La Qsida chez les Juifs narocains Issachar Ben-Ami

יהדות מרוקו - פרקים בחקר תרבותםLA QSIDA CHEZ LES JUIFS MAROCAINS

ISSACHAR BEN-AMI

Quand Krenkow affirmait que la qçida avait survécu aux temps modernes et qu'il détenait quelques qçaïd écrites par des auteurs modernes, il ne se doutait certainement pas que ce genre littéraire était encore très répandu chez les juifs marocains. Il serait intéressant de comparer le cadre de la qçida tel qu'il s'est développé en Arabie  à celui de la qsida telle qu'elle est connue chez les juifs marocains. Notons de suite qùe chez ces derniers le nasîb  ainsi que le rahil  ont disparu et que seul le 'ird  subsiste. La quête  demeure également un élément important dans la qçida moderne. La faveur dont jouit la qçida qui est toujours chantée  chez les juifs marocains est commune à la masse et aux lettrés  et a permis la publication de plusi­eurs d'entre-elles.

La plupart des qçaïd sont d'auteur anonyme bien qu'il ne fasse aucun doute qu'elles soient dues chacune à un auteur unique. Sur les vingt-trois qçaïd qui font l'objet de notre présente étude, treize sont anonymes, les autres sont signées soit explicitement, soit par des initiales, acrostiches etc.. (Voir Tableau) Il semble que les auteurs réputés ne prenaient pas la peine de signer leurs qçaïd. La première ici citée, "la qçida de la shina" est attribuée d'après la tradition au célèbre Rabbi David Iflah. Des auteurs moins célèbres ont, par occasion, écrits certaines qsaïd et ont signé. Ils utilisent soit l'acrostiche (voir "la qsida de la Mort") soit des données à la fin- de la qsida qui permettent de reconstituer le mot.

  • En effet il existe des centaines de "qsaïd" dont plusieurs se sont conservées dans la littérature orale des juifs marocains. Plusieurs qaïd ont paru tant sur feuilles volantes que dans des recueils manuscrits ou imprimés. En fait plusieurs auteurs ont publié des qçaîd dans des ouvrages divers. Voir "Kinot… qsaîd" de Mimoun ben David Ghighi, Ms à la Bibliothèque de l'Université Hébraïque de Jérusalem, No. 4286; "Kessat Iyov", du 19e siècle à l'Université Hébraïque, No. 4288; Manuscrit Zini (appartenant à Mr. Chaul Ziv de Jérusalem) ; Manuscrit Obadia (appartenant au Rabbin David Obadia de Jérusalem); Ismah Tsadik, H. M. Suissa, 1945, (sans lieu d'édition) pp. 20-22, 2-4. Dans le Manuscrit No. 3 de ma collection privée qui comporte entre autres la Haggada de Pessah avec une traduction en judéo-arabe, des chants divers, des descriptions de coutumes etc.. figurent cinq qsaïd. Nous possédons l'enregistrement sur bande magnétique d'une qsida qui fut composée lors d'une famine. C'est une femme juive aujourd'hui âgée de 90 ans, originaire de Demnate qui a bien voulu nous chanter cette qsida intitulée "la qsida dsl ghla" (la qsida de la chèreté de vie) et qui parle de la chèreté de la vie et de la rareté des denrées consécutives aux si nombreuses famines qui ont sévit au Maroc. Voir à ce sujet G. Vajda, Un recueil de textes historiques judéo-marocains, in Collection Hespéris, Vol 12, 1951 (Index: sécheresse et famines).

3 – La littérature concernant la qçida est abondante. Citons ici seulement R. Blachère, Histoire de la littérature arabe des origines à la fin du 15e siècle de J. C., 3 Vol., Paris, 1952-1966, voir Index qsida; G. Richter, Zur Entstehungsgeschichte des altarabischen Qsida, in Z.D.M.G, XCII, 1938; Gaudefroy-Demombynes, Introduction au livre de la poésie et des poètes, Paris, 1947; A.R. Nykl, Hispano-arabic poetry and its relation with the old provençal troubadours, Baltimore 1946; H. Pérès, La poésie andalouse en arabe classique au Xle siecle, Paris 1937 ; Ch. Pellat, Langue et littérature arabes, Paris 1952.

4 –nasib –        C'est le prologue érotique que le poète consacre à une femme qu'il a aimée.

Rahil –         C'est la partie de la qsida qui décrit le voyage du poète. Généralement il décrit la route, les déserts, la monture etc…

6 – Ird –              Ici est décrit l'éloge ou la sottise d'un personnage ou d'un groupement.

 7 – La quete –           C'est la traduction de la qsida donnée par R. Blachère, op. cit., p. 375. Ce terme souligne surtout l'élément de la recherche : celui de l'aimée, des lieux etc.

8 –       Voir "la qsida du Harraz" recueillie à Fès par Mohammed el Fassi et Emile Dermengheim, in H. Ducaire, Anthologie de la littérature marocaine, arabe et berbère, Paris 1943(?), pp. 189-196.

9 –         Toutes les qsaïd sont chantées. Les auteurs signalent toujours sur quel air la qçida doit être chantée. Le plus souvent on adapte l'air de la qçida à une chanson déjà connue et répandue.

10 –        "La qeçça est très en faveur dans le milieu des lettrés comme dans les masses populaires et ses thèmes sont divers : versions adaptées et rimées de récits bibliques ou de poèmes liturgiques, chants de joie ou complaintes (qînît), hymnes à la gloire de saints palestiniens (Rabbi Shimeon Bar Yohai et Rabbi Meïr Ba'al Hannes) ou de santons locaux (Moulay Ighi, Rabbi Ih'ya Lakhdar…), homélies paranétiques ou pièces satiriques". H. Zafrani, Les langues juives au Maroc, in Revue de l'Occident musulman de la Méditerranée, Numéro 4, Aix en Provence 1967, p. 181.

11 –          En effet le Maroc-juif connaît peu de recueils imprimés de littérature populaire relativement, par exemple, aux nombreuses publications dans ce domaine chez les juifs tunisiens. Voir R. Attal, Aperçu sur la littérature populaire des juifs tunisiens, in Studies and Reports, III, Jerusalem 1960, pp. 50-54. H. Zafrani a analysé une qossa (histoire, conte. Le même mot est employé pour qasida) "une histoire de Job en judéo-arabe du Maroc", in R.E.I. 1968, pp. 279-315.

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