Il était une fois le Maroc-David Bensoussan- Qu'en fut-il des contacts avec le mouvement sioniste?

Qu'en fut-il des contacts avec le mouvement sioniste?

En 1900, les Juifs marocains entendirent parler de la volonté de bâtir un État juif. Une correspondance s'établit entre Léon Halfon de Tétouan et Théodore Herzl, par le biais de laquelle Léon Halfon demandait à recevoir des journaux en hébreu et en ladino. Une semaine plus tard, David Bohbot d'Agadir écrivit à Herzl pour lui annoncer la fondation de l'association Sha'aré Tsione (Portes de Sion). Dans le journal juif Hayéoudi, le rabbin David Elkaïm de Mogador cita le discours du Britannique d'origine mogadorienne Moses Lugassy : « C'est le devoir de tout un chacun d'aider ses frères de sa communauté et de se préoccuper de notre ville exaltée (Jérusalem)… et lorsque le Tout-Puissant verra que les Enfants d'Israël se préoccupent de Jérusalem et de la venue du Messie, qu'ils prennent conscience, qu'ils s'entraident et qu'ils se réunissent tous, c'est alors qu'il apparaîtra ainsi qu'il est écrit dans Jérémie dans ses paroles : « Et les enfants de Juda seront rassemblés » qui précèdent celles de « Je rassemblerai le reste de Mon troupeau.» Trois ans plus tard, Méïr Barchichat et Jacob Marciano de Safi annoncèrent à Herzl la fondation de l'association Ahavat Tsione (Amour de Sion) :

« À Sa très haute Excellence, éprise de son peuple, gloire de sa nation et Éminence de Dieu… nous demandons humblement à sa Splendeur, que du haut de son trône, elle daigne nous clarifier par écrit le sionisme. » Dans sa réponse, Herzl les invita au Congrès de Bâle. Ils ne purent s'y rendre mais manifestèrent leur opposition à l'hypothétique fondation d'un état juif en Ouganda. Herzl mourut en 1904 et les contacts avec le mouvement sioniste cessèrent pour un temps. Néanmoins, de nombreuses associations sionistes virent le jour au Maroc : Hibat Tsione (Amour de Sion) à Fès et à Meknès en 1908, qui demanda d'être accréditée par le mouvement sioniste et de recevoir des livres sur le sionisme car « les Juifs marocains en avaient entendu parler, mais en ignoraient tout, hormis le nom chéri»; Bené Tsione (Fils de Sion) à Casablanca dont les porte-parole demandèrent à recevoir de l'information dans la langue sacrée, car le yiddish parlé par les Juifs européens leur était étranger. Par ailleurs, les mouvements tels 'Ets Hayim (Arbre de vie) à Meknès, Magen David (Bouclier de David) à Tanger et Boné Yéroushalayim (Bâtisseurs de Jérusalem) à Larache, émergèrent. Contrairement à certains rabbins d'Europe qui n'ont pas vu d'un bon œil le sionisme parce que la Rédemption relevait seulement du Messie, les rabbins marocains n'eurent aucune objection à l'endroit du sionisme et ils y ont vu l'expression d'une manifestation religieuse.

Il serait erroné de lier l'Aliya en Israël aux seuls contacts avec le mouvement sioniste d'Europe. Dans son recueil Otsar hamikhtavim, le rabbin Yossef Messas fit état des très nombreuses tentatives d'émigrer en Terre Sainte ainsi que des difficultés du voyage que ce soit en raison des pirates de la Méditerranée ou encore les brigands des grands chemins voire même des guerres inter tribales. Rabbi Amram Ben Diwan était venu de la Terre Sainte pour encourager l'Aliya mais mourut en 1782 à Ouezzane. Des dizaines de personnes quittèrent la ville de Meknès en 1790, en 1840, en 1844 et en 1848. Des centaines de Juifs quittèrent pour la Terre promise en 1885 puis en 1899, en 1900…. Entre 1919 et 1923, des centaines de familles juives émigrèrent vers la Palestine.

Le rabbin Yossef Messas écrivit : « L'amour d'Erets Israël embrasait mon cœur d'une grande flamme… À chaque fois qu'un convoi se rendait en Terre sainte, mes larmes coulaient à flot… L'air d'Erets Israël est saint, saint, saint de la sainteté divine, baigné par les saints yeux du Tout-puissant du début de l'année à la fin de Tannée.» Il raconta que lorsqu'un des immigrants écrivit en 1880 que les conditions économiques étaient difficiles, son père déchira la lettre que personne n'en prit connaissance car elle transgressait le verset des Psaumes 128-5 : « Et vois le bonheur de Jérusalem.» Le bonheur et rien d'autre… Devant cet amour fou pour la Terre promise, on peut comprendre la portée des paroles de Haïm Weizmann, premier Président de l’État d’Israël : « Il n’est pas nécessaire d’être fou pour être sioniste, mais cela aide beaucoup. » Lors de la proclamation de l'État d'Israël, le rabbin Yossef Messas incorpora une prière festive spéciale dans le rituel liturgique juif.

Il était une fois le Maroc-David Bensoussan- Qu'en fut-il des contacts avec le mouvement sioniste? Page 131-133

 

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