rabbi Chlomo Delmadigo Mitsraf Lahokhma et aussi le recueil Taaloumat Hokhma (où ont été imprimées aussi Novlot Hokhma et Bh'inat Hadat du même auteur), Yod'é Bina de Rabbi Moché Zacout (et peut-être aussi du même auteur, Sefer Hachorachim – livre des racines qui traite des effets obtenus par l'assemblage des lettres).

Hayoun note aussi l'ouvrage de Rabbi Moché Ben Maïmon Elbaz Hékhal Hakodech sur la prière avec intention et Guinat Bitan de son disciple Rabbi Ytshak Hacohen sur les Sefirot et autres sujets. Cet ouvrage était manuscrit. Un autre texte qui n'a pas vu le jour était Gan Melekh avec des commentaires inspirés du livre Emek Hamelekh cité plus haut, sur des chapitres du Zohar.

Il est intéressant de savoir que Hayoun lui-même soulignait la différence entre les livres enseignant l'Hassidisme et les livres de Kabala. Pourtant, on peut y trouver des livres « sur le mode de vie et les tikounim ». Parmi ceux-là, il est juste de citer l'ouvrage tardif de Rabbi Immanuel Haï Riki Michnat Hassidim (et son condensé Yocher Lévav de l'auteur même) qui a été rédigé en Italie au début du 18ème siècle. Ce livre a eu une grande influence sur la pensée kabbalistique de Rabbi Yaacov au sujet du mode de vie et des tikounim. Ceci est vrai surtout pour sa manière de présenter la pensée Kabbalistique du Ha'ari comme un modèle d'existence bien organisé. Rabbi Yaacov cite l'ouvrage en plusieurs endroits et de plus, j'ai pu voir qu'il se servait des idées de ce livre sans le nommer. De toute façon le mode de vie et les tikounim dans ses écrits sont basés surtout sur les œuvres classiques de la Kabbale selon Ha'ari. Inutile de préciser que cette liste est partielle, et malgré tous les efforts de Hayoun d'y insérer un grand nombre de titres, il n'a pas réussi à les dénombrer tous. Parmi les titres absents, on peut citer les commentaires de Hahida (Rabbi Haim Yossef David Azoulay) tels que Nahal Kdoumim ou Homat Anakh ou les commentaires de la Thora (Or Hahaim, « Haalchékh », qui est le Thorat Haim de Rabbi Moché Alchékh), les recueils attribués à Rabbi Haim Vital (les Likoutim (recueils) et recueils de la Thora et d'autres livres. Malgré cette carence, la valeur de cette liste sur nos connaissances de la littérature kabbalistique du Tafilalet pendant le 19eme siècle, n'est pas amoindrie.

Pour terminer, du point de vue littéraire, le lecteur découvrira le charme et l'intérêt du langage riche en inventions, en images et en trouvailles originales de la préface de Hayoun.

Ses propos sont une suite de citations de la Bible, du Talmud et du Midrach par lesquelles il va en accumulant des éloges sur son Maître vénéré. En tête des chapitres, il a fixé l'acrostiche de son nom : « Je suis Chlomo, fils de notre maître Rabbi Makhlouf ». Tous les chapitres de la préface sont terminés par le nom : Yaacov.

M'hamed Ahda – Juifs ou Berbères judaïsés du Tafîlalet au Sud-Est marocain

M'hamed Ahda

Juifs ou Berbères judaïsés du Tafîlalet au Sud-Est marocain

M'hamed Ahda est enseignant chercheur à l'Université Ibn Zohr d'Agadir. Titulaire d'un doctorat en histoire (Université Le Mirail Toulouse France 1990). Auteur de nombreux travaux scientifiques, publiés dans des ouvrages et revues nationales et internationales. Membre actif de plusieurs groupes et centres de recherche au Maroc et à l'étranger.

Les juifs du Tafilalet  n'appartiennent à aucune caste auprès des habitants, néanmoins, ils sont dépendants. L'histoire et la tradition s'accordent à leur donner une large place parmi la population Filalienne. Sachant que les juifs ont commencé très tôt à immigrer au Maroc et à s'établir dans les vallées du Ziz et du Draa dès le VIeme siècle Av. J.C, mais également au début de l'ère chrétienne. Serait-il possible d'admettre le caractère hypothétique de telle considération laissant entendre que cette immigration aurait coïncidé avec le développement de la colonisation Phénicienne du (6eme au 4eme siècle Av. J.C).

