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La Torah et son etude dans le Hessed le-Abraham de Abraham Azulai- Roland Goetschel."recherches sur la culture des juifs d'afrique du nord –Issachar Ben-Ami-

Abraham Azulaï considère donc avec Cordo­vero. dont il reprend également la troisième pré­face du Sefer Simhat ha-Qatsîr, le pilpûl comme indispensable pour séparer le saint du profane et c’est pourquoi l’homme est à la limite passible de mort s’il est capable de se livrer à cette activité et s’en abstient. On est loin de la critique acerbe du pilpûl que l’on trouve dans certains passages des Tiqqûnîm et du Ra‘ya Mehemna. C’est après qu’il se sera livré à ce travail préalable qu’il accé­dera à l’intériorité de la Torah. Ainsi le pilpûl n’est pas considéré comme se suffisant à soi-même mais comme la condition préalable et indispensable à la debeqût.

“Saches que la Torah est l’essence de l’émana­tion qui s’étend. Elle est l’invention divine pour faire adhérer l’homme à ce qu’il y a de divin, pour purifier les âmes en vue de la lumière de la vie, de la vie authentique qui est l’adhésion à son Dieu dans ce monde-ci et à plus forte raison dans celui qui vient”.

Mais cette adhésion ne s’obtient qu’à la condi­tion qu’il n’y ait plus d’écran qui fasse séparation entre l’homme et la Torah. Les qelipôt sont comme une plaque de fer qu’il convient de briser si l’homme veut combler le désir d’amour fiché en son coeur en vue d’adhérer à Lui. S’il accomplit cette tâche, il parviendra à l’extrême adhésion, savoir le grand esseulement, ha-hitbôdedût ha- gedôllah, qui le rapproche sans que rien ne s’in­terpose entre lui et son créateur.

Un autre problème débattu parmi les lettrés de l’époque est celui du hiddûsh, de la nouveauté, notion qui pose évidemment le problème des rap­ports entre la tradition et l’innovation, entre le passé et le présent. Azulaï rappelle d’abord que la Torah est revêtue de vêtements en bas. Or il existe dans la Torah de grandes lumières, ses mystères parmi lesquelles certaines sont encore occultées jusqu’à ce jour. Lorsqu’il existe dans le monde des hommes susceptibles d’innover dans les mystères de la Torah c’est de là que cela procède. Le hiddûsh est donc au sens étymologique du terme une découverte par le juste d’en-bas d’une lumière d’en-haut.

Il distingue deux niveaux de Hiddûshîm. Le premier niveau concerne l’interprétation des versets et correspond à Malkhût, car la Torah écrite est dans le mystère de Tif’eret et son com­mentaire dans celui de Malkhût évoqué dans le Zohar par l’expression milley de-’orayyta. Le second niveau est celui qui n’est pas au niveau du sens littéral du verset mais dans le mystère des interprétations qui sont connotées dans le Zohar par milley de-hôkhmata. Ce qui lui permet de diviser le corpus zoharique en deux parties: d’une part le Zohar qui est interprétation des Ecritures, d’autre part les Tiqqûnîm qui ressortent des mil­ley de-hôkhmata.

Toujours à la suite de M. Cordovero, on nous dit que celui qui dans le monde adhère le plus à Dieu est celui qui en a la plus grande intelligibilité. Et puisque Moïse est celui là, il est celui qui saisit la Torah plus que tous les humains. C’est pour­quoi se sont trouvés inclus à l’avance dans sa pensée tous les hiddûshîm qui surgiraient par la suite d’après ce qui a été enseigné par les sages: “Tout ce qu’un élève avancé énoncera comme nouveauté a été enseigné à Moïse”. Mais la ques­tion se pose alors: si Moïse avait voulu dévoiler, mettons les mystères de la Merkabah, n’aurait-il pas été en mesure de le faire avec plus de profon­deur qu’Ezechiel? La réponse est oui mais Dieu a dévoilé à Moïse que tel prophète surgirait pour Israël avec telle prophétie et à telle époque; et qu’à partirde l’influx dispensé par Moïse il prophétise­rait ceci et cela. Il n’a pas été permis à Moïse de dévoiler ce mystère avant la venue d’Ezechiel et par son truchement. Il en va de même pour les autres livres de la Bible aussi bien que pour les stipula­tions des rabbins comme l'erub du Sabbat. Tout ce problème est lié à celui de la temporalité. Le temps est le mystère du mouvement des sefirôt, gilgûl sefirôt. Car l’ordre des temps originel est sans fin, ni limite. Une sefirah particulière est liée à chaque moment du temps dans une modalité chaque fois nouvelle. Ainsi en va-t-il pour la Torah: les justes de chaque génération depuis Adam rajoutent connaissance sur connaissance et saisissent de mieux en mieux. Et de même pour le mystère du mouvement des âmes qui est lui aussi sans fin. Elles jaillisent et se renouvellent et cha­cune a sa part dans la Torah qu’elle enseigne à l’autre dans une harmonie et une union qui se retrouve entre les sefirôt. Dans ce grand arbre qu’est la Torah, c’est à travers chaque rameau que s’exprime ce qui est dans la racine, tous les mys­tères présents en Tif’eret où se trouvent inclus à la fois les six cent mille âmes d’Israël et les six cent mille lettres de la Torah dans une correspondance parfaite.

