contes -Dov-Noy


Contes populaires racontes par des juifs du Maroc-Dr Dov Noy-La mere cruelle

LA MERE CRUELLE

Yitsak Massas-narrateur

Il y a longtemps, longtemps, à une époque très reculée, il y avait une famille qui vivait, heureuse, dans son village. Avant de mou­rir, le chef de cette famille appela ses fils et leur dit: "Après ma mort, ne versez jamais de l'eau chaude sur le seuil de la porte."

Plusieurs jours passèrent et après la mort de leur père, les jeu­nes gens durent faire de grands efforts pour subvenir à leurs be­soins. Très tôt, le matin, ils sortaient au travail et ils rentraient chez eux, peu de temps avant le coucher du soleil.

Il arriva que la mère oublia ce que son époux défunt avait ordonné avant de mourir et elle versa de l'eau chaude sur le seuil de la porte. Un lion apparut devant elle et lui dit: "Depuis long­temps j'attends l'arrivée de ce moment. A toi de décider de suite: Ou tu m'épouses ou je te dévore".

La femme répondit: "Ta proposition me plaît beaucoup. De­puis longtemps j'attends qu'on me propose cela, car mon mari est mort et j'ai l'intention de me remarier".

Ils se marièrent sans faire de bruit, de sorte que même le fils aîné ne s'en aperçut pas.

Après un certain temps, la femme mit au monde un fils et elle demanda au lion ce qu'elle devait faire du bébé. Le lion proposa: "Dépose le bébé à un endroit abrité sur le chemin que ton fils aîné emprunte pour rentrer du travail. S'il voit l'enfant, il le prendra sans doute et l'apportera à la maison."

Et c'est effectivement ce qui se passa — le fils revint du travail et dans ses bras il tenait un bébé qui criait. Et le fils demanda à sa mère de l'allaiter.

La mère fit comme si cette idée l'effrayait: "Non, dit-elle, je ne veux pas". Mais le fils insista et elle fit ce qu'il lui demandait.

L'enfant grandissait et le fils aîné (il s'appelait Salomon) l'ai­mait beaucoup, jouait avec, lui chaque fois qu'il revenait du travail et Ici gâtait.

Un jour, lorsque le fils aîné était sorti, le lion et la mère tinrent conseil: "Qu'airivera-t-il quand Salomon apprendra la vérité? Sans doute, nous tuera-t-il tous les deux . . ."

Le lion proposa: "Je suis prêt à le tuer".

La mère lui demanda: "Comment feras-tu?"

"J'ai trois têtes. Je donnerai un coup sur l'une d'elles et un scorpion en sortira que je mettrai dans une savate de Salomon et lorsqu'il rentrera du travail et mettra la savate, le scorpion le piquera et il mourra".

Le petit enfant, dont le nom était Abraham, avait entendu la conversation et attendait avec impatience le retour de Salomon. Il le vit rentrer, changer de vêtements et lorsqu'il s'apprêta à mettre ses savates, le petit Abraham lui dit: "Non, ne mets pas tes savates".

— Pourquoi pas?

—Retourne-les avant de les mettre.

Salomon fit ce que le petit lui avait dit et voici, un scorpion sortit d'une savate. Salomon n'hésita pas à le tuer, puis il de­manda à Abraham: "Comment savais-tu?" Mais Abraham ne dit rien.

Un peu plus tard, la mère dit au lion: "Tu vois, ton plan n'a pas réussi".

Le lion répondit: "Il n'y a aucune raison de s'inquiéter. Il me reste encore deux têtes. Je frapperai sur l'une d'elles et un ser­pent en sortira qui se cachera près de la fenêtre. Lorsque Salo­mon aura fait sa toilette et s'approchera de la fenêtre pour respirer l'air pur, le serpent le mordra et il mourra".

Le lion se frappa la tête et un serpent en sortit et grimpa sur l'arbre qui se trouvait près de la fenêtre. Là, il attendait la venue de Salomon.

