Lettre juif et musulman au Maghreb – Haim Zafrani

חיים זעפראניL'ordination ne semble pas avoir pris un caractère formel au Maroc. Nous avons, en effet vainement cherché le texte écrit d'une semikhah le-rabhanut. Il ne faut du reste pas confondre celle-ci avec l'aptitude aux fonctions de shohet (habilitation à immoler rituellement la volaille et les bêtes de boucherie) conféré par un titre appelé aussi semikhah (ordination, consécration, licence 'ijaza dans la terminologie juridique musulmane), délivré par le patron —- shohet et ratifié généralement par le bet-din (tribunal rabbinique). Le texte de la semikhah est sensiblement le même partout, rédigé en hébreu ou araméen. L'examen de quelques spécimens permet d'en donner, comme suit, une traduction analytique- type: "S'est présenté devant moi le nommé tel, fils de tel; il a répondu aux questions de halakhah de façon parfaite. Il a préparé un couteau et l'a examiné comme il convient, décelant le moindre défaut. Il a ensuite procédé au sacrifice d'une bête conformément à la loi, avec dextérité et maîtrise. L'ayant reconnu apte, je lui donne l'autorisation de sacrifier, autorisation que nul n'a droit de lui contester…. Date et signature".

Aspirant à la notoriété de l'écrivain, le lettré suivra l'itinéraire intel­lectuel habituel qui le conduira sur la voie d'un genre littéraire corres­pondant à ses préoccupations essentielles, réunissant dans un ou plusieurs recueils le fruit de son érudition ou le résultat de son expérience, se faisant un devoir quasi sacré de laisser à la postérité un ou plusieurs hibburim "compositions, dissertations littéraires" où l'on trouvera le reflet ,fidèle à maints égards, de la science rabbinique acquise et de sa casuistique: un ouvrage de doctrine halakhique ou de jurisprudence, une compilation de responsa ou de dissertations homilétiques, un com­mentaire mystique du Zohar ou des textes liturgiques, des hiddushim "novellae" bibliques et talmudiques et, souvent aussi, un diwan plus au moins épais contenant les compositions poétiques de son cru, celles glanées dans diverses anthologies piyyutiques ou mémorisées durant les veillées sabbatiques et les séances d'études. Il faut y ajouter la littérature orale qui s'exprime dans les dialectes locaux; en bonne partie, elle sert d'auxiliaire à l'enseignement et à la communication (directe ou allusive) des autres disciplines rabbiniques traditionnelles; c'est aussi le théâtre privilégié pour les manifestations de la vie religieuse, populaire et folk­lorique.

Prolongeons ce chapitre, essentiellement consacré à la pédagogie du heder et de la yeshibah, ainsi qu'à ses finalités, par un appendice où l'on notera brièvement quelques éléments d'information sur l'enseignement traditionnel musulman donné dans le msid et la madrasa maghrébins et qui, par ailleurs, a fait l'objet de maintes études basées le plus souvent sur le propre témoignage des auteurs maghrébins eux-mêmes qui, dans leurs faharis (singulier, fahrasa "traite bio-bibliographique"), indiquent d'abondantes listes d'oeuvres et procèdent à l'énumération de maîtres et de disciples

Cet enseignement ne diffère guère de celui que reçoivent les étudiants des autres pays musulmans. Il est, pour ce qui concerne plus spéciale­ment ses méthodes, comparable à l'enseignement pratiqué dans les socié­tés juives voisines.

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