Très anciennement installés dans ces régions du Maroc présaharien, ils auraient autrefois crée un royaume Judéo-Berbère. La tradition dit que ces Juifs ou bien ces Berbères judaïsés, ont formé ce royaume puissant qui aurait été ébranlé par ses luttes contre les Chrétiens à cette époque de l'histoire. En effet, dans la région de Todgha au S-E marocain, des milieux juifs conservent encore des traditions qui remonteraient à des siècles où il existait une sorte de royaume juif dans la région. D'après L.Voinot "Les colonies juives constituées entre le 2eme et le 5eme siècle en lutte contre les Chrétiens et certaines peuplades berbères judaïsées ont gardé quelque autorité jusqu'à la conquête arabe dans la seconde moitié du 4ème siècle."

            Selon certains auteurs à une époque récente, existaient encore, dans certaines synagogues du Sud marocain, des manuscrits où se trouvaient consignés en caractères hébraïques mais en phonétique arabe, des textes intitulés "Histoire du Draa"

Malgré tout, l'arrivée des Juifs dans ces parages reste un problème pour les chercheurs. Voinot suggère également que la dispersion des tribus d'Israël après la chute de Jérusalem en l'an 71 entraina les Juifs vers les provinces.

Lombard suggère que ״les royaumes Wisigothiques d'Occident ne sont pas cléments, des persécutions violentes affligent les communautés du Midi (Malaga) et de la Septimanie (Narbonne) entraînant une immigration vers le Maroc, où se renforcent ainsi les courants de judaïsation. ״

Quant à BOUILLY, il prétend que la grande majorité des Juifs sont probablement d'anciens Berbères en ״se fondant dans le creuset berbère״ tout en suggérant que les invasions ont peu modifié le substratum ethnique du Maroc. D'autres auteurs, affirment que vers la fin de l'antiquité le Judaïsme a été l'objet d'une propagande active en Afrique du Nord ce qui à notre avis demeure discutable. Nous savons par contre que dans son ״Histoire des Berbères״, Ibn Khaldoun affirme qu'au moment de la conquête musulmane une partie des Berbères professait le Judaïsme et il cite parmi les tribus judaïsées, les Fendelawa, les Mediouna, les Behloula, les Ghiatha, et les Fazaz, Berbères du Maghreb Al Aqsa. Ce qui tendrait à prouver qu'ils y étaient déjà établis depuis des siècles. Ces Juifs étaient restés fidèles au Judaïsme de leur origine. Il reste donc acquis qu'une partie de cette population berbère du Maroc a été judaïsée ou fortement imprégnée d'éléments judaïques.

Dans le même sens M. Lombardrappelle que le Judaïsme pénétra à l'intérieur du pays berbère dans les hauts plateaux et les massifs montagneux ainsi que dans plusieurs tribus de l'Atlas et du Sud marocain. René BASSET, beaucoup plus prudent, admet cette hypothèse en gros et pense qu'on ne peut parler de tribus entièrement juives mais plutôt de familles ou de fractions judaïsées au sein des tribus païennes. Georges Marchais, quant à lui conteste l'affirmation d'Ibn Khaldoun et se refuse à admettre l'existence d'un Judaïsme berbère à l'intérieur du pays, phénomène qu'il juge inexplicable. On aimerait connaître les sources qui l'autorisaient à une telle affirmation. G. Marchais semble négliger le fait que les conquêtes arabes en Afrique du Nord aux 7ème et 8eme siècles ont provoqué l'exode des populations menacées vers les régions inaccessibles du Maghreb dont le Sud du Maroc faisait partie. Rappelons l'exemple de l'île Djerba en Tunisie qui abritait les Juifs depuis l'antiquité. Notons aussi sans pouvoir l'étudier avec les moyens adéquats (domaine archéologique) le cas de Tafilalet. Sur une hauteur dominant une inflexion du cours du 'Gheris' se trouve un ancien ksar dénommé "Medinat L'ihoud" (la ville des Juifs), qui pourrait être un ancien ksar juif rejeté hors des zones de culture, dans un endroit complètement désertique, qui pourrait aller à la rencontre de l'hypothèse de G. Marchais.

