Belicha-Belido-Belilty-Benabbas-Benabrekh

BELICHA

Nom patronymique d'origne hébraïque, arabisation du prénom biblique Elicha qui a pour sens "Dieu délivre", précédé de l'indication de filiation hébraïco-arabe Ben. Ce prénom masculin était encore fréquemment donné au Maroc au XXème siècle, et se prononçait lissa, licha. Toutefois, selon la tradition fidèlement transmise dans la branche marocaine de Mogador de cette illustre famille de génération en génération, ce patronyme n'aurait été accolé que relativement tardivement à cette famille de Lévy d’origine espagnole – qui, à la suite de ses pérégrinations en Europe de l'Est, avait adopté une forme yidich de ce patronyme: Loeb – à la suite d'événements tragiques que nous relaterons dans la suite. On peut trouver un début de confirmation à cette tradition dans son apparition tardive, ce patronyme ne figurant pas dans la liste Tolédano des noms usuels au Maroc au début du XVIème siècle, mais l'objection majeure est que ce patronyme n'était pas typiquement marocain, cette explication supposerait donc que les Bellicha d'Algérie et de Tunisie seraient d’origine marocaine, ce que rien ne vient étayer. Il n'est pas non plus impossible que les deux origines soient authentiques, et qu'il s'agisse de familles différentes, arrivées au même patronyme par des voies différentes. Autres orthographes: Belisha, Belissa, Lissa, Au XXème siècle, nom peu répandu, porté essentiellement au Maroc (Mogador, Meknès, Casablanca), par émigration en Angleterre (Londres), en Algérie (Alger, Blida, Constantine) et en Tunisie (Tunis).

BEN ELICHA  SALOMON SHEMOUEL LEVY

 Ancêtre présumé de la famille, il fut un des dirigeants de la prospère communauté de Tudèle, en Espagne dont il rédigea vers 1350 les Takanot régissant la vie intérieure.

MOSES LEVY (1445-1515): Descendant de rabbi Salomon, il semble qu'il quitta Tudèle au moment de l'expulsion de 1492 pour trouver refuge au Portugal. Lors de l'expulsion du Portugal cinq ans plus tard, il s'installa à Colmar, en Alsace, et là, il adopta un patronyme local qui semble être une adaptation de Lévy: Loeb.

ELISHA LOEB: Fils de Moses. Grand commerçant en relations d'affaires avec le Maroc, il finit par s'installer à Marrakech où il servit d'interprète et de conseiller aux fondateurs de la dynastie Saadienne à la fin du XVème siècle. 11 tomba, victime des luttes entre les deux successeurs du premier chef de guerre de la dynastie Abou Abdallah Mohammed, qui mourut en 1517. Son fils aîné, Ahmed El-Arj, lui succéda à Marrakech, mais son pouvoir fut contesté par son cadet Mohammed Echeikh, le gouverneur du Sous. Quand il s’empara de Marrakech, Ahmed el-Arj fit massacer tous les partisans de son frère, et ses partisans s'acharnèrent sur tous les membres de la famille Loeb qui furent impitoyablement passés par l'épée. Seul le plus jeune de ses fils, Moché, qui était encore un bébé, échappa au massacre, sa mère ayant réussi à la dernière minute à le cacher sous une bassine à pétrir retournée. Ce furent les membres de la Hébra Kadicha, venus ramasser les cadavres pour les enterrer, qui trouvèrent le bébé. Il fut désormais connu comme Ben Licha, le nom de sa mère, à laquelle il devait son sauvetage miraculeux, devenu avec le temps Belicha. La tradition ajoute que la famille retrouva la grâce des souverains et sa fille, Massouda, fut la nourrice du plus prestigieux souverain Saadien, Ahmed-El- Mansour et eut sur lui une grande influence. Il semble qu'elle se soit convertie à l'islam puisqu'après sa mort, elle fut enterrée dans la nécropole des souverains Saadiens à Marrakech.

ITSHAK (1536-1595): Grand négociant à Marrakech, plus connu à son époque sous son diminutif arabo-berbère de Balach, qui serait devenu le patronyme de ses descendants, les Pallache (voir Pallache). Mais deux générations plus tard, un de ses petit- fils, Shélomo, reprit le nom originel de la famille Loeb en y adjoignant le surnom Belicha, Shélomo Loeb-Benlicha.

