Les juifs du Maroc pendant la seconde guerre mondiale

epreuves-et-liberationJoseph Toledano

Epreuves et liberation

Les juifs du Maroc pendant la seconde guerre mondiale

Echos du pogrome de Constantine

Un calme precaire et susceptible de rupture au moindre incident, revint effectivement dans les rues et dans les esprits. Si le Maroc ne connut pas les tragiques debordements du terrible pogrome de Constantine qui endeuilla le judaisme algerien, en aout 1934 ses repercussions psychologiques furent loin d'etre negligeables, ranimant le climat de tension et de nervosite, un moment apaise. Toutefois, malgre les ressemblances, le mensuel de tendance sioniste de Casablanca, l'Avenir Illustre, ecartait le danger – pour l'heure — d'une telle contagion :

« Comment les Juifs du Maroc ne feraient-ils pas de rapprochements entre ces evenements et les mouvements d'agitation de merne origine qui ont emu nos populations, il y a quelque temps a Rabat, Sale et Casablanca

 Comment ne rendraient-ils pas grace aux autorites marocaines qui, elles, ont su eviter par des mesures d'ordre rapidement prises, les effusions de sang ?

… Au Maroc, encore que certains symptomes existent qui doivent nous faire reflechir, nous n'avons pas pour I'instant a redouter une action politique dont nous serons les victimes indirectes mais sures. Dans le jeu des partis qui modele cependant I'interet du Maroc et destine a dominer encore quelque temps les appetits des groupes ,

I'antisemitisme n'a pas encore acquis la place eminente qu'il tient en Algerie. II nous appartient a nous Juifs de retarder indefiniment I'heure de son avenement. Puisque nous savons qu'entre les Musulmans et nous, il n'existera jamais que des malentendus qu'on suscitera artificiellement, notre devoir est de resserrer toujours plus strictement notre alliance avec eux. Ni les evenements du dehors, ni une auvre malplacee ne sauront briser au Maroc l'accord qui existe entre Musulmans et Juifs, si comme eux nous suivons loyalement notre propre inclination qui ne peut nous conduire qu'a l'entente et a la paix…»

Cependant plus terre a terre, les autorites du Protectorat prirent des mesures de precaution. Les rapports des Renseignements Generaux soulignaient l'inquietude manifestee par les Israelites dans plusieurs villes du Protectorat, alors qu'on signalait l'arrivee en catastrophe a Tanger de 24  families aisees qui avaient fui Constantine :

« Les Israelites marocains fletrissent ces actes de sauvagerie qui les ont tant emus d'autant plus qu'ils sont unis par des liens de parente et d'amitie a leurs coreligionnaires d'Algerie…

La bourgeoisie musulmane, tout en les regrettant, tente de les excuser dans une certaine mesure, en faisant ressortir que les Israelites ont insulte la religion musulmane et ont, les premiers, ouvert les hostilites… »

Dans cette atmosphere, les cours de theologie prodigues par le chef nationaliste, Allal El Fassi, a l'universite des Qaraouyine de Fes, juges trop incendiaires, furent suspendus par le Makhzen. En effet, il mettait en garde ses etudiants contre la perfidie et la cupidite des Juifs et rappelait la constante vigilance du Prophete a leur egard, au debut de l'islam

La mesure de cette sourde inquietude est donnee par l'etrange transaction decouverte a Casablanca :

« Un Israelite algerien, Mo'ise Azoulay, a tente de tirer profit de cette crainte en ecoulant parmi ses coreligionnaires des pistolets automatiques. Les achats demontrent que les Israelites auraient I'intention de se defendre. La remarque est faite a cet egard que les femmes de menage musulmanes, employees chez des Europeens, ont declare que les Juifs attaqueraient des indigenes pour se venger des massacres de Constantine… »

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