La situation vraisemblable c'est qu'avant la conquête musulmane, les Juifs ont judaïsé une partie de la population berbère du Maroc et sa partie présaharienne, Ibn Khaldoun l'assure expressément, mais l'une des conséquences de cette conversion, d'après certains auteurs, suivie d'une nouvelle conversion à l'islam plus tard, phénomène assez fréquent au cours de l'histoire, aboutit à cette difficulté de détermination. S'agit-il de Berbères judaïsés ou de Juifs berbérisés ou islamisés ? Les deux éléments s'étant profondément interpénétrés à une époque récente tout en formant un groupe particulier avec leurs coutumes ; les uns sont arabisés, les autres berbérisés, n'ayant pas perdu l'usage de leur langue. Autre constat : la conquête arabe avait rattaché aux grands circuits économiques, la région Sijilmassa, créée par l'expansion Zénète vers le Sud depuis le 8eme siècle. Il convient de rappeler qu'à chacune des portes d'accès du Maghreb vers le Bilad es-Soudan – dont Sijilmassa faisait partie – les Juifs ont toujours existé, depuis des temps anciens, des communautés juives, tour à tour puissantes ou déchues, mais sans cesse actives et enrichies par le commerce caravanier avec le Bilad es- Soudan.

M'hamed Ahda-Juifs ou Berbères judaïsés du Tafîlalet au Sud-Est marocain-Brit 31

Dans ces mêmes communautés encore peu reliées les unes aux autres, commence à se mettre en place une classe de marchands et d'artisans, fidèles à l'esprit mercantile et aux vieilles techniques commerciales du Machreq sémitique ainsi qu'aux techniques artisanales : travail des métaux précieux, teinture, tannage, verrerie, "Le métier de maçon est réservé spécialement aux Juifs" Les Juifs semblent avoir rempli une fonction déterminante dans l'économie maghrébine à toutes les époques et dans tous les domaines "on les trouve tout d'abord dans l'agriculture et l'élevage en plus grand nombre que dans aucune partie de la diaspora." Ils furent longtemps les vrais habitants des ksours.

Au Tafilalet, comme dans le reste des axes commerciaux de l'époque, les Juifs semblent avoir constitué des centres importants de commerce et de culture au cours des dix premiers siècles de l'ère chrétienne. Ils semblent avoir assuré en effet une part notable de l'activité économique, leurs communautés naissent et se développement au sein des régions les plus actives sur le plan commercial. L'essor de la communauté juive du Tafilalet parait quasi parallèle à celui du commerce caravanier de la région. Conséquence de l'une des réformes importantes de l'Islam, interdiction de l'usure (riba), les non musulmans, en l'occurrence les Juifs, deviennent les prêteurs à gage officiels, ce qui a fortement contribué à tendre le climat sociopolitique entre les deux communautés, ce qui explique l'action des Almohades qui ont essayé de les obliger à se convertir à l'Islam, mais en fin de compte se sont contentés de leur imposer une tenue vestimentaire distinctive.

En 1492 à la suite d'une violente propagande religieuse à Sijilmassa et au Touat. Al Maghili y faisait massacrer les Juifs qui s'exilaient en partie au Bilad es Soudan et au Bilad Chingith. Au cours de cette même année une partie de la population juive de Fès fut massacrée alors que la persécution contre les Juifs est devenue une politique des royaumes de Castille et d'Aragon.

Al Maghili : homme de science. On dit que les Juifs avaient tué son fils. En réalité, les Juifs bien implantés dans le Touat par vagues d'invasions succéssives avaient acquis dans cette oasis, une situation prédominante, notamment par leur richesse ce qui a provoqué une réaction de la population sous la direction de cette personne.

 Dès l'époque Mérinide, le pouvoir commence à les isoler dans des Mellahs (quartiers réservés pour les Juifs). Le sultan Abou Said II a construit un Mellah en dehors de la Médina de Fès, et depuis cette initiative tous les quartiers des Juifs en province portent ce nom dans le Tafilalet comme dans la plupart des groupes sociaux du Maroc, les Juifs étaient liés entre eux par les liens du sang, du mariage et par leurs intérêts économiques. Au-delà de ces facteurs jouait une réelle solidarité religieuse.

