Les juifs de Safi et la pieuvre des protectorats consulaires au cours du dix-neuvième siècle

Chapitre V

Les juifs de Safi et la pieuvre des protectorats consulaires au cours du dix-neuvième siècle

Le protectorat consulaire vit le jour pour la première fois au Maroc au temps de Sidi Mohammed Ben Abdellah (1757-1790) et c'était, à l'époque, l'un des privilèges accordés par ce sultan aux consuls et aux négociants étrangers dans une tentative de confi­gurer sa politique mercantiliste et de la faire réussir par tous les moyens, en s'ouvrant sur le commerce européen et américain et en tirant profit au maxi­mum d'un marché aux vastes horizons sur l'océan Atlantique. Cela, afin d'alimenter les caisses du Trésor public du pays qui étaient vides à cause de la crise de trente années qui suivit la mort du sultan Moulay Ismaïl et pour assurer un revenu abondant et permanent sans que cela nécessitât des efforts administratifs ou militaires.

  1. Le mercantilisme est une théorie économique dont les idées se sont propagées en Europe Occidentale au XVIe siècle, après les découvertes géographiques. Selon celle-ci, la puissance de l'État dépend de ses biens monétaires et des métaux précieux.

Et pour cela, il convient de donner la priorité au commerce extérieur et d'en élargir les horizons, de multiplier et de diversi­fier les activités industrielles. L'État doit veiller à la protection de ce secteur et à son amélioration qualitative. Parmi les promoteurs de cette théorie, Jacques Baudoin, Thomas More et le ministre français Colbert. Il est certain que le sultan Sidi Mohammed eut connaissance de cette théorie et fut convaincu de son efficacité. Des sources nous indiquent qu'il se documentait constamment et demandait les raisons pour lesquelles l'Europe nous dépassait dans tous les domaines : « Il se réunissait avec les négociants chré­tiens, alors qu'il était khalifa de son père à Safi, et se renseignait sur la situation dans leurs pays, sur le commerce maritime et sur l'administra­tion des impôts dans leurs contrées. » De plus, il convoquait tous les soirs un juif nommé « Bouzaglou De Paz » pour qu'il l'entretînt sur les affaires européennes dans les domaines politique, militai­re et commercial. Leurs discussions duraient jusqu'au milieu de la nuit. Peut-être sa foi dans le mercantilisme le poussa-t-elle très tôt, alors qu'il était encore prince héritier, à ouvrir le port de Safi, sa résidence, au commerce européen et à encourager ses activités par tous les moyens possibles, à tel point que le nombre des navires débarquant à Safi atteignit 176 entre 1748 et 1755. Le premier accord commercial entre le Maroc et le Danemark fut signé en son nom, à Safi, en 1751.

Après le décès du sultan Moulay Ismail, le Maroc traversa une période difficile qui dura trente ans (de 1727 à 1757). L'armée noire, les « Boukharis », s'arrogea les affaires de l'État, confisqua les richesses des princes, fils de Moulay Ismail, nomma et destitua. Sept sultans la reconnurent durant cette période ; ce sont : Ahmed Eddahbi, Abdelmalek, Abdellah, Ali Laâraj, Mohammed, Al Moustadyi et Zine el Abidine. Parmi ceux-là, il y en eut qu'elle porta sur le trône du Maroc plus d'une fois : le sultan Abdellah fut intronisé sept fois, Al Moustadyi, quatre fois, et Eddahbi, deux fois. Des troubles, des guerres et des déplacements de tribus suivi­rent ces événements ; l'économie s'effondra, le Trésor public se vida et il y eut plus de misère et de souffrance dans la population.

Le sultan Sidi Mohammed employa d'autres moyens pour alimenter le Trésor public ; notamment le système des « Moqataâ »

pour faire entrer les impôts de ses sujets, dont la dîme, les taxes,

les droits de douane et la capitation due par les juifs. Ce système

consistait à vendre le droit de perception des impôts à qui paierait le plus parmi les caids, les gouverneurs, les commerçants musul­mans, juifs ou chrétiens. Le concessionnaire versait à l'État la somme convenue et percevait à sa place les impôts. Il s'arrangeait pour que les sommes recueillies fussent supérieures à ce qu'il avait payé au Trésor, pour en tirer bénéfice. L'État gagna par ce système une entrée des recettes plus rapide et la garantie d'une collecte régulière. Et il évita ainsi d'entrer en confrontation armée avec les tribus, ce qui perturbait la sécurité générale.

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