Le bateau Egoz – ses traversées et son naufrage-Meir Knafo

Conséquences publiques et morales en Israël et au Maroc à la suite du naufrage d'Egoz

On peut supposer la façon dont s'est produite la catastrophe, mais nous ne pouvons arrêter avec certitude de jugement définitif. A la suite de cette catastrophe, le premier ministre nomma Eliézer Shochani, afin qu'il en éclaircisse les circonstances directes et indirectes. Le compte-rendu de Shochani décrit l'arrière plan, les conditions de travail et s'attarde même sur les points faibles dans le travail, mais le facteur direct de la catastrophe reste inconnu, tout comme il l'était avant l'enquête.

Le premier ministre de l'époque, David Ben Gourion, et Issar Harel, patron du "Mossad', décidèrent des objectifs de l'enquête et de son étendue, mais maintenant il était clair qu'ils ne devaient pas la limiter aux seuls "enseignements pour l'avenir". La responsabilité des hommes du réseau fut examiné, et on trouva parmi eux des responsables de la non mise en place de canots de sauvetage sur le Egoz. S'il s'était agit d'une "commission d'enquête d'état", elle aurait pu donner à l'enquêteur l'autorité d'exiger de traduire en justice ces responsables en question. Dans l'année 1962, cette question fut posée par moi à madame Lili Castel, qui fut le lien avec le "Mossad, mais elle repoussa d'une manière catégorique cette possibilité de procès, en disant "l'état ne résistera pas aujourd'hui à une autre affaire Lavon" – (affaire concernant l'arrestation de militants juifs en Egypte)

La catastrophe d'Egoz a eu des conséquences publiques et politiques. Des années de travail de la Misguéret au Maroc laissèrent leur empreinte non seulement dans le nombre d'immigrants qui arrivèrent en Israël, mais aussi dans la "bouffée d'air plus frais" parmi les juifs au Maroc et leurs représentants. Ce n'était plus une communauté qui justifie le jugement rendu et demande exclusivement la clémence et la miséricorde. Pour la première fois, apparurent les bourgeons de la révolte – tout d'abord parmi les jeunes qui se lièrent à la Misguéret et les autres qui s'y réchauffèrent à sa flamme, et ensuite également dans les couches plus larges. Il y eut des militants qui s'abstinrent de faire porter à la Misguéret la responsabilité du naufrage – chose que l'on aurait fait avec certitude quelques années auparavant. Au contraire, il fut entendu des paroles d'estime pour le travail de la Misguéret et fut également reçue du secrétaire de l'organisation des communautés juives du Maroc, David Amar, une lettre d'encouragement dans laquelle il exigeait que le travail soit poursuivi.

Ainsi écrivit David Amar à Alex Gatmon, chef de la Misguéret au Maroc: " Nous avons appris avec une profonde émotion la disparition de familles juives en mer. Après les derniers évènements graves de Casablanca, la population juive a été atteinte, et le conseil marocain des communautés et le comité des communautés de Casablanca ont envoyé à sa majesté Mohamed V une missive dans laquelle ils demandent à être reçus en entretien. La catastrophe ne changera en rien l'espérance de notre communauté, et je reste fortement ancré dans ma foi que vous devez, à la lumière des circonstances actuelles, multiplier vos efforts et concrétiser les espoirs des juifs du Maroc de monter en Israël.

Les derniers évènements de Casablanca ont provoqué une sévère réaction parmi les opposants au pouvoir, et de là l'appel à l'autodéfense. A quoi mèneront les évènements de Casablanca? Jusqu'où désire arriver le pouvoir? Ce sont les questions que se posent à eux-mêmes les juifs du Maroc. Vous portez nos espoirs et je vous demande d'accroître votre action et vos efforts malgré tout et même par-dessus tout.'

Même la masse juive redonna sa confiance en la Misguéret, en acte et en paroles. En pratique, ils suivirent simplement de nouveau la voix des émissaires de la Misguéret. Ce fut une marche qui devint pour eux une habitude, celle vers l'inconnu. Dans la réalité, ce fut aux chefs de la Misguéret de choisir entre deux possibilités: la première était celle d'un relâchement dans l'action, même de façon provisoire, et ainsi éviter la prise de danger, et la seconde possibilité était de continuer une immigration "clandestine, tout en prenant des mesures de prudence maximales. Ils optèrent pour la seconde des possibilités, et le travail continua.

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