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Histoire du Maroc -M.Terrasse


histoire-du-marocHistoire du Maroc

Jean Brignon-Abdelaziz Amine-Brahim Boutaleb-Guy Martinet

Bernard Rosenberger avec la collaboration de Michel Terrasse

Haier 1967

« Les discours dans lesquels nous allons traiter cette matière formeront une science nouvelle qui sera aussi remarquable par l'originalité de ses vues que par l'étendue de son utilité. Nous l'avons découverte à force de recherches et à la suite de profondes méditations. »

ibn khaldoun, Mouqaddima (trad. De Slane), p. 77.

LA PRÉHISTOIRE

  1. LE PALÉOLITHIQUE

La préhistoire de l'Afrique du Nord est loin d'être encore bien connue. Il faut faire une large part aux hypothèses dans les conclusions des spécialistes.

L'Afrique semble de plus en plus avoir été le berceau de l'humanité : l'homme y apparaît, fait les premiers pas de son évolution. Tandis que les oscillations quaternaires perturbent la vie des régions septentrionales par les glaciations, celles-ci correspondent en Afrique à des périodes pluviales qui favorisent la vie des chasseurs-cueilleurs, en transformant en savanes, riches en plantes et en gibier, des régions aujourd'hui désertiques.

Cependant c'est du Proche-Orient, que la civilisation se répand : l'agriculture, les métaux, l'écriture, la pensée rationnelle, nés dans les plaines de Mésopotamie et dans la vallée du Nil se diffusent vers le Bassin Méditerranéen.

La préhistoire de l'Afrique du Nord offre des caractères qui la différencient de celle de l'Europe. Si l'évolution des genres de vie et des industries est en gros la même, il faut se garder de vouloir assimiler les périodes. Dès le Paléolithique moyen les différences sont telles dans l'outillage qu'on ne peut plus confondre les deux rives de la Méditerranée. Une terminologie particulière correspond à une réalité particulière.

Il est difficile d'établir une chronologie exacte : la corrélation entre les niveaux marins donnés par des plages fossiles, et les terrasses des cours d'eau, n'est pas encore bien établie par les géologues. En outre, du fait du climat, il était possible de vivre en plein air, c'est pourquoi la plupart des stations se trouvent en surface : elles sont isolées et il est difficile de les raccorder entre elles. Les grottes ont été occupées de façon permanente, ce qui a provoqué des mélanges entre des couches d'âges différents, par exemple à Taforalt.

Nous suivons ici la division classique en Paléolithique, ou époque de la pierre taillée, Néolithique ou époque de la pierre polie et enfin apparition des métaux, en insistant toutefois sur les particularités de l'Afrique du Nord et du Maroc.

  1. Le Paléolithique inférieur.

Période la plus étudiée, c'est aussi celle qui offre les plus grandes analogies entre l'Afrique du Nord et l'Europe : le galet plus ou moins aménagé est partout la première manifestation de l'activité créatrice de l'homme et de son intelligence.

Le climat est alors tropical humide, avec au Maroc une végétation de savanes et de forêts, et une faune comparable à celle qu'on trouve aujourd'hui vers le Tchad. Des hommes peu nombreux, et d'un aspect encore bestial, habitent le pays. Des restes trouvés à Casablanca dans la carrière de Sidi Abderrahman, à Rabat en 1933, et surtout un crâne, en 1961, au Jbel Irhoud, permettent par comparaison avec ceux trouvés ailleurs de se faire une idée plus précise de leur allure : ils présentent des caractères proches de ceux de l'homme de Néanderthal, c'est-à-dire un crâne aux os épais, au profil fuyant, avec une arcade sourcilière formant un bourrelet saillant, des orbites enfoncées, une mâchoire très forte; ces hommes, petits, marchent voûtés. Ils vivent de la cueillette et du ramassage ainsi que de la chasse. Leur armement ne leur permet de s'attaquer qu'aux animaux de petite taille, mais ils doivent savoir piéger les plus gros.

La plus grande partie de leur outillage très simple ne nous est pas conservée parce qu,en bois. Ils utilisent des bâtons, des massues, etc., mais aussi des pierres dont la forme convient à certains usages comme casser des coquilles, briser les os de petits animaux, les dépecer, ou couper du bois. Ils savent très tôt — il y a environ un million et demi d'années — modifier la forme de certains galets, en détachant des éclats par choc, afin d'obtenir une sorte de tranchant, ou de pointe. Ces outils très grossiers abondent sur le plateau de Salé. Cette « civilisation du galet » (pebble culture) est bien attestée au Maroc.

La taille se perfectionne peu à peu en ôtant des éclats non plus seulement dans une seule direction mais dans deux ou plusieurs. Puis on commence à utiliser certains de ces éclats, minces et coupants, détachés par le choc d'une autre pierre. On passe ainsi du galet aménagé au « biface » ou « coup de poing ».

Le « biface » caractérise la période acheuléenne, correspondant à celle d'Europe. La taille progresse : on utilise d'abord un percuteur de pierre. Bientôt apparaissent les outils caractéristiques de cet étage en Afrique du Nord : les « hachereaux » : au lieu d'une pointe comme sur les coups de poing européens, on a une arête tranchante.

Un gros progrès est l'utilisation d'un percuteur en bois ; il permet d'obtenir des éclats de forme plus régulière; des retouches sont ensuite possibles sur les éclats afin d'améliorer le tranchant.

  1. Le Paléolithique moyen : l'Atérien.

A l'Acheuléen évolué succède l'Atérien qui est spécifiquement nord-africain.

Cette industrie, dont le nom vient du gisement de Bir El Ater, en Algérie, fait preuve d'une assez grande maîtrise. L'outillage se caractérise par la présence d'une très forte proportion, allant jusqu'à 50 %, de pièces pédonculées. La dimension des outils est réduite, ce sont en effet les éclats qu'on utilise. Le silex s'est substitué aux roches dures de la période précédente, laves ou quartzites, difficiles à tailler. Lui seul peut se débiter en éclats minces, coupants et résistants, lui seul peut être retouché par pression habile d'un morceau de bois dur.

Par exemple le gisement de Tit Mellil, près de Casablanca, a livré des pointes, des racloirs, des lames, des grattoirs, des pièces foliacées, allongées, très belles, taillées sur les deux faces, qui évoquent les outils « solutréens » d'Europe.

Le pédoncule est dégagé en premier lieu de la partie la plus épaisse de la lame ou de l'éclat. Les pointes pédonculées peuvent être emmanchées, devenir flèches ou javelots. L'armement de ces chasseurs devient plus efficace; leurs conditions de survie améliorées, il est probable qu'ils peuvent se multiplier.

Il faut noter, d'après les variations de la faune, des transformations climatiques. Un certain assèchement commence : les hippopotames se raréfient, les éléphants se main­tiennent. Pour expliquer la présence de cervidés et d'ours (peu nombreux du reste) on a parlé d'un « pont » entre l'Europe et l'Afrique, à la place du détroit actuel de Gibraltar, ou d'un rafraîchissement. La faune doit ainsi avoir un curieux caractère mixte. Mais la séparation de l'Afrique et de l'Europe arrête cette immigration nordique. L'assèchement du Sahara qui commence et qui va se poursuivre aboutit à l,isolement de l'Afrique du Nord dont la faune évolue par appauvrissement dû à l'homme. Dès le Paléolithique supérieur elle a des caractères de faune résiduelle.

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