LA CIVILISATION MAURÉTANIENNE : UNE CIVILISATION NÉO-PUNIQUE

 


  1. histoire-du-marocLA CIVILISATION MAURÉTANIENNE
    : UNE CIVILISATION NÉO-PUNIQUE
  2. Le royaume de Maurétanie.

L'acquis le plus important des recherches archéologiques de ces dernières années, et qui se poursuivent, est d'avoir révélé l'intérêt d'une période presque ignorée : celle qui précède l'occupation romaine et que l'on peut appeler Maurétanienne, du nom du royaume, vassal de Rome, qui s'étend en Algérie occidentale et sur le Maroc du Nord.

On savait déjà que l'influence de la civilisation carthaginoise n'avait fait que grandir chez les Berbères après que Rome eut détruit sa puissance politique. Les royaumes de Massinissa, de Jugurtha, empruntèrent beaucoup à Carthage. Après la destruction par Rome de cette cité, une des plus grandes du monde antique assurément, les émigrés répandent chez les Berbères ses techniques, ses mœurs, ses idées. En même temps les marchands italiens et les légionnaires font pénétrer d'autres influences. C'est donc en utilisant à la fois la protection romaine, car ces princes sont alliés de Rome avant de la combattre, et l'héritage culturel de Carthage, que des tribus peuvent être regroupées en royaumes, et des villes fondées.

Un royaume ayant à sa tête Bocchus existe à l'Ouest du Maghreb, au moment où Rome lutte contre Jugurtha. Fidèle soutien des Romains, le roi maure est récompensé en ajou­tant à ses États ceux du Numide vaincu. Le royaume est partagé entre ses fils à sa mort (80) : Bocchus il et Bogud. Ceux-ci soutiennent César contre Juba ier lui-même allié du parti sénatorial qui résiste à César. A la mort du dictateur romain, les deux frères entrent chacun dans un des camps opposés qui se disputent sa succession. Bogud, partisan d'Antoine, est tué. Bocchus qui a suivi Octave le vainqueur, est récompensé en recevant le royaume de son frère. Il meurt en 34 avant J.-C.

Si ces princes suivent ainsi Rome c'est que sans elle ils ne sont rien. Leur intérêt est de se montrer un allié fidèle et soumis, afin de recevoir une aide militaire, des territoires, des honneurs, toutes sortes d'avantages. Rome y trouve son compte : ses marchands peuvent pénétrer et faire des affaires, grâce à la paix que ces princes savent faire régner dans des contrées difficiles à gouverner.

C'est pourquoi après une courte période d'administration directe, à la mort de Bocchus il, pendant laquelle des colonies de vétérans sont établies à Tingi, Zilis, Babba, Banasa, Octave revint au système du royaume allié. Il choisit un personnage fait pour ce rôle : Juba n, fils de Juba Ier, élevé à Rome dans l'entourage d'Auguste, où on l'a marié à Cléopâtre Séléné, elle-même fille de la grande Cléopâtre et d'Antoine. Très cultivé, parlant grec, latin, punique, c'est un type curieux de roi savant et protecteur des arts. Comme il ne peut imiter ses ancêtres en faisant la guerre, il consacre son temps et ses richesses à parcourir le pays, à écrire, et à collectionner les objets d'art. Ses œuvres sont perdues, on peut douter de leur valeur littéraire mais elles contenaient sans doute des renseignements sur le pays : il envoya des expéditions vers l'Atlas et vers les Iles Fortunées (Canaries).

Une partie des trésors qu'il a accumulés dans sa capitale de loi, rebaptisée Caesarea, en signe de soumission à Rome (Cherchell) a été conservée jusqu'à nous. Si Volubilis s'est révélée si riche, c'est sans doute dû au fait qu'il en avait fait une résidence royale.

L'indépendance de la Maurétanie n'est donc plus que nominale, et il n'y aurait pas lieu d'insister si, du fait de la paix, la prospérité économique et la protection d'un sou­verain esthète n'avaient abouti au développement des villes, à leur enrichissement.

  1. Une civilisation urbaine.

Dans tous les sites antiques fouillés actuellement au Maroc, la période de Juba il et de son fils et successeur Ptolémée apparaît comme une période de civilisation brillante.

A Sala des restes de splendides monuments préromains ont été mis au jour. Us ont été très endommagés.

Un temple très inspiré des édifices puniques borde l'agora (devenu plus tard le forum). Deux magnifiques statues masculines de marbre ont été retrouvées : un portrait idéalisé du souverain portant un diadème, et un torse dont la tête a disparu. Mais des fragments de sculpture sont d'une autre tradition, elle, africaine : une tête d'éléphant de schiste gris, dont la défense est en marbre blanc, traitée en relief, et une très curieuse petite tête féminine en stuc qui était peinte. La céramique italienne de tradition hellénique dite « campanienne » est abondante. Les monnaies des villes maurétaniennes et de Juba il abondent dans ces niveaux.

A Lixus à cette époque la ville punique est entourée d'un rempart fait d'énormes blocs soigneusement taillés, de style hellénistique. Un grand temple dont l'agencement n'est pas du tout romain, mais évoque les sanctuaires de Carthage, a été reconstruit au sommet de la ville sous Juba il.

Il est de plus en plus certain que Volubilis est une ville importante avant la conquête romaine : sous les édifices des 11e et me siècles de notre ère on découvre de nombreux restes de constructions de l'époque préromaine. La ville est administrée à la mode punique, et ce depuis le me siècle, par des suffètes. Banasa n'est pas une fondation romaine comme on pouvait le croire. Tamuda, près de Tétouan est une ville de cette époque qui a été abandonnée au moment de la conquête et n'a été réoccupée que plus tard. A Thamusida, à Rirha on a trouvé de la céramique campanienne, c'est-à-dire d'une époque antérieure à l'occupation romaine.

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