A l'époque des "Banou Wattas", les Juifs de Fès avaient réussi à tisser des liens particuliers avec leurs frères des oasis et au Bilad es Soudan afin de monopoliser tout le commerce du pays. Les commerçants du Sud se méfiaient de ces liaisons, par contre les habitants de Fès continuaient à assurer la protection de ces Juifs. Lorsque l'intolérance devint en Espagne un des axes de la politique de gouvernement des rois catholiques du moyen âge, plus exactement à la fin de la deuxième moitié du 15eme siècle "les Juifs persécutés d'Espagne, du Portugal et de Provence, affluèrent en grand nombre", des milliers de Judéo ibériques préfèrent l'incertaine "dhimmitude" du Maghreb islamique à l'implacable inquisition de cours de Castille et d'Aragon. L'édit du 31 mars 1492 qui ordonne l'exécution de tout Juif se trouvant sur le territoire de l'Espagne Catholique, n'a toujours pas été abrogé. Une terrible nouvelle part du palais de l'Alhambra (Alhmra) le 30 juillet de la même année selon laquelle:

"Il ne devait pas rester un seul Juif dans ce royaume uni d'Aragon et de

Castille et dans ses dépendances; les îles de Sicile et de Sardaigne. A l'expiration du délai nul ne pourrait échapper à la mort que par la conversion."

La seule différence entre les Juifs d'Espagne et les anciens judaïsés du Maghreb c'est que les premiers représentaient des groupes ethniques ayant abandonné le secteur agricole pour se spécialiser dans le commerce.

La population Juive de Tafilalet.

Comme nous l'avons déjà souligné l'essor de la communauté juive du Tafilalet est quasi parallèle à celui du commerce caravanier, il est curieux de constater la judaïsation de la voie qui mène de Fès au Tafilalet (Tariq As Sultan), certains Juifs paraissent installés depuis le temps immémorial tels ceux qui possèdent d'anciens ksour de "Todgha", le ksar d'Asfalou” par exemple. Le ksar d'Ighjd n'ussamour, aujourd'hui ruiné, était habité par les Juifs, aussi bien que celui de Tazrouft, près de la zawiya de Sidi Hamza. Léon l'Africain a remarqué pendant son séjour au Tafilalet l'existence d'artisans commerçants orfèvres juifs dans les ksours de la région. Mais la plupart auraient été islamisés dans le Dadés, le Farkla et le Chéris. Le ksar des Ait Taddart dans l'Ouad lslatn en pays Ait hdiddou est habité par ces convertis. Les Ait Ba-Ali ouhmad qui occupaient le Farkla (ksour d'Asrir) et le Chéris étaient probablement Juifs d'origine. Le ksar de Zrigat, principal marché de la vallée de Rteb, fort prospère, réunissait quelques 200 familles juives. Le ksar d'Abou am, après la disparition de Sijilmassa, concentre à lui seul la majeure partie du commerce, et de nombreux Juifs y habitaient. La région de Burmain Dadès et Alqalaa-des Mgouna a connu également un peuplement juif très important dans l'histoire.

D'après D.J. Meunié, "la cité juive de Tilit est réputée pour sa grande ancienneté, c'est dans son cimetière que viennent reposer tous les Juifs du Dadès et de Mgouna, les autres villages en étaient dépourvus." Les Juifs se seraient aussi installés dans cette vallée du moins à une époque relativement récente lorsque les Juifs d'Espagne vinrent s'y fixer : notons aussi cette remarque de D.J. Meunié :

" Vers le 15eme siècle, le chef de la famille des PEREZ, Juifs venus d'Espagne, avait acheté aux Mérinides une grande partie de la vallée du Dadès, notamment El-Qelaa (des Mgouna) et Tilite, ses descendants se consacrèrent au jardinage, au commerce… et furent les maîtres autonomes de ces contrées jusqu'à l'avènement de Moulay Ismail (1672) puis ils se dispersèrent et subirent l'influence du milieu berbère."

Remarquons qu'à cette époque (c'est-à-dire au 15eme siècle) la domination des Banou Maaqil était à son apogée, ainsi que l'affaiblissement du pouvoir central mérinide. D.J. Meunié confirme l'existence également à Alkalaa des Mgouna" d'un cimetière juif du 17eme siècle qui a conservé des inscriptions relatives à ce clan juif influent des Perez, venu d'Espagne.

Hypothèse brillante, mais cette question pourrait justifier de plus amples recherches, afin que divers points de détails soient réellement éclairés.

