Histoire des juifs de Safi-Brahim Kredya

Haroun avait une grande autorité sous le règne de son père le sultan Ahmed Al Mansour ; les commerçants et les propriétaires des navires cinglais le craignaient. Il devint le sujet de toutes les conversations en Angleterre au point qu'il inspira à Shakespeare l'un de ses ouvrages. Sous les Alaouites, le sultan Moulay Ismail avait un conseiller juif du nom de Mimrane, et un trésorier pour ses biens et ses dépenses, Ibn Attar. Ce dernier fut l'intermédiaire dans le traité avec l'Angleterre en 1721. Quand ce sultan décéda, les juifs du Maroc portèrent le deuil et considérèrent ce malheur comme une vengeance de Dieu les punissant pour les péchés et les crimes qu'ils commettaient. Durant le règne de Sidi Mohammed Ben Abdellah, le rôle politique et économique des juifs se développa ; parmi les personnalités juives les plus en vue, il y avait Samuel Samble, né à Safi, dont la plupart des traités signés sous son règne portent le nom. Jusqu'à nos jours, les juifs marocains, au Maroc et à l'étranger, continuent à jouir de la sympathie et de la confiance des rois du Maroc. On choisit parmi eux des ministres et des conseillers.

L'un des rabbins de Fès, nommé Chamuel Ben Danane, dit, parlant des années de sécheresse : « Des appels au secours se sont élevés dans tous les quartiers de la ville… nous avons pris l'exemple des musid- mans et nous avons jeûné comme eux… nous nous sommes réunis… et nous avoris prié sept fois la prière de "Y ghafour" (Ô toi qui pardonnes !)… le lendemain, nous avons jeûné ensetnble, petits et grands, et même les femmes enceintes et celles qui allaitaient… Grâce et Louange à Dieu… depins le lundi et le début de nos invocations, les nuages ont couvert le ciel et des gouttes salutaires se mirent à tomber, le vent d'est (chergui) cessa de souffler… et des pluies bénéfiques tombèrent toute la nuit… nous avons sorti notre livre et nous avons psalmodié les louanges… et notre espoir m Dieu et sa miséricorde persiste. » [D'après Mohamed Kenbib, Mémoires du patrimoine marocain, op. cit., pp. 125-126.]

Bien que les juifs marocains fussent, selon la conception de notre époque, des « citoyens de seconde classe», beaucoup atteignirent des situations élevées (avantages, respect et influence). On compta parmi eux des ministres, des conseillers, des chambellans, des ambassadeurs et des négociants du sultan. Au dire du grand sultan Moulay Al Hassan Ier, la plupart des juifs avaient acquis richesse et opulence et vivaient dans l'aisance, le confort et le bien-être. Dans une lettre adressée à certains de leurs commerçants importants, sa majesté disait :

« Vos pauvres sont beaucoup moins nombreux que vos riches, contrairement aux musulmans dont le nombre des pauvres surpasse celui des riches sans aucune possibilité de comparaison. L'ensemble des riches musulmans est comme une tache blanche sur le dos d'un taureau noir. »

Le gouvernement, dans les périodes de sécheresse ou d'épidémie, soulageait ses sujets juifs en réduisant les impositions, et même en exonérait les plus pauvres, comme cela se produisit sous le règne du sultan Sidi Mohammed Ben Abdellah qui exempta des droits de capitation les juifs de Safi et d'Agadir, considérés comme les plus pauvres du pays.

Si les juifs marocains avaient été victimes de malveillances, de pillages et de vols pendant les années de crise, leurs concitoyens musulmans ne furent guère épargnés. Mais en temps normal, de tels faits « étaient beaucoup plus rares qu'on ne le disait », et à l'origine de ces événements, « c'était la populace » qui ne mesurait pas la portée de ses imprudences et de son inconstance. Jamais un gouvernement marocain n'a incité à maltraiter les juifs comme cela s'était passé dans beaucoup de pays européens. Au contraire, des étrangers avaient constaté que les juifs jouissaient d'une « protection efficace » et cette situation perdura même au moment où le Maroc se trouvait sous l’emprise du protectorat français. Il nous suffirait de citer l'attitu­de courageuse et exemplaire du roi Mohammed V quand il refusa d'appliquer les directives nazies de Vichy, qui appelaient à opprimer les juifs du Maroc. La réaction de Sa Majesté fut ferme et définitive quand il répondit au gouvernement de Vichy : « Je n'admets absolument pas les nouvelles lois anti-juives… et je n'accepterais pas d'être complice de ce que je réprou­ve. Il vous appartient de savoir que les juifs sont encore sous ma responsabilité comme ils l'ont toujours été et je refuse toute ségrégation entre mes sujets. »

À l'occasion de la Fête du Trône de l'année 1944, au moment où le Maroc entier criait sa volonté d'indépendance, le roi Mohammed V reçut une délégation des juifs de la capitale, Rabat, et s'adressa à eux, d'après un rapport confidentiel adressé à Paris par la Résidence Générale, en ces termes : « Vous êtes mes sujets au même titre que les musulmans et pour cela je vous salue et je vous aime. Soyez sûrs que vous trouverez toujours auprès de moi toute l'aide dont vous aurez besoin… Je vous répète que je suis décidé à vous garder comme à vos frères musulmans, la même considération et la même solli­citude. Cette fête est notre fête commune. » [D'après Germain Ayache, « Mohammed V et les Juifs du Maroc », Conférence internationale au sujet de « Mohammed V le Leader »/16 au 20 novembre 1987, pp. 120-121.]

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