Cambous-château


Histoire contemporaine du château de Cambous

Histoire contemporaine du château de Cambous

(Viols-en-Laval, Hérault)

De l’Aliyah des jeunesà nos jours

1950-2010

EXTRAITS SANS ILLUSTRATION

transmis à M. Yigal Bin-Nun période 1950-1972

Christian PIOCH

Limites et prolongements possibles de la présente étude

Cette histoire des Maisons d’enfants israélites de France, telle celle de Cambous, restait à écrire et la bibliographie à leur sujet est fort rare.Ainsi, en 1973-1974, du 22 janvier 1973 au 4 février 1974, la revue

 Miroir de l’histoire, publiait sous la direction  de Joseph Kessel une remarquable série de 50 fascicules hebdomadaires, soit en tout 1 108 pages, n° 275 à 325, intitulée 'Les combats d’Israël' et racontant avec force détails les origines puis le développement et la consolidation du jeune Etat juif. Mais l’ Aliyah , pourtant élément déterminant du peuplement de l’Etatd’Israël, n’y est cependant évoquée que très succinctement, les différents auteurs de  cette revue s’en étant tenus à de grandes généralités, souvent décevantes pour l’historien etdestinées de ce fait uniquement au grand public .

Les archives sionistes (Central Zionist Archives , P.O.B. 92, 91000 Jérusalem), quiregroupent notamment les archives du mouvement sioniste mondial et de l’ Agence juive ,comporteraient aujourd’hui, selon un courriel que nous adressait, fin décembre 2009,Mme Simone Schliachter, du département  Private Papers Collection , une soixantaine de dossiers relatifs à Cambous (en dehors des dossiers des autres maisons d’enfants), qui sont regroupés sous la cote:

 L 58, Youth Aliyah Department, Continental/European office,Geneva-Paris (1945-1955)

C’est-là une mine précieuse de renseignements pour les chercheurs et les générations futures, constituant un vaste fonds, multilingue (hébreu, anglais, allemand, français, etc.),qui était fin 2009 en cours de numérisation et donc inaccessible à l’époque, sans parler des autres fonds susceptibles d’exister dans tel ou tel département des Central Zionist Archives ou de tout autre organisme. Plus d’une centaine de photographies le complèterait, sous la gestion de Mme Anat Banin.

Conclusion

          Cambous et ses environs, attirèrent de tout temps les amateurs de vieilles pierres et d’histoire locale, notamment dès le début du XIXe siècle, quand des militaires dessinateurs comme Amelin, alors en poste à l’Ecole du Génie de Montpellier, ou des voyageurs parisiens comme Taylor, Nodier ou Cailleux, immortalisèrent avec les dessins de leurs collaborateurs, tels les Laurens, les proches églises ou les proches châteaux deSt-Martin-de-Londres, La Roquette, Montferrand, etc., passant même à Cambous y relever les détails architecturaux de son remarquable et alors si énigmatique portail. Les Leenhardt et autres Chauvet viendront ensuite, avec les années 1930-1940, faire connaître au monde ce qu’était alors ce si beau château de Languedoc.C’était l’époque où le château, épicentre d’un monde agro-sylvo-pastoral enfermé dans ses traditions et où le pastoralisme était l’activité dominante, connaissait les joies et les peines, habituelles et ordinaires, mais néanmoins parfois fort pénibles à vivre, de ses châtelains, de leurs fermiers et de leurs personnels : joies et peines des vies familiales, parfois précocement brisées, comme joies et peines liées au devenir souvent aléatoire desrécoltes et des agnelages, tout aussi incertains.C’était-là le lot commun de nos aïeux à l’époque de la France paysanne et rurale d’antan,un monde rude qui ne laissait point de place aux plus faibles.Par le plus grand des hasards, indépendamment ou non de la volonté de la plupart de ses propriétaires successifs, le château de Cambous devait se trouver mêlé aussi, de 1789 à1961, à la grande histoire des hommes.Celle tout d’abord qui mit à bas, en 1789, l’Ancien Régime et qui vit alors le comte deVinezac, propriétaire du château, faire l’achat en 1792 de 4 000 fusils pour armer les troupes royalistes insurgées, ses neveux disparaissant ensuite, emportés à Lyon ou à Quiberon par la guerre civile qui ravageait alors le pays. Celle aussi qui, de Lisbonne àMoscou, vit ensuite les héritiers des derniers seigneurs de Cambous combattre sous l’uniforme impérial, les Turenne, ou sous l’uniforme royaliste, les Ginestous et les Vogüé.Celle qui vit les Vogüé mourir sous les balles allemandes en 1870 ou les Turenne combattre en 1871 les troupes insurgées du peuple de Paris. Celle encore qui emporta dès1915, le député Leroy-Beaulieu, nouveau propriétaire de Cambous, mort héroïquement au front, comme près d’un million et demi de soldats français de tout âge, et dont un fils devait également trouver en 1940 la mort au combat, quand le monde tout entier sombrait à nouveau dans le pire des chaos et dans une monstrueuse barbarie.Avec les années 1940, le temps douloureux des nouvelles guerres franco-allemandes, del’occupation et de la

