Asher Knafo


Les Juifs espagnols et l'origine des Juifs du Maroc Yigal Bin-Nun Brit no 2-Redacteur: Asher Knafo

Les Juifs espagnols et l'origine des Juifs du Maroc Yigal Bin-Nun Brit no 29

Redacteur: Asher Knafo

Avant de parler des Juifs espagnols, il faut d'abord traiter de l'origine des Juifs du Maroc. Il faut aussi rappeler que les habitants de l'Afrique du Nord sont tous à l'origine des Berbères. La conquête arabo-musulmane n'a laissé sur place que peu de soldats venus de l'Arabie et de l'Orient arabisé. Néanmoins, la civilisation arabe et la religion musulmane réussirent à s'implanter dans les villes, à les arabiser, et à les islamiser. Par contre, de grandes franges de la population autochtone sont restées berbérophones jusqu'à ce jour. Il va sans dire que la scolarisation et les média tendent à propager de plus en plus l'arabisation officielle, qui souvent s'affronte à un mouvement de renouveau berbériste.

 Je n'utilise le terme de berbère, que pour plus de commodité, à la place du terme plus précis, des Imazighen. Quand à l'origine des Juifs d'Afrique du Nord, il est impératif d'élucider un mythe assez répandu dans les médias actuels. Est-il nécessaire de préciser qu'une présence juive en Afrique du Nord ne peut être possible avant l'époque romaine, pour la bonne raison qu'un judaïsme, dans le sens propre du terme, n'existait point avant cette époque ? La présence de Sidoniens, de Phéniciens ou de Puniques sur les côtes méditerranéennes n'a rien avoir avec la religion monothéiste juive. Il en est de même pour les colonies Israélites ou Judéennes à Yeb (Éléphantine) ou en Basse Egypte qui ne sont qu'un reflet du culte monolâtrique israélite de l'époque monarchique pré deutéronomiste.

 Par contre, avant même la destruction de Jérusalem et de son temple en l'an 70 par les Romains, et la perte de l'indépendance, une diaspora judéenne florissait déjà en Afrique du Nord, surtout à Alexandrie où fut traduite la Bible trois cent ans environ avant n. e. et en Cyrénaïque. En plus de ces Judéens, il faut prendre en compte l'attrait qu'avaient les gentils, ou les païens, pour l'antique culte judéen, ses traditions ancestrales, sa longue histoire et ses fêtes. Cet attrait engendra un vaste mouvement de conversion à la religion juive, qui fut aussi renforcé par de nombreux païens, des sebomenoï, ou des « craignant Dieu », à la marge de ces convertis, qui avaient une grande admiration pour le Judaïsme, mais qui ne s'étaient pas convertis.

L'accroissement progressif des adhérant à la secte des « partisans de Jésus », devenus plus tard, les Chrétiens, terme qui n'existe quasiment pas dans les textes du Nouveau Testament, est due entre autres au passage de la plupart de ces nouveau Juifs et des « craignant Dieu », sous les règnes des empereurs Constantin et Justinien, du Judaïsme au Christianisme, qui était moins exigeant dans ses pratiques rituelles. Il ne fait plus de doute, comme le précise Maurice Sartre, qu'un grand mouvement de conversions au judaïsme traversait tout le monde romain. Plus de 10% de la population de ce monde, surtout en Afrique du Nord et en Orient, sont Juifs, sans compter les sympathisants de cette religion. Néanmoins on ne peut parler du Judaïsme de l'époque comme d'une religion prônant un prosélytisme actif, ceci, malgré quelques judaïsations forcées en Galilée et en Judée, sous les rois hasmonéens

 Mais contrairement à l'avis de l'historien Shlomo Sand et du linguiste Paul Wexler, rien ne prouve que tous ces nouveaux convertis réussirent à surmonter les pressions de l’empereur Justinien au VIe siècle, et de la conquête militaire musulmane, et restèrent juifs. Les seuls qui pouvaient, à la rigueur, s'accrocher à leur religion ne pouvaient être que les Juifs qui l'étaient par ascendance familiale et non par adoption tardive. Avec l'avènement de l'Islam au VIIe siècle, la majeure partie des habitants autochtones de l'Afrique du Nord, les Imazighens, convertis d'abord au Judaïsme, puis au Christianisme, furent pratiquement tous contrains à s'islamiser. Ce qui rend très probable, à mon avis, la constatation que les seuls nord-africains qui sont restés juifs ne devaient être que ceux qui, à l'origine, avaient émigrés de la Judée et de la Galilée.

