Ygal Bin-Noun- יגאל בן-נון
Extrait : «La fin du judaïsme en terres d’islam», sous la direction de Shmuel Trigano.
El Fassi et les jeunes filles juives
Au début des années soixante, alors que l’émigration était déjà légale bien que discrète, un phénomène nouveau vint ébranler la vie de la classe moyenne juive au Maroc.
Ce furent quelques cas de conversions de jeunes filles juives à l’Islam. Ces cas seraient passés inaperçus si le nouveau ministre des affaires islamiques, le chef du parti de l’Istiqlal Allal El Fassi, fervent partisan du panarabisme et défenseur de l’Islam, n’avait décidé d’en tirer politiquement profit.
Dans l’organe arabe de son parti, Al Alam, il publia quotidiennement les noms et les photographies de jeunes juives qui se convertissaient à l’Islam. Il alla même jusqu’à consacrer le stand de son ministère à la Foire internationale de Casablanca à une exposition de ces photographies, incitant par cet acte d’autres jeunes à se convertir.
Les dirigeants de la communauté ne tardèrent pas à réagir durement contre les méthodes de ce héros du Mouvement national marocain, dont certaines opinions inquiétaient déjà la rue juive.La Voix des communautés, rédigé par Victor Malka, consacra trois numéros à ce problème et en fit son cheval de bataille contre le ministre. David Amar ameuta l’opinion publique en publiant un supplément de l’organe des communautés en arabe, destiné aux dirigeants politiques arabisants.
Il accusa le ministre de vouloir tirer profit sur ses adversaires politiques sur le compte de la communauté, au lieu de s’occuper des mosquées, des prêches et des pèlerinages. Il s’adressa au ministère de la Justice pour arrêter la publication de ces photographies dont quelques-unes, avec onze noms de jeunes juives, furent reproduites dans l’organe de la communauté.
Extrait : «La fin du judaïsme en terres d’islam», sous la direction de Shmuel Trigano