M'hamed Ahda

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Les métiers des juifs dan la region

En raison de leur situation, ces Juifs "politiquement neutres" ou exclus, sont restés indépendants dans l'histoire de la région, ils ont toujours sauvegardé leur autonomie, mais souvent sous la protection d'un clan ou d'une tribu, en tirant profit des conflits opposant ces groupes protecteurs. A ce titre, ils étaient même devenus des agents sûrs pour le pouvoir central qui n'hésitait pas à leur confier les affaires commerciales (Toujjar as Sultan) c'est-à-dire les commerçants du Sultan, leur activité essentielle était avant tout le commerce. Suivant G. Ayache "au Maghreb al'Aqsa jusqu’au 19eme siècle, la frappe de la monnaie pour le compte de l’état était leur apanage."

Ainsi pour répondre aux exigences du commerce local, plusieurs colonies se sont formées (comme nous l'avons remarqué) dans les ksours importants du Tafilalet, ou des légendes leur attribuent l'introduction de plusieurs techniques. Certains secteurs leur étaient presque réservés : le travail des métaux et, en particulier, celui de l'or et de l'argent, mais également d'autres artisanats tels que (la cordonnerie, orfèvrerie…) René Caillié a remarqué à propos des Juifs du Tafilalet : " … les uns sont forgerons. Ils prêtent leur argent à intérêt aux marchands qui font le commerce du Soudan, et n’y vont jamais eux-mêmes." Par contre Ch. Monteil, affirme d'après les révélations d'un juif nommé Mardochée l'existence, au Sahara, de Juifs blancs, qu'il nomme Doggatoum. Ce sont, dit-il, des pasteurs que l’on rencontre depuis le Tafilalet jusqu'aux environs de Timbuctou. Ils vivent sous la protection des Touaregs. Beaucoup d'entre eux étaient aussi colporteurs, approvisionnant les ksours et les souks au cours de longues tournées.

Dans un monde de 'Siba', caractérisé par les guerres et l'insécurité, les Juifs semblent les seuls à entretenir les relations avec tous les ksours de la région, certains d'entre eux se sont consacrés aussi à l'agriculture. Dans les ksours de "Farkla", il y avait des paysans juifs cultivateurs.

Leurs conditions de vie dans la région.

Compte tenu des conditions de vie dans le Bled Siba, décrites par divers voyageurs leur distribution géographique des groupes juifs ne semble guère avoir changé du 16eme (Léon l'Africain) au I9eme siècle (Ch. De Foucauld – René Caillié).

Contrairement à certains Juifs de Fès et des grandes villes qui parviennent à se glisser jusqu'au proche entourage des souverains et des gouverneurs, (la plupart de ces derniers, étant en relation avec les ports méditerranéens et en relation directe avec les européens et grands commerçants), les juifs de Tafilalet comme leurs frères ruraux ne bénéficient que de la liberté religieuse qui leur est reconnue malgré quelques intermèdes douloureux, mais ils demeurent victimes d'une série de mesures infamantes: regroupés dans les Mellahs, vivant dans des communautés repliées sur elles mêmes, bien structurées, les Juifs étaient soumis à des obligations vestimentaires (djellaba sombre, zabadour) peu différent d'ailleurs de l'habillement des musulmans.

Ils n'avaient pas le droit de porter des armes ou d'enfourcher une monture. Ils sont tenus de se déchausser dans les ksours musulmans et en particulier au voisinage des Mosquées. René Caillié raconte que "les Juifs au Tafilalet sont très sales, et ne vont que pieds nus, peut-être pour éviter l'inconvénient d'ôter trop souvent leurs sandales, en passant devant une mosquée ou devant la porte d'un chérif obligation qui leur est imposée…"74 II ajoute qu'ils habitent les mêmes ksours que les musulmans, et qu'ils y sont très malheureux, souvent insultés ״Ces fanatiques vont jusqu'à les frapper indignement et leur lançant des pierres comme à des chiens…"

Gautier de son coté dit que "les Juifs de bled Siba ne sont pas une population humiliée, refoulée comme dans les grandes villes du bled Mekhzen. Ce sont des berbères comme les autres. D'après Ibn Khaldoun, c'est-à-dire au 14 eme siècle, les Fazaz était encore une grande tribu juive, le nom des Fazaz survit aux sources de l'Oum er- Rebia (dans l'Atlas״). Dans un des ksours de Midelt (sur la route de Fès) dans la Haute Moulouiya, ״on voit des paysans juifs cultiver leurs champs et vivre pêle-mêle en communauté municipale avec les autres paysans du ksar;" Il ajoute qu'à Damnat "les Juifs venaient au souk le fusil sur l'épaule."