Mais le petit Abraham avait tout entendu. Il s’empara d'un grand bâton et, lui aussi, attendait le retour de Salomon.

Celui-ci revint du travail, se lava comme d’habitude et alla vers la fenêtre pour l’ouvrir. Mais Abraham l’arrêta et lui dit: “N’ouvre pas la fenêtre!”

“Qu’y a-t-il?”

Le petit Abraham conduisit Salomon devant la maison jusqu’à l’arbre, lui remit le bâton et lui dit: “Regarde ce qui se passe sur cet arbre”. Salomon leva la tête et aperçut le serpent. Il le frappa de toutes ses forces jusqu’à ce qu’il fût mort.

Le soir, quand Salomon eut quitté la maison, le lion entra dans la chambre et la mère lui dit: “Que ferons-nous mainte­nant? Tu avais trois têtes, la première s’est transformée en scor­pion et la deuxième en serpent. A présent, il ne t’en reste plus qu’une seule, ta vraie tête …”

Le lion répondit: “Ne t’en fais pas, j’ai une soeur qui a sept têtes. Envoie ton fils chez elle et elle s’en occupera.”

Ainsi fut fait. Lorsque Salomon revint du travail, il trouva sa mère malade. 11 lui demanda: “Qu’as-tu, mère?”

“Je suis malade”.

“As-tu vu le docteur?”

“Oui, il m’a dit que le médicament qu’il me faut est introuvable ici. Pour l’acquérir, je dois aller dans une ville éloignée.”

Le fils dit à sa mère: “Je suis prêt à y aller pour t’apporter le médicament”.

Et Salomon prit son épée et sella son cheval, se prépara une ration de nourriture pour le chemin et se mit en route pour la ville où l’on pouvait obtenir le médicament. Il devait passer par un dé­sert et là il rencontra la soeur du lion qui avait sept têtes. Elle lui demanda: “D’où viens-tu?”

Il lui nomma l’endroit où il habitait.

“Es-tu venu pour chercher un médicament?” lui demanda la lionne et elle poursuivit: “Ta mère t’a sans doute raconté qu’elle est malade et que dans une certaine ville seulement, on peut ob­tenir le médicament dont clic a besoin.”

Très étonné, Salomon lui demanda: “C’est exactement comme tu le dis, mais d’où sais-tu tout cela?”

Elle lui raconta alors que son frère, le lion, était marié avec la mère de Salomon: “Ta mère a demandé au lion de te tuer.

C’est le lion, qui a mis le scorpion dans ta savate et qui a fait en sorte que le serpent te guette dans l’arbre. Et maintenant, il t’envoie ici pour que je te tue. Mais j’ai adopté l’usage d’avertir mes ennemis et de ne jamais tuer personne sans qu’il ait une chance de  se défendre. Viens chez moi, bois et mange et demain, nous nous battrons l’un contre l’autre, toi avec ton épée et moi avec mes sept têtes”.

Et ainsi fut fait. Le lendemain de leur rencontre, Salomon et la lionne se battirent durant toute la journée, mais aucun des deux combattants ne parvint à vaincre l’autre. Le soir, la lionne dit: “Assez, viens te reposer, nous boirons, nous mangerons et nous nous reposerons et demain matin, la bataille continuera.”

Et ainsi fut fait. Ils se mirent à boire, à manger, puis ils allèrent dormir. Au milieu de la nuit, Salomon se réveilla. Il mit les habits de la lionne, tandis que ses vêtements à lui, il les ajusta au corps de la lionne.

Le matin, les deux se réveillèrent et la lionne voyant qu’elle était habillée comme un homme demanda: “Qui a fait cela?”

“C’est moi,” répondit Salomon.

La lionne fit rassembler toutes les lionnes de la région et leur dit: “Prenez cet homme, jetez-le dans le puits et arrachez-lui les yeux.” Ainsi fut fait.

