L'usurier et la sage fille du juge

contes-populairesL'USURIER ET LA SAGE FILLE DU JUGE

11 y a fort longtemps, vivait à Casablanca un marchand juif, riche et honoré. Il avait un fils unique. Un jour, le marchand tomba malade; il fit venir son fils et lui dit: "Je veux te parler, car il est possible que d'ici quelques jours je serai mort. Que feras- tu, mon fils, avec tout ce que tu hériteras, avec les maisons et les magasins? C'est ce que j'aimerais bien entendre de ta bouche avant que je ne meure".

Le fils répondit: "Mon père, tu veux savoir ce que je ferai avec toutes ces richesses? C'est bien simple: A ceux qui vien­dront me demander de l'argent, j'en donnerai. Lorsque je verrai un groupe d'hommes joyeux, je me joindrai à eux et je partici­perai à leur joie, car j'aime m'amuser. Et lorsque je verrai une jolie fille, je la prendrai et je lui donnerai beaucoup d'argent."

"Quel malheur" gémit le père sur son lit de mort. "Voilà où ira tout l'argent que j'ai eu tant de mal à réunir!"

Le père mourut et il n'y avait personne pour administrer les biens et les nombreux magasins qui lui avaient appartenu. En moins d'une année, toute la fortune était gaspillée et la veuve et le fils restèrent sans le sou. Dans son désespoir, le fils se vit obligé de demander l'aumône pour lui et pour sa mère.

Un jour, la mère dit à son fils: "Aujourd'hui, nous n'avons rien à manger".

Le fils dit à la mère: "Je vais quitter cette ville, car tout le monde me connaît et tout un chacun sait que j'étais riche et que j'ai tout perdu. J'ai tellement honte que je dois m'en aller".

Le fils quitta Casablanca et se rendit à Marrakech. "Là-bas, personne ne me connaît", se dit-il. Mais à Marrakech, il y avait beaucoup d'hommes riches, qui avaient été en relations d'affaires avec le marchand de Casablanca et ils n'eurent aucune peine à reconnaître son fils unique. Ils lui demandèrent: "Pourquoi es-tu venu ici?"

Le fils répondit: "Je suis venu pour acheter des marchandises, mais en route j'ai perdu mon argent. Prêtez-moi la somme qu'il me faut, je vous promets de vous la rendre".

L'un des hommes, un marchand très riche, lui dit: "Je suis prêt à te prêter n'importe quelle somme d'argent, mais à une condition: Tu peux employer l'argent à faire ce qui te plaira, mais à la fin de l'année, si tu ne me rends pas la somme que je t'ai prêtée, tu dois me donner un kilo de ta chair".

Le jeune homme accepta cette condition et signa un engage­ment dans ce sens.

Toute l'année durant, le jeune homme fit des affaires, mais la chance ne lui sourit pas: il perdit tout l'argent qu'il avait emprunté.

Deux mois avant le terme du contrat, le jeune homme était tellement découragé qu'il cessa d'absorber toute nourriture. L'idée qu'on lui couperait un morceau de sa chair le terrifiait.

Que fit le malheureux? Au bord de la mer, habitait un roi et il était strictement interdit d'entrer dans son château. Seuls ceux qui cherchaient la mort essayaient d'y pénétrer. Le malheu­reux, en désespoir de cause, décida de se rendre au château pour y trouver la mort, car il n'avait pas le courage de se tuer lui- même. "J'entrerai dans le château et là, on me tuera", se dit-il. Le malheureux essaya donc de pénétrer dans le château, mais il s'aperçut que la porte d'entrée était verrouillée. Que faire? Il alla vers la chambre où habitait la fille du roi. Il s'installa sous sa fenêtre et se mit à pleurer amèrement. La fille du roi jeta un coup d'oeil par la fenêtre pour voir qui pleurait, mais elle ne put voir ce qui se passait en bas.

