Structures et organisation de la communauté juive de Mogador

ברית-brit

La vie familiale :

L'ordre du jour du père de famille différait quelque peu entre les gens de la Casba et les gens du Mellah.

 

A la Casba

Leve le matin – pas trop tot, le pere de famille faisait sa priere, puis dejeunait : the anglais, lait, tartines de pain grille et beurre frais. Puis il descendait au bureau – la plupart des commercants avaient leur bureau au rez-de-chaussee – prenait connaissance du courrier, le cas echeant, consultait son comptable. II recevait les clients, les courtiers, et traitait quelques affaires avant de sortir faire un tour. II allait a la plage ou au port et prenait ]'aperitif au club. La, on discutait ferme les affaires, la politique, les journaux etrangers, car il n’y avait pas encore de joumaux locaux au Maroc. Ce n’est que vers 1880, que quelques petits journaux apparurent a Tanger.

L’Alliance Israelite publiait son "Paix et Droit". Un journal en Judeo-arabe, Elhouria – "La Liberte", parut au debut du xx° siecle

Apres quoi, il participait au repas en famille. Les repas etaient legers mais coutaient relativement cher. Ils se composaient d'oeufs, de poissons a chair blanche comme la sole ou le mulet, de poulets, de pigeons, de cailles et de perdrix (la chasse etait ouverte toute l’annee et les oiseaux etaient pris au filet car le gibier blesse ou tue n’est pas Cacher). Ajoutez a cela les salades vertes, les fruits, le cafe, mais pas d'alcool pendant la semaine. Enfin, sieste, the et retour au bureau vers quinze heures.

Certains allaient d’abord au club faire une partie de bridge ou de solo – jeux anglais.

Au bureau il fallait terminer les affaires en cours. A dix-huit heures, retour au club ou a la promenade.

Pendant ce temps, les employes continuaient jusqu’a dix-neuf ou vingt heures, si des bateaux etaient en rade ils restaient jusqu’a la fin de 1’emballage et de 1’embarquement de la marchandise. Et s’il le fallait, ils veillaient toute la nuit.

Les femmes de la Casba organisaient ou participaient a des receptions reservees aux dames. Elles buvaient du the et mangeaient quantite de gateaux. Il faut dire que les dames de Mogador excellaient en patisserie et leurs gateaux, surtout ceux aux amandes, aux noix, a la noix de coco, au sesame, etaient incomparables. L’apres-midi, se passait a la plage et quand il faisait beau, se continuait par une promenade sur la place publique le long de l'avenue du Chayla ou Dar Laassor comme on l'appelait avant l’arrivee des francais

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Au Mellah

Leve de bonne heure, de tres bonne heure, le pere de famille allait faire la priere du matin a la synagogue avant 1’aurore.

Puis il buvait une coupe de Lhsso, soupe de semoule, a laquelle on ajoutait du poivre, des poivrons, du persil et de la coriandre. Cette soupe piquante raclait la gorge et rechauffait le corps, surtout pendant les matins d’hiver. Puis il allait au travail, aux marches proches ou lointains, a dos d’ane ou de mulet. Ceux qui travaillaient loin partaient pour toute la semaine Ceux qui allaient en ville ou seulement a quelques kilometres, revenaient vers quinze heures. Le pere de famille, de retour chez lui, faisait une simple toilette ou prenait un bain puis mangeait l'unique repas de la joumee. Au travail, il avait bu un verre de the ou de cafe et a la maison ou chez un fabricant, un petit coup de Mahia – eau de vie distillee. Le repas etait plutot copieux et compose de viande, rotie ou grillee, rarement du mouton, foie, poissons (souvent bleus) salade a la tomate, piments piquants, plats de legumes, pommes de terre, choux, choux fleurs, radis, navets, celeris, cardes et artichauts en quantites, sauces rouges et piquantes. II s'agissait souvent de Couscous agremente de boyaux farcis. Parfois, il y avait de la viande conservee a la mode ancienne et des ceufs, et rarement du mouton. Les plus aises mangeaient des truffes, quand on en trouvait. Le dessert variait selon la saison, pasteques, melons, concombres, raisins, dattes fraiches, figues, figues de Barbarie appelees par les Juifs : Crmoss Delmeslmin (figues des Arabes) et par les Arabes Crmoss Dnssara (figues des Chretiens).

Ce repas etait pris par le mari seul avec des amis, des associes ou des employes.