MOÏSE: Grand négociant international, né à Mogador, seconde moitié du XVIlIème siècle. Il reçut les privilèges de tajar-es-sultan, marchand du sultan, puis s'installa pour les besoins de ses affaires à Marseille, laissant sa famille à Mogador, développant ses relations avec le Maroc, l'Angleterre, Gibraltar et le Portugal. Mort à Lisbonne en 1861. Ses deux fils, restés à Mogador, Yéhoushoua et Chélomo, furent confmnés par le sultan Moulay Hassan dans les fonctions de marchands du roi. Le troisième fils, Barrow, qui avait suivi son père à Marseille, en fit le centre de sa  maison de commerce, en relations avec 1.Egypte et l'Inde.

JOSHUA: Un des grands marchands du sultan à Mogador, au milieu du siècle dernier. Il fut en 1882 trésorier de la communauté, chargé de ses oeuvres de bienfaisance.

ISAAC: Commerçant et industriel à Manchester, descendant de la famille de Mogador. Il fut le premier président de la communauté sépharade qui s'était dévelop­pée dans le grand port marchand anglais avec l'arrivée de négociants d'Italie, des Balkans et du Maghreb. Il fit partie du Comité d'aide aux Juifs du Maroc fondé à Londres en 1874 par les juifs originaires du pays installés en Angleterre. Deux ans plus tard, il fut un des membres de la délégation formée par les représentants des principales familles marocaines du Royaume Uni, les Zagury, Yuli, Cohen Guédalia, Afriat et Botbol, qui intervint avec succès auprès de l'Ambassadeur du Maroc pour lever l'interdiction faite aux Juifs de Mogador d'habiter en-dehors du mellah surpeuplé.

JACOB: Fils d'Isaac, né à Londres en 1862. Après une brève mais brillante carrière militaire dans l'armée britannique, il mourut brusquement à l'âge de 32 ans en 1894, laissant un bébé d'un ans, le futur Ministre de la Guerre sous Chamberlain, Hore Leslie Belisha.

HORE LESLIE (1893-1957): Fils de Jacob, le plus célèbre représentant de la famille. Né à Londres en 1893, un an avant la mort de son père, il fut éduqué par son oncle paternel, Barrow Isaac Belisha qui fut pour lui comme un père. Dans une brève notice biographque destinée à son neveu pour mieux lui faire connaître son défunt père, Barrow lui écrivait: "Il sera toujours amer pour vous, mon cher neveu de penser que vous avez été, dès votre première enfance, privé de la tendresse et de la direction d'un père aimant, et votre douleur toute naturelle eût été encore accrue si nous ne vous laissions un portrait fidèle de votre père, que vous avez eu le malheur de ne pas connaître. C'est dans le désir de vous épargner ce chagrin supplé­mentaire que j'ai tracé de votre bien-aimé père cette esquisse d'une carrière brève mais pleine d'enseignements. Je le fais pendant que les principaux épisodes de sa vie sont encore présents à ma mémoire. Puissiez-vous hériter de ses généreuses qualités et puisse son exemple vous servir de guide, pour faire de vous un jour, si Dieu permet que vous atteigniez l’âge de raison, un ardent patriote, un Juif loyal et un grand Anglais." Tous ces souhaits devaient se réaliser pleinement. Leslie fit de brillantes études juridiques à Oxford, avant de se perfectionner dans les meil­leures écoles de Paris et de Heidelberg. Avocat de grand renom, il se passionna pour la politique et devint rapidement un des dirigeants du Parti Libéral, présenté comme le nouveau Disraéli libéral. Il devait représenter son parti dans les différents gouvernements des années trente: Secrétaire d'Etat au Commerce (1931-1932), au Trésor (1932-1933), aux Transports (1933-1937). Secrétaire d’Etat à la Guerre de 1937 à 1939, il s'opposa au pacifisme aveugle de Chamberlain, tentant de préparer son pays à la guerre avant qu'il ne soit trop tard. Dans ce cadre, il fit voter la conscription obligatoire et reconstitua une armée qui n'existait plus en doublant le budget de la défense nationale. Il démis­sionna de son poste pour protester contre le manque de fermeté du premier ministre Chamberlain face à l’Allemagne, et contre sa politique de temporisation envers les dictatures. Sa démission à la veille de la guerre fit grande impression et prépara le terrain à la chute de Chamberlain et à l'accession au pouvoir de Winston Churchill. Il revint aux affaires après la guerre comme ministre des Assurances Nationales en 1945. Il fut annobli par le Roi Georges V et reçut le titre de Baron de Devenport. Très attaché à la tradition juive, il fut Président de la Congrégation Portu­gaise et son représentant au Board of Deputies. Il conservait des attaches fami­liales au Maroc, parmi lesquels Jack Cansino de Casablanca.

MAURICE (1887-1959): Né à Blida, ü fit carrière dans les P.T.T. et fut longtemps président du Consistoire avant d'en être élu président d'honneur.

