Une histoire de familles – Joseph Toledano-Les noms de famille juifs d'Afrique du Nord-Benazeraf-Benbaron-Ben-Bihi

BENAZERAF

Nom patronymique d’origine arabe, hispanisation du patronyme Assaraf, précédé de l'indice de filaition: le fils du changeur Son équivalent hébreu, Halfon-Halfan, est porté chez les sépharades d'Orient et dans les communautés achkénazes. Métier d'argent donc, métier juif par excellence dans l'ancien temps. La multiplicité des monnaies au Maghreb jusqu'au XIXème siècle fut un des obstacles majeurs au développement économique et il fallait être expert pour s'y retrouver entre les différentes monnaies ayant cours légal ־ et les changeurs juifs y étaient experts jouissant d’un monopole presque exclusif. Pour ne donner qu'un exemple jusqu'à la fin du siècle dernier au Maroc, avaient cours légal, outre la monnaie nationale, le real (pièces d'or émises par le sultan Moulay Hassam, de bonne teneur et très cotées et donc rares en vertu de la loi d'airain de l'économie qui veut que la mauvaise monnaie chasse la bonne, par thésaurisation), la peseta espagnole, la livre sterling, le Thaler autrichien de Marie-Louise et le franc-or. En Tunisie, la livre italienne était aussi courante que le dinar. En Algérie la France avait dû surmonter bien des résistances avant d'imposer le franc. Avec la colonisation et l'installation des banques, le métier de cjianguer a peu à peu disparu, sous cette forme, devenant un monopole des banques. Au XXème siècle, nom peu répandu, porté sous cette forme uniquement dans l'ancienne zone espagnole du Maroc (Tanger, Tétouan, El-Ksar, Larache, Chéchaouen, et par émigration à Casablanca).

SHEMOUEL: Un des premiers dirigeants communauté juive de Casablanca. Né à Tétouan en 1857, il s'installa à            Casablanca à la fin du siècle dernier, alors petit port de pêche qui allait devenir avec le siècle la grande métropole économique du Maroc. Fondateur d'une prospère maison de commerce international, il fut à la tête de la colonie tétouanaise dont il encouragea l'immigration et qui devait former l'élite intellectuelle et économique de la ville. Mort en 1928. En 1955 son nom fut donné à l'oratoire de l'Ecole Normale Hébraïque de Casablanca.

ESTHER ETTEDGUI DE BENAZERAF:  Epouse            d'Abraham Benazeraf, le fils de Samuel, elle consacra sa vie aux oeuvres de bienfaisance, et fut l'animatrice et la présidente de l’Aide Scolaire, de la Maternelle et autres institu­tions sociales de la communauté de Casablanca.

JACOB RAPAHEL: Fils de Samuel, une des personnalités les plus marquantes du judaïsme marocain au XXème sièlce, bien qu'il n'ait jamais occupé de poste officiel. Né à Casablanca en 1896 dans une grande famille originaire de Tétouan, il accumula une immense fortune dans l'importation du thé, la boisson nationale des Marocains depuis le siècle dernier, prenant la tête de la plus grande maison d'importation de thé du pays. Militant sioniste, il fit partie dès le départ de l'équipe de jeunes journalistes qui participèrent à l'aventure de "L'Avenir Illustré", l'hebdomadaire juif par excellence entre les deux guerres. De tendance nationale et sioniste, le journal fut fondé par un négociant d'origine polonaise, 1924 qui s'installa à Casablanca et fut le représentant de l'Organisation Sioniste Mondiale au Maroc, jusqu'à son départ forcé pour l'Amérique en 1940, Jonathan Thurtz. Après la publication du dahir du 8 août 1941 étendant au Maroc le second statut des Juifs édicté par les autorités de Vichy, il s'adressa en tant que protégé américain au consul des Etats-Unis à Rabat pour demander l'aide de l'Amérique en faveur des Juifs du Maroc en tant que signataire de l'Acte d'Algésiras. A la demande d'Allouche, l'éphémère Inspec­teur des Institutions Israélites, il accepta en 1941 d'entrer au Comité de la Commu­nauté comme vice-président. Après le débarquement américain du 11 Novembre 1942, il rédigea pour les organisations juives américaines un réquisitoire très documenté sur la poursuite de la politique antisémite par les représentants de Vichy sous drapeau américain, détaillant les avatars de la population juive "punie" par les Français pour avoir montré trop d'enthousiasme aux troupes américaines et toujours soumise à un ravitaillement discri­minatoire. Après la guerre, il fut des pre­miers militants du Congrès Juif Mondial au Maroc. Grand philanthrope, il contribua généreusement aux oeuvres sportives, culturelles et sociales de la communauté. Passionné d'histoire, il a fait don de sa collection complète de "L'Avenir Illustré" à la bibliothèque de l'Institut Ben Zvi à Jérusalem. Retiré à Paris après l'indépendance du Maroc, il continua à écrire pour la presse juive des articles sur le judaïsme marocain, Il publia en 1978 un recueil de proverbes en judéo-espagnol marocain, la Hakitia, "Refranero", bel ouvrage illustré par l'artiste marocain, Knafo. Mort à Paris où il s'était tardivement retiré, en 1989.