Il ne faut pas croire René Caillié qui parle à propos des Juifs du Tafilalet d’une façon dramatique en généralisant tous les Juifs de la région, certains Juifs de Ferkla et d'Alqualaa par exemple, ne vivaient pas dans une telle misère, indépendants dans leur ksours mais sous la protection des tribus. Gautier non plus, car la vie que connaissaient les Juifs à l'intérieur du pays était vraiment très éloignée de cette description.

Les Juifs dont la plupart étaient commerçants dans un monde d'anarchie échappé au pouvoir central, n'avaient aucun soutien en dehors de leur protecteur, généralement une tribu ou une fraction soit Arabe ou Berbère (après le 17eme siècle les tribus berbères).

Tout le monde avait internet à les protéger pour assurer le reste du commerce au Tafilalet. Malgré les humiliations qu'ils subissaient, on ne connait aucune mention de massacre dans cette région depuis 1492 AJC, alors qu'à Meknès seulement, on a compté à quatre reprises au moins au 18ème siècle, le mellah des Juifs fut mis à feu et à sang chaque fois. Parmi tout ce qui peut aider à éclaircir cette question nous possédons un manuscrit " qui nous montre comment les Juifs ont été protégés par les notables et les tribus pour assurer la continuité du commerce local.

Traduction du document :

"Louange à Dieu seul. Pour Mouha Uquassou et son fils Alhadj, salut à vous. De la part de Bahnin de Zrigat. Nous voulons vous dire qu'il n'y a pas de différences entre nous, c'est les Juifs qui ont triché vos fils Ait Moussa, ils sont faibles et n'ont pas de soutien. Soyez indulgents avec eux. Nous vous le demandons avec toute notre amitié, nos relations de Tad a, nos parentés, qu'il y a entre nous. Dieu est témoin. Soyez patients, les jours ne sont éternels pour personne. Salut".

  1. Tada ou Tafrgant : ce terme chez les populations orasiennes désigne un pacte d'affrètement. Pour plus de détails voir Mezzine, "Contribution" op, cit; vol 2 p.463. Note 24 (le mot affrèrement utilisé ici est une traduction de l'Arabe : al oukhoua en Arabe (frère).

Aucune indication ne permet d'en dater l'établissement qu'on peut cependant situer plutôt à la fin du 17 eme siècle. Cette lettre remonte évidemment à la période de Siba. Il s'ensuit qu'on ne possède aucun moyen pour préciser la date de ce document et de sa rédaction : en revanche, son auteur a été identifié, il s'agit d'un notable du ksar Zrigat, l'un des ksours protégés par la confédération des Ait Atta. On peut donc considérer cette brève missive comme ayant été rédigée en une période de désordre, envoyée à un membre de la tribu des Ait Ounebgui des Ait Atta en le suppliant de ne pas faire de mal aux Juifs, sachant que ces derniers étaient membres de son ksar (le seul d'ailleurs de la vallée moyenne du Ziz où l'on trouve une forte population juive). Il fallait bien les protéger pour le bien et le profit de son ksar. Les Juifs du Tafilalet dont la plupart étaient commerçants, ont été protégés par les tribus dans un monde de Siba: ils pouvaient ainsi maintenir la continuité de leur activité commerciale.

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Notre Maître, le Grand Rabbin Ytshak Abehssera, assassiné pour le Kidouch Hachem

Rav Yaakov Abehssera

L’auteur est l'arrière petit fils de Rabbi Ytshak Abehssera.

Notre Maître, le Grand Rabbin Ytshak Abehssera, assassiné pour le Kidouch Hachem

Comme les plus grands

Notre saint Maître, "Lumière des six jours”, le Rabbin Yaakov Abehssera, célèbre dans le monde entier; laissa à sa mort quatre fils dont voici les noms: L'aîné, Rabbi Massoud, son cadet Rabbi Aharon, son troisième Rabbi Abraham et enfin son quatrième, sujet de notre propos : Rabbi Ytshak. Le Rabbin Yaacov le nomma Ytshak à la mémoire de Ha'ari zal (Rabbi Ytshak Louria Achkénazi) et cela après qu'on lui fit savoir en rêve que cet enfant aura en lui une étincelle de l'âme du Ha'ari zal.

