Le bateau Egoz – ses traversées et son naufrage-Meir Knafo

Révélation inédite!

Les recherches des naufragés d'Egoz et leur repêchage de la baie de AlHoceima

Meir Knafo

La version admise à ce jour était que les corps des noyés d'Egoz ont été rejetés sur la plage de Al-Hoceima. Alors que cette version était inexacte, j'ai décidé d'enquêter le sujet en profondeur et le porter à la connaissance des familles endeuillées. Avec l'aide de Michel Parienté et Carlos Médina de Ceuta, j'ai réussi à éclaircir les évènements de cette nuit tragique et de son lendemain. Et voici l'enchaînement des faits: le mercredi 11 janvier 1961, entre 4:00-5:00 du matin, le capitaine d'Egoz et deux de ses marins arrivèrent au bateau de pêche, "Kabo-de-Gata', et racontèrent que leur bateau est en train de couler (et non pas qu'il a coulé!). Aussitôt, le bateau de pêche prit la mer avec deux autres bateaux, "El dos Kéré" et "El-idel- maria-amparo", vers l'endroit que le capitaine d'Egoz a indiqué. Après qu'ils aient sillonné l'endroit environ une demi-heure sans résultats, le capitaine du'Kabo-de- Gata" décida d'envoyer un appel de détresse (S.O.S.).

Les appels de détresse furent interceptés au port de Tanger, qui pour sa pan commença à alerter tous les bateaux de la région supposée du naufrage. La solidarité des hommes de la mer fonctionna et aussitôt arrivèrent sur les lieux huit bateaux de pêche et un bateau de la flotte marchande marocaine. N'ayant rien trouvé, ces bateaux retournèrent au port de Al-Hoceima.

A 10: 30 de ce même jour, fut reçu un appel à l'aide à la flotte royale britannique dans le port de Gibraltar. A 12:30, deux avions britanniques sillonnèrent le ciel au-dessus de l'endroit supposé, et seulement à 14:07, furent observés dans la baie de Al-Hoceima trois corps et des débris, par l'un des avions. Le pilote dirigea vers eux le bateau "El dos Kéré" qui était resté dans les parages. Dès que la nouvelle se propagea, des bateaux sortirent du port vers la baie de Al-Hoceima, et ils furer: dirigés par les avions vers les autres corps qui avaient été observés.

Un corps fut repêché par le bateau de pêche "Kokhav Marocco', sous le commandement du capitaine EL Cabayo.

Sept corps furent repêchés par le bateau de la flotte marchande marocaine "EL Orphé', sous le commandement du capitaine Abd-El-Kadar Kadiri.

Deux corps furent repêchés par le bateau de pêche "El Alaoui".

Le corps d'une petite fille, âgée d'environ un an, fut repêché par le bateau de pêche "El-idel-maria-amparo".

Cinq corps furent repêchés par le bateau de pêche "Kabo-de-Gata".

Nous n'avons pas d'informations sur le bateau dont les hommes repêchèrent les trois corps restants.

Tous les corps furent amenés au port de Al-Hoceima et sous la surveillance de la police marocaine, ils furent transportés à l'hôpital par des ambulances qui attendaient là. Ainsi que nous l'avons dit, ils furent inhumés le jeudi 12.1.1961, dans l'après-midi.

La catastrophe du naufrage et ses conséquences

L'histoire d'Egoz, ses victimes et ses tragédies personnelles et nationales qui lui sont liés, est un chapitre supplémentaire dans les évènements dramatiques de la nation toute entière, qui menèrent à la création de l'état d'Israël.

Certains diront qu'il était possible en substance de prévoir par avance cette catastrophe-ci ou une autre, spécialement lorsque dans chaque départ par voies terrestres – et à fortiori par mer, dans des conditions dures et dangereuses – il y avait quelque chose qui ressemblait à un défi au destin. Ils seraient également autorisés à rajouter que même la douleur sur la perte en vies humaines n'explique pas la nature du combat qu'ils ont livré. 11 est possible que cet argument possédât sa logique propre, mais il contient également un manque de prise en compte de la source de laquelle les hommes de la Misguéret puisaient leurs forces. Des jours, des mois et des années ces émissaires se virent eux-mêmes comme détenteurs de la mission du sauvetage d'êtres humains. C'était la raison essentielle de leur action au Maroc. 11 n'y a pas à s'étonner, cependant, qu'ils ne fussent pas immunisés contre le traumatisme généré par la perte d'hommes qui leur témoignèrent leur confiance et qui furent heureux de prendre la route – mais que les circonstances d'un destin cruel transforma en route ultime.

Le traumatisme du naufrage dEgoz étreignit tous ceux qui avaient une part dans l'immigration juive et émut tout celui qui accompagnait cette œuvre du plus profond de son cœur, et bien sûr que le deuil fut porté dans les rues juives du Maroc. Ici s'arrête la part émotive des choses, et même du point de vue des évènements dans leur compréhension publique ou politique, et peut-être même historique, il y avait dans la catastrophe du naufrage un peu de jet de lumière aveuglante sur la situation.

Même le pouvoir au Maroc fut contraint de donner son opinion sur les conclusions réclamées concernant la tragédie. Ce qui fut compris de la catastrophe était extrêmement simple: les juifs demandent à partir du pays où ils habitent à tout prix, même lorsqu'un danger de mort les menace sur les routes du départ. C'est ce que saisirent les êtres de raison, au sein du judaïsme marocain ainsi que dans la communauté musulmane, et l'accès à cette prise de conscience-là s'exprima dans l'ensemble des journaux internationaux. Tout au moins d'un point de vue de la compréhension de la situation, les parties rivales qui avaient pris part à cette épopée se trouvaient, d'un seul côté de la barricade. Il nous faut être plus précis et dire que la connaissance de la situation telle qu'elle était avant la catastrophe d'Egoz, n'était pas la propriété exclusive des émissaires d'Israël au Maroc, même les gens au pouvoir la connaissaient, mais par la suite de la catastrophe, ils se perdirent en conjonctures et la raison du désintéressement conscient de la situation, et les illusions dans les explications arrivèrent à leur fin.

Le changement dans la position des pouvoirs marocains ne se produisit pas d'un seul coup, une période supplémentaire d'incubation fut nécessaire – et il ne serait pas erroné de dire que la période de la troisième immigration, celle dans laquelle fut renouvelée l'immigration dans des dimensions qui n'existèrent pas antérieurement, naquit par la force d'impulsion qu'engendra ce lourd malheur, impulsion qui se combina avec une situation politique confortable en ce qui concernait l'immigration. Et nous préciserons autre chose en ce qui concerne l'aspect psychologique: le nom Egoz évoque le souvenir d'un malheur, mais il faut stipuler que la catastrophe ne se produisit que dans la treizième traversée, après que des centaines d'immigrants furent transportés en paix à Gibraltar par ce bateau.

Le bateau Egoz – ses traversées et son naufrage-Meir Knafo-page 408

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