com.juives saha..M. Abitbol

Les aristocrates dont le rôle était de guerroyer et d'assurer l'équi­libre économique de l'ettebel grâce au complément des "rezzou" com­pensaient en partie leur déperdition en hommes, par des alliances à l'extérieur de leur groupe. Mais ils étaient assurés de ce renfort puis­que leurs femmes n'émigraient point et que leurs enfants restaient le plus souvent dans le pays, reconnus membres du groupe puisque "fils des femmes". Tout le territoire de l'ettebel leur était disponible. Les Kel Ulli tributaires avaient vocation de nourrir les aristocrates en élevant des chèvres et moutons, et en assurant aussi la garde et l'en­tretien de leurs troupeaux de chamelles. Leur stratégie matrimoniale était différente. Ils étaient très endogames parce qu'ils disposaient d'un territoire délimité dont la capacité d'exploitation demeurait précaire, et qu'ils devaient fournir des surplus à leurs suzerains en assurant la reproduction et la perpétuation de leur groupe.

Dans les structures de la parenté touarègue les cousins "parallèles" (enfants de la sœur de la mère et enfants du frère du père d'Ego) sont appelés d'un nom différent des cousins "croisés" (enfants du frère de la mère et de la sœur du père d'Ego). Cette particularité re­connue pour la première fois par l'anthropologue américain L.H. Morgan à la fin du XIXe siècle dans une tribu indienne, les Iroquois, les fait classer dans le type "iroquois", bien qu'ils accusent quelques différences par rapport au type original. Les cousines parallèles sont appelées "sœurs" par Ego, mais leur mariage est considéré comme tout à fait convenable et même souhaitable. Les cousines croisées sont appelées tababahat (plur. tibuhbat) et ont des relations très familières dites "à plaisanterie" avec Ego. Toute l'organisation socio-économique et parentale tend à rapprocher Ego de sa cousine, fille du frère de sa mère ou fille de la sœur de son père; mais la relation avec la fille du frère de sa mère (cousine croisée matrilatérale) est toujours beaucoup plus importante pour les raisons suivantes :

Ego est toujours plus libre, plus familier, plus affectivement atta­ché à la famille de sa mère. Il y plaisante, il s'y nourrit et s'y fait choyer, car il en est le futur représentant. Alors que ses relations sont réservées sinon tendues dans sa patrilignée.

  1. Son oncle, frère de sa mère doit durant sa vie, nourrir en cas de besoin les enfants de sa sœur. Mais encore, ceux-ci peuvent venir prélever sur ses biens, le voler impunément sans qu'il puisse décem­ment s'en plaindre; les règles sociales établies, le lui interdisent car, comme dit le proverbe :

"Le fils de ta sœur est l'ennemi de ton bien, mais aussi l'ennemi de tes ennemis." Le neveu se doit de défendre en premier chef son oncle maternel. Il est à ses côtés au combat, plus qu'au côté de son propre père.

En conséquence l'oncle maternel lègue à sa mort son épée au fils de sa sœur. En héritant de l'épée de son oncle, Ego hérite aussi du droit d'accès au commandement par sa mère et se trouve être le suc­cesseur potentiel de son oncle, ceci conformément aux règles de transmission du pouvoir chez les Touaregs Ahaggar.

  1. La fille du frère de la mère d'Ego ne peut rejoindre son mari que si une paire de sandales neuves et de belle qualité est offerte à Ego, lors de l'accompagnement de la mariée en direction de l'habita­tion (tente ou maison) de son époux. Cette paire de sandales est ache­tée par le fiancé et donnée par son mandataire à Ego au moment où celui-ci arrête la mariée, épée en main, sur son parcours lors de la première nuit de la cérémonie du mariage. Ceci se passe après les accords publics sur les modalités de la dot et la cérémonie religieuse accordant les épousailles, après le diner souvent vers minuit ou une heure du matin.

Dans tout mariage cette coutume est actuellement respectée. Elle est devenue un jeu rituel durant lequel les jeunes gens s'amusent beaucoup, sans plus considérer sa signification originelle et son sens symbolique. Alors que les stratégies matrimoniales traditionnelles ont perdu de leur pertinence dans une société complètement différente, comme l'a si bien relevé de Saussure: le signifiant survit au signifié.

Nous constatons donc que dans la tradition, ce rite est parfaitement inséré dans une chaîne de relations sociales cohérentes qui tendent à rendre Ego héritier du frère de sa mère, non seulement de droit, en ce qui concerne l'accès au commandement, mais aussi héritier de la fille de celui-ci, que toute la structure du groupe social pousse à de­venir son épouse. Si elle le devient, cependant, c'est Ego qui achètera une paire de sandales pour celui des autres cousins qui peut lui aussi prétendre épouser cette femme. Le rite n'est pas perdu pour autant. S'il n'y a pas de cousin présent et si même, eux présents, on veut honorer un étranger de passage, on lui offre la paire de sandales sur décision de la mariée. Cette homme est déclaré abadah wan serho chez les Isseqqamarènes, "cousin pour l'honneur". Donc, dans tous les cas le rite persiste, on lui recrée au besoin les agents qui organisent son existence.

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