Trois jours passèrent ainsi et le jeune homme ne bougea pas et ne s'arrêta pas de pleurer. Le quatrième jour, la fille du roi dit au jeune homme: "Sors de là, homme! Si vraiment tu es un homme et non pas un esprit, fais-toi voir et je ferai pour toi ce que tu me demanderas, car tes pleurs m'ont touchée."

 la princesse prononça trois fois ces paroles jusqu'à ce que le jeune homme fît ce qu'elle lui demandait. Avant de se mon­trer, il lui demanda de lui promettre qu'elle ne lui ferait aucun mal.

La fille du roi lui fit cette promesse et le jeune homme sortit de sa cachette. La princesse se rendit compte que le jeune homme était très beau et elle lui dit: "Dis-moi, jeune homme, pourquoi pleures-tu? Peut-être puis-je t'aider."

Le jeune homme se présenta et la princesse se rappela alors qu'elle avait connu son père.

"Je me suis mal conduit, j'ai gaspillé tout l'argent de mon père et j'ai détruit ma vie. Ma mère est restée dans sa maison et qui sait, peut-être est-elle déjà morte de faim. J'ai quitté ma ville dans l'espoir de commencer une nouvelle vie, mais j'ai ren­contré un homme riche qui a connu mon père. .." et le jeune homme raconta à la fille du roi toute sa vie et les termes du con­trat qu'il avait signé.

"Et maintenant s'approche le jour où je dois rendre à l'hom­me l'argent qu'il m'a prêté, ou lui donner un kilo de ma chair".

La fille du roi lui donna ce conseil: "Retourne dans la ville de l'homme qui t'a prêté l'argent et donne-moi son adresse. J'y enverrai un avocat pour qu'il défende ta cause".

Mais le jeune homme resta dans le château et devint l'amou­reux de la fille du roi sans que ce dernier le sache. Quelques jours avant le terme de son contrat, le jeune homme retourna à Mar­rakech. Tous ceux qui le virent lui demandèrent: "Où as-tu été tout ce temps?" Il leur répondit: "Je suis allé dans une autre ville et j'y ai épousé la plus belle femme du monde."

"Et comment rempliras-tu les engagements?"

"Un avocat viendra pour me défendre."

Arriva le jour du procès. La fille du roi, déguisée en avocat, entra avec, le juge dans la salle du tribunal. Le juge demanda au marchand: "Quelle somme demandes-tu? Que te doit ce jeune homme?" Le richard sortit de sa poche le contrat et le montra au juge. Celui-ci lut le texte et demanda au jeune homme: "Est-ce que tu te déclares coupable?"

"Monsieur le Juge, répondit le jeune homme, que puis-je fai­re? J'ai bien signé le contrat, mais sachez que j'ai fait cela parce que je n'avais pas le choix".

La fille du roi, déguisée en avocat, se leva alors et dit au juge: "Monsieur le Juge, mon client doit remplir son engagement, mais j'exige que le plaintif découpe exactement un kilo de chair du corps du jeune homme. Si le poids est inférieur à un kilo, le plaintif y ajoutera ce qui manque; s'il dépasse le kilo, nous cou­perons un morceau de sa chair pour rendre au jeune homme ce qu'on lui a pris en trop".

L'homme riche se leva et dit: "Je ne peux pas couper exacte­ment, et en un seul morceau, un kilo de chair. Qu'il garde sa chair et je lui fais cadeau de l'argent qu'il me doit par-dessus le marché".

Après le procès chacun rentra chez soi. La fille du roi changea de vêtements et se mit à la recherche de son mari. Lorsqu'elle l'eut retrouvé, elle lui dit: "Que penses-tu de l'avocat que je t'ai envoyé? Est-ce qu'il t'a bien défendu?"

Le jeune homme lui répondit: "Il était excellent, je ne croyais pas qu'il fût possible de gagner ce procès".

Elle lui dit: "Je vais tout t'avouer: c'est moi qui t'ai défendu dans ce procès".

Le couple se rendit chez la mère du jeune marié et tous quit­tèrent Marrakech pour s'établir dans le château du roi. C'est là que le mariage fut célébré en grande pompe et le couple vécut heureux, de longues années durant.

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