Salomon fut jeté dans le puits et les lionnes lui arrachèrent les yeux.

A cette époque, il y avait la guerre et un régiment de soldats passa près du puits. Entendant les cris d’un homme les soldats s’approchèrent du puits et crièrent à leur tour: “Qui es-tu? Es-tu un esprit ou fais-tu partie du genre humain?”

— Je suis un homme, se fit entendre Salomon.

Les soldats firent descendre une longue corde dans le puits et en sortirent Salomon. Celui-ci leur raconta tout ce qui lui était arrivé et les soldats lui dirent: “Nous ne pouvons pas te recon­duire chez toi, mais nous te prendrons avec nous au château du roi, si tu es d’accord.”

Salomon n’était que trop heureux de donner son accord.

Les soldats conduisirent Salomon jusqu’à l’entrée du château et l’abandonnèrent là. Le matin, la fille du roi regarda par sa fenêtre et l’aperçut. Elle donna immédiatement ordre à sa ser­vante de faire entrer l’aveugle dans le château, et quand il se trouva devant elle, elle lui demanda: “Comment t’appelles-tu?״

  • Et moi, je m’appelle Miriam, dit la fille du roi.

Salomon raconta à Miriam tout ce qui lui était arrivé et finale­ment, il confia à la fille du roi: “Mes yeux se trouvent dans le village où j’habite, en possession de ma mère, car la soeur du lion qui est marié avec ma mère, a dit aux autres lionnes qu’elle enverrait mes yeux à ma mère pour que celle-ci soit tout à fait sûre que j’ai été tué.”

Miriam ordonna alors a l’une de ses servantes de se rendre immédiatemenl au village de Salomon et de ramener les yeux du jeume homme, coûte que coûte.

Arrivée dans la maison de Salomon, la servante proposa à la mère de celui-ci: “Laisse-moi travailler chez toi. Comme salaire je ne demande que de l’eau et du pain sec.” La mère de Salomon accepta la jeune femme comme servante et au bout d’un mois, celle-ci connaissait tous les secrets de la maison.

Un jour, elle raconta à la mère de Salomon qu’elle avait un fils aveugle: “Si tu avais la bonté de me donner les yeux que tu possèdes, je les donnerais à mon fils pour qu’il voie.”

La mère remit les yeux à sa servante et, bien entendu, celle-ci les apporta au château du roi et les donna à sa maîtresse. Celle-ci fit entrer Salomon dans sa chambre, appela le docteur et lui raconta tout ce qui était arrivé. Puis, elle lui donna les yeux et lui dit: “Fixe lui les yeux à l’endroit qu’il faut pour qu’il voie.”

L’opération dura plusieurs heures et réussit pleinement.

Lorsque Salomon eut recouvré sa vue, la fille du roi demanda à l’épouser. Salomon n’en était que trop heureux, mais il de­manda à la princesse (le lui permettre de faire une visite dans sa ville, avant le mariage.

Miriam lui demanda: “Pourquoi veux-tu retourner chez toi?”

Il y a des gens là-bas que je dois visiter.

Miriam lui remit une épée, un cheval et des provisions pour le chemin. Arrivé dans son village, Salomon entre dans sa maison où il surprit le lion et sa mère et les tua.

Avec son frère Abraham, il rentra au château et épousa la fille du roi.

Le couple mena pendant de longues années une vie heureuse.

contes populaires racontes par des juifs du Maroc-Dr DOV noy –jerusalem 1965 – page 65-69

Contes populaires racontes par les Juifs du Maroc-Dr Dov Noy-Jerusalem 1965

LE RABBIN QUI REFUSA DE PORTER LE DEUIL LE SABBAT

Yitsak Massas-narrateur

Il était une fois un rabbin qui priait et étudiait la Loi du matin au soir. Chaque jour, sa femme le suppliait: “Va en ville et tâche de gagner un peu d’argent. Il faut acheter des vêtements pour les enfants et leur donner à manger. Nous manquons de tout.”

