Un cierge à la mémoire des quarante-quatre qui immigrèrent clandestinement mais dont le voeu n'a pas été exaucé Yoël RON

Un cierge à la mémoire des quarante-quatre qui immigrèrent clandestinement mais dont le voeu n'a pas été exaucé

Yoël RON

Une nuit… c'était une nuit comme les autres, les cieux étaient ensemencés de myriades d'étoiles scintillantes et brillantes, et c'était comme si chaque étoile rivalisait avec la suivante, en faisant des clins d'œil à la lune claire et sereine.

Une nuit d'espoir, une nuit d'amour. La mer est silencieuse et calme, tranquil­lement les vagues s'approchent de la plage, ici et là, s'élèvent au dessus de la mer des rochers à l'apparence de créatures vivantes, que les vagues viennent lécher amoureusement.

C'était une nuit comme toutes les autres nuits. Des dunes découvertes, ici ou là des taches sombres, arbustes dispersés et clairsemés. Ici et là, se dressent des arbres nus tels des créatures malheureuses, les branches étendues vers le ciel, telles des mains de personnes qui prient et demandent miséricorde et aide. C'était une nuit comme toutes les autres nuits. Un vent silencieux souffle, des hommes assis près de la route, bande noire et brillante, de temps à autre regardent leur montre, et un tremblement d'impatience traverse leur corps. Tension et attente, on entend le rugissement des voitures au loin, les hommes se dispersent chacun à sa place, prêts à l'action. C'était une nuit comme toutes les autres nuits. A intervalles réguliers, s'approchent les voitures, scintille­ment des phares, des portes qui s'ouvrent, des formes humaines qui sortent à l'extérieur et disparaissent dans la nuit.

Un vieil homme marche en Djellaba blanche, habits de fête, le visage rayon­nant et joyeux et ses yeux rivalisent avec les étincelles des étoiles du fir­mament. Dans l'une de ses mains, il porte ses maigres affaires, et dans sa seconde main il tient le plus petit de ses fils, et sa femme, qui est dans ses derniers mois de grossesse, se traîne derrière lui et encourage avec délica­tesse les autres enfants – pendant que dans leur cœur se mêlent l'espoir, la peur et l'anxiété.

C'était une nuit comme toutes les autres nuits, ils sont assis maintenant sur la plage. Ici un grand-père qui caresse la tête d'un enfant, là une grande sœur qui enlace le petit frère et là, une mère qui allaite son bébé. Silence absolu.

Y a-t-il un poète qui pourrait exprimer dans une poésie l'émotion qui étreint le cœur de ces gens-là? Y a-t-il un écrivain qui trouverait les mots et l'expres­sion des espoirs et des pensées qui traversent leur tête?

L'attente est longue, les yeux sont tournés vers la mer, quand viendra le ba­teau? Réussirons-nous à y monter?

C'était une nuit comme toutes les autres nuits. Soudain à l'horizon des lumiè­res s'allument, bleu, blanc, sont-ce les battements du bateau, ou est-ce une étoile qui embrase la mer?

La tension est grande, difficile à supporter. A nouveau des lumières, cette fois-ci, c'est évident. Les corps se redressent et les formes se relèvent. La souffrance se termine et l'exil prend fin. De loin, déjà, la terre promise et la patrie font des clins d'œil.

C'était une nuit comme toutes les autres nuits.

Non, ce n'était pas une nuit comme toutes les autres nuits! De lourds nuages

recouvraient les cieux, la fou­dre des éclairs et le fracas du tonnerre transgressaient l'har­monie de la nature. La mer re­joignait la colère des cieux, et des vagues immenses jouaient avec le bateau Egoz, jusqu'à son fracassement contre les rochers de la côte, sentence divine. La colère et la foreur ne serviront à rien, le bateau a fait naufrage et ses passagers se sont noyés.

Non, ce n'était pas une nuit comme toutes les autres nuits.

[Tiré du feuillet du kibboutz /Ifat]

 

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