JUIFS ÉMIGRÉS ET IMMIGRÉS DANS LE PORT DE LIVOURNE PENDANT LA PÉRIODE NAPOLÉONIENNE J. P. FILIPPINI

Sur les motifs d'entrée et de sortie, on peut noter qu'il y a plus de "voyages d'affaires", ainsi qu'en témoignent les tableaux I et II, dans le sens Afrique du Nord — Livourne que dans le sens inverse. On se rend compte, en effet, à la lecture du tableau II, que les négociants juifs, qui

ממזרח וממערב כרך ד

constituent la majeure partie des passagers embarqués sur les bâti­ments à destination de l'Afrique du Nord et du Levant, ne sont venus que pour peu de temps à Livourne, ce que confirme le "lieu de résidence habituel", qui figure sur les états de la Police et sur les listes des passa­gers à l'entrée et à la sortie du port toscan (ainsi, Haim Gabai, de Tunis, arrivé à Livourne le 5 janvier, en repart le 15 juillet). Pour ce qui est du faible nombre de ces voyages d'affaires qu'effectuent, à cette époque, les négociants livournais, on peut invoquer l'existence de structures commerciales à base familialee, qui rendent inutiles les déplacements des négociants, puisque, théoriquement, il leur suffit d'écrire aux correspon­dants, commissionnaires, facteurs ou même maison mère, pour régler les questions pendantes. Ce n'est, donc, que, dans des cas exceptionnels, que l'on voit des hommes d'affaires livournais se rendre en Afrique du Nord. Dans les trois déplacements de ce genre, qui ont été relevés, on en trouve un qui a pour cause le problème du règlement de créances. Léon de feu Lazare Supino, "natif et domicilié à Livourne, âgé de 28ans, profession de commis de commerce", fait valoir, en effet, dans sa pétition de juillet 1811, "que feu son père a laissé en mourant de fortes créances dans le royaume de Tunis; que les circonstances de la guerre le mettent dans l'impossibilité de réaliser ces créances, s'il ne se porte lui-même sur les lieux" .

Dans les deux autres cas, on invoque plus sobrement des affaires à régler. Moise Roha, "natif de Tunis", demande, dans sa pétition de novembre 1811, "l'autorisation de se rendre à Tunis sa patrie pour y terminer quelques affaires qui nécessitent sa pré­sence". De même, David Cohen Solal sollicite un passeport pour Tunis, en février 1812, en indiquant qu'il est "appelé à Tunis pour des affaires de commerce, qui exigent absolument sa présence". Les hommes d'affaires, qui viennent d'Afrique du Nord, se trouvent dans une situa­tion différente de celle de leurs collègues de Livourne. En effet, des brèves notices, qui leur sont consacrées, on tire l'impression qu'il ne s'agit pas d'importants hommes d'affaires. Ce sont des "gagne-petits" qui, le plus souvent, accompagnant leurs marchandises ("In Livorno vennero per i loro affari di commercio portando mercanzie di loro proprietà, che hanno venduto personalmente e rinvestito il prodotto in altre merci, che hanno qui imbarcate sopra délia stessa nave", dit à propos de neuf négociants d'Alger, qui demandent à rentrer dans leur pays, une note de police de décembre 1812), viennent tenter de faire des affaires profitables, en tirant parti de l'état de pénurie, dans lequel se trouvent les marchés méditerranéens du fait de la rareté des relations commerciales.

Le motif le plus souvent invoqué par ceux qui vont de Livourne en Afrique du Nord (en dehors de ceux qui rentrent, après avoir réglé leurs affaires) est, comme nous le montre le tableau III, la recherche d'un emploi. La crise, qui frappe le port de Livourne, est telle que toutes les catégories sociales sont touchées de sorte que sont atteintes non seulement les activités directement liées au trafic portuaire, mais encore celles qui s'adressent au marché livournais. Tous les témoignages officiels concordent pour insister sur la gravité de la crise et sur la misère qui se développe à Livourne. Aussi n'y a-t-il pas lieu de s'éton­ner si l'on voit des immigrés — souvent installées de longue date à Livourne —, comme des Livournais de naissance demander un passe­port pour aller s’employer en Afrique du Nord. Peu d'entre eux cher­chent à passer au Levant. Nous n'avons trouvé que deux demandes: celle de Salomon Leone, "âgé de 46 ans, né et domicilié à Livourne", qui sollicite un passeport pour Salonique, "où ses intérêts l'appellent pour y vivre avec les parents de son épouse" 12 et celle de Samuel Saltiel "réellement natif de Smirne, âgé de 44 ans, à Livourne depuis quatre ans", au sujet duquel le Commissaire général de Police de Livourne, Delamalle écrit: "Il a servi ici dans plusieurs maisons de commerce juives notamment chez Coen Sullal. Mais dans les circonstances actuelles le commerce ayant entièrement cessé, il se trouve sans occupation, et sans autre moyens d'existence que les secours de ses coreligionnaires qui eux mêmes sont dans l'impossibilité de les continuer".

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