Mais à chaque fois, le rabbin lui répondit: “Dieu nous aidera.” Et il continua à mener sa vie habituelle. S’il quittait la maison, c’était pour aller à la synagogue.

Un jour, sa femme lui dit: “Les enfants sont affamés. Prends- les avec toi à la synagogue, car je ne supporte plus de les voir souffrir et de les entendre pleurer.”

Le rabbin se tut — pas un mot ne sortit de sa bouche.

Un jour, c’était vendredi, la femme du rabbin n’avait pas un sou pour acheter les provisions nécessaires pour le Sabbat. Elle dit à son mari: “Prends aujourd’hui les enfants à la synagogue.”

Le rabbin ne pouvait pas refuser et il emmena ses deux fils, dont l’un était âgé de dix ans et l’autre de huit. Pour se rendre à la synagogue ils devaient passer devant une vieille maison. Lorsque le rabbin passa avec ses enfants devant cette maison, elle s’effondra subitement et les enfants disparurent sous les dé­combres. Au bout de quelques minutes, le rabbin se rendit compte qu’ils étaient morts. Mais il fit comme si rien n’était arrivé, se rendit à la synagogue et rentra chez lui dans l’après-midi à l’approche du Sabbat.

Sa femme lui demanda: “Où sont les enfants?”

“Chez leur tante”, répondit le rabbin.

Le lendemain matin, le jour du Sabbat, la femme demanda encore: “Où sont les enfants?”

“Ils jouent dehors avec les autres enfants. Ils ne rentreront qu’après la tombée de la nuit.”

Vint le soir et le rabbin quitte la maison pour réciter les

prieres de Minha et de Maariv à la synagogue. Et tout à coup i1 aperçoit ses deux enfants: ils sont en bonne santé, et jouent devant la maison qui s’est effondrée. Il récita une prière et rentra à la maison avec les deux enfants.

En les voyant, la femme leur demanda: “Où avez-vous été pendant toute la journée du Sabbat?”

Les enfants s’apprêtaient à répondre mais leur père se mit à raconter à sa femme tout ce qui s’était passé.

Tous se rendirent compte que les deux enfants étaient revenus à la vie parce que leur père, le rabbin, ne voulait pas porter le deuil le Sabbat.

 

UN JUGEMENT EQUITABLE

Massoud Abdoulhak-narrateur

Les premiers rois aimaient parfois se déguiser -— ils mettaient des vêtements simples, sales et usés et c’est dans cet accoutrement qu’ils parcouraient le pays.

Un jour le roi du Maroc et son premier ministre, habillés de vêtements déchirés et sales se rendirent, la nuit, au marché, et, tendant la main, ils demandaient l’aumône aux passants. Mais personne ne leur donna rien. Ils aperçurent un Juif, un colpor­teur de vêtements usés et de vieilles bouteilles; il s’arrêta et leur donna une pièce d’argent. Les deux eurent à peine le temps de le remercier quand ils entendirent une femme arabe s’écrier: “Juif, viens dans ma maison! J’ai quelque chose à te vendre.”

Le Juif entra et la femme essaya de le convaincre à conclure un marché malhonnête. Le Juif lui dit: “Notre Tora nous interdit d’agir ainsi” et il s’en alla.

La femme se mit à crier et à insulter le Juif: “Ce Juif a porté atteinte à mon honneur. Il s’est moqué de moi et m’a blessée dans mes sentiments.”

Puis, le roi et son ministre l’entendirent crier: “Aidez-moi, Musulmans! Regardez ce que font les Juifs.”

Les passants s’emparèrent du Juif et le maltraitèrent et qui sait ce qui lui serait arrivé, si le roi et son compagnon n’étaient pas intervenus: Laissez-le, s’écrièrent-ils, ne le tuez pas! Ce Juif criminel mérite qu’on le brûle en public, amenez-le devant le juge, devant le roi! Que tous les Juifs voient comment il est brûlé et qu’ils en tirent les enseignements qu’il faut.”

