La persecution anti-juive-JosephToledano

La persecution anti-juiveLe premier statut des Juifs

La défaite est vécue par le nouveau régime installé à Vichy comme une opportunité divine pour réaliser sous couvert de l'occupation allemande, la Révolution Nationale sur le modèle des dictatures fascistes et national-socialiste. Avec son inévitable cortège d'idéologie et de mesures antisémites adaptées à la sauce française – comme le proclamait dès juillet 1940, le nouveau ministre des Affaires Etrangères, Paul Baudoin:

La révolution totale dans laquelle s'est engagé le pays était en gestation depuis une vingtaine d'années. L'évolution actuelle s'est faite en toute liberté et non pour complaire au vainqueur. Nous adopterons une solution française conforme à notre caractère, à nos besoins, dans la meilleure ligne de nos traditions… Le monde d'avant 1940 a été définitivement enterré…

Pour propager et veiller à l'application des idéaux de la Révolution Nationale, des dizaines de milliers de militants sont enrôlés dans le corps de la Légion des Combattants fiançais – dont les juifs sont naturellement exclus – en France et dans les trois pays de l'Afrique du Nord.

Rapidement, est élaboré le Statut des Juifs, adopté par le gouvernement Laval le 3 octobre 1940 et publié au Journal Officiel le 18 octobre. Sans aller aussi loin que son modèle îles lois de Nuremberg, le statut adopte la définition raciale et non religieuse de l'appartenance au peuple juif "celui ayant trois grands-parents de race juive ou deux grands- parents de la même race si son conjoint lui-même est juif. Il poursuit le même objectif: mettre fin à la domination de la pieuvre de la ploutocratie juive internationale en éliminant progressivement les juifs de la vie nationale et en les mettant au ban de la société française. Le statut écarte les juifs de la fonction publique, des mandats électifs et de toutes les professions susceptibles d'influencer l'opinion: de l'enseignement à l'information, en passant par les arts, le cinéma, la radio et la presse. Le statut fut immédiatement et automatiquement étendu à l'Algérie – avec en supplément local l'abrogation du décret Crémieux de 1870 octroyant en bloc la nationalité française aux juifs algériens – et aux juifs français résidant dans les protectorats de Tunisie et du Maroc. La décision de d'étendre également le nouveau statut aux juifs de ces deux pays ne pouvait être aussi automatique en raison de la survivance théorique de leur autonomie judiciaire.

Pour les juifs du Maroc, sujets personnels du sultan ne relevant pas directement de la juridiction française, Vichy demanda au Résident à Rabat de préparer le terrain, en adaptant, si nécessaire, les mesures aux conditions locales, pour obtenir le plus rapidement possible l'aval du sultan, seul habilité en fin de compte à donner vigueur aux dahirs, préparés et rédigés en fait à la Résidence. Dans la colonie française du Maroc l'antisémitisme larvé qui croupissait dans certains milieux, trouva là l'occasion de refaire surface et de s'épanouir au grand jour comme en témoigne un haut fonctionnaire de la Résidence, le Délégué à l'Instruction Publique, Roger Thibault:

Je fus surpris par l'attitude de la plupart des hauts fonctionnaires qui au temps où Léon Blum était Président du Conseil, affirmaient des opinions pro-sémites exagérées et qui, maintenant, ne savaient qu'inventer pour appliquer au Maroc un statut des Juifs encore plus sévère qu'en France…

(Les Cahiers de l'Alliance Israelite Universelle)

Malgré ces pressions, le Résident soucieux d'éviter les effets pervers de mesures antijuives trop sévères pour la stabilité sociale et l'équilibre fragile de la vie économique du pays, voulait, au contraire, comme devait l'affirmer son avocat lors de son second procès, "amortir ou éluder ces lois d'exception non seulement parce que Noguès les trouvaient injustes, mais parce qu'elles étaient, au Maroc, suprêmement imprudentes ".

S'il n'est pas interdit en l'occurrence de douter des considérations de morale de Noguès, l'opposition éthique du sultan à la prise de mesures spécifiques contre ses sujets juifs n'était pas un secret. Mais la faiblesse de son pouvoir effectif, surtout en ces circonstances, était trop évidente. Il ne pouvait être question pour lui de s'y opposer de front, et de concert avec les services de la Résidence, ses représentants veillèrent au cours des semaines de négociations à alléger au maximum la portée pratique de ces mesures, avant que le sultan ne finisse par donner son aval et apposer son sceau sur le dahir du 29 Ramadan 1359, publié au Journal Officiel du Protectorat le 31 octobre 1940, portant application au Maroc du Statut des Juifs.

Premier amendement, sans portée pratique, mais essentiel pour le Commandeur des Croyants qu'était le sultan, la définition religieuse et non raciale du juif. Est juif celui qui professe la religion juive. Ainsi un juif converti à l'islam ne peut plus être considéré comme juif avec ou sans mention de l'appartenance ethnique ses ascendants. En conséquence, la conversion était le moyen théorique d'échapper à la condition juive, mais nul ne songera à cette extrémité uniquement pour échapper à l'application du Statut comme en avertissait ses étudiants, futurs Contrôleurs civils du Centre de Hautes Etudes d'Administration Coloniale, le professeur Dutheil:

Autre intervention du Makhzen central sur un plan différent – la question de savoir si les juifs, pour échapper au nouveau Statut, ne pourraient s'y soustraire en se convertissant à l'islam.

Avant même que le Statut ne fut élaboré, la question avait été soumise au sultan. Dès l'abord, ce dernier en contesta le principe, exposant d'une part, que l'attestation du cadi était nécessaire à la validité des conversions et d'autre part surtout, que lui, sultan, ne pouvait assumer la responsabilité en sa qualité de chef religieux, de l'application d'une législation qui pouvait être considérée comme de nature à entraver les conversions. L'argument est peut-être spécieux, il n'en est pas moins sympathique. D'ailleurs les conversions à l'islam sont rares chez les juifs. Il illustre cependant clairement l'affirmation qu'il n'y a pas d'antisémitisme chez les Marocains, ni, d'après notre exemple, chez le premier des Marocain.

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