Une nouvelle Seville en Afrique du Nord-Debdou-Une miniature de Jérusalem.

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Les moeurs d’ailleurs se maintiennent chastes et même sévères.

En général, la vie religieuse des Juifs de Debdou ressemble à celle des Juifs des grands centres du Maroc : le rituel et les usages sont d’origine espagnole; puis sont venues s’y ajouter des traditions et des moeurs propres aux Juifs marocains. La coutume la plus déplorable, au point de vue social, est celle des mariages précoces : si la bigamie est plutôt rare à Debdou, on y rencontre en revanche des jeunes mères âgées de douze à treize ans et déjà à moitié flétries. Nous y avons constaté également un cas de mariage par contrat dont le bénéficiaire n’est précisément pas un sujet du Makhzen.

Dans le monde juif on tient fort en estime la population de Debdou. En 1897, lors d’une famine qui ravagea le Maroc septentrional, M. Benshimon de Fès émit par l’intermédiaire du directeur de l’Alliance israélite universelle de Fès l’opinion suivante sur ses coreligionnaires de Debdou.

«Les Juifs de Debdou sont pris par le sultan Hassan sous sa propre autorité… Le bacha de Taza gouverne les Musulmans et un bacha de Fès (il y en a deux), Ba Mohamed gouverne les Israélites.

Les Israélites de Debdou ne sont pas pauvres comme dans la plupart des villes du Maroc. Beaucoup connaissent un métier et la plupart se livrent au commerce. On voit, parmi eux, un grand nombre de rabbins très instruits. Ils ont beaucoup de dignité, ils n'ont jamais mendié; ils ne se sont adressés jusqu'à présent à leurs coreligionnaires de Fès que pour le règlement de leurs affaires religieuses.»

Presque chaque synagogue possède un Talmud-Torah ou une école religieuse où les enfants étudient l'hébreu et la religion. La connaissance de l’hébreu est très répandue à Debdou qui fournit des rabbins à certains centres algériens et marocains; j’en ai moi-même rencontré à Nedroma et à Melilla.

Une spécialité des rabbins de Debdou est la confection des rouleaux de la loi par des Sofer (scribes) très experts et d’une piété fort appréciée des croyants. Aussi les Séfer venant de Debdou sont-ils payés par les Juifs du Maroc et d’Algérie de 300 à 500 francs chacun.

Pendant ces dernières années, un certain nombre de familles d’ouvriers et de marchands quittèrent Debdou et allèrent s’établir à Taourirt et à Berguent, ou dans les autres stations créées par les autorités militaires françaises : ils y sont attirés par la sécurité plus grande et par un régime plus équitable sous l’administration directe des fonctionnaires français. Bien qu’ils eussent ardemment sollicité l’Occupation française, les Juifs de Debdou n’en eurent pas pleine satisfaction. Accoutumés à un régime autonome sous les divers souverains marocains, y compris même le Rogui, les habitants juifs qui, depuis des siècles, constituent la majeure partie de la population ne peuvent s’accommoder de la justice coranique d’un caïd musulman à qui on a confié la charge de trancher les différends entre Juifs et Musulmans. Ils sont également vexés par les procédés grossiers des goumiers marocains du bureau arabe qui s’interposent entre eux et les autorités françaises. Les Juifs de Debdou se rendent parfaitement compte de l’utilité que présenterait pour eux la connaissance de la langue française et nous avons vu des vieillards cherchant les moyens d’apprendre cette langue qui est celle des maîtres actuels des destinées du Maroc. En attendant mieux, ils ont fait venir d’Oran un instituteur quelconque qui enseigne le français à une dizaine d’enfants, mais ils insistent sur l’urgence de la fondation d’une école régulière, soit par l’Alliance israélite universelle, soit par une autre société autorisée. Cette école, affirment-ils, pourrait être doublée d’une ferme agricole qui apprendrait à la jeunesse à cultiver avec profit les beaux jardins que les Juifs possèdent dans les environs de la ville et à multiplier les troupeaux qu’ils élèvent avec l’aide des indigènes.

Il ne semble pas que ce légitime désir de s’émanciper du régime marocain pour se rapprocher de la France puisse rencontrer une oppo sition sérieuse des autorités compétentes. Cette population entretient en effet des relations économiques très suivies avec Melilla (où la population juive a été naturalisée en bloc par l’Espagne) et ses caravanes sil lonnent tout le Rif et l’Atlas jusqu’au Tafilalet.

Certains Juifs de Debdou déjà ont su se rendre utiles à l’oeuvre de pénétration française. Sous un régime respectant la justice et la dignité de ce groupe, on ne saura longtemps méconnaître ses qualités naturelles : perdus pendant de longs siècles, dans un coin isolé entre la montagne et le désert, ces Juifs surent cependant s’imposer aux indigènes les plus sauvages et les plus inhospitaliers.

En résumé voici, d’après les données de M. de Foucauld, corrigées par une note de M. Nehil et d’après renseignement personnels pris sur place, un tableau de l’état actuel de la population de Debdou :

Population musulmane :

Oulad Aâmara      50      fusils

El-Kiadid    65      —

Oulad Abid 15      —

Oulad Youssef     35      —

165 fusils

Nous avons ainsi un ensemble de 165 hommes valides ou pères de familles (plus les 60 fusils que compte la Kasbah).

Population juive :

  • Cohen Scali, subdivisés en cinq groupes familiaux : Oulad

Daoud, O. Mechich, Ryaaïcha, O. Robni, O. Dougham. Tous ensemble occupent avec les groupes qui dépendent d’eux environ soixante maisons. Ils comptent environ 150 pères de famille (60 familles, d’après M. Nehil).

Le chef des Cohen Scali est le cheikh David Ben Hïda. Le grand rabbin Yossef Sabban est également un Cohen Scali.

  • Oulad Marciano (anciens originaires de Murcie en Espagne) subdivises en quatre groupes familiaux : 0. Ben Ako, O. El- Kerchem, O. Mechtchon, O. Belchguer.
  • Les Marciano occupent avec leurs clients ressortissants environ 40 cours et comptent en tout près de 100 pères de famille.
  • Leur chef est David ben Ako Marciano, dont le père avait hébergé M. de Foucauld
  • Oulad Benhamou, groupe unique, qui compte environ 20

pères de famille. Leur chef est Haroun di Chmouiel Ben Hammou. Ils sont d’origine marocaine ancienne.

  • Oulad Bensoussan, groupe peu nombreux, mais d’une origine

marocaine autochtone, comptant environ 12 familles. Son chef est Abraham Bensoussan et, en outre, il compte parmi ses membres le rabbin Massoud et plusieurs autres talmudistes de renom.

  • —     Oulad Benguigui, groupe venu du Sahara qui compte environ

10 familles.

  • —     Oulad Marelli, d’origine atlassienne, environ 3 familles.
  • — Oulad Nissim, environ 4 familles. Ces derniers ont presque

tous émigré.

Les trois derniers groupes relèvent de l’autorité en chef des Marciano

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