De même l’âme de Moïse inclut toutes les âmes et réciproquement cette âme se trouve manifestée à travers chaque âme individuelle, à travers chaque livre biblique comme le rouleau d’Esther ou chaque précepte comme Y’erub. Et cela par le lien qui unit la modalité de la Torah avec la modalité du déroulement de la modalité c’est à dire le temps d’en-haut spirituel. Ainsi s’explique que le plus nouveau soit aussi le plus ancien!

Un autre problème qui passionnait l’opinion des contemporains d’A. Azulaï était celui du maggi- disme, phénomène largement répandu dans cette génération. Il suffit de penser au maggid de Joseph Karo ou à celui de J. Taytazak. Notre auteur va évoquer le problème en ne recourant cette fois non à Moïse Cordovero mais aux vues exprimées par Hayyim Vital au commencement de son Sha’ar Rûah ha-Qôdesh. Son point de départ est que l’homme qui s’adonne à l’étude de la Torah et des préceptes crée par là des anges à la mesure de son étude. Rien n’est jamais perdu des oeuvres pies de l’homme, même pas le souffle qui sort de sa bouche, comme le déclare le Zohar.  Cela dit, tout dépend de l’oeuvre de l’homme: l'ange engendré par l’étude de la Torah l’emporte sur c mi créé par un précepte.

C’est là le mystère des maggîdîm, des anges qui révèlent aux hommes l’avenir et des mystères ésotériques. Et selon la nature de l’étude pratiquée par l’homme, son message sera entièrement véri­dique ou bien mêlé de mensonges car l’ange lui aussi peut être mélange de bien et de mal. Certains procèdent du monde de Y’asiyyah car engendrés par les pratiques, d’autres du monde de yetsirah produits par l’étude, ceux issus du monde de beri’ah le sont par la kawwanah et la pensée pure.

Le mystère de la prophétie et de l’esprit de sainteté consiste en une voix envoyée d’en-haut pour s’entretenir avec le prophète ou l’inspiré. 11 est impossible à cette voix en tant que telle de s’incorporer et de retentir aux oreilles du prophète si ce n’est en se revêtant au préalable de cette voix corporelle qui sort de la bouche de l’homme lors­qu’il étudie la Torah ou qu’il prie. Alors l’une est revêtue par l’autre, se trouve jointe à elle et par­vient à l’oreille du prophète qui l’écoute. Il arrive aussi que la voix d’en-haut se revête de la voix de justes du passé ou du présent et qu’ainsi liés, ils viennent s’entretenir avec lui et cela parce que le juste en question est à la racine de l’âme de l’ins­piré! Il existe dans la prophétie et l’esprit de sain­teté nombre de degrés modulés selon la succession qôl voix, dibbûr parole, hebel souffle. La diffé­rence entre la prophétie et l’esprit de sainteté tient en ce que dans la prophétie s’opère par la voix ou la parole du passé qu’elle soit de lui ou d’en- dehors de lui cependant que pour l’esprit de sain­teté ce n’est pas ainsi: c’est à partir du souffle du passé précisément qu’elle soit de lui ou d’autrui. Le maître de tous les prophètes est Moïse notre maître parce que la modalité de sa première voix provient de lui-même et se trouve revêtue dans sa voix d’à présent. Au premier rang des inspirés se tient le roi David qui revêt également son propre souffle du passé dans son propre souffle du pré­sent. L’autre différence corrélative est que la pro­phétie est rivée à Tif’eret, l’esprit de sainteté à Malkhût.

La Torah et son etude dans le Hessed le-Abraham de Abraham Azulai- Roland Goetschel."recherches sur la culture des juifs d'afrique du nord –Issachar Ben-Ami-page 27-26

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