Extrait de journal de famille-Nessim Sibony-brit 35-Redacteur Asher -Knafo 2017

Dans cette longue liste donnée par Abraham I. Laredo dans son ouvrage sur les noms des Juifs du Maroc (pages 517-518), nous trouvons enfin "l’oncle" de mon père, Abraham Sibony, mentionné pour sa contribution à la publication du "Sepher Marpé Lanéfesh" de Raphaël Mamane, publié à Jérusalem en 1894. L’Encyclopedia Judaica offre aussi un bref rappel de la famille Sibony, à Salé. Dans les Archives Sionistes, nous trouvons également des Sibony qui, en 1919, ont contribué au fonds du Mouvement Sioniste. Ce sont les frères de ma mère, Salomon et Messod. En fait, mon grand-père maternel, David a contribué à cette Mitzva, faite au nom de ses fils, afin de leur attribuer un mérite qu’il ne pouvait envisager pour sa génération. C’est le Grand Rabbin vénéré de son vivant et après sa mort, Rabbi Pinhas Khalifa Yamin Cohen Azog qui organisait ces collectes en tant que chef du Mouvement Sioniste à Marrakech et dans le Sud marocain. On se doit de souligner ce fait historique vu l’attitude absolument inverse des rabbins européens de l’époque à l’égard du Mouvement Sioniste. Un autre Moshé Sibony de Safi, figure parmi les donateurs au Mouvement Sioniste à la même période. Sur une autre liste présentée par le Mouvement Sioniste de Safi figure Samuel Sibony, un petit cousin très proche de mon père et de mon oncle. Ils sont rares parmi les aînés de cette génération à avoir contribué à ce Mouvement par une obbole de 10 Shekalim.

Un autre Samuel Sibony, né à Casablanca le 17 Octobre 1914, fut arrêté à Marseille et déporté le 23 Mars 1943 par les Nazis dans le convoi No 52 vers Auschwitz. Son nom est transcrit « Sebony ».

Pour ce qui est du nom de la famille il faut considérer ce qu’il était en hébreu, bien avant qu’il ne soit transcrit en caractères arabes puis latins. De toute évidence, ce ne sont pas seulement des personnes de la famille qui ont transcrit toujours leur nom retrouvé ici et là, mais des employés d’institutions ou d’administrations, qui ne savaient pas comment transcrire le nom de famille, aussi bien en caractères hébraïques qu’en caractères latins. Le meilleur exemple est celui de Sboni pour mes oncles maternels à l’occasion du don de mon grand-père David, en leur nom, à l’Organisation Sioniste Mondiale, dès sa création par Herzl. Il va de soi que celui qui l’avait transcrit ne savait pas comment représenter un 'ain qui n’existait pas dans le clavier des machines à écrire de France. Cependant, sur le marbre de sa tombe, mon grand-père avait son nom écrit Essib'oni en lettres capitales hébraïques. Murciano aussi, écrivit Samuel Essib'on sur la liste des Juifs de Safi qui avaient remis à Monsieur Barchechat leur don au mouvement sioniste alors que sur une autre liste de dons à l’Organisation Sioniste Mondiale, par les soins de Rabbi Pinhas Cohen, on trouve deux autres Sibony; l’un Moshé Sib'oni de Safi et l’autre Rabbi … Sib'oni de Casablanca. Dans la liste des stèles du cimetière d’Eufrane, nous trouvons aussi bien Sib'oni que Hatsiv'oni. Nous avons rarement des signatures comme celles qui figurent sur les pages de garde du manuscrit d’astrologie daté de 1896. Ainsi Moses Sibony signe Moise Sibony en caractères latins alors qu’en caractères hébraïques Rashi, il signe Moïse Esseb'ony. Rebbi Braharn signe en caractères arabes : Ettager Abraham Esseb^ony. Mon père signait Eliahou Esseb'oni et quelques fois N. Esseb'oni ou Nesseb'oni, pour rappeler les Nisrafims.

