Pogrom de Fes-tritel-P.B.Fenton

tritel

Les succès de la France au Maroc furent accueillis avec réserve par les puissances européennes qui lui livraient une concurrence acharnée. Les rivalités entre la France, l'Allemagne, l'Angleterre et l'Espagne qui se disputaient alors l'influence prépondérante au Maroc furent résolues par des concessions territoriales décidées lors de la conférence d'Algésiras, réunie à partir du 16 janvier 1906, et à laquelle participèrent les treize puissances signataires de la convention de Madrid de 1880. Pour la première fois dans leur histoire, les Etats-Unis rentrèrent aussi dans le concert européen. Le délégué américain y évoqua notamment «la question de la liberté religieuse et des restrictions imposées aux Juifs du Maroc». La France se vit confier un «mandat» sur le Maroc qu'elle accepta de partager avec l'Espagne

Les tractations d'Algésiras dont la délégation chérifienne fut tenue à l'écart, soulevèrent l'indignation de la population marocaine. Les réformes qui lui furent imposées par la conférence, l'occupation des territoires sahariens, et l'intervention française en Chaouïa firent passer Mawlây 'Abd al-'Azîz, accusé de mollesse, comme un suppôt des intrigues coloniales; il fut alors désavoué par les oulémas de Fès. Le climat insurrectionnel qui s'intensifia dans le pays fut le prélude de l'occupation française du pays. Le meurtre à Marrakech en mars 1907 d'Emile Mauchamp, médecin humanitaire qui avait exercé jadis en Palestine, fournit le prétexte de l'occupation militaire d'Oujda par une force expéditionnaire française menée par Lyautey et venue d'Algérie

Les événements de Casablanca et leurs suites (août 1907)

 Depuis peu la communauté juive de Casablanca commençait à se développer et comprenait environ six mille âmes. Les Français y entreprirent de grands travaux d'aménagement du port et surtout la construction du chemin de fer. Répondant à l'incitation à la guerre sainte lancée par le marabout Mâ' al- 'Aynin, des centaines de Kabyles armés, venus de la campagne, envahirent les chantiers le 30 juillet 1907 qu'ils saccagèrent, massacrant les ouvriers européens. Le 5 août, en représailles, la ville fut bombardée par le croiseur «Galilée», déclenchant une émeute de la populace casablancaise. Rejointe par des tribus kabyles, elle se rua sur la médina et surtout, sur le mellâh, et pendant trois jours, pilla, saccagea, tua et viola. Trente Juifs furent assassinés, une centaine furent sauvagement blessés, tandis que les femmes et les filles juives subirent les pires outrages. Sans défense, quatre mille Juifs abandonnèrent le mellâh pour se réfugier autour du consulat de France. Certains purent gagner le port où, poursuivis et frappés jusque dans l'eau, ils s’embarquèrent à bord des navires mouillés au large où ils restèrent sans vivres pendant plusieurs jours. La masse des habitants les plus démunis se barricada dans le mellâh; ce dernier fut entièrement détruit, provoquant la fuite de centaines de réfugiés juifs qui trouvèrent abri à Settat et à Mazagan. Beaucoup n'y parvinrent pas et furent capturés par les Kabyles. Plusieurs lettres adressées à l'Alliance à cette époque font état des détachements de secours qui, dans des provinces éloignées et dans des conditions périlleuses, se mirent à la recherche des captives juives dont certaines avaient été converties de force à l'islam ou vendues sur les marchés de l'intérieur

Suite aux événements de Casablanca les troupes françaises occupèrent la ville, puis toute la plaine voisine de la Chaouïa (1907-1908), soulevant l'hostilité de la population musulmane. Cette hostilité, qui se propagea dans toute la province, menaça aussi les Juifs dont la situation même dans les grandes villes devint précaire

L'anarchie marocaine se doubla bientôt d'une guerre civile. Le frère aîné d'Abd al-'Azîz, Mawlây al-Hâfid (1876-1937), réputé pour sa piété exemplaire, se posa en champion de la résistance aux Français. Il intriguait depuis longtemps contre son frère pour parvenir au trône. L'occupation de Casablanca lui fit franchir le dernier pas et le 16 août 1907, il fut proclamé sultan à Marrakech, la capitale du Sud, avec l'approbation des ulémas de la ville. Mawlây ' Abd al-'Azîz accusé par une fatwâ de «collusion avec l'ennemi d'Allah et de la religion» sera déchu et se réfugiera chez les Français à Rabat, ce qui le condamnera définitivement dans l'esprit de ses sujets

L'arrivée au pouvoir de Mawlây al-Hâfid (rég. 1908-1912) n'arrangea pas la situation politique. Le chaos général s'installa, dont les répercussions pour les Juifs, plus que pour d'autres sections de la population, furent particulièrement douloureuses. Des rapports publiés périodiquement dans le Jewish Chronicle indiquent chez les Juifs un sentiment constant d'insécurité. S'ils eurent à souffrir jusque-là de l'insécurité générale du pays et de la crise économique, désormais ils eurent à déplorer les instincts de pillage de certaines tribus arabes et les attaques à main armée

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