Contes populaires-racontes par des Juifs du Maroc
Dipertion et unite – בתפוצות הגולה
Contes populaires
Racontes par des juifs du Maroc
Publie et annotes par
Dr Dov Noy
Jerusalem 1965
Il y a huit ans, nous nous sommes posé ces questions et nous ne possédions alors aucune documentation qui aurait pu nous aider à y répondre. Bien sûr, la solution la plus aisée aurait été d'admettre que le conte populaire, tout comme le costume traditionnel national et de nombreuses autres coutumes vénérables, appartient au passé. Mais même si telle était notre conviction, il nous fallait faire une enquête parmi les immigrants pour constater le fait. L'un des résultats de nos premiers contacts avec les immigrants fut la constation que la littérature folklorique orale n'était pas encore tombée dans l'oubli et nous décidâmes de puiser ces contes "à la source" et de les préserver aux Archives Israéliennes du Conte Populaire
Notre effort fut couronné de succès. Aux endroits les plus inattendus, nous découvrîmes des hommes et des femmes, des jeunes et des vieux, qui connaissaient et savaient raconter des contes populaires. Les narrateurs et leur public appartenaient à des communautés variées et à toutes les couches sociales. C'est ainsi que nous avons découvert un instituteur blanchi sous le harnais, un chauffeur de camion, un marchand de légumes, un commerçant, un journalier et un jeune employé, qui avaient ceci en commun, qu'ils aimaient à raconter des histoires. Nous avons également découvert une vraie source de contes antiques étranges et de légendes où se reflète l'histoire de notre peuple jusqu'à l'époque moderne
Dans de nombreux pays, la collection de contes populaires est une tâche compliquée et difficile. Souvent il faut couvrir de grandes distances pour se rendre d'une région "culturelle" à une autre. Les personnes qui se consacrent à cette tâche se voient parfois obligées de passer des mois, ou même des années, loin de leurs foyers. La société au sein de laquelle elles essayent de réunir la documentation qui les intéresse, peut se montrer méfiante à leur égard et à l'égard des institutions qu'elles représentent. Pour arriver à des résultats réels, des expéditions s'adonnant à des recherches ethnologiques doivent être bien organisées. Les difficultés de ce travail sont encore augmentées par le fait que souvent les peuples qui font l'objet de ces enquêtes, ne sont pas suffisamment conscients de la valeur de leurs créations originales de sorte que la réunion de ce matériel et son enregistrement, par écrit ou de tout autre manière, doivent être faits par des étrangers
Au cours du dernier siècle, des institutions de plus en plus nombreuses ont enregistré des contes populaires en Europe, mais peu d'activités de ce genre ont été déployées parmi les communautés juives d'Asie et d'Afrique du Nord. La grande majorité du travail accompli dans ce domaine, concernait des communautés non-juives et fut surtout réalisée par des philologues s'intéressant, en premier lieu, aux dialectes locaux. Aussi, les savants, s'ils enregistraient des contes et des légendes, ne s'intéressaient pas à leur valeur littéraire et se contentaient souvent de noter quelques passages ou simplement plusieurs phrases
La situation est fort différente dans l'Etat d'Israël. Les immigrants qui sont venus ici de pays souvent très éloignés, sont nos frères. Nous aimons le trésor de contes populaires qu'ils ont apporté avec eux et l'acceptons comme un précieux cadeau. Tout ce qui nous reste à faire c'est de recueillir ces contes, de les enregistrer et de les conserver. En Israël, chaque agglomération de nouveaux immigrants a ses narrateurs qui, dans la plupart des cas, sont fort heureux de présenter des échantillons de leur art
Grâce aux efforts d'environ 200 enregistreurs bénévoles, originaires, eux aussi, de différents pays et communautés, un grand nombre de contes populaires ont été enregistrés par écrit au cours des huit dernières années. Ces contes appartiennent à pratiquement toutes les communautés rassemblées dans l'Etat d'Israël moderne. La plupart de ces contes et légendes trouvent encore aujourd'hui un public et l'art du narrateur est encore cultivé dans de nombreuses communautés