Aussi, la thèse défendue par l'historien tunisien Ibn Khaldoun (1332-1406) dans son livre l'Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale, selon laquelle les Berbères seraient des descendants de Cananéens et que le personnage de Dihya el Kahina serait d'origine juive a été largement réfutée par les historiens Abdelmajid Hannoum et Gabriel Camps. Malgré le mouvement berbériste qui cherche à s'affranchir du joug de la culture arabo-musulmane, en mettant en avant les origines juives des Berbères ou l'origine berbère des Juifs nord-africains, il faut se rendre à l'évidence et ne pas prendre des mythes pour des vérités historiques. Malgré la sympathie que ressentent actuellement les Juifs d'Afrique du Nord pour certains de ces mouvements représentés dans le Web, les Juifs nord africains, dans leur grande majorité, ne seraient donc pas des Berbères convertis mais principalement des anciens Israélites et Judéens émigrés de leur pays, avant et surtout après la révolte contre les Romains.

 Dernièrement, Shlomo Sand dans un livre pamphlétaire prôna l'inexistence d'un peuple juif qui à son avis fut inventé de toute pièce par le mouvement sioniste. Ce qui assez dissimulé dans son livre c'est le fait qu'il ne fait que répéter ce qu'avaient déjà dit quasiment tous les historiens du peuple juif bien avant lui. En outre, aucun historien sioniste n'a jamais prétendu que les origines des Juifs étaient ethniquement, biologiquement ou génétiquement exclusives ou que tous les Juifs devaient obligatoirement avoir des ascendants remontant aux populations des royaumes d'Israël et de Juda. Les brassages constants de populations à travers les siècles ont effacé toute possibilité d'évoquer une définition à base ethnique du peuple juif et de quasiment toutes les populations des états-nations actuelles. Il serait aussi ridicule, comme essaient de le faire certains généticiens peu scrupuleux de la rigueur scientifique, de vouloir prouver à tout prix l'existence d'un dominateur génétique commun à tous les Juifs du monde actuel.

Durant tout le Moyen âge, l'Afrique du Nord et l'Espagne ne formaient qu'un seul domaine culturel et les lettrés juifs à l'époque voyageaient facilement d'une communauté à l'autre. Ce brassage de population ne permet plus de distinction ethnique entre les Juifs d'Espagne et ceux de l'Afrique du Nord. Cependant, avec l'expulsion des Juifs d'Espagne et du Portugal, après 1492, les Juifs de la péninsule ibérique, devenue chrétienne, émigrèrent en partie en Afrique du Nord et composèrent une communauté distincte par ses origines et son particularisme. On les appelle les megorashim, les expulsés, par rapport aux toshabim, les autochtones, termes que l'on retrouve principalement dans les actes de mariages, les ketubot. Grâce à ces nouveaux venus qui constituèrent une aristocratie locale, le dialecte judéo-arabe marocain, dans toute sa diversité, est encore truffé d'espagnol dans le domaine lexical. Jusqu'au XIXe siècle, on continua même de traduire à Meknès dans des textes du droit juif, dans les responsa (les sh'elot u-teshubot), certains termes de l'hébreu en espagnol, pour qu'ils soient mieux compris par le lecteur.

Bien avant le protectorat espagnol de 1912, l'Alliance Israélite Universelle établit des écoles françaises au nord du Maroc. Sa première école fut construite à Tétouan en 1862. Vinrent après celle de Larache en 1864, et de Tanger en 1902. Cet avantage qu'avait la communauté juive du Nord du Maroc dans le domaine de la francisation scolaire entraîna, après la guerre, une émigration vers la ville moderne de Casablanca. Il est généralement admis que le processus inégal de scolarisation engendra inévitablement des écarts sociaux-culturels entre les communautés du Maroc et surtout entre les divers quartiers de la ville de Casablanca où habitaient les Juifs.

 Ce qui est relativement méconnu, sont les vastes activités sociales et les œuvres de bienfaisances, aussi bien traditionnels que modernes, que déployèrent les dirigeants des communautés en faveurs des couches sociales déshérités, surtout dans les Mellahs des villes. C'est ainsi que l'on peut trouver des originaires de Tétouan, Tanger, Ceuta, Larache et Melilla à la tète de la plupart des institutions sociales et culturelles juives à Casablanca. Citons principalement S. D. Levy qui fonda la plupart des institutions sociales et éducatives de la communauté ; Alfonso Sabbah qui avec Jo Lasry et Daniel Levy qui étaient à la tête de l'association Charles Netter et regroupait en son sein tous les Mouvements de la jeunesse juive ; les écrivains Carlos de Nesry et Raphaël Benazeraf ; le ministre du premier gouvernement marocain le docteur Léon Benzaquen ; les hommes politiques de gauche : Meyer Toledeno et Marc Sabbah et David Benazeraf ; les militants communistes Sam Benharroch, Ralph Benharroch-Maudi, Jo Bendellac et Abraham Serfaty, Les juristes qui défendaient la cause juive

Helène Cazes Benattar, Akiba Benharroch et Salomon Benchabat. Enfin deux personnalités juives restées dans l'ombre : Sam Benazeraf et Isaac Cohen Olivar, qui grâce à leur médiation, fut conclu « l'accord de compromis » pour l'évacuation des Juifs du Maroc, en août 1961.

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