ANDRE: Militant sioniste de premier plan en Tunisie. Brillant auto-didacte, il fut parmi les premiers membres, dans les années trente, de la section tunisienne de l'Union Universelle de la Jeunesse Juive d'André Pallière qui, plus tard, devint le mouvement scout juif qui s'affilia au mouvement de jeunsse sioniste-socialiste, Hachomer Hatsaïr. Après la libération de Tunis des six mois d'occupation alle­mande, il fut parmi les fondateurs et les dirigeants du mouvement de jeunesse pionnière "Tséiré Sion-Dror", qui prit son essor à partir de 1944 avec l'arrivée des premiers émissaires d’Eretz Israël. En 1946, il fut invité en compagnie de Nadia Cohen par l'Exécutif de la Fédération Sioniste au Maroc, et établirent à Casablanca des contacts avec les dirigeants des mouvements de jeunesse sionistes locaux en vue de la fondation des "Tséiré Tsion", également au Maroc. Il monta en Israël, mais ne pouvant supporter le travail physique de la vie au kibboutz, il revint en Tunisie.

MAURICE: Homme d'affaires et banquier à Paris né à Mogador. Gardien de la tradition de la famille, il confia au professeur Haim Zafrani les annales de sa famille qu'il a reproduites dans son livre "Mille ans de vie juive au Maroc".

JACOB: Educateur et hébraïsant, il succéda en 1948 à rabbi Shalom Messas comme directeur du Talmud Torah de Meknès, qui eut à ses heures de gloire, jusqu'à 2000 élèves. Il développa particu­lièrement l'étude de l’hébreu moderne en plus des matières sacrées traditionnelles, préparant ainsi ses élèves à une meilleure intégration en Israël.

MIMOUN: Docteur en économie de l'Université Hébraïque de Jérusalem et de 1’Université Mac Guil au Canada. Après avoir fait partie du département des recherches de la Banque d'Israël, il se joignit à la Banque Leumi. Né à Meknès, il fut pendant ses études à Paris un des militants du mouvement d'étudiants juifs nord-africains, Oded, fondé à Paris en 1962 dans le but d'encourager la alya d'étudiants et d'universitaires, qui le nomma comme son dernier représentant en Israël (1966-68), avant le transfert du centre du mouvement à Jérusalem.

BELIDO

Nom patronymique d'origine espagnole, sans doute dérivé de beldad, la beauté, indicatif d'un trait physique: l'homme beau, seyant. Au XXème siècle, nom très peu répandu, porte dans le nord du Maroc.

BELIlTY

Nom patronymique d'origine d'origine arabe, au sens obscur, textuellement le fils de ma nuit. Autre forme sans l'indice de filiation hébraïco-arabe: Lilty.,Au XXème siècle, nom répandu, porté au Maroc (Rabat, Sefrou, Tétouan), en Tunisie (Tunis, Béja) et en Algérie (Tlemcen, Oran).

MEYER: Avocat du barreau de Tunis, Mondial au début des aimées cinquante et délégué de la Tunise au Congrès Juif Président de l'Exécutif de la Fédération Sioniste de Tunisie. Mort en Israël en 1975.

BENABBAS

Nom patronymique d'origine arabe, formé de l'indice de filiation Ben et du prénom masculin Abbas, qui a un double sens: courageux ou renfrogné. Ce prénom, porté par l'un des oncles du prophète Mohammed est très populaire parmi les Musulmans mais a été abandonné depuis très longtemps dans les communautés juives où il n'a subsisté épisodiquement que comme nom patronymique. Au XXème siècle, nom extrêmement rare, porté uniquement au Maroc.

  1. SHEMOUEL: Un des plus grands poètes hébraïques de la génération de l'expulsion d'Espagne. Il trouva d'abord refuge à Fès qu'il quitta au bout de quel­ques mois pour l'Orient. Son célèbre poème "Et shaaré Raison, racontant de la manière la plus poignante le sacrifice d'Isaac, est entré dans la liturgie de l'office de Roch Hachana dans toutes les syna­gogues séphardes, et en constitue le moment le plus solennel rappelant les souffrances des expulsés d'Espagne et le martyr des propres fils de rabbi Shémouel brûlés sur ordre du tribunal de l'Inquisition.

BENABREKH

Nom patronymique d'origine hébraïco-araméenne, formé de l'indice de filiation hébraïco- arabe Ben et du substantif "Abrekh", le jeune talmid hakham, l'étudiant d'une grande yéchiba, équivalent du français Bonenfant, Bonfils. Au XXème siècle, nom très rare, porté uniquement au sud du Maroc.

Une histoire de familles-les noms de famille juifs d'Afrique du nord-Joseph Tedano

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