Communautes juives des marges sahariennes du Maghreb-edite par M.Abitbol-1982

Le troisième rite relevé exclusivement chez les Juifs du Mzab a lieu 22 jours après la naissance d’un garçon et s’appelle sherot. Ce vocable désigne la légère incision verticale opérée par l’accoucheuse entre les sourcils du bébé avec le même rasoir dont elle s’était servie pour couper son cordon ombilical. Une autre incision lui est pratiquée sur la fesse gauche tandis que la mère reçoit une goutte de sang au-des­sous de la langue en vue de récupérer le sang qu’elle avait perdu lors de la naissance. La signification de ces gestes n’est pas très claire, mais il est permis de les rapprocher de la cherta — dont le sherot sus­nommé ne semble être qu’une variante — pratiquée par la confrérie marocaine des Nàsiriyyin à Tàmgrüt (W. Dra‘).Celle-ci consiste à marquer les descendants du fondateur, ainsi que les adeptes parvenus à un certain degré d’initiation, de 3 petites incisions verticales sur chaque tempe et de 4 autres sur le front, entre les sourcils. Afin de justifier cette innovation, considérée par les orthodoxes comme blâ­mable, son auteur prétendit qu’il l’avait instituée à l’imitation du Prophète qui avait donné à ses compagnons une marque spéciale pour les reconnaître au jour de la Résurrection. Quoiqu’il en soit, un rite analogue mais ne comportant pas l’incision, a été observé chez les femmes tangéroises: à l’occasion de la Nativité du Prophète, le Mawlid, elles tracent une raie bleue entre les sourcils de leurs petits enfants.

Cependant, l’essentiel de l’altérité mzabite, par rapport aux Juifs du Mzab aussi bien que face à l’orthodoxie mâlikite, ne nous semble pas tant résider dans telle ou telle particularité que dans la vision d’ensemble, englobant la foi, la morale, la finalité de l’homme et le rôle du Mzab dans les destinées de la secte ibàdite qui détermine le comportement du Mzabite tout au long de sa vie. On essaiera de la résumer par les quatre points suivants :

Religiosité: Dans la doctrine ibàdite, marquée de transcendance et de rationalisme mu’tazilite, il n’y a pas de place, ni pour le sufisme oriental, ni pour le maraboutisme maghrébin, ni pour le mes­sianisme.

L'ibadisme (arabe : الاباضية al-ibaḍīya) est l'école la plus ancienne en islam, elle a été fondée moins de 50 ans après la mort du prophète Mahomet.

L’ibadisme a été chassé par d'autres courants musulmans pour ses pensées politiques : selon les ibadites, le commandeur des croyants ne doit pas être nécessairement de la lignée de Mahomet, ni d'une certaine ethnie ou couleur.

Le nom de l'école dérive du nom : Abdullah ibn Abbas al-Tamimi. Cependant, les disciples de cette école revendiquent que Jabir ibn Zaid al-Azdi, originaire d'Oman, était leur vrai fondateur. Il fut parmi les meilleurs élèves d'Aïcha, la femme du prophète et d'Abdullah ibn Abbas, le cousin du prophète (et l'un des grands connaisseurs des principes islamiques après lui). L’école ibadite représente la vue islamique de la vie : principes, travail, égalité… Les ibadites, pendant toute leur histoire, ont développé les études islamiques et celles de la langue arabe. L'ibadisme est le courant dominant du sultanat d'Oman. Il est aussi présent dans certaines régions du Maghreb, notamment dans la région du Mzab en Algérie1 avec le Kharidjisme (dont est issu l'ibadisme), dans l'ile de Djerba en Tunisie, dans le Djebel Nefoussa en Libye , mais aussi en Afrique de l'Est, en Tanzanie à Zanzibar et au Kenya. 

 En conséquence, il n’y a au Mzab ni confréries, ni zàwiyas, ni tombeaux de saints de type mâlikite, sauf chez les Arabes agrégés. La vénération des ׳ancêtres se situe sur un autre plan.

Hamet, op. du, (v. n. 7), p. 289). A noter cependant un rite de mariage ibâdite qui sent le culte des saints: c’est le pèlerinage à la qubba du saint Sïdï Bü-Gedma au Mzab, où le jeune marié fait 7 fois le circuit de cet édi­fice en courant à toutes jambes.

Ces derniers — et cela vaut aussi bien pour les ‘azzâba vivants — ne sont pas censés être des intermédiaires entre Dieu et l’homme, ni des faiseurs de mi­racles; les réunions placées sous leur signe visent à honorer leur mé­moire plutôt qu’à solliciter leurs faveurs, tandis que les offrandes que l’on y apporte ne sont pas destinées à de prétendus détenteurs de baraka, mais aux participants et aux nécessiteux, afin de renforcer la solidarité du groupe et d’augmenter le crédit du donateur auprès de Dieu, parce que “Dieu aimes les bienfaiteurs” (Cor. II. 195). De même, l'ibàdite n’aspire pas à pénétrer l’ultime mystère divin, ni à substituer l’union extatique avec L’Unique Bien-aimé, aux délices du Paradis promis par le Coran. La foi du Juif maghrébin, par contre, y compris dans une certaine mesure, celle des Juifs du Mzab, comporte un im­portant élément mystique. Le Juif voue à ses saints un culte tout aussi fervent que les Mâlikites aux leurs, célèbre la H'îîloula de Rabbi Siméon bar Yohaï, ' vénère le livre du Zohar presqu’à l’égal de la Bible et du Talmud, fait précéder de lectures cabbalistiques sa liturgie quotidienne, croit à leur pouvoir prophylactique contre les forces démoniaques cherchant à le perdre; son âme est toujours confrontée au drame cosmique de la lutte entre les forces du Bien et du Mal, tandis que les destinées du monde se confondent pour lui avec celles du peuple juif, l’aliénation de Dieu signifiant L'Exil, et l’accession à l’Infini (,Ain-Sof) — la Rédemption messianique.     

            Appelé à Ghardaïa Bishemaoon. Briggs, p. 73, qui l’explique comme une contraction des mots Rabbi Shemaoon, c’est-à-dire ‘Simon’. Le contexte ne laisse pas de doute qu’il s’agit d’une forme locale bien modeste, voire pique-niquesque, de la fameuse Hilloula du sage et thaumaturge Shimeon bar Yohaï, puisque selon l’auteur elle a eu lieu le 22 Mai 1962, c’est-à- dire, le 18 Iyyar du calendrier juif, date traditionnelle de la fête de Lag Ba‘omer et dudit pèlerinage.

            Un exemplaire du Zohar était placé dans l’arche de la synagogue de Ghar­daïa, à côté des rouleaux de la Torah et de la Megillat Esther, et fut déroulé devant Chevrillon (op. dt., p. 119) lors de sa visite au mellâh.

Communautes juives des marges sahariennes du Maghreb-edite par M.Abitbol-1982-page107-110

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