Communautes juives des marges sahariennes M. Abitbol

Communautes juives sahariennes 001

Il convient d'abord de remarquer qu'une coexistence pacifique entre Juifs et Ibâdites ne devrait nous étonner outre mesure, compte tenu de l'ancienneté de la présence juive en milieu berbère, de l'exis­tence de tribus dites judaïsantes à l'époque de la conquête musul­mane, du système de protection personnelle accordée aux Juifs par les seigneurs berbères, du respect des Berbères pour les sanctuaires et les cimetières juifs ainsi que des traditions orales rattachant les Berbères à des généalogies bibliques et à la Palestine.

L'ibadisme (arabe : al-ibaḍīya الاباضية) est l'école la plus ancienne en islam, elle a été fondée moins de 50 ans après la mort du prophète Mahomet.

L’ibadisme a été chassé par d'autres courants musulmans pour ses pensées politiques : selon les ibadites, le commandeur des croyants ne doit pas être nécessairement de la lignée de Mahomet, ni d'une certaine race ou couleur. 

En outre, a la différence du Chi'isme, l'imâmite surtout, où la haine du sunnite va de pair avec une profonde aversion envers les dhimmis, les Khàridjites, en général, ont fait preuve par contre d'un esprit de conciliation à l'égard des premiers, pourtant considérés com­me des polythéistes, mushrikûn. Certains Khàridjites vont même jusqu'à offrir aux dhimmis l'égalité absolue avec les Croyants, s'iis prononcent cette formule modifiée de la shahâda "Muhammad est l'Apôtre de Dieu aux Arabes mais pas le nôtre".

 Une ancienne aqïda (résumé de doctrine) ibàdite, suivie à Djerba et au Mzab, fixe d'autre part un taux préférentiel de l'impôt de capitation, djizya, pour le Juif par rapport au Chrétien, imposant à ce dernier 2 dirham de plus, wa-yazdâdu 'ala'l-rtasrârû dirhamâni. Elle permet égale­ment aux Croyants de consommer la chair des bêtes égorgées par les Juifs et d'épouser des femmes juives de condition libre. Ces con­cessions en faveur des Tributaires sont aussi admises par les Mâlikites puisqu'elles figurent dans le Coran (V. 5), mais elles ont souvent été considérées comme des actes blâmables.

Aussi trouvons-nous toute une série de communautés juives floris­santes en Berbèrie khàridjite du Moyen Age. Pour ne citer que les principales, commençons par Sidjilmâsa, grand port caravanied du Sa­hara occidental, gouvernée par une dynastie d'obédience khàridjite- sufrite et habitée par les Juifs depuis sa fondation en 757; Tàhert, capitale de l'imamat rostemide et ville natale du grammairien hébreu Judah ibn Quraysh, foyer ardent d'études et de discussions théologi­ques et scientifiques. Ouargla (Warjlân), plaque tournante du com­merce transsaharien oriental et refuge d'une communauté juive de tendance qaraïte. A noter qu'entre le Khâridjisme et le Qaraïsme il y a d'importantes affinités doctrinales dues à une même source d'inspi­ration — le mu'tazilisme.

D'après le chroniqueur ibâdite Abu Zakariya, la population ibàdite de Ouargla, assiégée par une troupe fâtimide, fut sauvée par la ruse d'un Juif de l'endroit; citons enfin Djâdû, ancienne capitale du Dj. Nafusa oriental et qui d'après al-Bakrî (Xle s.) fut une grande ville marchande à forte population juive, entretenant d'intenses relations commerciales avec le Fezzan et le Kanem. D'une anecdote rapportée par le chroniqueur ibàdite al

Shammâkhi (VI/XII s.) concernant  les rapports entre un commerçant juif et l'imâm et gouverneur du Djebel, Yahyà al-Irdjànï, on peut inférer que les Juifs de Djâdû vivaient en bons termes avec leurs voisins ibâdites. Les vestiges du quartier juif et du cimetière juif de cette localité ont été visités et décrits par N. SLouschzet par le rabbin Mordecaï Hacohen en 1906.

On peut donc avancer que toute la région comprise entre Sidjilmâsa et le Souf, abritait un grand ensemble judéo-ibâdite dont le réseau routier a été retracé en détail par T. Lewicki.

L'exemple le plus récent de cette entente judéo-ibàdite dans le Djebel tripolitain fut donné lors de l'insurrection des berbères nafusis contre les Turcs (1837-1855). Le chef de la révolte, connu sous le nom de Ghoma et dont le rôle rappelle celui de son illustre contemporain algérien, 1' émir 'Abd al-Qàdir, s'entoura de conseillers et d'auxiliaires juifs et alla même jusqu'à libérer les Juifs de la région du port du tur­ban  noir.

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