SAM: Economiste et homme d'affaires. Militant de l'indépendance du Maroc, il fut candidat au poste de premier ministre juif du Maroc indépendant. Sa candidature fut rejetée par l'Istiqlal car il appartenait au parti rival, le Parti Démocratique de l'Indépendance. A la place, il fut choisi comme chef de cabinet du leader de son parti, Abdelkader Benejelloun, ministre des Finances du premier gouvernement formé en décembre 1955 et chargé de négocier les accords d'indépendance avec la France.

DAVID: Président de la communauté de Casablanca en 1956, poste auquel il accéda, sans élection, après l'indépendance, comme représentant des militants nationalistes avec l'appui des autorités en remplacement de l'ancien Comité de la Communauté élu sous le Protectorat français. Dans son excès de zèle nationaliste, il voulut entraîner son Comité à se déclarer solidaire avec l'Egypte "victime de l'agression israélienne" au cours de la campagne de Suez, en octobre 1956. Désavoué, il démissionna de son poste. Après la nationalisation du commerce du thé, il fut le premier directeur de l'Office du Thé.

BARUJ: Médecin de réputation interna­tionale. Prix Nobel de Physiologie en 1980. Descendant d’une famille tétouanaise immigrée au Vénézuéla à la fin du siècle dernier. Directeur du Département de Pathologie de l'école de médecine de l'Université de Harvard aux Etats-Unis. Président de l'Union Inernationale des Sociétés d'immunologie et éditeur de nombreuses revues scientifiques.

JOSE: Fils d'Abraham. Cinéaste français né à Casablanca, considéré dans les années soixante comme le roi du "film pornographique de qualité".

BENBARON

Nom patronymique d'origine hébraïco-latine, formé de l'indice de filiation Ben et du substantif latin varon, qui signifie mâle et qui a donné le titre de noblesse français bien connu baron. Autre explication bien plus originale avancée par Simon Seror dans son ouvrage sur les noms de famille juifs en France au Moyen Age: ce serait un sobriquet d'origine hébraïque pour désigner un homme trop orgueilleux qui se prendrait pour le fils (Bar) de Aaron, le grand Pontife ! Ce patronyme assez courant dans les communautés d'Italie et de l'ancien empire turc, sans l'indice de filiation: Baron ou Varon, a toujours été très rare au Maghreb. Au XXème siècle, nom très peu répandu, porté par une seule famille de descendants de Livoumais à Tunis, et en Algérie (Alger, Miliana).

  1. SHELOMO HAY: Rabbin de la communauté livoumaise de Tunis au XIXème siècle. Auteur d'un recueil de Responsa "Bet Yaacob", publié à Tunis en 1898.

R- DAVID (1885-1955): Pieux rabbin, né dans une famille de la communauté des Grana (Livoumais) de Tunis fortement assimilée. Contrairement à l'ambiance famililae, il fut attiré par les études sacrées et fut un des disciples préférés du plus grand enseignant de Tunisie au XXème siècle, rabbi Shélomo Dana, le fondateur de la yéchiba "Hébrat Hatalmud." Il succéda en 1947 à rabbi Haïm Bellaïch comme Grand RabbindeTunisie. L'année suivante il accéda au poste de Président du Tribunal Rabbinique, premier originaire de Livourne à accéder à ce poste, après la fusion des deux communautés Grana et Twansa, décrétée par les autorités en 1945. Il fut l'initiateur avec le Président de Comité de la Communauté de Tunis, Maître Charles Haddad, de la tenue, en mars 1954, à l'exemple du Maroc, du premier Congrès du Rabbinat tunisien qui réunit les Grands Rabbins et les rabbins des villes de l'intérieur, dans le but d'étudier les questions de culte et de faire " toute suggestion utile et arrêter les dispositions utiles pour éviter à nos coreligionnaires, notamment les jeunes, d'être entraînés par des courants d’idées étrangères, souvent destructices de notre vie spirituelle et morale".

BEN BIHI

Nom patronymique d'origine berbère, un des nombreux diminutifs berbères du prénom hébraïque Abraham, porté aussi bien par les Juifs que par les Musulmans. Autre forme: Benbaha Au XXème siècle, nom très peu répandu, porté uniquement au sud du Maroc, en particulier à Safi, Mogador et Marrakech.

  1. ABRAHAM: Rabbin à Meknès au début du XVIIème siècle, contemporain de rabbi Yaacob Abensour.

MOUSSA: Favori du khalifa du sultan à Marrakech, Moulay Mimoun, le fils de l’empereur Sidi Mohammed Ben Abdallah. Accusé en 1767 de vente d'alcool aux Musulmans, grave infraction au Pacte d'Omar, régissant le statut de dhimmi, il ne fut pas inquiété grâce à !intervention du prince et de la reine mère, avec lesquels il était en relations d’amitié.

LEVY: Grand négociant à Mogador à la fin du XVIIIème siècle.

YAHYA: Notable de la communauté de Safi, un des douze signataires, avec son parent Shlomo Ben Baha de la Takana de 1764 commune aux descendants des Tochabim et Mégourachim de la ville portuaire.

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