Les veilleurs de l'aube-V.Malka

LES VEILLEURS DE L'AUBE – VICTOR MALKA

On l'a parfois comparé à Ray Charles, en ver­sion orientale. Non seulement parce qu'il était aveugle mais aussi parce qu'il avait une voix qui réveillait les cœurs. Le rabbin David Bouzaglo (1903-1975) a été et continue d'être pour tous les juifs marocains, qu'ils soieרבי דוד בוזגלוnt installés en France, au Québec, en Israël ou au Maroc, un modèle et une référence

C'est toujours la Bible et ses récits (ou ses légendes) qui imposent au poète leurs styles et leurs tonalités. Les poètes ne se gênent d'ailleurs pas pour intégrer à leurs vers, au gré des circonstances, des versets bibliques, des contes populaires ou des formules talmudiques en entier. Plagiat ? Sûrement pas. Pour parler d’emprunts de cette nature, il faudrait encore que ces poètes signent clairement et en toutes lettres de leurs noms leurs écrits. Or, dans la pratique, ce n'est que très rarement le cas. Le plus sou­vent, il faut reconstituer leur identité – sans que l'on y parvienne toujours – en décryptant et en déchiffrant un acrostiche. Isaac ben Abraham, David ben Salomon. Ou bien encore Moi, Jacob, Moi, Yossef ou Moi, Abraham le Jeune (sous entendu : jeune en connaissances). Jamais ou très rarement de nom patronymique. Parfois encore le poème est composé de strophes commençant, dans l'ordre, par les lettres de l'alphabet hébraïque.

Il y a plagiat quand un écrivain cherche à détourner en s à faveur personnelle une gloire et des mérites qui ne sont pas les siens. Il y a plagiat quand l'auteur cherche à se vêtir de vêtements confectionnés par d'autres. Or, ce que veulent, dans leur grande majorité, ces poètes – gardiens de la parole -, c'est prolonger une tradition, insister sur les mérites des anciens, mettre en évidence tel enseignement, rappeler l'importance de tel texte ou de telle interdiction riblique, souligner une dimension éthique, évoquer à l'oc­casion d'une circonstance précise telle légende ancienne transmise de génération en génération, ou encore proposer un commentaire personnel sur tel traité ou tel célèbre épi­sode de la littérature talmudique.

Ces poètes sont tous de l'avis que développera, des décennies plus tard, en 1966, le Prix Nobel de littérature, – Israélien Chmouël Yossef Agnon en écrivant :

Dans un poème en langue étrangère, une séquence de trois ou quatre mots est qualifiée de plagiat. Il en va autrement en hébreu. Quiconque multiplie les citations d'énoncés connus, mérite des louanges, car l'hébreu n'était pas une langue parlée et toutes ses richesses sont investies dans les livres. Quiconque prend une chose au texte d'un livre pour la mettre dans le sien, lui donne nécessairement une vie nouvelle, fécondante et enrichis­sante, tout en lui conservant son image et sa ressem­blance

Ils ont conscience d'appartenir tous, spirituellement en tout cas, à l'âge d'or andalou. Comme leurs collègues espagnols, ils se veulent veilleurs de braise. Ils ne se considèrent que comme des relais qui, dans leur poésie, veulent conserver et transmettre de père en fils des bribes de mémoire. Ce faisant, ils ne font qu'obéir au comman­dement suprême : Véhigadta lévinkha, « Tu raconteras à ton fils… » Et c'est dans la mémoire collective du peuple qu'ils vont puiser leurs thèmes. C'est là, essentiellement, qu'ils cherchent leur inspiration. C'est dans les sources traditionnelles de la pensée juive qu'ils trouvent leur véri­table ancrage, leurs références et leurs repères.

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