Quant a la femme et aux enfants, ils prenaient un repas bien plus simple a midi ; les enfants repartaient a leurs etudes, et les femmes s'occupaient du menage. Les femmes ne travaillaient jamais a l’exterieur, meme pas les plus pauvres. Les femmes tres pauvres ou sans mari faisaient des travaux chez elles. Il n’etait pas rare de voir la femme chez elle avec ses outils de travail, machine a coudre, quenouille, planches fixant les babouches a broder, entouree d’une marmaille affamee et a cote, en train de cuire, le plat familial. Chacun attendait que la mere depose son outil pour s’occuper de lui.

La femme ne faisait pas le marche ; c’etait le pere de famille qui s'en chargeait. Celui qui etait assez fortune, avait un commissionnaire pour ce genre d’affaires.

Au marche, il y avait une foule de porteurs qui, moyennant de la menue monnaie, transportaient les produits sur leurs epaules jusqu’a la maison.

 

Chez nous, on respectait la recommandation des Rabbins concemant les depenses faites en l’honneur du Shabbat, qui dit : si le pouvoir d’achat journalier d’un homme, est de cinq sous, il doit faire en sorte de n'en depenser que quatre, de cette facon le vendredi il aura economise cinq sous. Ces cinq sous ajoutes aux cinq du vendredi faisaient dix pour le samedi. Il fallait se contenter de n’importe quoi pendant la semaine pour ne manquer de rien le Shabbat.

C’est ce que faisaient nos peres et nous suivons toujours ce principe.

La veille des fetes, il y avait affluence chez les maraichers, les bouchers, les marchands de poulets, d’oeufs et de poisson. Un monde fou grouillait sur le marche et les marchands ne savaient plus ou donner de la tete. Ces jours la ils faisaient des affaires d'or.

La veille des fetes, acheteurs et vendeurs veillaient toute la nuit. On n'aurait jamais cru, a voir cette foule se jeter farouchement sur la marchandise, qu’il y avait parmi eux beaucoup de malheureux. Mais il fallait reconnaitre la, les bienfaits de la communaute qui avait pris soin, avant les fetes, de distribuer des dons a tous les pauvres, ceux connus comme tels et ceux qui, par fierte, cachaient leur pauvrete.

Une anecdote, pour illustrer cette action de dons discrets : c'est l'histoire d'un fabricant de bougies en cire qui n’eut pas de commandes toute la veille de Pessah et par consequent, resta totalement sans fonds pour faire face aux nombreuses depenses de la fete. Il n'avait meme pas de quoi acheter les legumes qui etaient moins chers que le poisson et la viande.

Pour donner le change aux voisins et meme a sa femme et ses enfants, il prit en main un grand panier et s'en alia au souk, comme s’il allait faire le marche. Arrive au marche, il fait le tour en demandant le prix de chaque chose, il fait le tour la premiere fois, et sort de la ville, au bout de quelques minutes, il revient, fait un deuxieme tour et sort de meme ; il refait le tour une troisieme fois et revient encore et toujours le panier qui se balance vide au bout de son bras.

 

Le president du comite observait a la derobee, dans un coin en retrait. II remarque les faits et gestes de notre fabricant de bougies qu’il connaissait tres bien pour lui avoir commande plusieurs fois des bougies. II le savait aise. II donne l’ordre a un de ses employes de le suivre discretement et de voir ce qu’il achete et ce qu’il fait apres. L’employe suit discretement le fabricant. Celui-ci, ne se sachant pas suivi, va jusqu’au cimetiere, se rend directement sur la tombe d’un grand Rabbi, et se met a pleurer. Au bout de quelques minutes, il se leve et revient au souk.

Le president ecoute le rapport de son employe et en deduit que l’etat des finances de notre artisan est au plus mal. II sait que celui-ci n’acceptera pas d'aumone, le fait appeler et lui dit : j’ai besoin de tant de kilos de bougies, peux-tu faire ce travail pour moi ? Je te paye d’avance, je te connais, je sais que tu me feras du bon travail. L'artisan saisit a dix doigts la perche qu’on lui tend. II fait un calcul rapide et dit : "Ca fera tant", et 1’autre de lui tendre la somme en lui disant : 'Prends ton temps, je ne suis pas presse". Le fabricant fait son compte, emploie juste ce qu’il gagne dans l’affaire et achete ce qu’il lui faut pour la fete. Apres la fete, il fabrique la quantite de bougies commandee et va voir son acheteur, celui-ci, repond qu’il n’a pas besoin de marchandise pour le moment, il la lui reclamera quand il en aura besoin. Cependant, il ne la demanda jamais. Ce qui a permis a l’artisan de travailler avec ce capital et de ne manquer de rien.

 

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