Les citations nous mettent en présence de Seboni tel qu’il figure pour Samuel de Casablanca dans le convoi des déportés vers Auschwitz en 1942, de Sib'on, Essib'oni, Essiboni, Siboni et enfin Hatsiv'oni qui est le nom originel absolument hébraïque duquel est sorti le nom en arabe, Essib'oni ou plutôt Esseb'oni plus simple à prononcer par les Juifs du Maroc, longtemps avant la présence française. Nous ne rencontrons pas le nom Hatziv'oni en caractères latins, ni le nom Essiboni. Nous avons aujourd’hui ce nom privé de son article défini aussi bien en hébreu qu’en arabe. Siboni ou Sibony et Siboney en Amérique.

Ce qui a été propre de tout temps à la famille fut l’engagement intellectuel, sans lequel nous n’aurions jamais eu de trace et, bien sûr, les déplacements ininterrompus entre Israël et les contrées du monde libre. Cette double qualité, renforcée pendant la première moitié du XXe siècle, s’est trouvée accrue pendant la seconde moitié de notre siècle avec l’accès libre aux études, la création de l’Etat d’Israël et l’ouverture du monde occidental à ces mouvements de migrations spectaculaires. De ce fait, nous retrouvons des Sibony dans le monde libre avec une grande concentration en Israël où certains ont changé de nom sans récupérer le nom originel. Les Sibony d’Europe, concentrés en France, ont trouvé leur nom convenable pour la région. Certains, parmi ceux qui vivent aux U.S.A. et au Canada, ont adapté leur nom aux exigences linguistiques du pays et s’appellent Siboney.

Ce qui ressort de tous ces récits, c’est que quelques personnages devenus légendaires ont éclipsé totalement les autres. Rien ne manquait d’ailleurs à leur image folklorique. Les plus marquants furent donc Abraham Sibony, appelé l’oncle Braharn ou Rebbi Braharn qui résidait à Safi et l’autre, son beau-frère, mari de sa demi-sœur, Esther qui s’appelait Messod Azoulay, nommé par tous S'ido Azoulay ou S'ido le safio. L’auréole de ces deux personnages a dépassé le cercle de famille à cause de leur action sociale et de leur engagement dans leur communauté où ils étaient de très riches négociants. Tous deux avaient une origine mouvementée, selon les récits populaires récoltés. On prétendait qu’Abraham Sibony et son frère furent emprisonnés à la suite d’une erreur judiciaire et qu’Abraham en aurait profité pour apprendre à lire et à écrire la langue arabe, ce qui allait l’aider dans sa carrière commerciale et lui donner l’essor qu’elle connut. Quant à Messod Azoulay, même ses petits enfants ont toujours répété qu’il avait été simple savetier à Mramer, un village près de Safï, avant de se lancer dans le commerce et d’acquérir son énorme fortune. Personne en fait ne savait rien de précis au sujet de l’origine de leur fortune et j'imagine que pour épouser la sœur d’un riche commerçant, il fallait posséder d’autres qualités que celles d’un savetier. On finit par attribuer ce revirement de situation au père de Messod Azoulay que personne n’a jamais connu. Ces mêmes récits populaires prétendent que toute tige de blé qui poussait dans le Sud du Maroc passait par les mains de Rebbi Braham Sibony. Ou encore que Messod Azoulay, à l’époque des mariages, lui qui avait le monopole du sucre dans le Mellah de Marrakech, achetait, grâce à ses bénéfices, une nouvelle maison. Abraham Sibony aurait payé en sacs remplis de pièces d’argent une somme considérable pour faire renvoyer un représentant consulaire qui aurait publiquement giflé son fils. Selon les mêmes sources, Messod Azoulay aurait demandé à l’un de ses fils de divorcer en moins de 24 heures de sa femme qui avait refusé de rentrer à la maison et d’en fermer la porte sur l’injonction de son beau-père. Ce furent des extravagances coûteuses et spectaculaires dans les deux cas. Tous deux furent de grands patriarches et je crois tenir de bonne source que l’un aurait été agent commercial de l’autre et se serait enrichi en exploitant, à son profit, un capital par les marchandises qui étaient entreposées avant leur expédition sur Safi.

Extrait de journal de famille-Nessim Sibony-brit 35-Redacteur Asher -Knafo 2017 – page 8-9

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