Le château de Cambous et l’aliyah des jeunes Par Christian Pioch

misgueret

Quelques mois de plus et Léon Pépin (1909-1982), fils de Paul, l’ancien maire d’avant la Libération décédé en 1954, devenait à son tour maire de Viols-en-Laval en novembre1959, le restant jusqu’à son décès, le 28 juillet 1982. Le Cambous juif vit alors sesdernières heures, d’autant plus que les négociations menées avec le gouvernement du Maroc permettront enfin aux juifs de ce pays de sortir à la fin 1961 du cadre clandestine dans lequel se plaçait depuis 1956 leur émigration.

Dès l’été 1961, un premier acompte d’un demi-million de dollars est débloqué par EranLaor, trésorier de l’ Agence juive à Genève, et est versé en liquide aux représentants du roi du Maroc. L’étau administratif et policier s’ouvre, l’opérationYakhin peut commencer(soit 97 000 migrants supplémentaires en 1961-1964), et le Camp de Cambous n’a désormais plus guère d’utilité pour gagner Israël.

D’autres stages de la Misgeret  se déroulent cependant encore à Cambous en 1960-1961, plus ou moins discrets, déguisés sous le nom officiel de colonies de vacances, avec environ 500 participants comme le précisait une affiche israélienne dont copie a éte donnée plus haut.

Affiche israélienne relative à des passeports collectifs (avec l’aimable autorisation de M. Serge Chétrit, site http://ruhama.blog4ever.com)

Le passeport marocain jaune, dressé en novembre 1961, est «valable pour tous les pays à l’exception d’Israël  »

l’émigration du Maroc vers Israël étant officiellement interdite en 1956.

Le 2 mars 1960, en préfecture de l’Hérault, dans une note adressée au préfet sous couvert du secrétaire général, le chef de la l ère division du Service des étrangers et des passeports constate cependant la fin définitive du Centre de transit juif de Cambous qui ne fonctionnera plus, de temps à autre, que pour les besoins de colonies de vacances, du moins officiellement. Son historique reprend des points déjà connus, mais développe néanmoins divers aspects réglementaires de l’époque qu’il est bon de préciser, malgré le caractère répétitif de l’introduction

« En 1950, une organisation israélite ayant son siège en France, mais fonctionnant sous le contrôle administratif des autorités diplomatiques de l’Etat d’Israël et bénéficiant des subsides de ce dernier, acquiert le château et ses dépendances qui formaient [alors], sur le territoire de la commune de Viols-en-Laval, le camp militaire dit « De Lattre de Tassigny ». La maison d’enfants israélites de Cambous avait pour objet d’héberger, pendant une période moyenne de 3 mois, des enfants israelites  de 10 à 15 ans en provenance d’Afrique du Nord (Maroc, Tunisie, Algérie). Au cours de cette période, ces enfants suivaient une formation spéciale visant surtout le perfectionnement de leurs rudiments en langue hébreu, puis étaient dirigés sur Israël.

Le fonctionnement dudit Centre était assuré par un personnel de direction et administratif (5 personnes), de moniteurs et monitrices (13 personnes), en quasi totalité de nationalité étrangère, et de personnel domestique, comprenant en majorité des éléments français (13 personnes). L’effectif des enfants oscillaient, selon les périodes,autour de 120.

Au point de vue contrôle administratif, le Ministère de l’Intérieur avait prescrit les dispositions suivantes :-

 les intéressés étaient munis d’un titre de séjour temporaire ;

– l’admission au Centre des moniteurs et stagiaires était subordonnée à l’agrément préalable du Ministère de l’Intérieur ;

– la réglementation sur le séjour en France des étrangers leur était appliquée.Tous les trimestres, nous fournissions au Ministère un rapport sur la situation des effectifs présents (état numérique des enfants, du personnel d’encadrement et notice individuelle des personnes nouvellement arrivées). Ces renseignements nous étaient fournis par le commissaire principal, Chef du Service départemental des Renseignements généraux, qui était chargé du contrôle du Centre. J’aj-oute que la maison d’enfants israélites de Cambous a cessé de fonctionner au début de l’année 1958 : seul un concierge, de nationalité française, assure l’entretien de l’immeuble».

Sur la base moyenne de 120 enfants par trimestre (mais on a vu les effectifs chuter à30-40 stagiaires seulement), soit 480 par an, on pourrait estimer que Cambous vit ainsi transiter, sur huit années pleines, de 1950 à 1958, aux alentours de 3 840 enfants, chiffre que l’on arrondira à 4 000 et qui pourrait avoisiner, selon un ancien agent du camp, les 7000 à 7 500 enfants en y ajoutant les périodes de pointe, mais aucun registre des entrées et sorties n’est aujourd’hui disponible dans la liasse 490 W 130 des Archives de l’Hérault,l’information se trouvant certainement dans les archives sionistes auxquelles nous n’avons pas eu accès. Peu après, l’indépendance de l’Algérie amenait sur la région une autre déferlante de toutes origines confessionnelles, amenant la population montpelliéraine, de seulement 97501 habitants en 1956, à passer à d’un coup à 118 000 ou 121 000 habitants en 1962, puis à 161 910 en 1968…Lors du recensement de 1968 réalisé à Viols-en-Laval, le gardien (concierge) du châteauétait Auguste Cournut, né en 1926 à Viols-le-Fort, vivant sur les lieux avec son épouse etdeux jeunes enfants, l’un né à Amiens, l’autre à MontpellierEn 1972, le Centre de Cambous n’ayant plus aucune utilité, la S.C.I. constituée en 1950 fera cession des lieux à Gildas Dubois et Catherine Scheyvaerts, lesquels en ferontrevente en 1978 à un artiste et couturier juif d’origine algérienne, Yves Moïse Asseraf (1933-1989), plus connu sous les noms d’Olivier Brice ou Michel Tellin (cf. infra)
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