Contes populaires racontes par les Juifs du Maroc-Dr Dov Noy-Jerusalem 1965

LE FILS DU ROI ET LA BICHE

II était un roi qui sentait que sa fin approchait. Sept jours avant sa mort, il fit appeler ses trois fils et leur dit:

“Mes fils, bientôt, je quitterai ce monde et à chacun de vous, je laisse un figuier. Lorsque vous verrez que les feuilles de ces arbres se fanent, vous saurez que je suis mort.”

Le roi ordonna de l'enterrer à l’endroit où son cheval blanc s’arrêterait.

Le roi mourut et son cheval blanc alla droit vers une mon­tagne, au pied de laquelle il s’arrêta. Et c’est là que fut enterré le roi.

Le fils aîné monta sur le trône et après un certain temps il fit une excursion et passa près de la montagne où son père était enterré. Il prit congé de ses amis pour se rendre près de la tombe de son père et honorer sa mémoire. A quelques mètres de la tombe, il aperçut une biche et il se mit à courir dans l’espoir de l’attraper, mais la biche était plus rapide que lui et il la suivit jusqu’à ce qu’il arrivât à un puits. Le fils du roi s’assit devant le puits et trois jours et trois nuits durant, il attendait le retour de la biche. Mais ce fut en vain. Comme il avait faim et soif, il se mit en marche et arriva devant la muraille d’une ville sur laquelle quatre-vingt têtes d’hommes étaient fixées. Il demanda à l’un des passants: “Que signifient ces quatre-vingt têtes expo­sées sur la muraille?”

“Dans notre ville”, répondit l’homme, “vit la fille du roi, qui n’a jamais parlé à personne. Lorsqu’on lui adresse la parole, elle ne répond pas. A tous ceux qui ont tenté leur chance avec elle et auxquels elle n’a pas répondu, on a coupé la tête.”

Lorsque le prince eut appris cela, il dit: “Avec moi elle parlera, et je l’épouserai.”

Le prince se rendit chez le roi et lui demanda la permission de parler avec sa fille. Le roi l’avertit que de nombreux hommes avaient déjà tenté leur chance et que tous avaient échoué. “Toi aussi, tu finiras mal”, lui dit le roi.

Mais le prince ne se laissa pas décourager et le roi lui permit finalement d’entrer dans la chambre de la princesse, accompagné de témoins qui diraient si l’homme avait réussi ou non à faire parler la fille du roi.

Le prince entra dans la chambre de la fille du roi et commença à parler. Il parle et parle, mais la jeune fille reste assise, immobile et muette. Sa servante entre et lui apporte à manger. Elle mange, puis d’un coup de pied elle expédie son assiette dans un coin de la chambre.

Lorsque les témoins virent que la fille du roi ne répondait pas, ils s’emparèrent du prince et lui coupèrent la tête.

Dans la capitale on attendait le retour du prince mais il ne revint pas et le figuier qui lui appartenait se dessécha. Les habi­tants comprirent que leur roi était mort et le deuxième monta sur le trône.

Il subit le même sort que l’aîné. Un jour il se promena en dehors de la ville et il vit la biche qui s’échappa. Il arriva lui aussi jusqu’à la princesse, il tenta sa chance, ne réussit point et eut, lui aussi, la tête coupée.

Lorsque dans la capitale, le figuier du deuxième fils fut des­séché, les habitants comprirent que leur roi était mort et le fils cadet monta sur le trône.

Le jeune roi arriva aussi, à l’occasion d’une excursion, devant la tombe de son père; il aperçut, lui aussi, la biche, mais il eut la chance de l’attraper. Il lui dit: ‘"Je ne te laisserai pas partir avant que tu ne me dises qui tu es.” La biche aboya: “Je ne suis pas un animal, mais un esprit.”

Le roi demanda alors à la biche ce qu’il fallait faire pour épou­ser la fille du roi. Elle lui promit de lui dire ce qu’il fallait faire pour obtenir la main de la princesse à condition qu’il lui accorde sa confiance et ne la tue point. Le jeune roi lui promit de la laisser en vie et la biche lui dit: “Mets-toi en route, à la tête d’une grande armée. Va trouver le roi et demande lui de te permettre de parler avec sa fille. Il refusera, mais en fin de compte tu parviendras à t’approcher de la princesse. Ma soeur et moi, nous nous transformerons en pigeons, nous entrerons dans la chambre de la princesse et nous nous cacherons sous son lit. Lorsque la servante apportera, comme d’habitude, le repas, tu prendras l’assiette de sa main et tu mangeras ce qui s’y trouve. Quand tu frapperas sur la table, nous nous transformerons en jeunes gens et nous amènerons des musiciens et des danseurs.”

Le jeune roi remercia la biche et suivit ses conseils. Et tout se passa comme prévu. Après que les pigeons se furent transformés en jeunes gens, le jeune roi leur raconta l’histoire de trois artistes qui étaient venus pour être jugés par lui. L’un avait taillé la silhouette d’un homme dans du bois. Le deuxième l’avait habillé et le troisième lui avait insufflé la vie. Ils demandèrent au jeune roi de décider qui des trois avait droit à la poupée, à la confec­tion de laquelle tous les trois avaient collaboré. Le jeune roi avait accordé la poupée à celui qui l’avait taillée dans du bois.

C’est alors que la princesse se leva et s’écria: “Ton verdict est injuste. C’est celui qui a insufflé la vie à la poupée qui doit en devenir le propriétaire.”

Le jeune roi reconnut que la princesse avait raison. “Mais, dit-il, puisque tu as commencé à parler, tu m’appartiens.”

Le lendemain eut lieu le mariage et le jeune roi prit sa femme avec lui dans son pays où ils vécurent heureux de longues années durant.

Contes populaires racontes par les Juifs du Maroc-Dr Dov Noy-Jerusalem 1965-page 87

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