Tel père tel fils

Et en effet, depuis sa plus tendre enfance on put observer en lui des forces spirituelles particulières. Un des faits les plus connus de son enfance eut lieu lorsque Rabbi Yaacov et ses ouailles voulurent réciter la bénédiction de la lune mais en furent empêchés par les nuages qui la cachaient.

Voyant cela, Rabbi Yaacov ordonna qu'on fasse venir son jeune fils Ytshak. Quand vint l'enfant, Rabbi Yaacov lui dit : "Mon fils, vois-tu tous ces fidèles? Ils attendent de bénir la lune mais elle refuse de paraître." L'enfant leva son regard vers le ciel et dit : "Lune, n'as-tu pas honte de te cacher alors que tous ces fidèles t'attendent pour recevoir ta bénédiction?" Tout de suite devant les yeux ébahis des fidèles, la lune fit son apparition dans toute sa splendeur.

Ainsi Rabbi Ytshak devint de plus en plus célèbre. Il s'enfermait jour et nuit dans une mansarde pour se plonger dans l'étude de la Torah.

Laisse aux autres le soin de te louer

Rabbi Ytshak était versé dans l'ensemble de la Torah. Sa piété et sa sainteté allaient de pair avec sa connaissance des écritures. Dans ce paragraphe nous allons présenter ce que d'autres saints ont écrit au sujet de Rabbi Ytshak, sur son étude de la Torah, sur sa piété, sur sa sainteté et sur toutes ses autres qualités.

Rabbi Israël Abehssera – Baba Salé, célèbre dans le monde entier, était le neveu de Rabbi Ytshak. Ce dernier était son parrain-Sandak pour sa circoncision. De plus, Rabbi Ytshak fut son Maître et étudia avec lui la Torah pendant cinq années consécutives.

Baba Salé racontait qu'il acquit de son oncle une grande vertu: celle de ne jamais se fatiguer, de toujours savoir réunir ses forces pendant l'étude de la Torah, car malgré le fait d’être extrêmement sollicité toute la journée par ses fidèles, la nuit il se plongeait dans l'étude et jamais il ne montrait des signes de fatigue ou de lassitude. Baba Salé ajoutait : "Je me fatiguais et lui qui était plus âgé que moi restait frais et dispos." En dehors de cela, Baba Salé, dans sa préface sur les livres de Rabbi Ytshak écrivit les lignes suivantes : "Moi, le plus jeune, j'ai vu ce Gaon, ce grand chêne dans la colline, poussant sur l'eau et la source de la connaissance, qui mettait sa piété au-dessus de son savoir, et qui de plus était simple et droit devant son Créateur. Il était lié par les liens de l'amour du Créateur et sa crainte devant la Présence Divine. Celui-là, c'est le Saint, le Juste, mon Maître le Grand Rabbin Ytshak Abehssera que sa sainte mémoire soit toujours vénérée…

Les actes extraordinaires et les faits incroyables de Rabbi Ytshak sont maintenant connus dans le monde entier. Sa sainteté et sa piété sont les témoins de sa grandeur et de sa personnalité

Et maintenant, voyez et observez l'action d'un Tsadik dont tous témoignent de la grandeur et de la sainteté; un véritable Tsadik dont tous les faits sont accomplis pour la sanctification de Dieu. Tous mes propos sont évidents et je ne fais que mon devoir en les tenants, car j'ai été son disciple et il est mon Maître.. .

De plus, Baba Salé écrivit un Piyout en l'honneur de son oncle Rabbi Ytshak, en voici la première strophe : "Je chante en l'honneur de mon ami ma splendeur, mon oncle auréolé de la force du Haaari״. Dans un autre couplet il ajoutera : ”Il fut absolument parfait, débordant de qualités. ״ Un autre de ses neveux fut Atérét Rochenou, Rabbi David Abehssera, (Que sa mémoire soit vengée) bien connu pour ses jeûnes, et son attitude d'ascète. Lui aussi composa un Piyout en souvenir de son oncle Rabbi Ytshak, en voici une partie :

Mon oncle, ma splendeur, mon témoin, me fut enlevé

 Son cœur était pur envers Dieu et les hommes

Son âme aspirait à l'étude de la Torah…

Le Rabbin Makhlouf Abehssera [Petit fils de Rabbi Aharon] raconte dans la préface de ses livres "Mikhlal Yofi" et "Kohelet Yaacov

 sa propre vie et son attachement à Rabbi Ytshak. On peut voir dans ses propos son admiration et sa timidité devant ce saint homme qu'il dénommait "Le Saint Rabbin".