Shoah, est venu en effet se greffer sur tout cela, emportant Cambousdans un nouveau tourbillon des temps, l’amenant à se joindre à des événementsd’ampleur mondiale, faits de drames alors sans commune mesure avec les peines abituelles des humains.Que le lecteur, en parcourant ces lieux si chargés d’histoire et de larmes, et en lisant ces lignes, songe ainsi un instant à ce que fut naguère, après la débâcle du printemps 1940,l’abomination nazie et vichyste pour nos parents et grands-parents, de toutes origins ethniques, de toutes confessions religieuses, de tout statut social et de toutes idées politiques, en un monde où il ne faisait pas bon d’être juif, communiste, gaulliste oufranc-maçon.Le désarroi en 1940-1942 des jeunes Compagnons de France, enfants d’un pays alors aufond de l’abîme et affamé, fit alors de Cambous un lieu empli d’espérance, celui où l’on pourrait forger une jeunesse nouvelle et ressusciter à travers elle l’âme d’un paysentièrement à reconstruire. Le désarroi non moins grand des cadres de l’Armée Nouvelle  fit également à cette époque de Cambous l’un des lieux où l’on pouvait préparer en secret l’indispensable revanche contre le vainqueur de 1940 et permettre ainsi à la France de reprendre place dans le concert des nations, espoir hélas brisé à l’automne 1942 quand la barbarie nazie déferla jusqu’au littoral méditerranéen, brisant un temps les rêves de reconquête du général de Lattre. Puis vint le temps qui amena un jour des milliersd’enfants juifs à trouver ici, en ce coin perdu de Languedoc, des raisons d’espérer en ce bas-monde l’existence d’un monde paisible et meilleur. Celui de l’Eretz Israël , le pays de Sion, la patrie dont ils rêvaient tant.

En 1950, le château de Cambous participera ainsi, à sa manière, aux origines du premier Israël, celui des pionniers partis bâtir entre Méditerranée et Jourdain un nouveau pays et une nouvelle nation.Que le lecteur songe pour cela à ces milliers de jeunes juifs qui, fuyant ensuite les ruines de ce qui avait été pour eux un enfer sur la terre (l’Europe), ou qui était devenu une terre sans espoir (l’Afrique du Nord), aspiraient alors au paradis

Mais emportés dans leursfolles espérances et fuyant un monde de persécutions pour rencontrer un monde deconfrontation, ils en oubliaient souvent avec leurs aînés le sort des peuples qui vivaientdéjà sur leur future terre d’accueil, apportant hélas avec eux, sur leur Terre promise, la Palestine, un nouveau malheur pour les populations autochtones.

La Shoah , la grande tragédie humaine du XXe siècle, née d’une insensée aversion idéologique, l’antisémitisme, pour un supposé peuple et pour une religion donnée,engendra en effet pour d’autres populations, chrétiens, druzes ou musulmans de Palestine,une autre catastrophe, celle que les Arabes de Palestine, souvent dépossédés de leurs sols,appellent depuis 1948 la

 Nakba

Avec des sites comme Cambous, Julhans, les Rhuets, etc., mais aussi le Grand Arénas, un peuple de pionniers, souvent démuni de tout, prenait néanmoins naissance enMéditerranée orientale, y formant une nation nouvelle, bien souvent imprégnée des idéaux, idéalistes et généreux, qui furent ceux des débuts du sionisme, avec ses structures collectivistes ou coopératives, les kibboutzim

 et les moshavim, souvent plantées au milieu du désert, qui émerveillèrent si longtemps le monde, mais qui tombèrent ensuite en désuétude dans la foulée des nouvelles aliyot 

C’est cet esprit de peuple pionnier, s’en allant mettre en valeur des terres souvent vierges,qui anima si souvent les premiers olim partant défricher, à la sueur de leur front, les terres souvent incultes d’un nouveau pays pour eux inconnu et restant à bâtir, dans ce vaste et si âpre chantier, qui fut celui des premières années et des premiers combats d’Israël.

Aux origines d’Israël : trois jeunes pionniers à Cambous dans les années 1950(Coll. Estee Du-Nour, avec son aimable autorisation)

Mais ainsi est l’histoire des hommes, comme celle des vieilles bâtisses. Parfois inattendue, mais toujours aussi passionnante pour qui ne se contente pas d’entrevoir lesvieilles pierres qui surgissent au détour d’une route au milieu des garrigues, mais qui aspire, sans parti pris, en poussant de vieilles portes et en parcourant de vieilles archives, à comprendre le pourquoi et le comment des choses, comme à s’imprégner dans sa visite des multiples soubresauts des mondes d’hier et d’aujourd’hui…Des guerres civiles des années 1560-1630 puis 1680-1710 qui ravagèrent le Languedoc, à l’Aliyah

 des années 1950, le château de Cambous et son immense domaine pastoral nous offrent ainsi un fantastique voyage dans le temps et dans l’histoire humaine. Aussi, s’il est bien des lieux chargés d’histoire en Languedoc, Cambous est indéniablement de ceux-là. Un lieu qui ne saurait laisser indifférent.

 

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