La foule se laissa convaincre et conduisit le Juif au château du roi, puis ils le firent jeter en prison.

Le jour du jugement, une grande foule s’assembla autour du tribunal -— hommes, femmes et enfants — afin d’apprendre quelle punition serait infligée au coupable qui avait déshonoré une femme arabe.

Au début du procès, le roi demanda aux témoins: “Racontez- moi toute l’affaire, mais dites la vérité, toute la vérité et rien que la vérité.”

La femme raconta que le colporteur juif l’avait attaquée et voulait porter atteinte à son honneur.

Le roi demanda: “As-tu des témoins?”

Toute la foule assemblée répondit en choeur: “Nous avons tout vu. Tout ce que la femme a dit, c’est la vérité.”

Le roi dit: “Je veux bien vous croire, mais dites-moi — ce que mes yeux voient en ce moment, est-ce bien la réalité? Ils aper­çoivent dans le ciel une caravane de chameaux chargés de mar­chandises. Y-a-t-il vraiment des chameaux dans le ciel?”

La foule leva les yeux et jeta un long regard vers le ciel et tous s’écrièrent: “C’est juste ce que vous voyez, Votre Majesté. Il y a des chameaux chargés de marchandises dans le ciel.”

—- Comptez-donc les chameaux, dit le roi.

Tous regardaient vers le ciel et chacun fit un autre compte. L’un dit cinq chameaux, l’autre sept, un troisième dix. Chacun voyait autre chose. Le roi dit: “Ce que vous dites est la vérité même”. Puis il s’adressa au Juif: “Jette, toi aussi, un regard vers le ciel, et dis-moi combien de chameaux tu y vois.”

Le Juif jeta un regard vers le ciel, mais il ne vit que le ciel et pas de chameaux. Et il dit au roi: “Votre Majesté, je crois que vous avez vu des chameaux chargés de marchandises, mais moi je ne vois rien.”

Puis le roi s’adressa aux Arabes: “Jetez maintenant encore un regard vers le ciel et dites-moi s’il y a des étoiles car moi, j’y aperçois maintenant, en plein jour, des étoiles. Ayez donc la gentillesse de les compter.”

Tous regardèrent le ciel et s’écrièrent: “C’est vrai! il y a des étoiles!” Et l’un en compta cinq, l’autre sept, un troisième dix. Chacun fit un autre compte.

Puis le roi s’adressa au Juif: “Et toi, combien d’étoiles vois-tu en ce moment au ciel?”

Le Juif leva les yeux vers le ciel et répondit: “Votre Majesté, je ne doute pas de ce que vous dites, mais moi, je suis incapable d’apercevoir même une seule étoile.”

Le roi sortit de sa poche la pièce de monnaie que le Juif lui avait donnée lorsqu’il avait demandé l’aumône au marché, et dit au Juif: “Regarde cette pièce, est-elle faite d’argent ou de cui­vre?” Le Juif répondit: “Cette pièce est faite d’argent, j’en suis sûr, je crois qu’elle était une fois en ma possession, mais je l’ai dépensée.”

Le roi dit alors: “Ce que tu dis est vrai. Tu as donné cette pièce en aumône à deux pauvres, avant que ne t’arrive ce qui t’amène aujourd’hui ici.”

Puis le roi et son ministre délibérèrent et infligèrent une puni­tion à ceux qui avaient déposé de faux témoignages. Ils les con­damnèrent à plusieurs années de prison. Et la femme qui avait accusé le Juif de crimes qu’il n’avait jamais commis fut con­damnée à être brûlée vive.

Le colporteur juif fut, bien entendu, acquitté.

Contes populaires racontes par les Juifs du Maroc-Dr Dov Noy-Jerusalem 1965 page 75-78

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