Rabbi Makhlouf qui a été juge au Tafilalet, et le disciple du Atérét Rochenou, Rabbi David Abehssera (Que sa mémoire soit vengée) écrivit également un Piyouî en l'honneur de son oncle : Il étudiait la Torah nuit et jour, il était modestie et piété… Saint, unique…

Rabbi Meir, [Fils de Baba Salé] connu comme Baba Meir ajouta lui aussi un Piyout de son cru : « J'entonne ma chanson, dans le sein de ma communauté de fidèles, en l'honneur du Saint Divin Rabbi Ytshak, Lion fils de Lion, ma force et ma couronne… »

Ces citations d'éminents rabbins démontrent la grandeur de Rabbi Ytshak.

Dieu révèle ses secrets à ceux qui le craignent

Rabbi Ytshak allait constamment de l'avant, une partie de son action incluait la boisson de la Mahia. Boire la Mahia n'était pas à ses yeux une vaine chose, mais plutôt un acte où se cachaient des secrets inouïs, qui lui permettaient d'opérer des Tikounim – réparations inaccessibles à notre entendement.

On raconte qu'une fois, Rabbi Yaakov Abehssera était en compagnie d'un émissaire d'Erets-Israël et ils étaient en difficulté devant un texte très difficile. Rabbi Yaakov fit appeler son jeune fils Rabbi Ytshak et lui soumit le passage en question. Rabbi Ytshak leur dit : « Ne savez vous pas que je ne puis me pencher sur un texte sans la Mahia ? » Le Rabbin envoya chercher de la Mahia. Après avoir bu, Rabbi Ytshak plongea dans le cœur du problème et émit des propos très élevés. L'émissaire d'Erets-Israël était en admiration devant le jeune Ytshak et il dit : « En Erets-Israël, nous n’avons pas des gens de cette valeur! » Même lorsque sa famille voulut l’empêcher de consommer de la Mahia, toutes leurs tentatives échouèrent, et le ciel l'aida à continuer dans la voie qu'il s'était tracée. Voici une histoire à l'appui de ces dires.

Une partie de la famille qui n'appréciait pas le fait que Rabbi Ytshak boive exagérément, le harcelait en exigeant, vainement, qu'il cesse de boire de la Mahia. Lorsqu'ils virent que tous leurs toutes leurs tentatives échouaient, ils escamotèrent l'échelle qui menait à sa mansarde pour qu'ils puissent veiller à ce que nulle personne ne lui livre la boisson. Quand Rabbi Ytshak comprit que dorénavant il n'aurait pas de Mahia à sa volonté il pria Dieu de l'aider. En ce temps là vivait tout près du logis de Rabbi Yaakov une femme qui distillait de la Mahia à base des dattes de palmiers qui poussaient dans sa cour. Sa Mahia était considérée comme la meilleure et lui permettait de vivre dignement de sa vente. Or, juste au moment où Rabbi Ytshak fut privé de la boisson, sa Mahia ne réussit pas et elle en fut très consternée. Elle pria et fit un vœu que si sa Mahia redevenait ce qu'elle était, elle en porterait tous les jours à Rabbi Ytshak son voisin qui tout en se dédiant entièrement à l'étude de la Torah aimait boire de la Mahia.

Et voici que son premier essai après sa prière réussit pleinement. Elle se hâta de remplir un carafon de Mahia et le porta à son voisin. Là, elle s'aperçut que l'échelle de sa mansarde avait été enlevée. Elle l'appela plusieurs fois et quand il l'entendit et comprit de quoi il s'agissait, il lui demanda de poser le carafon sur le bord de sa fenêtre qu'il pouvait atteindre facilement. Il lui recommanda de continuer à déposer des carafons de Mahia sur le bord de sa fenêtre si elle voulait continuer à réussir sa Mahia. Alors que la famille de Rabbi Ytshak se réjouissait d'avoir réussi de l’empêcher de boire à sa guise, la voisine continuait à lui livrer la quantité de boisson dont il avait besoin. Ceci dura ainsi jusqu'au jour où la voisine n'eut plus de carafons chez elle, et vint demander qu'on lui donne les carafons vides qui étaient chez Rabbi Ytshak. Alors tous comprirent que le Ciel aidait Rabbi Ytshak à se procurer de la Mahia et qu'il ne fallait donc pas l’empêcher d'en boire.

 

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