Les juifs de C.-Bechar-J.Ouliel-Les BENICHOU

Les BENICHOU

Issus de Kenadza, ils formaient l'une des grandes familles béchariennes. Leur aïeul, Rabbi Youssef ben Abraham, décédé voici plus d'un siècle à l'âge de 98 ans, fut les-juifs-de-colomb-becharen son temps le chef de la communauté juive de Kenadza. Ce rabbin et dayyan (juge) s'était rendu célèbre en composant un «piyyut» (conte poétique) à la mémoire d'un autre rab­bin, Rabbi Shlomo bar Berero ; ce dernier, auquel je consacrerai un chapitre, est devenu tristement célèbre bien avant que fût connu son tragique destin de chef spirituel de la communauté de Tamentit au XV°.

Or, Rabbi Shlomo bar Berero est demeuré un symbole à Kenadza, un de ces villages- refuges, sans doute le principal, où se fixèrent les exilés juifs du Touat après 1492 et les persécutions et massacres dirigés par le Cheikh Abd el Krim el Meghili. M. Jacob Bénichou, né en 1910 et fils du Rabbin Moshe Benichou, a épousé Myriam Dahan, une fille de Taghit, qui lui a donné de brillants enfants, dont un éminent profes­seur en cardiologie, hélas trop tôt disparu.

Engagé dans l' action communautaire dès 1936, Jacob Bénichou est resté jusqu'en 1962 l'une des grandes figures de la communauté bécharienne, occupant des responsabilités  importantes au sein du Consistoire et dans la Hebra kadicha, et, vers les années 1957- 1960, à la Chambre de Commerce de Colomb-Béchar, dont il fut le vice-président. Jacob Bénichou était doublement l'héritier des Juifs de Tamentit : en tant que descendant de rescapés du Touat et érudit détenteur d'ouvrages transmis de génération en génération depuis des siècles

Comme artisan-bijoutier, il a hérité d'une tradition fort ancienne pour devenir créateur de modèles originaux qu'il fut invité à présenter lors des grandes expositions coloniales, notamment en 1931 et 1937, et à l'occasion des fêtes du cin­quantenaire de Colomb-Béchar, en 1953. Jacob Benichou est moins connu pour d'autres réalisations, non moins artistiques : il n'a laissé à personne le soin de composer et calli­graphier, sur parchemin, les Ketoubot à l'occasion du mariage de ses enfants. Après les disparitions successives de ses frères Simon et Mardochée, M. Jacob Bénichou demeure aujourd'hui l'un des dépositaires, parmi les plus sûrs, de la mémoire de notre communauté.

La légende des Bénichou de Kenadza

 A Kenadza, la présence des Bénichou est tellement ancienne, que nous la retrouvons dans les légendes locales. Malgré l'ambiguïté de l'évocation, une relation journalistique montre que les Musulmans de Kenadza ont conservé le souvenir de ces Juifs installés bien avant eux, et durant des siècles, dans la petite cité :

«Il y a très longtemps, semble-t-il, vivait à Kenadsa une communauté juive qui a pris l'habitude de tourner en dérision la coutume locale qui consistait à célébrer à l'instar des musulmans chiites, le martyre de l'imam Hussein dans la tristesse et les lamentations. Irrités, les habitants ont décidé un jour de changer de coutume, et de célébrer désormais cette journée dans la joie, prenant ainsi leur revanche sur les juifs, (à la veille des fêtes de l'Achoura), «Berkeï Ichou» serait alors une dérivation de «Ibrek y a chou», à genoux chou, Chou étant un notable juif de l'époque. Cependant, on prend soin à Kenadsa de vous préciser que quoique commode, cette interprétation est loin d'être vérifiable…» Vers 1903, les membres de la communauté de Kenadza rejoignirent, pour y exercer leur artisanat, leurs coreligionnaires nouvellement installés à Colomb-Béchar, constituant la deuxième composante de la communauté… Isabelle Eberhardt les a décrits ainsi :

«Les juifs de Kenadsa, vêtus d'oripeaux verts et noirs, viennent y dresser leurs tentes loqueteuses, et vite ils allument leurs petites forges pour transformer les «douros» des officiers et des spahis en bijoux» Isabelle Eberhardt écrit encore :

«Nous traversons le Mellah, le quartier salé, le quartier des Juifs, qui gitent en d'étroites boutiques à même la rue. Ici, à l'encontre des mœurs figuiguiennes, les Juives, qui por­tent cependant le même costume, ne sont pas cloîtrées. Elles jacassent, cuisinent, se débarbouillent devant leurs portes.»

La tradition rapporte qu'avant de s'appeler Kenadsa, la ville a d'abord porté le nom d'El Aouina (ou El Aouinat), signifiant « petite source », ou de Mouillah, signifiant « source salée », en référence à la source qui traversait le ksar.

Toujours selon le tradition, Kenadsa tirerait son nom de Sidi Mohamed Ben Ziane (fondateur de sa confrérie religieuse) qui, accomplissant le pèlerinage de la Mecque, aurait salué le prophète de l'islam Mahomet dans son tombeau, et celui-ci aurait répondu à ce salut en l'appelant par le nom de « Mohammed El Kendouci » ; et c'est ainsi qu'après son retour, le ksar aurait pris le nom de Kenadsa, pluriel de kendouci

Ibn Khaldoun rattache le nom de Kenadsa au nom de ses premiers propriétaires, Kendous et Zerhoun, noms devenus noms de tribus, dont la tribu des kenadsa ; il rattache aussi le nom de Kenadsa, par déformation, au mot-valise « Kendsek », désignant dans les transactions commerciales des deux fondateurs Kendous et Zerhoun

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