Juifs du Maroc R.Assaraf

C'est cette thèse que défendit rabbi Yehouda Bibas lors de multiples conférences données en Europe. Il aurait converti à ses idées le grand rabbin de Serbie, rabbi Yehouda Alcalaï, longtemps rabbin à Semlin, ville dont était originaire le grand-père de Theodor Herzl, le fondateur du sionisme politique.

 De sorte que l'on pourrait ainsi établir un lien entre l'auteur de l'État juif et un modeste rabbin d'origine marocaine.

Sans remettre en cause la croyance dans la venue du Messie, rabbi Yehouda Bibas estimait que la délivrance dépendait aussi de l'homme et de sa conduite :

La Rédemptionviendra avec le réveil du cœur des hommes ; le réveil d'en bas aura aussi pour conséquence le réveil d'en Haut. Quand on verra en Haut les efforts déployés par les Juifs pour revenir dans leur pays, on décidera au ciel de venir à leur aide comme il est écrit : "Revenez à moi et je retiendrai à vous. "

Yehouda Bibas se faisait le défenseur d'une renaissance juive par la voie du travail : « Pour que l'idéal biblique se réalise et que chacun puisse vivre sous sa vigne et son figuier, il faudrait d'abord les planter ! Dieu n'a-t-il pas dit : "Montrez-moi le trou d'une aiguille et je vous montrerai la porte du monde." ? »

 À ses yeux, cela signifiait que les nouveaux venus en Terre sainte devaient gagner leur pain à la sueur de leur front et ne plus dépendre des dons charitables faits aux Juifs de Terre sainte par leurs coreligionnaires de diaspora.

Ces spéculations étaient le privilège d'une élite lettrée. La foi simple et bon enfant des Juifs marocains les plus pauvres se nourrissait du souvenir de Jérusalem et de sa gloire passée, une foi qu'ils exprimaient précisément par leurs dons en faveur des communautés de Terre sainte.

 Cet amour d'Israël était à ce point caractéristique des Juifs marocains que l'un de leurs premiers historiens, rabbi Yaacov Tolédano, a pu écrire dans son Ner Hamaarab :

Ils ont pour Eretz Israël un amour merveilleux et admirable. Leur dernier sou, ils sont prêts à en faire offrande pour la Teiresainte, pour la caisse de rabbi Méir Baal Haness ou de rabbi Shimon Bar Yochaï. Tout émissaire d'Eretz Israël, qu 'il soit séfarade ou ashkénaze ; ils le reçoivent avec les plus grands égards et lui réservent la plus généreuse hospitalité, lui accordant des dans bien au-dessus de leurs moyens.

Les émissaires envoyés recueillir des fonds pour lesyeshivot de Terre sainte jouèrent un grand rôle dans le maintien des liens entre les Juifs marocains etla Terre sainte, indépen­damment du fait que, par leur rôle de diffuseurs d'écrits et d'idées, ils permirent aux Juifs marocains de ne pas sombrer dans un total isolement spirituel.

Au xix siècle, les quatre communautés de Jérusalem, Tibériade, Safed et Hébron envoyaient chaque année des émissaires aux quatre coins du monde pour y récolter la haloukah, la contribution destinée à permettre l'entretien des rabbins de Terre sainte.

Au XIXe siècle, on note une augmentation significative du nombre d'émissaires appartenant à des familles marocaines installées de plus ou moins longue date en Palestine ottomane.

Les deux cas les plus connus sont rabbi Raphaël Bensimon (1847-1927) et rabbi Raphaël Ohana (1850-1902). Le premier était le fils du fondateur de la communauté marocaine de Jérusalem et se rendit à deux reprises, en 1888 et 1889, à Fès, ville dont était originaire sa famille.

C'est d'ailleurs à l'occasion de ces deux voyages qu'il fonda une association ayant pour but l'impression des classiques de la littérature rabbinique marocaine, notamment l'Et lekol Hefetz et le Michpat outsédakka beYaakov, de rabbi Yaacob Abensour.

 On lui doit aussi la première version imprimée, à l'époque moderne, du rituel des Juifs fassis, Ahabat Hakadmonim. Quant à rabbi Raphaël Ohana, résidant à Tibériade, il se rendit à Meknès en 1889, mettant à profit son séjour pour écrire un livre, Mizkar Halakha, à propos dela Gabéla, la taxe sur la viande, qui divisait la commu­nauté de Meknès.

L'augmentation du nombre de Marocains installés en Terre sainte dans la seconde moitié du XIXe siècle est la conséquence d'un double mouvement provoqué par la sensible amélioration des correspondances maritimes et l'abolition de la taxe très lourde exigée des pèlerins juifs marocains par Moulay Abderrahman.

Jusqu'à l'installation des Français à Alger, en 1830, le voyage par voie de mer était une aventure risquée, du fait de la présence des pirates « barbaresques », qui n'hésitaient pas à s’emparer des navires étrangers, y compris des navires marocains, lorsque ceux-ci croisaient au large de l'Algérie ou dela Libye.

La fin de la « course » se traduisit par l'éta­blissement de liaisons si ce n'est plus fréquentes, du moins plus sûres. Via l'Algérie oula Tunisie, les candidats au départ pouvaient gagner différents ports européens (Marseille, Gênes, etc.) assurant des liaisons régulières avec Alexandrie, Beyrouth et Jaffa.

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