L'esprit du Mellah-J.Toledano

L'esprit du Mellah – Joseph Toledano

Humour et folklore des juifs du Maroc

A la mémoire de Rabbi Yedidia et son fils Abraham qui :

S'ils avaient pu jusqu'à ce jour vivre

Auraient mieux que moi ecrire ce livre 

LA PREUVE PAR L'HUILE

Le conseiller de ce roi etait particulierement haineux envers les Juifs. Sa derniere invention " si les Juifs continuent a faire des miracles c'est que le Prophete Moise est encore parmi eux et qu'ils nous le cachent!" Convaincu, le Roi convoque les rabbins et leur donne trente jours pour amener devant lui le prophete. Desampares les rabbins decretent jeune, prieres et penitence. Seul un illettre qui ne frequentait pas les synagogues continua a mener sa vie comme a 1'ordinaire.

—  Mecreant tu ne sais ce que le Roi nous demande?

—   Soyez sans inquietude menez-moi au Roi.

Au jour dit le Roi demanda "alors ou est Moi'se?"

—   C'est moi, Seigneur!

—   Prouve-le par un miracle!

—     Qu'a cela ne tienne, vous avez toute confiance dans votre vizir, eh bien amenez-moi une baignoire pleine d'huile bouillante j'y jeterai le vizir et vous verrez le miracle; il en sortira indemne.

Le roi demanda a voir, mais le Vizir affole cria:

—  Je le crois, il n'y a pas de doute c'est lui Moi'se, nous n'avons pas besoin de preuve! Et il laissa ses sujets juifs vivre en paix.

LE PACHA ET LE VAGABOND

Une terrible epidemie de typhus s'etait abattue sur Marrakech ou, chaque jour, deux cents personnes mouraient, deux cents musulmans pour mieux dire car, a l'exception du premier jour, ou seuls cinquante juifs avaient passe de vie a trepas, le Mellah semblait desormais immunise contre le mal effroyable.

Le Pacha en prit ombrage et fit savoir aux juifs que si dans huit jours, ils ne s'etaient pas decides a mourir comme les musulmans ou a expliquer pourquoi ils etaient refractaires a l'epidemie, il chargerait ses soldats d'accomplir la besogne que ne voulaient pas faire les poux. Chacun s'interrogea pour connaitre la reponse qu'il convenait de faire.

Les savants la chercherent, qui dans le Pentateuque, qui dans la Genese, qui dans le Talmud. Les sorcieres furent priees de donner leur avis. Un astrologue interrogea les etoiles et sept jours passerent ainsi. Au soir de ce jour, c'est a dire a la veille d'aller porter la reponse au Pacha, les rabbins s'assemblerent une derniere fois et, apres une longue et savante discussion, convinrent de ceci: II n'y avait plus qu'a mourir et a profiter de la derniere nuit pour se repentir de ses fautes. . .

Les femmes s'accommoderent fort bien de cette decision. A les entendre hurler et pleurer, les enfants firent chorus et les hommes n'ayant rien de mieux a faire, suivirent cet exemple lacrymal. En un instant, le Mellah devint, a la lettre, une "vallee de larmes" et les glapissements firent croire aux moribonds de la cite musulmane, que les portes des enfers s'ouvraient devant eux. C'est a cet instant que penetra dans le Mellah un vieux petit Juif montagnard qui, pour tout bien, n'avait qu'une besace.

—   Combien de fois par an celebre-t-on le Youm Kippour a Marrakech? demanda-t-il.

On lui repondit qu'il n'etait pas ban de plaisanter et on lui expliqua le malheur qui venait de s'abattre sur la communaute. Alors le petit vieux se mit a rire, il puisa aux eventaires abandonnes par les marchands. les elements d'un repas substantiel et, a la grande indignation des temoins, il se mit a manger, tout en fredonnant une chanson grivoise. Avertis du scandale, les rabbins accoururent pour tancer le coupable mais il les accueillit par ces mots:

—    Allez boire, allez manger, allez dormir, j'irai repondre. . . et toujours tres calme, il but un nouveau verre de mahia.

Ainsi qu'il l'avait promis, il se chargea de l'ambassade, et c'est souriant toujours, qu'il reparut alors qu'on le croyait deja mort.

Eh bien, qu'a repondu le Pacha? interrogea la foule.

—Que tout est bien.

—Que lui as-tu donc dit?

—  Simplement que le mur du Paradis s'etait ecroule. Dieu pour le reparer, ayant besoin de personnel, vint en querir sur terre. Le premier jour, les resultats furent desastreux car les cinquante Juif envoyes ne savaient rien faire de leurs dix doigts. C'est alors qu'Il prit la decision de ne recourir, desormais, qu'a la main d'oeuvre musulmane . . .

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